Tout n'est qu'apprentissage dans la vie! S'ouvrir l'esprit aux idées nouvelles, développer des projets et s'adapter aux changements sont des gages de bonheur et de longévité.
Quelque six millions de doses de vaccins contre la COVID-19
arriveront au Canada d'ici mars et les premières seront disponibles dès
janvier, a laissé entendre la ministre de la Santé de l'Ontario
mercredi.
Interrogée lors de la période de questions à Queen's Park,
Christine Elliott a révélé que quatre millions de doses du vaccin
développé par Pfizer et deux millions de doses du vaccin développé par
Moderna seront acheminées au pays entre janvier et mars.
«Nous anticipons de recevoir 1,6 million de doses de Pfizer et 800
000 de Moderna», a précisé la ministre de la Santé ontarienne.
Son homologue au fédéral, Patty Hajdu, a refusé de confirmer ces chiffres en évitant les questions des journalistes.
«C'est très excitant que le Canada soit bien positionné auprès de
ces deux entreprises pour recevoir des millions de doses de vaccins»,
s'est contentée de répondre la ministre fédérale de la Santé, avant
d'évoquer les prochaines étapes à franchir, comme l'homologation des
vaccins par Santé Canada.
Mardi, un porte-parole du ministère de la Santé de l'Alberta avait
indiqué au «Toronto Star» que les vaccins seraient distribués au prorata
de la population dans chaque province, sans égard du nombre d'employées
qu'elles comptent dans leur réseau de la santé ou de la gravité de la
pandémie sur leur territoire respectif.
Si cette affirmation s'avère véridique, le Québec recevrait donc
moins de 400 000 doses du vaccin de Pfizer et moins de 200 000 doses de
celui de Moderna entre janvier et mars.
Là encore, la ministre Hajdu a esquivé la question en se contentant
d'affirmer que des négociations sont toujours en cours entre Ottawa et
les provinces à ce sujet.
«Comme vous le savez, nous avons des accords pour la distribution
d'équipements de protection personnelle et de tests rapides, et nous
continuerons à utiliser la même approche pour les vaccins», a-t-elle
affirmé.
L'annonce de la découverte de vaccins qui seraient efficaces
jusqu'à 95 % pour celui de Pfizer et 94,5 % pour celui de Moderna a
ravivé l'espoir d'un éventuel retour à la normale, au cours des deux
derniers jours.
Rappelons que le Canada a réservé 76 millions de doses du vaccin de
Pfizer, qui nécessite deux doses pour être efficace, en plus de 56
millions de doses du vaccin de Moderna. Le Canada est le pays qui a
réservé le plus grand nombre de doses de différents vaccins dans le
monde.
Jusqu’à présent, 156 nations, qui représentent près de deux tiers de la population mondiale, se sont engagées dans COVAX, selon un communiqué récent diffusé par l’OMS.
SOYONS PRÊT POUR LA VACCINATION ET VIGILANT FACE AU COVID-19
RD
vendredi 20 novembre 2020
Article de charentelibre.fr avec AFP,
publié le 19 novembre 2020
Face au Covid-19, 48 candidats-vaccins sont actuellement en essais
cliniques sur l’homme. Mais seuls onze sont entrés dans la phase 3, la
dernière avant l’homologation des autorités, selon l’Organisation
mondiale de la santé. Le point sur ces candidats, susceptibles d’arriver
sur le marché les premiers.
"L’ARN messager", à la pointe
Ce sont à l’heure actuelle les vaccins potentiels qui
semblent les plus avancés, utilisant une technologie ultra-innovante.
Elle consiste à injecter dans nos cellules des brins d’instructions
génétiques appelées ARN messager, pour leur faire fabriquer des
protéines ou "antigènes" spécifiques du coronavirus. Ces protéines vont
être livrées au système immunitaire, qui va alors produire des
anticorps.
• Pfizer: le géant américain et son partenaire allemand BioNTech
s’apprêtent à demander à l’Agence américaine du médicament une
autorisation d’utilisation d’urgence, pour un vaccin qui pourrait être
disponible avant la fin de l’année. Les sociétés ont présenté il y a
quelques jours des résultats intermédiaires de la phase 3 montrant une
efficacité à plus de 95% chez les participants, avant d’annoncer, ce
mercredi, des résultats complets présentant une efficacité de 95%.
Moderna: la société de biotechnologie américaine a annoncé lundi que son vaccin était efficace à 94,5%, elle compte en fabriquer 20 millions de doses d’ici à la fin de l’année.
La technologie du virus inactivé, bien connue
Plusieurs vaccins misent sur cette technologie: les agents infectieux
du SARS-CoV-2 sont traités chimiquement ou par la chaleur pour perdre
leur nocivité, tout en gardant leur capacité de provoquer une réponse
immunitaire. C’est la forme la plus traditionnelle de vaccination.
• Sinovac: la biotech chinoise a lancé un essai de
phase 3 pour le "CoronaVac" sur des milliers de volontaires, notamment
au Brésil. – Sinopharm, autre laboratoire chinois, a de son côté lancé
deux projets de vaccins avec des instituts de recherche chinois. La
Chine prévoit d’être en capacité d’ici à la fin de l’année de produire
610 millions de doses par an de plusieurs vaccins contre le Covid-19, et
a déjà donné le feu vert à une utilisation d’urgence de certains
d’entre eux.
• La société indienne Bharat biotech a pour sa part
lancé en novembre le recrutement de près de 26.000 personnes pour son
"COVAXIN" développé avec le soutien du gouvernement indien, et mise sur
un vaccin disponible au premier semestre 2021.
