Tous victimes d'Alzheimer ???
Certainement ! Nous sommes tous victimes de la sur-médiatisation de cette maladie. Elle est tellement présente dans les esprits que beaucoup trop de personne pensent (à tort) que non seulement "âge" et "pertes de mémoire" sont inéluctablement liés, mais aussi qu'ils ont toutes les chances de contracter cette maladie ...
Faux bien sûr ! La maladie d'Alzheimer touche 20 % des personnes de plus de 80 ans, mais infiniment moins les autres.
Si vous trouvez que comme dans la chanson, vous avez la "mémoire qui flanche", voici de quoi vous rassurer : si vous étiez atteint d'Alzheimer, seul votre entourage, en remarquant des "absences" dans votre comportement, pourrait se rendre compte de la maladie. Par exemple, dans le cas où VOUS ne vous souviendriez absolument pas de ce dont vous auriez parlé à votre entourage quelques minutes plus tôt. Au début de la maladie, le malade ne s'en rend pas compte par lui-même !
Si vous pestez contre votre mémoire, non seulement vous n'êtes pas atteint, mais vous vous trompez de diagnostic : suivez nos explications ci-dessous !
Les pertes de mémoire n'existent pas ...
Les pertes de mémoire n'existent pas, en dehors :
- Des maladies graves et identifiées, où on relève des lésions cérébrales;
- D'un mauvais entretien du cerveau. La consommation de tabac, d'alcool et de certains médicaments nuit à la mémoire parce qu'ils affectent le cerveau;
- Des situations exceptionnelles comme l'angoisse, la dépression ou les troubles du sommeil.
Et pourtant, même en dehors de ces situations, un senior sur 2 se plaint d'avoir une mémoire défaillante !
Comment expliquer ces trous de mémoire ?
Il ne s'agit pas de "perte" de mémoire, car tout ce qui est stocké dans la mémoire à long terme le sera pour toujours !
Il y a trois cas de figure :
- La mémoire est sélective : l'information n'est en fait jamais passée dans la mémoire long terme ; il faut apprendre à être plus attentif lors de l'acquisition de l'information !
- La mémoire est trompeuse : le souvenir ne remonte pas fidèlement (incomplet ou déformé) !
- "Ça ne me revient plus" : la restitution de l'information prend simplement plus de temps. C'est certes crispant, mais l'information reviendra ; patience !
La mémoire est sélective !
Généralement, le cerveau trie le contenu de la mémoire court terme et évacue ce qui ne lui semble pas utile à mémoriser.
Ce qui est écarté (et que vous considérez peut être comme manquant ?) n'a en fait jamais été mémorisé ! Il ne s'agit donc pas d'une perte de mémoire, mais de la mise à l'écart en amont (peut être abusive ?) d'une information qui paraissait peu importante au cerveau ! Ce fonctionnement est tout à fait normal !
Si vous contestez le choix des éléments mémorisés qu'opère votre cerveau, c'est votre attention qu'il faut travailler pour forcer la mémorisation de ce qui est important pour vous ! Utilisez des techniques pour améliorer cela !
La mémoire est parfois trompeuse !
Le cerveau stocke chaque information en créant des circuits neuronaux. Compte tenu de ce que nous avons dit sur les capacités du cerveau, ceci signifie que la mémoire est illimitée.
Le stockage est fait de manière logique, en associant à chaque information toutes les autres informations ce qui s'y rattachent (contexte, événements survenus à la même date, émotions ressenties, ...). Chaque souvenir est donc un ensemble de très nombreux circuits neuronaux, liés les uns aux autres.
Ce mode d'enregistrement explique l'efficacité de "l'association d'idées" comme moyen mnémotechnique. Il arrive parfois, quand le cerveau reconstitue le souvenir, qu'il ne récupère pas au premier essai l'intégralité des circuits (détail manquant), voire même qu'il choisisse d'autres circuits associés, qui sont en général des événements survenus dans des circonstances semblables. Ceci nous amène à avoir, en toute bonne foi, une vision quelque peu déformée du passé, et tenir des affirmations fausses.
"Ça ne me revient plus ! "
Le rappel à la conscience des informations se calcule en millisecondes. On l'évalue à l'équivalent de 100 000 mots par seconde !
Or, plus on vieillit et plus la masse des informations mémorisées est importante. Si les informations ont été insuffisamment bien rangées, ou non réactivées depuis longtemps, le cerveau aura besoin d'un peu plus de temps pour les retrouver !
C'est pourquoi le petit délai supplémentaire qui vous sera nécessaire pour retrouver les informations les plus enfouies sera assimilé à un échec ! Certes c'est agaçant, mais quand cela arrive, soyez patient, cela reviendra (notamment quand vous serez plus détendu) car rien n'est perdu !
Apprenez à faciliter le travail de mémorisation de votre cerveau en multipliant les moyens d'accès aux informations. Séance d'entraînement !
Un cerveau en pleine forme
Lors de la restitution de l'information, le cerveau est entièrement sollicité ! C'est pourquoi les consignes générales de santé du cerveau sont valables en particulier pour la mémoire.
