Vivre la vie d'un Senior

mercredi 21 décembre 2011

Vivre Noël 2011 et découvrir les secrets de Fatima


Je me rappelle une anecdote touchante. Elle remonte au début des années cinquante, alors que j'étais pensionnaire chez les religieuses à l'École Apostolique à Chicoutimi, J'avais à peine une dizaine d'années, à ce moment-là.

Trois religieuses discutaient entre elles des apparitions de la Vierge à Fatima et des fameuses Révélations ou Secrets que la Sainte Vierge avait confié à trois enfants en leur apparaissant à quelques reprises. Dans leur conversation, elles s'interrogeaient surtout sur le troisième secret qui ne serait révélé qu'en l'an 2000. Ce qui avait l'air d'intriguer les trois bonnes Soeurs parce que nous étions concernés, nous du Canada : « Pauvre Canada », disait-on!. Elles se regardaient pensivement et se demandaient ce qui allait bien nous arriver. L'une d'entre elles dit tout haut, en me regardant : « nous, nous ne verrons pas ça, mais lui, oui! ».

Maintenant que nous sommes fin décembre 2011, je viens d'y penser à l'âge de 66 ans et j'ai décidé de percer l'énigme de ces fameux secrets. À vous, de LES DÉCOUVRIR avec moi! Joyeux Noël à tous!

PHILOMAGE

La petite histoire de Fatima, selon WIKIPEDIA


Fátima est une petite ville portugaise située dans le District de Santarém. La ville devient célèbre en 1917, quand trois jeunes bergers voient à plusieurs reprises la Vierge Marie. 50 000 personnes sont témoins d'un miracle en octobre 1917. Ces apparitions ont donné naissance au sanctuaire de Notre-Dame de Fátima, lieu d'un célèbre pèlerinage catholique. La Vierge Marie leur demande la prière quotidienne du rosaire pour la paix. En outre en 1915-16 un ange leur enseigne une autre prière. Les "événements" sont surtout connus du grand public par ses célèbres Secrets de Fátima.

Les secrets de Fatima


Les secrets de Fátima sont trois révélations qui auraient été adressées en 1917 par la Vierge Marie sous son nom de Notre-Dame de Fátima à Lúcia dos Santos et ses cousins Jacinta et Francisco Marto dans la petite ville de Fátima au Portugal. On parle communément des trois secrets de Fátima, mais il s'agit en fait des trois parties d'une unique révélation donnée le 13 juillet 1917 et que la Vierge Marie aurait demandé de ne pas divulguer immédiatement.

En juillet-août 1941, rédigeant son troisième Mémoire sur les apparitions, Lúcia dos Santos (devenue sœur Lucie) précise, pour la première fois, que ce secret comprend trois éléments différents : « Le secret comprend trois choses distinctes, écrit-elle, et j’en dévoilerai deux. » La troisième partie ne fut révélée qu'en l'an 2000.

 La première partie est une vision de l'enfer.


« La première [partie] fut la vision de l'Enfer. Notre-Dame nous montra une grande mer de feu, qui paraissait se trouver sous la terre et, plongés dans ce feu, les démons et les âmes, comme s'ils étaient des braises transparentes, noires ou bronzées, avec une forme humaine. Ils flottaient dans cet incendie, soulevés par les flammes, qui sortaient d'eux-mêmes, avec des nuages de fumée. Ils retombaient de tous côtés, comme les étincelles retombent dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, avec des cris et des gémissements de douleur et de désespoir qui horrifiaient et faisaient trembler de frayeur. Les démons se distinguaient par leurs formes horribles et dégoûtantes d'animaux épouvantables et inconnus, mais transparents et noirs. Cette vision dura un moment, grâce à notre bonne Mère du Ciel qui auparavant nous avait prévenus, nous promettant de nous emmener au Ciel (à la première apparition). Autrement, je crois que nous serions morts d'épouvante et de peur. »

La deuxième partie enseigne comment sauver les âmes de l'enfer et comment obtenir la paix. Cette partie concerne la Russie.

« Vous avez vu l'enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. Si l'on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d'âmes seront sauvées et on aura la paix. La guerre va finir. Mais si l'on ne cesse d'offenser Dieu, sous le pontificat de Pie XI en commencera une autre pire encore. Lorsque vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c'est le grand signe que Dieu vous donne, qu'Il va punir le monde de ses crimes par le moyen de la guerre, de la faim et des persécutions contre l'Église et le Saint-Père. Pour empêcher cette guerre, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis. Si on accepte mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix ; sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, diverses nations seront détruites. À la fin, mon Cœur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira, et il sera concédé au monde un certain temps de paix. Au Portugal se conservera toujours le dogme de la Foi, etc. [Ici s’insère la troisième partie du « Secret »]. Ceci, ne le dites à personne. À François, oui, vous pouvez le dire. »


La troisième partie se présente comme une vision allégorique, susceptible de diverses interprétations. 

Jean-Paul II s'y est référé explicitement après l'attentat dont il a été victime sur la place Saint Pierre, thèse fondamentalement démentie par la Contre-Réforme Catholique, qui considère a priori Jean-Paul Ier comme le seul véritable « Pape Martyr » des désordres de l'humanité impie.

« Après les deux parties que j'ai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre-Dame, un peu plus en hauteur, un Ange avec une épée de feu dans la main gauche ; elle scintillait et émettait des flammes qui, semblait-il, devaient incendier le monde ; mais elles s'éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre-Dame en direction de lui ; l'Ange, indiquant la terre avec sa main droite, dit d'une voix forte : “Pénitence ! Pénitence ! Pénitence !”. Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu quelque chose de semblable, à la manière dont se voient les personnes dans un miroir quand elles passent devant, à un Évêque vêtu de Blanc, nous avons eu le pressentiment que c'était le Saint-Père.

(Nous vîmes) divers autres évêques, prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande Croix en troncs bruts, comme s'ils étaient en chêne-liège avec leur écorce ; avant d'y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d'un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu'il trouvait sur son chemin ; parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches; et de la même manière moururent les uns après les autres les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes.

Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des Martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s'approchaient de Dieu. »

RD

vendredi 16 décembre 2011

Réflexion sur la quête de soi


Qui suis-je en réalité? Voilà une grande question qui m’a préoccupé toute ma vie. Parce que je ne suis jamais resté le même. J’ai évolué tout le temps. Dès que le quotidien me laissait des moments de réflexion, c’est quelque chose que j’aimais travailler dessus. Savoir qui l’on est en réalité.

Ce qui me frappe d’abord, c’est la conscience d’être unique. Je suis entouré d’êtres humains qui sont comme moi et qui ont le sentiment d’être uniques. Je regarde les autres qui sont semblables mais différents de moi et je me demande qu’est-ce que je fais là. Ce moi que les autres regardent, je le sens unique dans toute l’éternité de ce qui va vivre sur cette terre et peut-être dans l’univers. Sur ce dernier point, je n’en sais rien pour l’instant.

Je me suis découvert graduellement quand j’étais jeune et aussi parce que mes parents m’ont donné un nom particulier et je suis devenu une personne qui s’est développée parmi les autres humains. C’est sûr que je suis un humain, mais je suis différent des autres humains. Mon existence est mienne et distincte des autres depuis ma naissance et dès ma conception.

Est-ce que cette personne qui suis moi a quelque chose de particulier qui fait en sorte que je ne devrais pas me confondre dans la foule des humains? Voilà une des grandes questions qui me vient souvent à l’esprit. Parce que, une fois mort, j’aurai existé et fait beaucoup de choses, dont la plupart auront un écho personnel qui sera perdu par le fait que je ne serai plus vivant, à moins de perpétuer mon souvenir par divers moyens comme l’écriture, les photos, les vidéos, les films, les écrits, les souvenirs de mes proches, etc.

J’ai longtemps senti ce besoin de me comprendre et de me situer dans cette existence qui m’a été donné. J’ai demandé à mon père quand j’avais 19 ans pourquoi il m’avait fait. Il n’a pu me répondre ou n’a pas voulu me répondre. Je l’ai appris beaucoup plus tard en l’écoutant parler et en recoupant ses paroles avec celles des autres personnes qui le connaissaient bien. C’était tout simplement parce qu’il voulait une famille comme la plupart des gens de son époque. Avoir une famille, cela signifiait prendre sa place dans la société, devenir adulte et donner un sens à sa vie. C’était donner une direction aux actions que l’on allait poser dans le futur. Mais, moi, qui suit né de ce geste et de cette décision, je ne suis que le résultat d’un acte de deux personnes qui se sont mariées et qui m’ont conçu comme moi je l'ai fait aussi en donnant naissance à deux enfants, un garçon et une fille.