Des vaccins à vecteurs viraux
Les vaccins à "vecteur viral" utilisent comme support un autre
virus peu virulent, transformé pour y ajouter une partie du virus
responsable du Covid-19. Le virus modifié pénètre dans les cellules des
personnes vaccinées, qui fabriquent alors une protéine typique du
Sars-Cov-2, éduquant leur système immunitaire à le reconnaître.
• AstraZeneca, groupe anglo-suédois, et l’université
d’Oxford: leur vaccin utilise comme vecteur viral un adénovirus. Les
résultats de l’essai sont attendus pour cette année. – Johnson &
Johnson: l’américain a lancé deux essais cliniques de son candidat
composé d’un adénovirus modifié, l’un mono-dose, l’autre sur deux doses.
A travers le monde, 90.000 participants vont y prendre part au total.
Résultats attendus au premier trimestre 2021.
• CanSino Biological: la société chinoise a développé
"Ad5-nCoV", conjointement avec l’armée, un vaccin à base d’adénovirus.
Les essais de phase 3 sont lancés au Mexique, en Russie et au Pakistan.
• Spoutnik V: développé par le Centre de recherches en
épidémiologie Gamaleïa, avec le ministère russe de la Défense, il
repose sur l’utilisation de deux vecteurs viraux, deux adénovirus. Les
Russes ont annoncé il y a quelques jours une efficacité à 92%.
Toutefois, l’institut Gamaleïa est accusé de rompre avec les protocoles
habituels pour accélérer le processus scientifique. Plusieurs hauts
responsables russes ont annoncé avoir déjà été vaccinés au Spoutnik V.
Un vaccin à protéine recombinante
• Novavax: la biotech américaine développe un vaccin
dit "sous-unitaire" recombinant. Le coronavirus possède à sa surface des
pointes (des protéines virales) pour entrer en contact avec les
cellules à infecter. Ces protéines peuvent être reproduites et
présentées ensuite au système immunitaire pour le faire réagir. Novavax a
lancé en septembre son essai de phase 3 au Royaume-Uni, et doit
démarrer fin novembre un essai aux Etats-Unis. Des données préliminaires
sont attendues au premier trimestre 2021.
Course au vaccin contre le Covid: celui de Sanofi sera prêt en juin 2021 et pourra être conservé au frigo
Le vaccin développé par l’Américain Pfizer et l’Allemand BioNTech, qui
fait la course en tête, nécessite, lui, d’être conservé à –70 °C. Celui
de Sanofi n’aura pas besoin d’être conservé au congélateur.
Le vaccin que développe Sanofi contre le Covid-19
pour une diffusion en juin 2021 n’aura pas besoin d’être conservé au
congélateur, a indiqué dimanche le président de Sanofi France, Olivier
Bogillot, sur CNews.
Contrairement au vaccin développé
par l’Américain Pfizer et l’Allemand BioNTech, qui fait la course en
tête mais nécessite des températures très basses (-70°C) pour être
conservé, "notre vaccin sera comme le vaccin grippe, vous pouvez le mettre dans votre réfrigérateur", a souligné Olivier Bogillot.
Résultats de phase 3 publiés en mai 2021
"On n’aura pas cet écueil-là, ça va être un avantage pour certains pays". Le vaccin pourrait être distribué "dès le mois de juin 2021", a indiqué Olivier Bogillot, en donnant des précisions sur le calendrier.
Les résultats des essais de phase 2 "sur plusieurs centaines de malades"
devraient être rendus publics début décembre et ils ne sont pas
"négatifs" pour le moment, a-t-il précisé. Si ces résultats s’avèrent
positifs, Sanofi va lancer les essais de phase 3 "sur plusieurs dizaines de milliers de patients" et prendre le "risque" de "lancer simultanément la production".
La course au vaccin se poursuit. Dans les starting-blocks, 48 candidats actuellement en essais cliniques sur l'homme. Pour le moment, seuls 11 d'entre eux sont entrés dans la phase 3 de test, la dernière, qui consiste en un test sur des centaines, voire des milliers de personnes.
Ces derniers jours, deux se sont démarqués : le vaccin Pfizer, produit par la firme américaine et son partenaire allemand BioNTech, etle vaccin Moderna,
aussi américain. Tous deux ont annoncé des premiers résultats
prometteurs de leurs essais en phase 3 : le premier revendique une efficacité à "plus de 90%" et le second à 94,5%.
Ces deux formules de vaccins utilisent une technologie particulière : celle de l'ARN messager. Le principe : injecter dans nos cellules des brins d'instructions génétiques appelées "ARN messager",
pour leur faire fabriquer des protéines ou "antigènes" spécifiques du
coronavirus. Ces protéines sont ensuite livrées au système immunitaire,
qui doit produire des anticorps.
Trois vaccins "à virus inactivé"
Une autre technologie, mieux connue, est utilisée pour d'autres vaccins : celle du virus inactivé.
Les chercheurs traitent le virus chimiquement ou par la chaleur pour
lui faire perdre sa nocivité, avant de l'injecter. L'idée, c'est que le
virus soit trop faible pour provoquer la maladie, mais qu'il soit
toujours capable de provoquer une réponse immunitaire. Le vaccin "CoronaVac", de l'entreprise chinoise Sinovac, deux autres de la société Sinopharm ainsi que le vaccin indien "COVAXIN", par Bharat, utilisent ce type de formule.
La Chine prévoit
ainsi d'être en capacité d'ici à la fin de l'année de produire 610
millions de doses de plusieurs vaccins contre la Covid-19 par an, et a déjà donné le feu vert à une utilisation d'urgence de certains d'entre eux. Quant à l'Inde, elle espère que son vaccin sera disponible au premier semestre 2021.