En substance, il faut donc :
- entretenir convenablement le cerveau, ce qui signifie une alimentation adéquate et éliminer tout ce qui l'empoisonne,
- l'oxygéner : un minimum d'activité physique est requis pour l'oxygéner suffisamment,
- lui offrir un bon sommeil ; ce dernier joue un rôle essentiel dans la consolidation des informations,
- le faire travailler, en particulier sur des travaux de mémorisation. Du fait même du mode de gestion de la mémoire (des circuits associés entre eux), il est de plus en plus facile d'apprendre, car le cerveau s'appuie sur des circuits déjà existants, qu'il n'a pas à créer pour l'occasion,
- les relations sociales sont très importantes, car dans l'échange avec l'autre (plus qu'avec soi-même), on ira puiser dans sa mémoire, et on la fera ainsi travailler sur des domaines inhabituels.
Apprenez à vous souvenir, entraînez-vous
En toute situation, faîtes travailler votre mémoire. Que la situation l'impose, ou par pur plaisir (ou joie de ce type d'exercice), allez explorer le fond de votre mémoire.
Ne vous contentez pas d'un vague souvenir, mais traquez tous les détails : contexte, date, personnes présentes, choses dites ... et enchaînez par association d'idées quand vous en aurez fait le tour.
En empruntant régulièrement les chemins de vos souvenirs, vous activez des millions de circuits neuronaux, qui ainsi réveillés deviennent pleinement performants, prêts à ressurgir très rapidement la prochaine sollicitation.
Faire chaque soir le bilan détaillé de sa journée, en insistant sur les côtés positifs, est non seulement une façon de faire travailler sa mémoire, mais aussi une façon de prendre conscience de tout ce qui a été réalisé en un seul jour ! Excellent pour le moral, recommandé pour un bon sommeil !
Révisez ! Vous avez un souvenir vague du passage d'un livre, d'une définition, d'une recette de cuisine ... replonger dedans ! Cela réveillera de nombreux autres souvenirs. Et si l'objet recherché vous fait défaut, utilisez internet pour le retrouver !
Les techniques pour mieux mémoriser : impliquez-vous !
L'indifférence est l'ennemie de la mémoire
Lors du passage de la mémoire court terme à la mémoire long terme, votre cerveau écartera toute information qui ne lui paraît pas utile, précisément parce que vous n'y avez pas porté une attention suffisante !
On retient en général très bien toutes les informations liées à une émotion, précisément parce qu'on est impliqué dans la situation !
Si vous voulez réellement retenir une information, impliquez-vous, physiquement et émotionnellement !
Inversement, les poisons du cerveau (alcool, tabac, neuroleptiques, ...) réduisent votre capacité à être attentif, et par la même nuise à votre mémoire.
Traitez l'information
Une information toute neuve, monolithique et isolée de tout contexte, représente ce qu'il y a de plus difficile à mémoriser.
Pour faciliter le travail des trois mémoires (épisodique, sémantique et procédurale), tâchez de traiter vous-même l'information, recherchez en amont la façon dont votre cerveau la retrouvera plus facilement.
Pour cela :
- Fragmentez le bloc en plusieurs éléments (n° de téléphone => 5*2 chiffres plutôt que 10, discours => idées clefs, ...),
- Repérer les éléments déjà connus de l'information (un fait d'histoire sous-jacent, un principe connu, une couleur vue ailleurs,...
- Trouver une logique à l'information (moyen mnémotechnique, rime, ...)
- Associer l'information à un contexte émotionnel (l'hippocampe est situé dans zone du cerveau qui gère les émotions) : ce qui vous fait rire, pleurer, qui vous met en colère
Organisez-vous
Si vous rangez systématiquement chaque chose à la même place, à "sa" place, vous saurez toujours où la trouver ! Vous ne pesterez plus contre votre mémoire en recherchant vos clefs si elles se trouvent sur le clou. Systématiquement. Partagez ces habitudes avec votre entourage.
Agissez sur l'instant, si vous le pouvez. N'accumulez pas toutes ces choses que deviez faire. Si une idée vous passe par la tête (téléphoner à quelqu'un, réaliser une action, ...), tâcher de le faire immédiatement si vous en avez la disponibilité, sans toutefois entreprendre 10 choses en même temps ! Vous n'aurez ainsi pas à vous en souvenir.
Prenez des notes. Ayez toujours un bloc note ou des post-it sur vous. Dans le cas précédant, si vous pensez à quelque chose sans être disponible pour la réaliser, notez-là. Plus généralement, posez-vous quelques minutes pour réfléchir à ce que vous avez à faire dans la journée, la liste des courses, ... moins vous improviserez et moins vous aurez de "manques" à reprocher à votre mémoire !
Tenez un journal, dans lequel vous consignerez les détails de ce que vous faites au cours de la journée. Il vous aidera lors de votre bilan du soir, de même que bien plus tard, quand vous replongerez dedans : l'évocation de chaque détail sera un moyen de replonger dans un contexte plus vaste ... ceci est un excellent moyen pour travailler sa mémoire. Pensez à réviser !
RD
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