Le résultat net, l’enfant qui est né et qui est devenu moi, c’est le fruit de la combinaison des gènes de mes parents et c’est là que mon identité personnelle et originale s’est réellement formée. Pour arriver à un tel résultat, je sais aujourd’hui, qu’il a fallu des générations d’hommes et de femmes qui me précèdent et qui m’ont transmis l’étincelle de la vie.

Finalement, j'ai fait la même chose en transmettant mes gènes, avec l'intention que mes enfants aient une vie longue et heureuse. Ai-je bien fait? Je ne suis qu'un humain parmi les autres et mes gestes ne sont qu’un don, celui de la vie.

Pourquoi ai-je le sentiment d’être unique dans l’univers et de ne pas savoir où je m’en vais dans la vie de demain? Les autres humains qui m’entourent sont en général moins préoccupés que moi par ces questions. Je les regarde vivre comme je me regarde vivre et je reste sur ma faim. J’ai besoin de savoir où mon moi et tout ce qui va avec s’en va. Je suis devenu un sexagénaire et je sens que je n’avance pas sur ce sujet. Pourtant, j’ai connu tellement de monde dans ma vie, que j’ai regardé dans les yeux avec l’espoir qu’un d’entre eux serait préoccupé par ces questions.

Je me rappelle avoir été préoccupé par ce genre d’interrogations dès mon enfance. Je voulais savoir pourquoi on avait des membres articulés, pourquoi sommes-nous là, dans cet environnement terrestre? Pourquoi avions-nous une pensée personnelle, distincte, des sens qui nous permettaient de regarder partout et de chercher des réponses à tout ce qui nous entouraient, à l’extérieur comme à l’intérieur de soi.

Et le temps s’est écoulé, sans que je puisse mieux saisir toute la portée de mon existence. C’est sûr que je me suis bien formé, que j’ai une culture étendue, que j’ai accompli toutes sortes de réalisations dans la société dans laquelle j’ai évolué. Mais, je n’ai jamais senti le besoin d’avoir de l’ambition, d’être un personnage important, plus grand que les autres. Ce qui ne m’empêchait pas de ne pas vouloir être moins que les autres. J’ai travaillé fort, respecté mes échéanciers, j’ai essayé de ne jamais nuire à mes semblables, sans que les autres ne comprennent bien mes façons d’agir.

J’ai compris une chose toute particulière : la liberté, le sentiment de disposer de soi-même à sa guise était accordé aux gens qui vivaient à l’intérieur du cadre des lois et qui maintenaient leurs appétits à l’intérieur de ces frontières. Ainsi, je n’ai jamais rien volé de ma vie, ne sentant pas le besoin de m’approprier le bien des autres. Pour moi, cette morale était facile à observer. Je ne sentais nul besoin de transgresser. Par conséquent, je n’ai jamais rien eu à faire avec la justice. Pas parce que j’étais parfait, mais parce que j’ai su corriger le tir quand je m’étais écarté de la bonne conduite.

Par contre, j’ai trouvé difficile de vivre dans la société des hommes. Surtout, ceux qui prétendaient avoir de la supériorité sur moi, qui voulaient me dominer et me soumettre à leur bon vouloir. Je voyais dans leurs yeux le peu de respect de leurs semblables et surtout, ce besoin de domination et de dominer d’autres hommes. Moi, j’avais des besoins d’accomplissements et de réussites de projets, jamais de prendre les autres en otages et de leur faire exécuter des tâches. J’aime bien occuper ma place dans la société et laisser aux autres leur propre place.

Cette façon de regarder les autres a été payante pour moi. J’ai toujours eu le regard interrogateur et même aujourd’hui, ma plus grande satisfaction est d’écouter les autres et d’apprendre ce que eux savent et que moi, je ne sais pas. Cette quête de soi, constamment présente chez moi, m’a permis de m’enrichir de l’expérience des autres et de toujours vouloir en savoir plus. Je déplore souvent de ne plus rencontrer beaucoup de gens qui peuvent m’en apprendre plus, surtout en profondeur sur les choses de la vie et de la survie.

Comme disait Hegel, le présent, c’est là que se situe l’éternité. Le passé n’est plus que des souvenirs et l’avenir, c’est l’aléatoire, pour ne pas dire le néant. L’instant présent est ce qui doit le plus nous préoccuper dans la quête de soi. Parce que c’est ce moment-là qui fait en sorte que l’on se sent vivre là, maintenant, avant de tourner son esprit vers quelques autres occupations, qui nous privent de la conscience de son existence.

Le sommeil est un répit, une pause, une renaissance quotidienne de son soi, qui réapparaît quand notre corps s’est libéré de ses toxines. Si nous le voulions, nous pourrions faire le compte de ces instants de conscience qui nous rendent conscients de notre existence personnelle, dans un univers d’hommes qui passent, vivent dans notre environnement terrestre et trépassent, sans que l’on ne recroise leur chemin de vie.

Combien de temps, ce moi unique va-t-il rester présent dans ma conscience, intact et toujours à la recherche d’un plus dans la quête de soi? Le plus longtemps possible, je l'espère.

RD

Vivre jeune ou vieux, c'est quoi au juste?


C'est le parcours d'une vie humaine, dont le commencement est bien connu mais dont on ignore souvent les tenants et les aboutissants. La vie, c'est une suite de journées qui nous donnent à la longue un certain âge, des rides et de la sagesse. Mais, vivre, c'est avant tout l'instant présent, qui laisse des traces dans le passé et qui se déplace vers le futur.
 
Portrait de Sigmund Freud, un des grands pionniers de la psychanalyse et/ou de la compréhension de l'humain et de tous ses comportements.  

CITATIONS sur le thème de « VIVRE »

(GRANDS AUTEURS, PENSEURS, PHILOSOPHES,…[1])

« Vivre au Canada, c'est vivre dans quatre pays différents... un pays par saison. » [Michel Conte]

« L'enfant se laisse vivre, l'adolescent attend de vivre, l'homme essaye de vivre et le vieillard de survivre. » [Maurice Chapelan]

« Le passé, c'est ce qui n'existe plus. Vivre dans le passé, ce n'est pas vivre : c'est être mort ou c'est vouloir peut-être mourir... » [Roch Carrier]

« On voit ce qu'on peut voir, on vit ce qu'on peut vivre : c'est déjà beaucoup, c'est de l'infini palpable, concret, inaliénable, vivre aujourd'hui, c'est déjà n'être pas mort. » [Jean-Pierre Guay]

« Vivre tous simplement pour que tous puissent simplement vivre. » [Gandhi]

« Vivre intensément ne signifie pas vivre chaque jour comme si c'était le dernier mais comme si c'était le premier. » [Paul Carvel]

« Vous avez peur de vivre parce que vivre c'est prendre le risque de souffrir.» [Arnaud Desjardins]

« L'homme est né pour vivre et non pour se préparer à vivre. » [Boris Pasternak]

« Vivre pleinement sa vie n'est pas vivre pour le futur. » [André Hallée]

« On ne peut pas tout vivre, alors l'important est de vivre l'essentiel et chacun de nous a "son essentiel". » [Marc Levy]

« Pour vivre centenaire, il faudrait abandonner toutes les choses qui donnent envie de vivre centenaire. » [Woody Allen]

« Vivre n'importe comment, mais vivre ! » [Fiodor Dostoïevski]

« Nous avons autant besoin de raisons de vivre que de quoi vivre. » [Abbé Pierre]

« Il n'est qu'une réalité : vivre. Mais il est mille façons de vivre. » [Gilbert Choquette]

« L'essentiel n'est pas de vivre, mais de bien vivre. » [Platon]

« Je ne me sens vivre qu'à partir de l'instant où je sens mon inexistence. J'ai besoin de croire à mon inexistence pour continuer à vivre. [Jacques Rigaut]

« L'homme ne peut vivre qu'avec ses semblables, et même avec eux il ne peut pas vivre, car, il lui devient intolérable qu'un autre soit son semblable. » [Johann Wolfgang von Goethe]