Transformer ou reproduire des parties du virus
Le vaccin russe Spoutnik V a aussi beaucoup fait parler de lui, notamment lorsque la Russie a annoncé qu'il serait efficace à 92%. Comme le vaccin anglo-suédois de la firme AstraZeneca et de l'université d'Oxford, le "Ad5-nCoV" chinois et les deux formules mises au point par l'américain Johnson & Johnson, il s'agit d'un vaccin "à vecteur viral".
En pratique, ces vaccins utilisent un autre virus, moins virulent, et
le transforment pour y ajouter une partie du virus responsable de la Covid-19. L'objectif est ainsi d'éduquer le système immunitaire des personnes vaccinées à reconnaître le coronavirus, pour mieux le combattre.
Enfin, une autre formule de vaccin existe est est utilisée par l'entreprise américaine Novavax. Le virus de la Covid-19 dispose de pointes sur sa surface,
qui sont des protéines virales. Les chercheurs les ont reproduites, et
les injectent ensuite au patient pour faire réagir son système
immunitaire. Cette technique porte le nom de "protéine recombinante".
L'essai de phase 3 a déjà été lancé au Royaume-Uni et doit démarrer fin
novembre un essai aux États-Unis. Des données préliminaires sur son
efficacité sont attendues au premier trimestre 2021.
Article de Richard Béliveau, docteur en biochimie, Journal de Montréal, 17 novembre 2020
De très bonnes nouvelles ! Après Pfizer, c’est donc au tour
de Moderna d’annoncer que son vaccin contre la COVID-19 démontre une
grande efficacité (94 %, ce qui est remarquable), sans effets
secondaires majeurs.
Puisque la stratégie de vaccination utilisée par ces deux
compagnies est similaire (utilisation d’un ARN codant pour une protéine
du virus), ces résultats confirment donc que cette nouvelle plateforme
biochimique de développement de vaccin fonctionne très bien et permet de
générer une excellente réponse immunitaire.
Cette nouvelle approche révolutionnaire est plus rapide, moins coûteuse et plus polyvalente que les approches conventionnelles.
Les résultats de Moderna vont même un peu plus loin que ceux de
Pfizer en montrant que le vaccin permet non seulement de prévenir
l’apparition de symptômes de COVID-19 (le principal critère d’évaluation
clinique mesuré dans l’étude), mais semble aussi empêcher le
développement des formes sévères de la maladie : alors que 11 personnes
ont souffert de complications de COVID-19 dans le groupe placebo, aucun
cas n’a été observé dans le groupe vacciné.
Excellente nouvelle
De plus, le vaccin semble fonctionner chez l’ensemble des
sous-populations étudiées, incluant les personnes âgées, les minorités
ethniques et les personnes présentant des comorbidités (diabète, maladie
cardiovasculaire) qui les rendent à haut risque de développer des
formes graves de COVID-19. C’est une excellente nouvelle !
Il faut aussi mentionner que la protéine du virus neutralisée par
les vaccins de Moderna et de Pfizer est aussi ciblée par au moins trois
autres vaccins qui sont présentement en essais cliniques finaux de phase
3.
Les résultats spectaculaires obtenus par Moderna et Pfizer
indiquent que le coronavirus est très vulnérable à une réponse
immunitaire dirigée contre cette protéine, et on peut donc anticiper que
ces vaccins à l’étude devraient eux aussi permettre de prévenir la
COVID-19.
Exploit de recherche
Une panoplie de nouvelles armes seront alors à notre disposition
dans la guerre déclarée des scientifiques du monde entier à cet
ennemi mortel.
Après des mois de morosité mondiale, l’annonce coup sur coup de
deux vaccins très performants contre la COVID-19 (et potentiellement de
trois autres dans un avenir rapproché) donne enfin l’espoir de pouvoir
mettre un terme à cette pandémie au cours des prochains mois.
Un exploit de recherche réalisé dans un temps record, qui reflète
la puissance de la science moderne à résoudre des problèmes auparavant
insolubles pour l’humanité.
Article de Ivan COURONNE, Sophie LAUBIE et les bureaux de l’AFP dans le monde Agence France-Presse, 18 novembre 2020
L’annonce lundi par la société de biotechnologie américaine Moderna d’un
vaccin efficace à 94,5 %, après celle la semaine dernière par les
laboratoires américain Pfizer et allemand BioNTech d’une efficacité de
90 %, a suscité une nouvelle vague d’optimisme dans le monde.
De l’Europe aux États-Unis, les pays se préparent à des campagnes de
vaccination après l’espoir suscité par l’annonce d’un nouveau vaccin
efficace à près de 95 % contre la COVID-19, mais les restrictions ne
faiblissent pas face à une pandémie galopante, à l’image de l’Autriche
qui a commencé mardi à se reconfiner.
Aux
États-Unis, de New York à Seattle, États et métropoles ont réintroduit
des restrictions ces derniers jours pour tenter d’enrayer l’embrasement
de l’épidémie. Le nombre de cas recensés dans le pays, le plus endeuillé
au monde, dépasse désormais les 11 millions, avec plus de 247 000 morts
depuis le début de la pandémie.
Le
président désigné Joe Biden a estimé que si Donald Trump — qui ne
reconnaît toujours pas avoir perdu l’élection présidentielle — refuse
avec son gouvernement de se coordonner avec l’équipe démocrate, « il se
peut que davantage de personnes meurent » de la COVID-19, citant
notamment l’urgence de préparer la distribution des vaccins dès qu’ils
seront disponibles.
Aux
États-Unis, les deux vaccins pourraient être autorisés par l’Agence
américaine des médicaments (FDA) dans la première quinzaine de décembre,
a dit lundi Moncef Slaoui, responsable scientifique de l’opération Warp
Speed, montée par Donald Trump pour vacciner la population américaine.
