Vivre la vie d'un Senior

jeudi 24 février 2011

L'environnement des aînés et leurs contraintes.



Soins de longue durée : 44 % des aînés dépriment

Une étude de l'Institut canadien d'information sur la santé, une des plus importantes menées dans des centres de soins de longue durée au Canada, révèle que 44 % des personnes âgées qui y résident sont dépressives ou souffrent des symptômes de cette maladie.

Les chercheurs ont utilisé divers outils d'évaluation, comme la santé, la nutrition, l'ouïe, la communication et les capacités cognitives des aînés. Ils ont pris en compte aussi les commentaires des infirmières et des différentes personnes qui interagissent avec les résidents, comme le personnel des cuisines ou de l'entretien ménager.

L'étude a été menée auprès de 50 000 résidents de CHSLD en Nouvelle-Écosse, en Ontario, au Manitoba, en Saskatchewan et au Yukon.

Nancy White, la responsable de l'étude, estime que des améliorations devraient être apportées à la lumière de ces résultats, notamment pour ce qui est de la détection et du traitement des personnes souffrant de dépression.

La prévention est d'autant plus importante que, selon l'étude, 18 % des résidents éprouvent des symptômes de dépression, mais n'ont pas reçu de diagnostic en bonne et due forme.

La présidente du comité consultatif des personnes âgées à la Commission de la santé mentale du Canada, la Dre Marie-France Rivard, est d'avis que ces personnes pourraient avoir une meilleure qualité de vie si elles étaient traitées, au moins avec des antidépresseurs. Elle ajoute que le traitement de la dépression joue un rôle important dans la qualité de vie d'une personne et sa rémission.

Les Québécois se suicident plus que les autres Canadiens[1]

On se suicide plus au Québec qu'ailleurs au Canada, selon un document publié par l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

En 2008, 1103 Québécois ont mis fin à leurs jours. Les hommes passent plus facilement à l'acte que les femmes puisque ils étaient 842 contre 260 (l'information sur le genre de la dernière personne n'était pas disponible pour l'enquête), selon ce rapport.

Le Québec enregistre 23,8 suicides pour 100.000 personnes chez les hommes et 6,6 chez les femmes, ce qui le rapproche des chiffres français, tandis que la moyenne canadienne, comparable à celle de la Norvège, est de 16,9 pour les hommes et 5,1 pour les femmes.

Selon le rapport, depuis 1999, le taux de mortalité lié au suicide est en baisse constante de 4% par année.

Chez les 50 ans et plus, la baisse est la plus modérée et les femmes de 50 à 64 ans ont vu leur taux augmenter de 1,1% par année en moyenne entre 1999 et 2008.

Une situation qui inquiète l'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP) qui estime que "le gouvernement et les organismes de prévention du suicide doivent intensifier leur action auprès des clientèles les plus vulnérables".

En 2008, 41% des personnes qui se sont suicidées avaient plus de 50 ans. En 1999, cette tranche d'âge n'en représentait que 27%.

Un article rédigé par Emmanuelle Froment intitulé « Suicide au Québec : les 50 ans et plus d'avantage touchés » ajoute ce qui suit :

« Alors que les taux de suicide sont en baisse dans la plupart des groupes d'âge au Québec, le groupe des 50 ans et plus est celui pour lequel la baisse est la moins importante », s'inquiète Madelaine Michaud, présidente de l'AQRP.

Le groupe des femmes âgées de 50 à 64 ans est donc le seul à avoir subi une hausse des taux de suicide entre 1999 et 2008.

Parmi l'ensemble des groupes d'âge, la tranche des 65 ans et plus est le groupe où les hommes sont les plus représentés, avec 80% des cas de décès.

Selon les recherches, la majorité des personnes âgées qui se suicident souffrent d'une dépression. En 2008, 449 personnes de 50 ans et plus sont décédées par suicide dans la province.

Notons qu'une étude de l'Institut canadien d'information sur la santé, menée dans des centres de soins de longue durée au Canada, révèle que 44% des personnes âgées qui y vivent sont dépressives ou souffrent des symptômes de cette maladie.

Forte croissance des besoins en soins de longue durée[2]

Le nombre d'aînés ayant besoin de soins de longue durée devrait doubler au Québec d'ici à 2031 et même tripler dans certaines régions.

Telle est la conclusion d'une étude menée par le chercheur Robert Choinière, qui plaide pour une importante révision de l'organisation des soins de longue durée au Québec.

En 2006, on comptait un million de personnes de 65 ans et plus, mais l'arrivée massive des baby-boomers devrait faire exploser les effectifs des aînés à 2,3 millions en 2031.