« On ne peut vivre pour tout le monde, surtout pour ceux avec qui on ne voudrait pas vivre. » [Johann Wolfgang von Goethe]

« On nous a donné le sommeil pour nous reposer de vivre avec nous-mêmes. » [Jacques Deval]

« L'homme est incapable de vivre seul, et il est incapable aussi de vivre en société. » [Georges Duhamel]

« Ne rien aimer, ce n'est pas vivre ; n'aimer que faiblement, c'est languir plutôt que vivre. » [Fénelon]

« Les actes qui nous apportent une satisfaction sont toujours ceux qui sont posés avec vertu. Vivre ainsi, c'est vivre heureusement. » [Léo-Paul Desrosiers]

« Qui sait si vivre est ce qu'on appelle mourir et si mourir c'est vivre ? » [Euripide]

« Après ne pas vivre avec ceux qu'on aime, le plus grand supplice est de vivre avec ceux que l'on n'aime pas. C'est-à-dire avec plus des trois quarts du genre humain. » [Gustave Flaubert]

« Vivre sans espoir, c'est cesser de vivre. » [Fiodor Dostoïevski]

« Depuis l'aube de la conscience jusqu'au milieu de notre siècle, l'homme a dû vivre avec la perspective de sa mort en tant qu'individu ; depuis Hiroshima, l'humanité doit vivre avec la perspective de son extinction en tant qu'espèce biologique. » [Arthur Koestler]

« Je veux vivre intensément, vivre tout simplement. A quoi bon s'économiser ? » [Thierry Le Luron]

« Ceux qui pratiquent ouvertement la cruauté se vengent souvent des malheureuses conditions de leur existence. » [Marie-Claire Blais]

« Vivre, c'est bien. Savoir vivre c'est mieux. Survivre c'est sans doute le problème des hommes de demain. » [Roger Molinier]

« Il n'est pas nécessaire de vivre mais il l'est de vivre heureux. » [Jules Renard]

« Vivre à même l'éternité, c'est vivre au jour le jour. » [Emil Michel Cioran]

« La créature a deux états possibles : être et vivre. Être est l'état passif, vivre est l'état actif. » [Victor Hugo]

Les aînés vivent leur âge


TEXTE de Jean CARETTE, président d'Espaces 50+ et professeur retraité de l'UQAM

Voir aussi le « BLOGUE », un site d'information pour aînés (Espaces 50+) à l'adresse suivante : http://espaces50plusmontreal.com/site/

 
« La vie ? Qu'est-ce que la vie ? Les vieux, en fait les plus âgés d'entre nous, les aînés peuvent nous en apprendre beaucoup sur elle et nous aider à construire une réponse fructueuse.

La vie est d'abord une énergie qui un jour nous a propulsés dans le cours du temps. Nous n'étions rien ni personne et voilà qu'un geste d'amour, ou parfois de ses violentes caricatures, nous a fait être, humain, humaine, créés au beau et premier matin de notre monde, vivants. Puissant mystère, où quelqu'un peut surgir du néant et commencer sa vie, mais aussi surgir dans une lignée résultant de codes génétiques et d'histoires, de «données» biologiques autant que d'héritages familiaux, sociaux, culturels. Nous ne sommes pas venus au monde, mais nous y avons été mis et plus ou moins bien accueillis. «Voici des fleurs, des feuilles et des branches,» écrit Paul Verlaine, en renversant la séquence naturelle pour mieux évoquer cette ascendance d'où nous sommes issus. Les aînés sont, comme les plus jeunes, mais sous le signe particulier de l'âge, les témoins vivants de cette suite des générations, et leurs anniversaires sont les étapes marquantes de cette généalogie de condition. Ils nous rappellent, même si nous ne les entendons pas souvent, que nous sommes d'abord des héritiers et des successeurs.

La vie est aussi une histoire, de l'enfance à l'âge adulte. Je n'ajoute pas «et à la vieillesse» car l'âge avancé n'est qu'une continuité de l'âge adulte, et parce que la «vieillesse» est une vue de l'esprit, une construction sociale et culturelle qui s'est imposée dans nos sociétés. Il n'existe aucun marqueur biologique satisfaisant de ce que nous appelons la vieillesse. Nous en avons fait un état, une catégorie à part, une étape différente, séparée et finale, soir ou hiver de la vie, entraînant une stigmatisation des plus âgés, un scandaleux déni de droits et de vie pour la plupart.

La vie, c'est donc l'histoire d'un développement, dans des contextes sociaux plus ou moins favorables; les chapitres de ce livre d'histoire se sont déroulés et écrits de l'école de l'enfance aux universités du «troisième» âge, en passant par les recyclages et la formation continue ou permanente, de l'apprentissage à la retraite en traversant une carrière ou plusieurs et souvent en subissant les aléas du chômage ou de l'invalidité, de la famille globale à la famille éclatée, de couple en couple et en veuvage, entre loisirs et vacances, maladies ou accidents. Tout au long de ces routes, les aînés ont appris la vie, ont saisi peu à peu que la vie est faite d'étapes et de cycles, de crises et de retours à la sérénité, de conquêtes et de pertes, de dépendances assumées et d'autonomies conquises. Ils y ont acquis, certains plus ou mieux que d'autres, ce que nous appelons expérience et maturité, c'est-à-dire capacité de peser au juste poids les choses et les êtres, de faire sens ou de le trouver dans les situations et les rencontres, par intuitions ou raisonnements, paris ou déductions, métabolisant les événements à force de réflexions et de dialogues.

Au départ si fragile et légère, la vie a cru pour eux en densité et en envergure, entre échecs et réussites. Aujourd'hui « plus vieux» et souvent plus jeunes au dedans, ils sont prêts à partager cette histoire de vie dont ils ont traversé les épisodes, mais aussi à la poursuivre avec d'autres et par d'autres, en coopérations possibles et en relais disponibles. Ainsi le passé, le leur, n'est pas dépassé et témoigne qu'il peut encore éclairer le présent de tous, pour le meilleur et pour le pire. Loin de vouloir donner des leçons moralisantes, ils s'offrent à la confidence, pour élaborer une vérité de vie qui soit commune, bien commun par mise en commun. Quelles que soient les circonstances et les résultats, les causes et les effets, la couleur ou la grisaille, la vie en eux s'est faite patrimoine à transmettre pour féconder l'avenir, pour le mettre au monde, c'est-à-dire pour lui donner le monde comme horizon. Ainsi, leur présent deviendra cadeau, et non mémoire à garder ou à perdre.

Car la vie est d'abord un présent, non celui du chronomètre et de l'heure officielle de nos observatoires, mais «le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui» de Mallarmé, espace privilégié d'une ouverture au changement. Les aînés sont là, disponibles et présents, non survivants mais vivants, c'est-à-dire aptes et prêts à s'intégrer activement dans leurs divers milieux de... vie, à en optimiser les ressources, à en construire le sens. Moins pressés par le temps, le plus souvent libérés des contraintes du travail et des charges de famille et donc potentiellement plus ouverts à une expression «citoyenne» de leurs points de vue et de leurs choix personnels, ils souhaitent pour la plupart exercer «encore» leur utilité sociale au jour les jours, sur la base de leur expérience accumulée, intellectuelle ou concrète, artistique ou plus ordinaire, militante ou plus passive.

Être vivant suppose d'abord d'accepter et d'assumer le cadeau-présent de la vie, mais aussi de s'en faire l'actif porteur dans le travail du social, en recueillant nos pulsions et nos forces de vie et en rassemblant avec les autres nos solidités et nos solidarités. La vie, c'est aussi les lendemains, ceux qui font peur comme ceux qui «chantent». «Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir», c'est-à-dire ce mélange de rêve et de possible, usage mobilisateur et porteur, levier du temps à venir. Or nous nous représentons le plus souvent les aînés comme des gens du passé, qui ont été (have been) et qui ne sont presque plus, comme des souvenirs désuets et dépassés. Notre société consomme et consume ceux qui l'ont bâtie, telle une ogresse gloutonne et ingrate, indifférente aux saveurs d'humanité; il lui faut toujours du nouveau, de l'inédit, du surprenant, de l'instantané, comme une drogue excitante. À travers ce mitraillage «d'actualités» toxiques, les aînés, qu'ils le veuillent ou non, qu'ils le sachent ou non, représentent ce que les plus jeunes seront un jour, plus mûrs, plus âgés, plus forts ou plus faibles, mais ayant avancé en âge et en humanité.