Cela
permettrait de vacciner 20 millions d’Américains, en priorité sans
doute les plus âgés et à risque, dès la seconde quinzaine de décembre,
selon lui, puis 25 millions de personnes par mois à partir de janvier.
« Retard » en Europe
Le
patron de Moderna, le Français Stéphane Bancel, a indiqué à l’AFP que
« déjà plusieurs millions de doses » de vaccins destinés aux Américains
avaient été fabriquées aux États-Unis.
De
son côté, Albert Bourla, le directeur général de Pfizer a confirmé
mardi qu’une demande d’autorisation de commercialisation de son vaccin
serait déposée très prochainement aux États-Unis. « Nous sommes très
proches d’un dépôt de demande d’autorisation en urgence », a-t-il
déclaré lors d’une conférence organisée par le site Statnews. Il n’a pas
confirmé ni infirmé que cela interviendrait cette semaine mais
auparavant il avait dit que la demande serait sans doute faite la
troisième semaine de novembre.
Pour
l’Europe, en revanche, des « discussions avancées » ont été annoncées
avec la Commission européenne le 24 août pour l’achat de 80 millions de
doses, mais aucun engagement ferme n’a été signé depuis. Il a prévenu
les Européens que ce « retard » risquait de ralentir les livraisons,
d’autres pays étant prioritaires, car ils ont signé depuis des mois.
« Dans les blocs de départ »
En
France, les « efforts collectifs commencent à porter leurs fruits » et
« l’épidémie ralentit », a déclaré le directeur général de la Santé
Jérôme Salomon, même si la barre des deux millions de cas confirmés a
été dépassée mardi.
Le
gouvernement « se met dans les blocs de départ pour être prêt à
distribuer un vaccin contre la COVID-19 » dès janvier s’il est validé, a
assuré mardi son porte-parole Gabriel Attal.
Dans
le pays, 437 nouveaux cas ont été enregistrés mardi, pour un bilan
total d’au moins 46 273 morts depuis le début de l’épidémie.
En
Belgique, le gouvernement a annoncé son intention de traiter au moins
70 % de la population du pays avec les futurs vaccins et de garantir
leur gratuité « pour chaque citoyen ».
En
attendant, les mesures de restriction se poursuivent en Europe, où plus
de 15 millions de cas ont été officiellement recensés, même si la
propagation de la pandémie semble marquer le pas dans la plupart des
pays.
L’Autriche
a débuté mardi un second confinement, avec fermeture des écoles et des
magasins non essentiels et appel à rester chez soi jusqu’au 6 décembre,
deux semaines après la mise en place d’un confinement partiel qui n’a
pas permis de juguler l’épidémie.
Le
nombre de cas a bondi en Autriche, avoisinant les 10 000 infections
quotidiennes la semaine dernière pour un pays de 8,9 millions
d’habitants.
Mardi,
si les rues commerçantes étaient délaissées autour de la magistrale
cathédrale Saint-Étienne, beaucoup s’aventuraient cependant dehors par
un temps clément d’automne.
« Nous
sommes plus détendus cette fois », témoigne pour l’AFP Monika Vass,
tout en sirotant un café à emporter dans le centre de Vienne.
Record de décès en Russie
En
Allemagne, où une forte hausse des infections a été observée depuis
plusieurs semaines, la chancelière Angela Merkel a appelé les Allemands à
réduire les contacts au strict minimum.
En
Italie, où plus de 500 morts quotidiens de la COVID-19 sont
enregistrés, les autorités sanitaires ont indiqué mardi avoir inspecté
plus de 230 maisons de retraite et maisons médicalisées, et en avoir
identifié 37 en infraction. Un bond des contagions a été observé depuis
début novembre dans ce type d’établissements.
La
Russie a, elle, enregistré mardi un nouveau record de décès quotidiens
avec 442 morts, l’épidémie s’aggravant en régions où les exemples
d’hôpitaux débordés ou de morgues pleines se multiplient.
Le
président russe Vladimir Poutine a appelé les pays du groupe BRICS
(Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) à s’unir pour produire des
vaccins russes en masse, sans détailler les conditions commerciales
d’une telle proposition.
À
côté des vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna, la Russie revendique une
efficacité de 92 % pour son vaccin Spoutnik V, actuellement en phase 3
d’essais cliniques.
La pandémie a fait au moins 1 328 048 morts dans le monde depuis fin décembre, selon un bilan établi mardi par l’AFP.
Article de Joël-Denis Bellavance, La Presse, 16 novembre 2020
(Ottawa) Alors que la société Moderna annonce avoir mis au point un
vaccin efficace contre la COVID-19, les Forces armées canadiennes
confirment qu’elles seront mises à contribution pour assurer la
distribution des millions de doses que devrait obtenir le Canada durant
le premier trimestre de 2021.
Le vaccin
produit par Moderna, qui est efficace à 94,5 %, est le deuxième à
susciter de vifs espoirs aux quatre coins de la planète en une semaine.
Lundi dernier, les compagnies Pfizer (États-Unis) et BioNTech
(Allemagne) ont dévoilé des données préliminaires sur leur vaccin contre
la COVID-19 qui démontraient une efficacité de 90 %.
Dans
les deux cas, le gouvernement Trudeau a déjà conclu une entente lui
permettant d’obtenir des millions de doses pour vacciner l’ensemble de
la population canadienne.
Le
Canada a signé une entente avec Moderna lui permettant d’obtenir
20 millions de doses du vaccin, baptisé ARNm-1273, avec des options
d’achat de 36 millions de doses supplémentaires, a-t-on confirmé à La
Presse lundi.
Et
le gouvernement Trudeau a également conclu une entente lui garantissant
l’équivalent de 76 millions de doses du vaccin développé par Pfizer et
BioNTech. Cela permettrait d’offrir un vaccin à l’ensemble de la
population canadienne dans les mois qui suivront son approbation.