Le nombre de bénéficiaires de soins de longue durée en institution passera de 90 000 en 2006 à plus de 200 000 en 2031, et la clientèle recevant des soins à domicile devrait augmenter et atteindre jusqu'à 292 000 personnes au cours de la même période.

Ainsi, M. Choinière estime que le bassin de personnes nécessitant des soins de longue durée pourrait être de 491 000.

D'ici là, le nombre de personnes de 65 à 74 ans augmentera à un rythme de plus de 100 000 tous les cinq ans, alors que la population active, les personnes de 20 à 64 ans, verra ses effectifs augmenter moins rapidement et même subir une diminution entre 2016 et 2031.

Le directeur adjoint de l'Institut national de santé publique signale que ce changement draconien de ratio aura des impacts importants sur la viabilité financière des régimes s'adressant aux personnes âgées financés à partir des fonds publics.

Les régions qui devraient enregistrer la plus forte croissance de besoin sont les Laurentides, Lanaudière et l'Outaouais, avec une demande multipliée par 2,8, alors que Montréal se démarque avec l'indice de vieillissement le plus faible, qui entraîne tout de même une hausse de 60%.
Dans la Capitale-Nationale, le nombre de personnes nécessitant des soins de longue durée serait multiplié par 2,2.

Coûts déjà importants

« Ce vieillissement entraînera des répercussions considérables sur les dépenses reliées aux soins à 
domicile et aux soins continus fournis dans les établissements », écrit le chercheur.

Déjà, de 1998 à 2008, les dépenses relatives à une catégorie d'établissements constituée majoritairement de centres réservés aux personnes âgées se sont accrues de 65% au Québec.

En 2008, le Québec y consacrait 675 $ par habitant, comparativement à 522 $ au Canada.

Le Québec affiche d'ailleurs la deuxième plus haute proportion de dépenses totales de santé consacrées à cette catégorie d'établissements au pays (14,4%), derrière Terre-Neuve-et-Labrador (14,9%).

Puisque le nombre de personnes de 65 ans et plus devrait s'accroître de 3 % par année, Robert Choinière estime que les dépenses en santé au Québec doivent être haussées dans la même proportion, uniquement pour couvrir la recrudescence des demandes pour les soins de longue durée en établissement et à domicile.

Vivre et mourir seul ou seule

« Ces couples qui se défont à côté de nous me laissent perplexe, autant pour les personnes de mon âge que pour les baby-boomers ». Les uns et les autres résisteront-ils à l'épreuve de la maladie? » Vivre seul n'est donc plus du tout l'affaire des personnes âgées à qui la mort a arraché le père, la mère, l'époux, les frères, les sœurs et les amis. En très peu de temps, le Québec est passé des grosses familles aux vies en solo. Ce style de vie, choisi ou subi, est maintenant largement répandu chez les gens dans la trentaine et la quarantaine, au gré des séparations. Or, les déceptions amoureuses coupent aussi les liens avec les proches du conjoint. «Avant, les belles-sœurs et les beaux-frères se tenaient beaucoup ensemble et ils avaient intérêt à s'entendre, parce qu'ils en avaient pour 30 ou 40 ans à se côtoyer. Aujourd'hui, on ne sait pas si la belle-sœur de ce Noël-ci sera encore là le Noël suivant, relève Hélène David, professeure de psychologie à l'Université de Montréal. De divorce en séparation, de nos jours, on repart souvent à zéro dans une même vie.

Céline Le Bourdais, professeure à l'Université McGill où elle s'occupe de statistiques sociales pour la chaire de recherche du Canada, se questionne sur la dénatalité et la transformation de la vie conjugale, sur le fait que les enfants qui demeurent avec la mère négligeront, peut-être, le père biologique lorsqu'il sera vieillissant, et elle se préoccupe aussi du type de relation avec les beaux-parents lors de nouvelles unions.

Jacques Légaré, démographe de l'Université de Montréal croit que «les boomers devront explorer de nouvelles avenues d'entraide et se tourner vers ceux qui, comme eux, avancent en âge. Comme les enfants sont moins nombreux, ils devront rechercher les cousins, cousines, les amis. Surtout, ils souhaiteront peut-être se faire aider par des étrangers, c'est-à-dire payer pour des services qui étaient offerts autrefois bénévolement par les enfants. Ce n'est pas si naturel que ça être aidant naturel, surtout auprès d'une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer», conclut M. Légaré.

Que de besoins à combler pour une société qui n'a pas placé le vieillissement au centre de ses préoccupations!
 
RD

[2] Article de Rémi Nadeau, Agence QMI, Journal de Québec, 27 Mi 2010.

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