Témoins du passé, acteurs au présent, les aînés sont aussi des prophètes : ils sont en avant (pro-) sur la route du temps et, par la position même de leurs cohortes, disent (-phètes du grec phèmi, dire) ce que pourraient être les avenirs qui nous sont offerts, les plus prometteurs comme les plus effrayants. Dans les premières communautés chrétiennes, le prêtre était le presbys, c'est-à-dire l'ancien. Même quand l'élection se portait sur un plus jeune, il devenait l'ancien, dont la dignité nouvelle l'investissait en lui confiant le destin spirituel de sa communauté. Je proposerais plutôt aujourd'hui pour les aînés un vicariat citoyen : dans le vicus, le voisinage, la communauté de vie, le vicaire laïc est celui qui suscite, maintient, nourrit les liens sociaux, celui qui fait relais, intercession et soudure, l'intermédiaire indispensable pour contenir toute menace de violence et de déstructuration du vivre-ensemble. Combien de lourds silences, de solitudes imposées, de passivités subies sont et seraient ainsi évités par la présence attentive et par l'écoute active et fraternelle des plus mûrs d'entre nous ! Ainsi, pour tous, peut prendre sens, orientation et signification, l'avance en âge, non progrès mais développement, non régression mais transformation et métamorphose. Et la proximité relative de la fin de vie ne saurait y faire obstacle.

Comme l'écrit ce cher Montaigne à la toute fin de ses Essais :

« Principalement à cette heure que j'aperçois ma vie si brève en temps, je la veux étendre en poids; je veux arrêter la promptitude de sa fuite par la promptitude de ma saisie, et, par la vigueur de l'usage, compenser la hâtiveté de son écoulement : à mesure que la possession de vivre est plus courte, il me la faut rendre plus profonde et plus pleine.» Une conclusion qui ouvre toute une perspective de ...vie et que je fais mienne depuis des années. »

RD

Éloge de la solitude


Quel que soit notre âge, nous devrons apprendre à vivre avec la solitude. Selon le psychologue Yvon Dallaire[1], « avant d’être heureux à deux, il faut savoir être heureux tout seul. »

Il existe peu de certitudes dans la vie. La mort constitue la première des certitudes et tous voudraient bien l’éviter, mais elle est inexorable. Une autre certitude que tous, ou presque, cherchent aussi à fuir est le fait que nous sommes condamnés à vivre.

Nous sommes assurés de passer le reste de notre vie avec nous-mêmes. Moins nous nous aimons, plus nous recherchons l’amour de l’autre, des autres, comme si le fait de trouver l’« âme-soeur » pouvait nous sortir de la solitude. Or, il n’y a pire solitude que celle que l’on peut vivre à deux.

Nous sommes seuls, et le plus tôt nous l’acceptons, le plus tôt nous pouvons apprendre à vivre heureux avec nous-mêmes, en devenant pour nous notre meilleur ami, notre  meilleur amoureux. Nous aimant, nous aimantons les autres.

Pour trouver l’autre, il faut donc partir à la recherche de soi. Or, cette recherche ne peut se faire que dans le silence. Certes, des moments de fusion passionnelle peuvent parfois exorciser notre solitude et surtout notre peur de la solitude, mais la passion ne dure jamais qu’un temps et nous retrouvons immanquablement notre solitude, notre état étant d’être unique, donc seul.

Nous sommes toujours seuls et le serons toujours à l’intérieur de nousmêmes. Chacun naît seul, vit seul et meurt seul. La réelle maturité débute le jour où l’on se sent l’auteur et l’acteur de son existence, le jour où l’on cesse de faire porter la responsabilité de sa vie sur autrui, le jour où l’on n’attend plus rien d’autrui, mais où l’on profite de tout ce que l’on possède et de ce qu’autrui nous offre.

Le jour où je considère mon partenaire comme un invité dans ma vie et que je me considère comme tel pour l’autre peut être le jour où le véritable bonheur conjugal prend place. Pourtant, la majorité des gens paniquent à l’idée de vivre seul, car, pour eux, solitude égale isolement ou enfermement, alors qu’elle est plutôt une ouverture sur la vie intérieure et la créativité. C’est pour fuir l’isolement que les gens vont dans des églises ou des discothèques, s’impliquent socialement, regardent la télévision, écoutent la radio…

Jacqueline Kelen, rencontrée un jour en Belgique, confirma toutes mes intuitions concernant la solitude. Cette rencontre me donna le goût de lire son livre (1) et d’écrire cette chronique. Elle y présente la solitude comme un véritable trésor et un état d’esprit. Pour elle, « la solitude est un cadeau royal que nous repoussons parce qu’en cet état, nous nous découvrons infiniment libres et que la liberté est ce à quoi nous sommes le moins prêt ».

Pourtant, impossible d’être heureux à deux si nous ne sommes pas heureux seul. Quel paradoxe de demander à quelqu’un d’autre de faire pour nous (nous rendre heureux) ce que nous ne faisons pas pour nous-mêmes. Comment voulez-vous que quelqu’un nous aime si nous-mêmes ne nous aimons pas ?

Je ne parle pas ici de narcissisme, véritable contemplation autosuffisante de soi-même. Je parle d’estime de soi, de cette estime et cette confiance en soi qui nous convainquent que nous avons le droit au meilleur de ce que la vie peut nous apporter, dont entre autres la présence d’une personne qui nous aime et que l’on aime, et que nous pouvons obtenir si l’on s’en donne réellement la peine. 

RD

[1] Yvon Dallaire, Article du Journal de Québec, « L’éloge de la solitude », 31 octobre 2010.

mercredi 30 novembre 2011

Éloge de la vieillesse

«Il faut apprendre à vieillir avec énergie et jeunesse d'esprit !»

Le texte de l'éloge de la vieillesse :

« Autour de moi, en moi[1], tout moisit, tout pourrit, tout se corrompt, tout s'écroule, tout fout le camp. Les commandes de cette machine admirablement huilée que j'étais répondent de moins en moins à mes sollicitations, certaines d'entre elles n'obéissent déjà plus du tout. Le monument de chair, d'os et d'esprit qui me compose, se décompose. Mon cerveau qui fonctionnait si bien, perd, à chaque seconde qui passe, des milliers de neurones. Je suis en train de retourner au pot commun.

Ma mémoire fout le camp, mes jambes me portent mal, mon caractère s'aigrit, j'écoute davantage mes petits bobos que le chant des oiseaux. Ma vue déconne. Mes veines et mes artères charrient un sang alourdi de graisses et pollué d'alcool, qui ralentit peu à peu toutes mes fonctions vitales.

Et pourtant je suis là, à la fois enthousiaste, vulnérable et heureux. Heureux de parcourir la dernière ligne droite avant les tortueux méandres de l'agonie programmée, marri de n'avoir pas accompli tout ce dont ma jeunesse rêvait.

Chaque soir de par le monde, 200 000 personnes meurent et les milliards d'électrons qui les composent retournent très vite ou tout doucement au pot commun.

Chaque matin il en naît davantage, jaillis des ventres ensemencés par la poussière des défunts. Et ces moisissures, à l'échelle de l'univers, prolifèrent, croissent et vivent de la substance même des disparus.

Chaque jour, plus de 200 000 fois sur notre petite terre, grain de poussière voguant dans l'espace silencieux et inachevé, le miracle se reproduit magique et terrifiant, de ces minuscules graines semées dans des ventres, qui viennent éclore à l'air libre, petits monstres fragiles qui deviendront victimes, esclaves, petits gavés, voyous, saints ou prédateurs.

Ce processus fantastique et merveilleux, je l'observe chaque jour avec une gourmandise et une jubilation croissantes. Car, tout en se décomposant irrémédiablement en particules inactives, l'être que je suis encore, juste avant de disparaître, rassemble en lui-même l'expérience acquise, la richesse des souvenirs et toute la mémoire du monde.

Si la vieillesse est un naufrage, elle est aussi pour le sage, une merveilleuse apothéose.