Rappelons
que ce vaccin nécessite deux doses, lesquelles doivent être
administrées à trois semaines d’intervalle, et que le Canada compte
environ 38 millions d’habitants.
Au
cours des derniers mois, le gouvernement Trudeau a mis le pied sur
l’accélérateur afin de conclure des ententes avec plusieurs sociétés
pharmaceutiques engagées dans une course contre la montre pour
développer un vaccin. Le but était d’éviter de « mettre tous nos œufs
dans le même panier », a-t-on fait valoir.
Résultat : le Canada a sécurisé avec ces compagnies l’équivalent de 414 millions de doses de ces vaccins en développement.
« La
stratégie d’approvisionnement du Canada est claire : sur les conseils
des experts en épidémiologie et en santé publique, nous avons investi
dans le portfolio de vaccins COVID-19 le plus diversifié au monde », a
indiqué la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement,
Anita Anand, dans un courriel à La Presse.
« Dans
l’intérêt de la santé et du bien-être des Canadiens, nous ne pouvons
pas nous permettre de miser sur un seul vaccin. C’est pourquoi nous
avons obtenu l’accès à sept vaccins candidats de premier plan et avons
rejoint COVAX. Nous n’avons pas mis tous nos œufs dans le même panier »,
a-t-elle ajouté.
« L’approche
responsable du Canada nous a mis en position de force, avec les
premières livraisons devant arriver au cours du premier trimestre de
2021, sous réserve de l’autorisation de Santé Canada. En bref, quand un
vaccin sera prêt, le Canada sera prêt. »
Témoignant
par visioconférence devant le comité de la défense de la Chambre des
communes, lundi, le major-général Trevor Cadieu, qui est directeur de
l’état-major, Interarmées stratégiques, a indiqué que les Forces armées
canadiennes sont à mettre un point un plan national de distribution du
vaccin qui sera choisi par le gouvernement pour immuniser la population
canadienne.
Ce
plan est élaboré de concert avec l’Agence de la santé publique du
Canada. « Nous travaillons avec optimisme et enthousiasme dans le cadre
du groupe de travail sur la distribution du vaccin COVID-19. Plus
précisément, les Forces armées canadiennes aident à élaborer un plan de
soutien logistique pour le déploiement du vaccin », a déclaré le major
général Trevor Cadieu.
« Nous aidons à établir un centre opérationnel national qui supervisera
la distribution du vaccin », a-t-il déclaré. « Ce sera le centre de
commandement et de contrôle qui coordonnera la distribution d’un vaccin
COVID-19 à travers le pays », a-t-il précisé.
La
distribution du vaccin produit par Pfizer et BioNtech pourrait être un
défi important. Il doit être conservé à une température de -75 degrés.
Pour sa part, le vaccin de Moderna doit être entreposé dans des
installations aux températures de réfrigération standard de 2 à 8 degrés
Celsius pendant 30 jours. Il pourrait donc être distribué en utilisant
des infrastructures de distribution et de stockage de vaccins largement
disponibles.
En fin de journée, le président du Conseil du Trésor, Jean-Yves Duclos,
qui fait partie du comité ministériel de la COVID-19, a indiqué que la
distribution du vaccin sera un défi important.
« Avoir
accès à un vaccin est évidemment quelque chose de formidable. Mais le
transporter, le stocker, l’administrer est essentiel. C’est pourquoi
nous allons utiliser toutes les ressources que les Canadiens peuvent
rassembler pour le faire », a-t-il dit.
Article AFP, Journal de Montréal, 16 novembre 2020
WASHINGTON | La perspective des premières vaccinations contre
la COVID-19 d’ici la fin de l’année se concrétise: après
Pfizer/BioNTech la semaine dernière, la société de biotechnologie
américaine Moderna a annoncé lundi que son vaccin était efficace à
94,5%. Elle compte en fabriquer 20 millions de doses d’ici fin décembre.
Cela signifie que le risque de tomber malade de la COVID-19 a été
réduit de 94,5% entre le groupe placebo et le groupe vacciné du grand
essai clinique en cours sur 30 000 personnes aux États-Unis, selon une
analyse préliminaire des tout premiers cas: en l’occurrence, 90
participants du groupe placebo ont attrapé la COVID-19, contre 5 dans le
groupe vacciné.
On ignore encore la durée de la protection conférée par le vaccin, ce que seul le temps révélera.
Mais si ce niveau d’efficacité était le même dans la population
générale, ce serait l’un des vaccins les plus efficaces qui existent,
comparable à celui contre la rougeole, efficace à 97% en deux doses, et
bien meilleur que celui contre la grippe (19 à 60%), selon les Centres
de contrôle et de prévention des maladies américains.
Le vaccin de Pfizer aurait une efficacité de 90%, et le vaccin
russe Spoutnik V de 92%, selon des premiers résultats communiqués la
semaine dernière.
«C’est un moment charnière dans le développement de notre
candidat-vaccin contre la COVID-19», s’est réjoui le patron de Moderna,
Stéphane Bancel. «Cette analyse intérimaire positive issue de notre
essai de phase 3 nous donne les premières indications cliniques que
notre vaccin peut prévenir la maladie de la COVID-19, y compris la forme
grave.»
Aucun malade grave de la COVID-19 n’a été enregistré parmi les
personnes ayant reçu le vaccin de Moderna, contre 11 dans le groupe
placebo.
LE CANADA A DÉJÀ SÉCURISÉ DES MILLIONS DE DOSES DE CE VACCIN (Voir l'article suivant)
Un vaccin développé par
Pfizer et BioNTech est « efficace » à plus de 90 % pour prévenir les
infections à la COVID-19, selon l'essai à grande échelle de phase 3 en
cours, dernière étape avant une demande d'homologation, ont
conjointement annoncé lundi ces sociétés.
La
protection des patients a été obtenue 7 jours après la deuxième des
deux doses et 28 jours après la première, selon les résultats
préliminaires.
Plus
de huit mois après le début de la pire pandémie en plus d'un siècle,
nous pensons que cette étape représente un pas en avant significatif
pour le monde dans notre bataille contre la COVID-19, a déclaré le président-directeur général de Pfizer, Albert Bourla, dans un communiqué.
« Le premier ensemble de
résultats de notre essai de vaccin COVID-19 de phase 3 fournit la preuve
initiale de la capacité de notre vaccin à prévenir la COVID-19. »
Le géant pharmaceutique américain Pfizer et son
partenaire allemand BioNTech sont les premiers à présenter des résultats
positifs pour un essai clinique à grande échelle d'un vaccin contre le
nouveau coronavirus.
Les deux entreprises ont déclaré qu'elles n'avaient
jusqu'à présent constaté aucun problème sérieux de sécurité pour le
vaccin candidat et qu'elles comptaient demander aux États-Unis une
autorisation d'utilisation d'urgence dans le courant du mois.
L'annonce marque une avancée majeure dans la lutte contre
la pandémie, qui a tué plus d'un million de personnes à travers le
monde.
Électrisés par cette annonce d'un vaccin efficace, les
marchés boursiers nord-américains ont ouvert en forte hausse, faisant
notamment bondir les titres des secteurs qui ont le plus souffert de
l'épidémie, avant de se calmer en fin de journée.
Le Dow Jones a grimpé de 5,63 % à un nouveau record, puis
a clôturé en hausse de 2,95 %. À Toronto, l'indice composite
S&P/TSX a terminé la journée en hausse de 1,18 %.
L'action des laboratoires Pfizer s'est appréciée de plus de 7 %.
Si
le vaccin de Pfizer et BioNTech devait être autorisé par les autorités
réglementaires, le nombre de doses serait limité dans un premier temps,
même si les deux firmes ont commencé à fabriquer le vaccin avant de
connaître son efficacité.
Sur la base de projections, les entreprises ont déclaré
qu'elles prévoyaient fournir jusqu'à 50 millions de doses de vaccins
dans le monde en 2020 et jusqu'à 1,3 milliard de doses en 2021.
De nombreuses questions subsistent également, notamment sur la durée de protection offerte par le vaccin.
Toutefois, cette annonce laisse espérer que d'autres
vaccins en cours de développement contre la COVID-19 pourront s'avérer
également efficaces.
« Aujourd'hui est un
grand jour pour la science et l'humanité. Nous franchissons cette étape
cruciale de notre programme de développement de vaccins à un moment où
le monde en a le plus besoin, avec des taux d'infection qui battent des
records, des hôpitaux qui approchent de la surcapacité et des économies
qui peinent à rouvrir. »
Pfizer prévoit demander aux États-Unis une autorisation
d'utilisation d'urgence du vaccin pour les personnes âgées de 16 à
85 ans. Pour ce faire, le groupe devra avoir recueilli les données sur
la sécurité portant sur deux mois et environ la moitié des
44 000 participants à l'étude.
Le groupe et son partenaire BioNTech ont un contrat de
1,95 milliard de dollars avec le gouvernement américain pour la
livraison de 100 millions de doses de vaccins à partir de cette année.
Trump se réjouit, Biden lance une mise en garde
La Bourse est en forte hausse, un vaccin arrive bientôt. Efficacité de 90 %. Quelle excellente nouvelle!, a commenté le président américain Donald Trump sur Twitter.
Le président désigné Joe Biden s'est aussi réjoui de la
nouvelle, en félicitant les scientifiques derrière ce développement,
mais a tout de même prévenu que les États-Unis sont à des mois de la fin de la bataille contre la COVID-19.
Si le vaccin était approuvé fin novembre, comme le
prévoient des dirigeants de l'industrie, certaines personnes pourraient
être vaccinées d'ici la fin de l'année, admet-il dans un communiqué.
Mais il faudra des mois avant une vaccination à grande échelle dans le pays, rappelle-t-il.
Pfizer a aussi conclu des accords d'approvisionnement avec l'Union européenne, le Royaume-Uni et le Japon.
20 millions de doses du vaccin réservées par Ottawa
À Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau a jugé la nouvelle très encourageante.
Il a rappelé en conférence de presse que son gouvernement s'attend à ce
que des vaccins soient prêts au début de l'année prochaine.
D'ici
là, il est très très important que nous redoublions d'efforts [pour]
nous assurer de contrôler la propagation de la COVID-19 au cours des
prochains mois, afin que nous puissions agir rapidement pour protéger
tous les Canadiens quand le vaccin arrivera, a-t-il déclaré.
« Pour être très clair :
si vous contractez la COVID au cours des prochains jours ou des
prochaines semaines, le vaccin ne va pas vous aider [...]. Nous voyons
la lumière au bout du tunnel [...], mais nous devons faire notre part.
Nous devons rester forts et nous accrocher quelques mois de plus,
peut-être plus. »
Pfizer s'est déjà engagée à fournir un minimum de
20 millions de doses de son vaccin candidat au Canada, ce qui
permettrait, une fois le vaccin homologué par Santé Canada, d'immuniser
10 millions de personnes.
Ottawa indiquait encore à la fin du mois d'octobre que
des négociations visant à en obtenir des doses supplémentaires étaient
en cours. Évidemment, si ça fonctionne, on va en acheter encore plus, a assuré M. Trudeau.
Le premier ministre a rappelé que des populations prioritaires recevraient le vaccin en premier, en attendant que d'autres doses soient reçues.