Sous les craquelures de ma peau, sous les décombres de mon corps en lente décomposition, ravagé par les maladies et les tumeurs, où les parasites s'en donnent à cœur-joie, les microbes et les virus s'activent, circule encore, pour quelques heures ou quelques mois, la sève vive, le sang riche de l'apport des ans, chargé de toutes les nourritures assimilées.

Mon cerveau, jadis magnifique et orgueilleux seigneur de moi-même, luttera jusqu'à la dernière seconde pour me restituer à travers une mémoire qui s'estompe, les horreurs et les merveilles que j'ai vécues, les sensations monstrueuses et inouïes que j'ai éprouvées, les souvenirs banals ou extraordinaires des instants sombres ou lumineux qui furent ma fortune et ma raison d'être.

Certes, la vieillesse peut être considérée comme un naufrage pour notre corps périssable, mais jamais pour notre esprit qui, à l'instant même de se déconnecter, de s'éteindre, de se dissoudre à jamais dans l'immensité du temps et de l'espace, projette en nous et autour de nous, les dernières fulgurances, les dernières harmonies, les derniers enchantements d'une symphonie qui s'achève.

La vieillesse, amis vieillards, mes frères du noble et dernier âge, la vieillesse est un immense et somptueux privilège, un trésor inestimable, une période grave et riche que la nature nous confie et dont le destin nous gratifie.

Certes cet âge nous prive de quelques forces physiques mais concentre mieux nos forces spirituelles. Nous n'avons plus à nous battre pour faire fortune : nous pouvons jouir sans remords de notre pauvreté pleine de dignité ou de l'indécente fortune matérielle que nous avons accumulée. Vieillards, nous sommes porteurs de toute l'expérience de l'espèce, les conservateurs de sa mémoire. Les garants de son avenir. Sans nous, sans notre dépeçage, sans notre immolation programmée par la nature, pas de renaissance ni de perpétuation.

Si la jeunesse représente l'élan, l'aventure, la passion, la vieillesse est l'accomplissement, le havre, le capital et la cible.

Soyons fiers d'être âgés, d'être vieux, de bons vieux, de terribles vieux. Soyons de fermes et incontournables obstacles à la connerie, à la débandade et à la déchéance humaines. La jeunesse se dissipe, elle obéit au principe d'entropie. La vieillesse concentre, cristallise, elle préside au principe de la néguentropie.

Nous sommes la mémoire vivante du monde et de l'espèce. De notre poussière, de notre charogne pourrissante, de notre carcasse effritée, naîtront après notre mort, les générations futures d'autant plus fortes et plus belles que le compost issu de notre désagrégation, sera plus riche d'énergie concentrée. Matérielle et immatérielle. Immortelle. La vieillesse est tout cela et bien d'autres merveilles encore. Elle est le temps de la sérénité, la période où nous savons que les jeux sont faits, que nous ne pouvons plus rien changer à notre destinée, ou si peu.

Mais, notre bouche démeublée, perclus de rhumatismes, secoués par des tremblements, à demi aveugles, souffrant mille douleurs épouvantables, rendus incontinents par le relâchement de nos sphincters, désarmés pour la bagatelle, nous pouvons encore, par nos ultimes réflexions, nos dernières paroles, les gestes de tendresse esquissés par nos mains parcheminées et tordues, nos regards chargés d'amour, projeter sur nos proches ou les inconnus assistant à notre agonie, toute la richesse que nous avons accumulée.
Je sais, nous ne mourrons pas tous ainsi. Certains départs sont atroces. Il est des êtres pourrissant non seulement dans leur tête mais également dans leur cœur. Non seulement ils pissent, ils défèquent sous eux, mais ils récriminent, vitupèrent, maudissent et blasphèment ; leur bile se transforme en haine, leur peur devient méchante, leurs pensées se putréfient. Mais la loi de la nature est ainsi faite que la beauté peut naître du cloaque, une rose du fumier, le diamant du charbon.

Tous les vieillards ne se souviennent plus que leur être est unique, que leur existence est unique, que le plus pauvre, le plus petit, le plus laid, le plus difforme, le plus vil d'entre nous est une merveille absolue, un joyau d'une valeur inestimable, un élément incontournable et inaltérable du grand Tout.

Chacun de nous compte, car chacun de nous est différent. Cette différence de chaque individu, de chaque molécule, de chaque atome, permet la complexification croissante, la spirale ascendante, l'enrichissement de l'espèce.

Certes, il existe une hiérarchie universelle, la beauté, la bonté, la pureté, la vérité valent mieux que leurs contraires, mais devant la mort, cette ultime apothéose, nous devenons tous égaux, car chacun de nous est un maillon de la chaîne, aussi nécessaire que le maillon qui nous précède que le maillon qui nous suit. Sans laideur la beauté n'existerait pas. Sans l'existence du mal comment reconnaîtrions-nous la bonté? Sans péché il n'y aurait plus de pureté ni de vertu. Le mensonge finit toujours par succomber devant la vérité.

Du vermisseau à l'étoile, de l'atome à l'ensemble des galaxies qui composent l'univers, chaque chose, chaque objet, chaque sentiment, chaque être a sa place, sa raison d'être, sa nécessité absolue d'exister, sa noblesse et sa gloire.

Cela n'empêche pas, que chacun de nous doive, s'il le peut, s'il le veut, concourir à créer plus d'amour, davantage de beauté, d'enthousiasme et de bonheur autour de lui. C'est même pour beaucoup d'entre nous une nécessité, un devoir, une raison de vivre.
Parmi nous il est des êtres qui sont et d'autres qui paraissent. Ceux qui préfèrent l'avoir à l'être. Il y a ceux qui prennent davantage qu'ils ne reçoivent et ceux qui donnent davantage qu'ils ne perçoivent. Il y a, et il faut de tout dans l'univers, du meilleur et du pire, du très laid et du très beau. Du magnifique et de l'ignoble. Du bon et du méchant. Des étrons et des roses.

Les crachats et les baisers peuvent jaillir d'une même bouche. L'amour et la haine des mêmes yeux. Chaque homme dispose à sa naissance d'une place réservée dans l'univers. Une place différente de celle de son voisin. Chaque être est programmé de telle sorte qu'il peut choisir dans l'éventail des innombrables possibilités d'existence qui lui sont offertes, celles qu'il souhaite. Il peut, s'il le veut, changer de place en cours de route.

Certains hommes reçoivent tout et n'en font rien. Certains êtres souffrent d'un terrible handicap ou d'effroyables tares et deviennent de grands hommes ou de grands saints. Ils n'ont presque rien reçu mais de ce rien ils font merveille. Il est aussi des enfants gâtés, le "cul bardé de nouilles", nés avec des "couilles en or" qui sombrent dans la drogue ou le crime. Mais chacun de nous a sa place, chaque action sa raison d'être, même la plus vile. L'harmonie naît des oppositions, des contraires. La laideur peut naître de la beauté. Le crime de la vertu.

L'admirable est que le crime soit aussi nécessaire à la vie que la vertu, que la beauté soit aussi essentielle à l'harmonie de l'univers que la laideur. Sans vieillesse pas de jeunesse, il n'est pas de renaissance sans mort.

Vieillard, mon ami, mon frère, souviens-toi que, jusqu'à l'ultime souffle de ton existence, tu peux tout ! Tu peux changer le monde, encourager les êtres par ton dynamisme et ton exemple ou pervertir ton entourage par tes imprécations. Tu peux le transformer par ton enthousiasme créateur ou le décourager par tes plaintes et tes jérémiades.

Chacun de nous est le Seigneur de lui-même

Ami vieillard, mon frère, jusqu'à l'ultime seconde demeure le Seigneur de toi-même, en offrant à ceux qui t'accompagnent les derniers feux de ta richesse intérieure, de ton rayonnement, de ton magnétisme personnel. Un seul de tes sourires peut bouleverser le monde. Au moment d'appareiller, offre à tous, en ultime cadeau, ta sérénité devant le grand mystère, communique par le diamant de ton sourire l'inextinguible joie de vivre qui te consume.

La porte franchie, rencontreras-tu le Dieu des traditions et des écritures, le sommeil éternel ou le néant ? Qu'importe ! Que le souvenir de ce que tu as été, survive dans la mémoire de tes proches et de ceux qui t'ont connu et aimé, comme un joyau inaltérable et lumineux dont le rayonnement ne s'estompera que lentement.

Pendant ce temps, le temps que les vers te rongent et que tu redeviennes poussière, les milliards d'atomes, d'électrons formant les molécules qui te composent, remis au pot commun, assureront ta renaissance par une irrésistible et joyeuse métamorphose.

RÉFLEXIONS SUR LA VIEILLESSE

Nous avons été ce que vous êtes, vous deviendrez ce que nous sommes.(Anonyme)

Le temps ride la peau des hommes et polit celle des pneus.
(Paul Morand)

Quand on est jeune, on se figure que vieillir, c'est se désagréger dans un monde qui dure. Quand on vieillit, on pense que vieillir, c'est durer dans un monde qui se désagrège. 
(Alexandre Vialatte)

Peu de gens savent être vieux. 
(La Rochefoucauld)

Les vieillards tiennent beaucoup à leurs idées. C'est pourquoi les naturels des îles Fidji tuent leurs parents quand ils sont vieux. Ils facilitent ainsi l'évolution, tandis que nous en retardons la marche en faisant des académies.
(Anatole France)

Il y a des femmes qui plus elles vieillissent et plus elles deviennent tendres. Il y a aussi les faisans.
(Toulet)

Notre idée de l'immortalité, ce n'est guère que la permission pour quelques-uns de continuer à vieillir un peu une fois morts.
(Julien Gracq)

Je n'ai pas vieilli. J'ai connu plusieurs jeunesses successives. 
(Saint Augustin)

Et quand on ne sait pas où l'on va, qu'on sache au moins d'où l'on vient. (Ahmadou Kourouma) »

RD


[1] Texte de Marc Schweizer, nuit du 15 janvier 2002, http://www.apophtegme.com/ELOGES/vieillesse.htm

Suicide assisté et euthanasie : Pays ou États ayant pris position




Trois pays européens ont pris position sur la question du suicide assisté et de l'euthanasie : Les Pays-Bas (Hollande), la Belgique et la Suisse.

En Amérique, seuls les États de l'Oregon et de Washington (9 mars 2009) ont statué sur ces questions.

Au Québec, beaucoup reste à faire au niveau des soins palliatifs[1]. Comme dans le reste du Canada, le suicide assisté ou l’euthanasie ne sont pas des pratiques autorisées dans la Belle Province. Présentement, on est en train de revoir les règles du jeu concernant ces alternatives.
 
LE QUÉBEC

Les soins aux mourants : un aperçu

Au Québec, environ 5 % des malades ont accès à des soins palliatifs à la fin de leur vie. La majorité des gens désirent mourir à la maison, mais la plupart (90 %) décèdent à l’hôpital.

Pour remédier à la situation, le ministère de la santé et des Services sociaux a mis sur pied une  « politique en soins palliatifs de fin de vie ». Un plan d’action sur cinq ans, adapté à chacune des régions du Québec, l’accompagne. Comme le ministère le constate lui-même : « Dans son ensemble, la société québécoise n’est pas prête à assumer ce nombre important de décès sur une aussi courte période de temps […]. Par conséquent, de l’avis des experts, la mise en place de services adéquats constitue un défi majeur et urgent. » Car, en ce moment, même si la population vieillit, il y a des manques un peu partout : manque de lits pour les mourantes et les mourants; manque de formation et d’intérêt de la part des médecins pour offrir ces soins; manque d’argent pour donner plus de services… À tel point que, dans les établissements :

« Lorsque les usagers séjournent plus longtemps que prévu, une pression indue s’exerce alors sur ceux qui, en toute fin de vie, ne meurent pas « dans les délais prévus ». Ils se sentent rejetés à un moment où leur dépendance à autrui est maximale. »

Et que dire du traitement de la douleur ? La souffrance des gens, à la fin de leur vie, n’est pas toujours soulagée comme elle le devrait : « […] Il arrive souvent qu’on n’administre pas suffisamment de médicaments au patient pour apaiser ses souffrances. […] » C’est à cause d’un manque de formation du personnel médical dans ce domaine. […] Certains membres du corps médical craignent [aussi] d’engager leur responsabilité si, en administrant des médicaments pour calmer la douleur, ils accélèrent la mort. […] Parfois, c’est par crainte de créer une accoutumance qu’on ne donne pas suffisamment de médicaments au patient pour calmer sa douleur. »

Vu la situation, les opposants ont peur qu’en autorisant le suicide assisté, on laisse tomber de plus en plus les soins aux mourants. Ils ne voient pas non plus pourquoi il faudrait autoriser le suicide assisté, même pour des cas « rares »…. C’est impossible, selon eux, même avec une loi, d’éviter tous les abus. Verra-ton, un jour, des patients euthanasiés sans leur accord ? Et comment saura-t-on si « l’aide pour mourir » n’est pas, dans certains cas, un meurtre déguisé ? D’autre part, si l’on accorde aux unes et aux uns le droit de se faire aider pour mourir, pourquoi ne pas l’accorder aux autres ? Si les mourantes et les mourants sains d’esprit gagnent, en effet, le droit d’être aidés à mourir, peut-être qu’un jour d’autres groupes dans la population réclameront ce même droit, au nom de l’égalité. La porte sera maintenant grande ouverte !

Devra-t-on étendre le droit d’être aidé à mourir aux personnes lourdement handicapées ? Aux personnes qui souffrent mentalement, autant que physiquement ? Aux enfants gravement malades ou handicapés ? En résumé, c’est pour toutes ces raisons qu’à leurs yeux : « la réponse au désespoir de ceux qui ne veulent plus vivre, c’est de les aider à supporter leur condition, non de les encourager à quitter l’existence. »

La Commission parlementaire sur le droit de mourir dans la dignité

Le 4 décembre 2009, l'Assemblée nationale a adoptée à l'unanimité une motion en vue d'étudier la question de mourir dans la dignité. Au début de 2010, une Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité, formée de 15 membres, était mise sur pied avec le mandat d’étudier ou d’analyser des thèmes délicats comme l'euthanasie, le suicide assisté, les soins de longue durée et la maladie.

Deux mois, plus tard, la Commission de la santé et des services sociaux entendait une trentaine d'experts issus de disciplines variées, dont la médecine, le droit, l'éthique, la sociologie et la psychologie.

Par la suite, un document de consultation a été produit pour informer et inciter les Québécois à participer à la consultation publique. Il a été déposé à l'Assemblée nationale le 25 mai 2010.

Depuis, 200 mémoires et une soixantaine de demandes d'intervention ont été envoyés aux responsables de la Commission. Par ailleurs, 3 627 personnes ont répondu au questionnaire en ligne ; il s'agit là d'un nombre extrêmement élevé.

La Commission à partir de septembre 1010 doit visiter Montréal, avant de s'arrêter à Trois Rivières puis à Québec. Des audiences sont ensuite  été prévues à Sherbrooke, à Saint-Jérôme, à Gatineau et à Rimouski. Elle doit déposer son Rapport final en février 2012.

POSITION DES PAYS ET ÉTATS ENGAGÉS DANS CE DÉBAT

Ils ne sont pas les seuls à être contre l’idée d’aider les gens à précipiter leur mort. Dans le monde, seulement cinq pays ou États permettent ou tolèrent, une forme ou une autre d’aide pour mourir. Il s’agit de la Hollande, de la Suisse, de l’Oregon, de l’État de Washington et de la Belgique.

Voyons d’abord, plus à fond, le cas de la Hollande qui a une plus grande expérience à ce sujet.

La Hollande (Pays-Bas)

En Hollande, l’euthanasie et le suicide assisté se pratiquent, plus ou moins au grand jour, depuis plus de vingt ans. On dit toujours que la Hollande a légalisé l’euthanasie et le suicide assisté en 2002. En réalité, c’est toujours interdit par la loi, sauf si c’est un médecin qui les pratique. Le médecin ne sera pas poursuivi en justice, s’il respecte des conditions strictes : les « critères de minutie » (aussi appelés les critères de rigueur). Le médecin doit, entre autres, s’assurer que la demande de sa patiente ou de son patient est volontaire. Que sa souffrance est intolérable, sans espoir d’amélioration. Il doit aussi faire voir son patient par un autre médecin indépendant.

Ce qui ressort en Hollande :

En Hollande, ce qui prime, d’abord et avant tout, c’est de soulager la personne qui souffre. D’où la possibilité de recourir à l’euthanasie et au suicide assisté.