« On a sécurisé
plusieurs millions d’exemplaires de ce vaccin et on s’attend à ce que ça
arrive normalement dans les trois premiers mois de 2021. Évidemment, on
va commencer avec des populations prioritaires pour les vaccinations,
mais on devrait en avoir de plus en plus au fil des mois, y compris avec
d’autres potentiels candidats vaccins. »
M. Trudeau a par ailleurs souligné que le vaccin de
Pfizer et BioNTech doit initialement être conservé à -75 °C, de sorte
que sa distribution, s'il est approuvé, va amener quelques complexités logistiques à résoudre.
Nous
sommes en train de travailler avec les provinces pour assurer qu’on a
la capacité de distribuer ce vaccin à des cibles prioritaires, a-t-il ajouté.
Le premier ministre a aussi rappelé que son gouvernement a
réservé des dizaines de millions de doses d'autres vaccins candidats,
afin d'avoir plusieurs options à sa disposition.
Des résultats prometteurs
C'est encourageant, a commenté la Dre Cécile Tremblay, microbiologiste et infectiologue au CHUM, dans une entrevue accordée à Radio-Canada
Une efficacité à 90 % c'est très très bon. C'est ce qu’on recherche dans un vaccin, ajoute-t-elle, en rappelant que le vaccin contre la rougeole, par exemple, est efficace à environ 95 %.
« C’est très très bon,
parce qu’on avait peur de devoir se contenter d’un vaccin [...] efficace
à 50 %. Ça aurait été quand même correct, mais ça aurait pris beaucoup
plus de temps à endiguer l’épidémie. »
La Dre Tremblay et plusieurs autres scientifiques
soulignent toutefois que ces résultats demeurent préliminaires, qu'ils
ont été publiés par les compagnies qui développent le vaccin, et qu'ils
doivent encore être évalués par des autorités réglementaires, dont Santé
Canada.
Ils
attendent aussi encore leurs données de sécurité, qui doivent arriver
dans deux semaines parce qu’il fallait attendre deux mois après la fin
de la deuxième dose du dernier patient, ajoute-t-elle.
La Dre Tremblay rappelle en outre que les essais
cliniques d'autres vaccins candidats se poursuivent en parallèle, ce qui
permet d'espérer d'autres développements prometteurs.
« La planète va avoir
besoin de tous ces vaccins. Ce n’est pas nécessaire que tous aient le
même vaccin de la même compagnie. L’important, c’est que chaque
compagnie, chaque type de vaccin qui est évalué, arrive avec des
résultats d’efficacité et de sécurité surtout. »
La prudence est de mise
Malgré
le fait qu'on ait tous envie que ce vaccin-là soit bon et qu'on soit
sortis d'affaire, il faut se garder une petite gêne et il faut s'assurer
de regarder les données comme il faut, de bien les comprendre, qu'elles
soient bien étudiées, a pour sa part commenté la Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre et microbiologiste-infectiologue au CHU Sainte-Justine.
En effet, les données dévoilées par Pfizer lundi, même si
elles proviennent du stade 3 de l'étude clinique de son vaccin, ne sont
que préliminaires et certaines zones d'ombre persistent.
J'aimerais voir des données qui montrent que le 90 % est
vraiment réel, a aussi dit Pierre Talbot, un spécialiste des coronavirus
à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS). Ce n'est pas fini, mais c'est plus près de la fin que du début , a-t-il ajouté
N.B. (Avec les informations de Agence France-Presse, Reuters et La Presse canadienne)
Article de Didier Bert, magazine Bel Âge, novembre 2020
En cas d’inaptitude, un mandat de protection s’avère très utile. Mais comment et quand s’y prendre?
Selon
le Curateur public, l’organisme provincial chargé de veiller à la
protection des personnes inaptes, neuf personnes sur dix au Québec
souhaiteraient qu’un proche décide à leur place en cas d’inaptitude.
Pourtant, 61 % des Québécois n’ont pas encore rédigé le mandat de
protection avec lequel ils pourraient désigner un mandataire. Or, faute
de ce document, rien ne garantit que la responsabilité revienne à la
personne de leur choix, parent ou ami. Cette réalité n’étonne pas la
notaire Nancy Émond. «Les gens préfèrent ne pas penser qu’un jour ils
pourraient devenir inaptes.»
La désignation du mandataire
Comment
fonctionne un mandat de protection? En premier lieu, le mandant désigne
un mandataire, qui sera chargé, le moment venu, de veiller sur son
bien-être, ainsi que de l’administration de ses biens. Ce dernier rôle
pourrait être confié à un deuxième mandataire, si tel est le souhait du
mandant. Tout dépend de la situation personnelle et financière de
celui-ci ainsi que de la dynamique familiale. «C’est une question de
confiance et de capacité, précise Francis Hemmings, avocat spécialisé en
droit des successions. Un mandataire peut avoir une relation étroite
avec le mandant, et sera capable de s’occuper de lui, alors qu’un autre
serait plus habilité à administrer les biens.» Le mandataire doit être
majeur et apte, en plus de jouir de l’entière confiance du mandant. Ce
dernier peut aussi nommer un mandataire substitut, pour le cas où le
mandataire désigné ne serait plus en mesure de jouer son rôle.
La rédaction du mandat
Il
y a deux façons de le faire. Tout d’abord le mandat sous seing privé,
qu’on rédige seul, en ayant recours ou non à un avocat. Il doit être
signé devant deux témoins, qui ne sont ni le mandataire ni toute
personne qui recevra la reddition de comptes de ce dernier (voir plus
loin à quoi sert celle-ci). Seconde option, le mandat notarié, qui est,
comme son nom le dit, préparé avec l’aide d’un notaire. Dans tous les
cas, l’avocat, s’il y en a un, ou le notaire dresse un portrait de la
situation personnelle, familiale et financière du mandant afin de
comprendre la dynamique familiale et d’être en mesure de conseiller son
client au mieux. Le professionnel inscrit ensuite le document au
Registre des dispositions testamentaires et des mandats du Québec.