On tend à ne pas faire de différence, ou de discrimination, entre la souffrance physique et la souffrance psychologique. Pour bénéficier de la loi, le ou la malade doit éprouver des douleurs physiques ou mentales aiguës, sans espoir de soulagement. Il n’a pas besoin non plus d’être en phase terminale.

Avant d’aider quelqu’un à mourir, un principe de base a été établi par les tribunaux : une relation étroite doit exister entre le médecin et sa patiente ou son patient. Un médecin peut euthanasier seulement une personne qui est sous ses soins. Par contre, si le médecin traitant ne veut pas lui-même « aider » sa patiente ou son patient à mourir (à cause de ses valeurs ou de ses propres croyances, par exemple), il doit le référer à un autre médecin qui, lui, accepte de procéder à l’euthanasie ou d’aider au suicide. Mais en principe, le médecin doit connaître suffisamment bien sa patiente ou son patient pour être capable d’évaluer sa demande de mourir.

Il faut dire que le système de santé en Hollande est différent de celui du Québec. Les
Hollandaises et les Hollandais, en général, sont suivis depuis longtemps par leur médecin de famille. Le médecin vit dans le même quartier que sa clientèle. Il se déplace à domicile et traite parfois des familles entières.

Les défis rencontrés dans ce pays :

Avant l’application de cette loi, on avait estimé que, dans environ 1000 cas par année, des médecins avaient accéléré la mort de leurs patientes ou patients, par dose mortelle, sans que ceux-ci l’aient clairement demandé, au préalable. En 2001, ce taux n’avait pas changé. En permettant aux médecins de pratiquer l’euthanasie et le suicide assisté, l’État voulait donc les encourager à déclarer ouvertement leurs actes, pour exercer un meilleur contrôle. Selon la loi, les médecins doivent, en effet, rapporter leurs actes aux autorités concernées. Mais près de la moitié des cas d’euthanasie et de suicide assisté (46 %) restent encore non déclarés.

On suppose que certains médecins ne signalent toujours pas leurs actes parce que: selon eux, les « critères de minutie » (ou de rigueur) n’ont pas tous été respectés; ils considèrent qu’il s’agit là d’une question privée avec leur patient; ou ils veulent éviter le stress et les soucis d’une déclaration officielle.

Le gouvernement hollandais compte d’ailleurs étudier de plus près l’attitude des médecins à cet égard. Il veut se pencher sur les moyens d’augmenter leur volonté de signaler leurs actes.

En 2001, plus de la moitié (57 %) des médecins avaient, durant leur carrière, procédé à l’euthanasie d’une patiente ou d’un patient ou aidé à son suicide.

L’euthanasie et le suicide assisté sont surtout pratiqués sur des malades atteints du cancer. Il y a aussi beaucoup plus de demandes pour l’euthanasie que pour le suicide assisté. En partie, à cause de la faiblesse physique des patientes et patients ou de leur incapacité. Des études démontrent aussi que les gens, en général, préfèrent l’euthanasie, plutôt que le suicide assisté, pour ne pas avoir à poser eux-mêmes le geste qui met fin à leur propre vie. Les médecins, de leur côté, préfèrent l’option du suicide assisté, car cela exige, de leur part, une moins grande implication dans le geste causant la mort de la personne.

De 1990 à 2001, on estime qu’il y a eu, en gros, de 25 000 à 35 000 demandes « générales » d’euthanasie et de suicide assisté. Il s’agit ici de personnes ayant abordé à l’avance la question avec leur médecin. Elles l’envisageaient peut-être pour plus tard, en cours de maladie, si leur état en venait à trop se dégrader.

Par contre, sur ce nombre, il y a eu de 8 900 à 9 700 demandes claires et nettes d’euthanasie et d’aide au suicide. C’est-à-dire qu’à un moment précis de la maladie, des patientes et patients en souffrance ont clairement demandé à leur médecin de les aider à mourir. Mais on n’a pas répondu à toutes ces demandes, loin de là ! Selon une analyse des certificats de décès, il y a eu, en 2001, à peu près 3 650 cas d’euthanasies et 280 cas d’aide au suicide (sur 140 377 morts, au total, en Hollande). Cela représente, en pourcentages, 2,6 % de tous les décès, pour l’euthanasie. Et 0.2 % pour le suicide assisté.

En 2004, selon les cas rapportés de façon officielle par les médecins : il y a eu 1 886 cas d’euthanasie et de suicide assisté. Dans 1 714 cas, il s’agissait d’euthanasie et dans 141 cas, d’aide au suicide. Et dans 31 autres cas, d’une combinaison des deux. Même avec une loi, la situation continue d’évoluer en Hollande. Par exemple, une personne souffrant de la maladie d’Alzheimer a été récemment euthanasiée. Cette pratique peut donc maintenant s’étendre, sous certaines conditions, aux personnes atteintes de démence.

De plus, la loi hollandaise donne le droit aux enfants de recourir à l’euthanasie ou à l’aide au suicide. Les mineurs âgés de 12 à 15 ans peuvent les demander, mais le consentement des parents ou du tuteur est requis. Les mineurs âgés de 16 ou 17 ans peuvent, en principe, prendre leur décision tout seuls, bien que leurs parents doivent être consultés.

Pour les enfants de moins de 12 ans, il faut faire appel aux tribunaux. Le gouvernement compte aussi autoriser, en respectant des règles strictes, l’euthanasie des nouveaux nés victimes de souffrances incurables et insupportables, avec l’accord des parents. On s’en doute, cette question est loin de faire l’unanimité…

La Suisse

En Suisse, l’euthanasie est toujours interdite. Mais un article du Code pénal tolère la mort assistée, sous certaines conditions. « L’assistant », qu’il soit ou non un médecin, ne doit pas avoir de « mobiles égoïstes » et la mort doit découler du suicide en tant que tel.  Mais la loi ne précise pas comment l’aide au suicide peut être apportée.

Profitant de cette tolérance dans la loi, il y a maintenant en Suisse des organismes bénévoles, comme Exit ou Dignitas, qui accompagnent les personnes qui veulent mourir.

Les membres d’Exit, par exemple, s’assurent que la personne est vraiment décidée à mourir et qu’elle peut signer la demande à cet effet. Ensuite, cette personne est aidée à se donner la mort, en suivant la méthode qu’elle souhaite : en absorbant de ses propres mains, ou par intraveineuse, une dose prescrite. La police vient ensuite constater les faits. La participation d’un médecin n’est pas nécessaire.

Depuis 2006, un hôpital public en Suisse a même autorisé la pratique du suicide assisté dans son établissement. Cette mesure s’applique à des patients en phase terminale qui sont trop malades pour retourner chez eux. C’est une première! Mais ce sont les bénévoles d’Exit qui assistent les patients désirant mourir, et non les médecins de l’hôpital. D’autres hôpitaux en Suisse s’interrogent à savoir s’ils doivent ou non ouvrir leurs portes à de telles pratiques…

Ce qui ressort en Suisse :

En 2005, 354 patientes et patients, au total, auraient reçu une aide au suicide de la part d’Exit et de Dignitas. Pour obtenir de l’aide pour son suicide, le malade n’a pas besoin d’être en phase terminale. Il suffit d’un diagnostic assez grave.

Malgré les débats, la Suisse ne compte pas, pour l’instant, clarifier davantage sa loi. À son avis, ce serait trop compliqué de chercher à tout prévoir. Et elle ne veut pas non plus trop se prononcer sur ces questions morales. Mais elle s’inquiète du contrôle exercé sur les activités des organismes bénévoles, comme Exit et Dignitas. Étant donné que ce sont des organisations non gouvernementales, elles n’ont pas vraiment de comptes à rendre aux autorités.

La pratique du suicide assisté ne fait pas l’unanimité en Suisse. Comme des étrangères et des étrangers viennent au pays pour se faire aider à mourir, certains dénoncent ce qu’ils qualifient de « tourisme de la mort ».

Au fil du temps, d’autres cas sont venus nourrir la controverse. Par exemple, l’organisme Dignitas a parfois apporté son aide à des gens souffrant de maladies mentales. Cet organisme fait aussi l’objet d’une enquête judiciaire, en Allemagne, car il est soupçonné d’avoir aidé une femme à mourir, sans avoir fait, au préalable, des vérifications médicales jugées suffisantes. À cause de l’activité de ces organismes bénévoles, plusieurs craignent finalement de voir l’aide au suicide devenir un acte « ordinaire » ou banal, en Suisse.

La Belgique

La loi permet l’euthanasie, depuis 2002. Elle encadre de manière stricte le médecin, qui ne commet pas d’infraction si la ou le malade est affligé d’une situation médicale sans issue. Il peut s’agir d’une souffrance psychique comme d’une souffrance physique impossible à apaiser.

La ou le malade doit faire sa demande de façon consciente et répétée. L’avis d’un deuxième médecin est obligatoire.

La loi sur l’euthanasie, en Belgique, a été adoptée en même temps que la loi sur les soins palliatifs. Cette dernière permet à toutes et à tous d’avoir accès à des soins palliatifs. Chaque patiente ou patient qui réclame l’euthanasie doit donc d’abord se faire offrir, ou avoir accès, à des soins palliatifs.

En Belgique, un malade par jour, en gros, choisit de quitter la vie au moyen de l’euthanasie. La majorité des personnes qui y ont recours souffrent du cancer et sont âgés entre 60 et 79 ans. Près de la moitié des décès par euthanasie se passent à domicile.

L’Oregon

Dans cet État américain, une personne peut, dans certaines circonstances et sous certaines conditions, obtenir de son médecin une prescription pour une dose mortelle de médicaments (des sédatifs).

La loi ne permet cependant pas l’euthanasie, ni le meurtre par compassion. Seul le suicide assisté est permis, uniquement pour des malades en phase terminale (avec une espérance de vie de moins de 6 mois) et considérés comme sains d’esprit. Les personnes âgées en bonne santé, les handicapés physiques et les malades chroniques ne peuvent pas se prévaloir de cette loi.

Ce qui ressort en Oregon :

Le médecin ne peut pas administrer les médicaments à sa patiente ou à son patient. C’est le malade lui-même qui doit avaler la potion mortelle. Le rôle du médecin est bien précisé dans la loi. Il doit recevoir la demande d’aide, vérifier la santé mentale et émotionnelle de sa patiente ou de son patient, lui offrir des solutions de rechange (comme un meilleur traitement contre la douleur, plus de soins à domicile ou l’entrée au service des soins palliatifs de l’hôpital), obtenir l’avis d’un deuxième spécialiste et finalement, rédiger l’ordonnance pour la dose mortelle.

Il y a eu deux référendums sur cette loi, en Oregon. La dernière fois, en 1997, la loi a été appuyée à 60 % par la population. Cette loi a aussi été contestée, jusqu’en Cour suprême par le gouvernement du président américain Georges W. Bush. Mais la Cour suprême a validé cette loi, en 2006. Selon elle, le gouvernement fédéral (ou central) n’a pas le droit d’interdire, aux médecins de l’Oregon, d’aider des patientes et patients en phase terminale à se suicider, car c’est à chacun des États américains de décider de ses pratiques médicales. En huit ans, de 1998 à 2005, 246 patientes et patients, au total, sont morts par suicide assisté, en Oregon. La majorité souffrait de cancer. Ils étaient âgés, en moyenne, de 70 ans, et étaient plus instruits que la plupart des autres mourantes et mourants. En moyenne, la durée de la relation entre le médecin et sa patiente ou son patient, avant sa mort, était de huit semaines. Ce n’est pas à cause de la souffrance que les patientes et patients demandent de l’aide pour mourir. Les principales raisons sont la baisse de la capacité à profiter de la vie (grâce à ses activités), la perte de la dignité et de l’autonomie. Les critiques disent qu’en Oregon, il y a peu de contrôle sur la pratique du suicide assisté. Toutes les données connues reposent uniquement sur les formulaires remplis par les médecins qui prescrivent des doses mortelles. Les situations qui pourraient se passer en dehors de la loi ne sont pas examinées. D’autres, par contre, voient des avantages à la loi, même pour ceux qui n’y ont pas recours. Depuis cette loi, les soins en fin de vie sont au coeur des préoccupations, en Oregon. La population y est plus sensible car elle a peur que le recours au suicide assisté augmente, si les soins pour les mourants diminuent.

État de Washington

Après l'Oregon, c'est à l'État de Washington, également dans le nord-ouest des États-Unis, d'autoriser le suicide assisté. Une nouvelle loi en ce sens est entrée en vigueur en mars 2009. Elle permettra aux patients en phase terminale ayant moins de six mois à vivre de demander à leur médecin la prescription de doses létales de médicaments.

Selon la loi promulguée dans ces deux États, les médecins et les pharmaciens ne sont pas obligés d'écrire ou à remplir des prescriptions létales s'ils sont opposés à la loi.

La loi de Washington est basée sur celle de l'Oregon, entrée en vigueur à la fin de 1997. Depuis, plus de 340 personnes, la plupart atteintes de cancer, se sont servies de cette mesure pour mettre fin à leurs jours.

Selon la loi de l'État de Washington, tout patient qui réclame un suicide assisté doit avoir au moins 18 ans, être déclaré sain d'esprit et habiter les États-Unis. Il doit faire deux demandes par oral, à 15 jours d'intervalle, et soumettre une demande par écrit en présence de deux témoins, dont l'un ne doit être ni de la famille, ni un héritier, ni un médecin traitant, ou en relation avec une structure hospitalière dans laquelle réside le demandeur. Deux médecins doivent certifier que le patient est bien en phase terminale, six mois lui restant à vivre au maximum.

En guise de conclusion

Les sondages sont clairs là-dessus. La plupart des gens veulent contrôler la fin de leur vie. Partir dans les meilleures conditions possibles. Mais comment ?

Pour les unes et les uns, c’est de demander à nos gouvernements que le testament biologique prenne désormais force de loi, que les directives données aux médecins soient plus claires, que le Québec se mette (enfin) à la fine pointe des soins palliatifs et du traitement de la douleur… Selon eux, il faudrait aussi rendre plus disponibles les services et les soins destinés aux mourantes et mourants, en plus d’améliorer l’hébergement des malades chroniques ou des personnes handicapées. Finalement, il faudrait étudier davantage les raisons qui poussent les gens à réclamer la mort. Pour eux, à ce chapitre, tout n’a pas encore été fait. D’où leur opposition à ouvrir la porte au suicide assisté sur demande.

Pour les autres, la vraie solution, face à une souffrance impossible à apaiser, c’est aussi de permettre à des malades, dans des cas exceptionnels, d’être aidés à mourir…. L’aide au suicide, pour eux, ne s’oppose pas aux soins à donner à la fin d’une vie, elle en fait partie. À leurs yeux, « partir » à l’heure de son choix permettrait enfin de « mourir dans la dignité ». Loin de la mainmise du monde médical, entouré de ses proches, selon ses désirs, sans combats inutiles, sans acharnement…

Partout dans le monde, il y a maintenant des groupes qui militent pour rendre légal le droit de mourir à l’heure de son choix. Certains sont connus sous le nom d’ « associations pour le droit de mourir dans la dignité ». D’autres sont aussi appelés « associations pour l’euthanasie volontaire ». Il existe même une Fédération mondiale des sociétés pour le droit de mourir.

Tout ce débat sur le suicide assisté est donc loin d’être fini. Mais quelle qu’en soit l’issue, il reste un point à ne pas perdre de vue : les besoins des personnes, à la fin de leur vie. Une étude canadienne vient de révéler que ce qui compte le plus pour elles, avant de partir, c’est d’abord la confiance envers les médecins. Leurs autres priorités sont :

        De ne pas être maintenues en vie de façon artificielle lorsqu’il n’y a pas d’espoir de guérison;
        Que le médecin communique honnêtement les informations au sujet de leur état;
        Avoir le temps de mettre leurs affaires en ordre;
        Résoudre les conflits;
        Faire leurs adieux aux gens qu’ils aiment;
        Ne pas être un fardeau pour leurs proches.

D’ici là, c’est à chacune d’entre nous de se faire une idée sur le suicide assisté, afin de participer au mieux aux décisions que notre société devra prendre, tôt ou tard, face à la mort et au sort réservé aux personnes à la fin de leur vie…. 

RD


[1] AFEAS, femme en mouvement. « Suicide assisté : choisir pour soi ? » et Guide d’animation 2006-2007, Québec.