Son contenu
Le
contenu d’un mandat de protection varie en fonction des volontés du
mandant. Celui-ci a le choix de faire un mandat général, où il indique
ses directives de façon globale pour tout ce qui touche à sa personne et
à son bien-être, ou un mandat détaillé, où il précise davantage ses
consignes. Les deux peuvent également mentionner les volontés de fin de
vie, mais celles-ci n’ont pas priorité si le mandant a également
communiqué les soins qu’il accepte ou non de recevoir à l’aide d’un
formulaire de Directives médicales anticipées (DMA) ou par un acte
notarié.
Les pouvoirs du mandataire
Le
champ de manœuvre de la personne chargée de l’administration des biens
se limite à la gestion des affaires courantes. Le mandant peut toutefois
lui confier des pouvoirs de pleine administration qui lui donnent
droit, par exemple, de vendre son immeuble et de faire fructifier ses
avoirs. L’autorisation d’un tribunal n’est pas nécessaire dans ce cas.
Le mandant peut aussi exiger que ses mandataires rendent des comptes à
d’autres membres de la famille ou à des proches. «Cette reddition de
comptes permet de s’assurer que tout le monde sera impliqué, et
l’administrateur sera plus honnête s’il doit justifier ses activités de
gestion chaque année», souligne Francis Hemmings.
Le moment idéal
Les
experts s’entendent pour dire qu’il vaut mieux ne pas retarder la
rédaction d’un mandat de protection. L’inaptitude peut en effet survenir
à n’importe quel âge. Un bon moment est lors de l’achat d’une résidence
ou à l’arrivée d’un enfant, poursuit Me Hemmings, deux
occasions où, souvent, les gens songent à rédiger leur testament. Les
deux documents n’ont pas la même fonction et peuvent être faits
simultanément. Ce qui compte, c’est que le mandat de protection soit
établi dès que les médecins décèlent une baisse des capacités
cognitives. C’est la dernière chance pour le mandant d’effectuer un
choix quant à la façon dont on prendra soin de lui plus tard. Dans un
tel cas, le notaire ou les témoins doivent s’assurer qu’il est apte au
moment de signer le document.
Quand l’inaptitude survient
Un
dossier d’homologation est alors déposé en Cour supérieure, où le juge
constate l’inaptitude sur la base d’éléments médicaux et psychosociaux.
Le tribunal respecte généralement les volontés prescrites dans le mandat
de protection, à moins d’avoir de sérieuses raisons de douter de la
capacité du mandant au moment de la rédaction du document.
S’il n’y a pas de mandat de protection
Malgré
ces enjeux de taille, bien des gens hésitent à rédiger un mandat de
protection. «Quand je l’évoque, des clients me répondent qu’ils vont
faire ça à un moment donné, confirme Nancy Émond. Ce à quoi je réponds
qu’à un moment donné, il sera trop tard.» Par contre, une fois le mandat
établi, c’est affaire réglée. D’autant plus qu’un tel document peut
éviter des complications par la suite. «Par exemple, certains croient à
tort qu’étant mariés ou conjoints de fait depuis des années, advenant
quelque chose, l’autre aura automatiquement tous les droits pour
administrer leurs biens et gérer leurs soins médicaux. Or, la loi n’est
pas faite ainsi.» Le Code civil prévoit en effet que le conjoint ou la
personne la plus proche peut s’occuper des décisions urgentes pour les
soins médicaux, mais rien de plus. En l’absence d’un mandat de
protection, «l’époux n’aura pas plus de pouvoir qu’un voisin».
Par
ailleurs, sans mandat de protection, la famille doit se réunir en
assemblée. Au moins cinq membres de la famille ou des proches doivent
être présents. L’assemblée désigne alors un curateur et un substitut,
ainsi que les membres d’un conseil de tutelle, qui doit être composé
d’au moins trois personnes. «Il n’est pas toujours facile d’aller
chercher cinq personnes», alerte Me Émond. Sans compter que
le choix du curateur et du substitut par l’assemblée n’aurait pas
forcément reçu l’approbation de la personne inapte. De plus, le curateur
doit transmettre un rapport annuel au conseil de tutelle et au Curateur
public, ainsi que demander l’accord d’un tribunal pour certaines
décisions. C’est aussi ce dernier qui valide l’attribution des rôles de
mandataires. Or, sa décision ne concorde pas nécessairement avec ce que
la personne inapte aurait voulu, ajoute Francis Hemmings.
Des tensions peuvent aussi surgir au sein de l’entourage une fois l’inaptitude de la personne déclarée. L’argent, rappelle Me
Hemmings, est souvent au cœur des conflits, qui peuvent survenir «même
dans les meilleures familles». D’où l’importance d’y songer
sérieusement, conclut Me Émond, qui ajoute qu’on gagne à «choisir la ou les personnes qui marcheront dans nos souliers».
La procuration n’est pas un mandat de protection
Il
est important de ne pas les confondre. La procuration vise à aider la
personne encore capable de faire preuve de discernement et de comprendre
ce que lui dit son entourage, explique MeFrancis
Hemmings. Elle ne vise pas à protéger la personne elle-même, ce qui est
davantage la fonction du mandat de protection. La procuration cesse
d’avoir effet le jour où la personne devient inapte, précise l’avocat.
Sans répondre aux mêmes besoins, ces deux documents sont néanmoins
complémentaires et peuvent être rédigés simultanément.