Maladie dégénérative, cancer, détresse psychologique… la vie réserve parfois des coups durs et qui ne sont pas nécessairement prévisibles. Comment les surmonter?
Lise, José et Renée ont chacun à leur façon trouvé la force de faire face à l’épreuve. Trois approches différentes qui découlent pourtant d’un même principe: la guérison passe par l’esprit…
Influencer sa guérison[1]
« Je suis présentement en convalescence. Je viens tout juste de terminer mes traitements de chimiothérapie. » Voilà la réponse de Lise Brodrique à ma première question: « Vous allez bien ? » À la fois déstabilisée et attristée par ses propos – que dois-je dire ? –, je ne savais pas s’ils devaient être interprétés comme un oui ou un non. Mais rapidement, son timbre de voix et ses paroles me rassurent. « Je marine dans la maladie cancéreuse depuis 1996 et je m’en sors chaque fois ! », lance-t-elle, joyeuse, avant de me raconter son combat: cancer du côlon en 1996, récidive en 2001, cancer du foie en 2002, des ovaires en 2006 puis, tout récemment, nodules à l’abdomen…
Aujourd’hui, Lise se dit armée pour affronter les rechutes successives, mais soutient s’être sentie profondément démunie à l’annonce du premier diagnostic. « Je ne savais pas quoi faire ou lire. Puis, une infirmière m’a conseillé Guérir envers et contre tous du Dr Carl Simonton. Sa méthode m’a plu, ça faisait du sens pour moi. Je l’ai adoptée ! », raconte-t-elle.
Radio-oncologue américain, le Dr Simonton a développé une méthode qui privilégie la visualisation, ou imagerie mentale. « L’idée, c’est de se représenter mentalement ce que l’on veut qui arrive. C’est aussi travailler sur ses fausses croyances: le cancer est nécessairement mortel, les traitements sont absolument épouvantables, on ne peut pas influencer sa guérison… Il faut plutôt en installer d’autres je suis capable de me guérir, mon esprit a une influence sur mon corps », résume Lise qui s’est d’abord initiée par les livres, puis directement auprès du Dr Simonton pendant un voyage en Suisse spécifiquement accompli à cet effet.
La femme de 56 ans dit pratiquer la visualisation quotidiennement depuis 1996. Que visualise-t-elle, au juste ? « J’imagine mes petits globules blancs, mes « naturals killers », en train de scruter à la loupe toutes mes cellules, de repérer celles qui sont cancéreuses et de les éliminer. Je fais aussi de la visualisation dans mes activités au quotidien. Par exemple, quand je prends ma douche, j’imagine que l’eau qui coule sur ma tête nettoie mon corps. Même chose quand je me lave les mains ! Quand je regarde l’une de mes plantes qui fleurit, je me dis que j’ai aussi cette beauté et cette puissance en moi. Visualiser, c’est ça ! »
Convaincue des bienfaits de la méthode, Lise Brodrique animait jusqu’à tout récemment des ateliers pour personnes atteintes de cancer dans divers hôpitaux de la Montérégie. Cette infirmière de carrière, également détentrice d’une maîtrise en sociologie, s’offre présentement un temps d’arrêt pour reprendre ses forces. Mais dès qu’elle le pourra, elle compte bien enseigner de nouveau les techniques du Dr Simonton…
Le jeu intérieur
José Morin porte en lui les traces d’un événement survenu il y a plusieurs années. Sans nous en confier la nature, il dit vivre avec les lourdes conséquences du drame: un stress post-traumatique et la souffrance qu’il engendre. Ce professionnel dans la quarantaine mène une vie « normale » malgré la douleur. « Quand tu vis un stress post-traumatique, on te conseille souvent d’en parler, de l’extérioriser. Or, pour moi, il n’en était absolument pas question. Encore aujourd’hui, je ne suis pas capable d’énoncer ce qui m’est arrivé, parce que ce n’est pas totalement guéri. Mais j’y travaille ! », s’exclame un José plus que jamais déterminé à vaincre ses démons.
C’est qu’il a récemment trouvé l’allié dont il avait besoin: l’approche ECHO, élaborée à l’hôpital Notre-Dame de Montréal par le Dr Jean-Charles Crombez et son équipe de recherche clinique. Offerte en complément aux psychothérapies et traitements médicaux traditionnels, l’approche ECHO propose d’explorer notre rapport avec nos symptômes et nos difficultés par le jeu intérieur. « C’est une méthode basée sur la liberté et la spontanéité de la personne à qui l’on apprend à reconnaître ce qui se passe en elle, à le questionner et à le transformer. Les émotions, sensations, perceptions, souvenirs, etc., deviennent des morceaux avec lesquels on réapprend à jouer intérieurement », explique le Dr Crombez, psychiatre, psychanalyste, psychosomaticien et auteur de plusieurs ouvrages sur l’approche ECHO. Enseignée par le biais d’ateliers d’une durée totale de 15 heures – on peut également se familiariser avec la méthode dans les livres du Dr Crombez –, elle est destinée autant aux personnes souffrant de problèmes psychologiques que physiques.
Pour José, qui vient tout juste d’en terminer l’apprentissage, cette méthode donne la possibilité de faire face à son douloureux passé sans toutefois le bousculer : « C’est moi qui décide comment je le fais et à quel rythme. Ça me permet de regarder au fond de moi tout en gardant la maîtrise; les choses auxquelles je ne veux pas penser reviennent seules à la surface… Je peux interagir avec elles, travailler sur elles sans ajouter à ma souffrance. » Un pas de géant pour cet homme qui, depuis l’événement, tentait plutôt d’enfouir ces sombres souvenirs au plus profond de lui-même… Il est convaincu d’avoir trouvé de nouveaux outils pour soulager le stress post-traumatique dont il est affligé depuis si longtemps. Tellement que José poursuit maintenant une formation dans le but d’enseigner à son tour l’approche ECHO…
Chercher d’abord en soi…
Diplômée en médecine depuis la fin des années 1970, Renée Pelletier a une longue expérience professionnelle en santé. Elle a d’abord travaillé en Afrique comme coopérante, puis de retour au Québec, en santé internationale et en gériatrie. Elle œuvre maintenant auprès des réfugiés au centre Santé-Accueil du CLSC Côte-des-Neiges et anime ateliers et conférences pour les personnes atteintes de diverses maladies.
Si elle occupe aujourd’hui la chaise du médecin, la Dre Renée Pelletier connaît l’inconfort de celle du patient… À 28 ans, tout juste sortie de l’école de médecine, on lui apprend qu’elle souffre de la maladie de Hodgkin, un cancer qui s’attaque aux ganglions lymphatiques. Elle traverse l’épreuve, puis à 41 ans se retrouve confrontée au cancer qui, cette fois-ci, touche ses deux seins… «Ça a été plus difficile psychologiquement; j’avais maintenant deux enfants que je voulais voir grandir. C’est comme si j’avais fait confiance à la vie et qu’elle me renvoyait un boomerang», se rappelle-t-elle.
Pourtant loin de se laisser abattre par la terrible nouvelle, la Dre Pelletier y puisera plutôt la force de continuer. « À partir de ce moment-là, je me suis dit qu’il y avait un bout qui m’appartenait, explique-t-elle. La science ne peut pas tout faire pour moi; elle fait ce qu’elle peut, même des miracles parfois ! Mais j’ai compris que le traitement était extérieur à moi et que la guérison était intérieure, qu’elle m’appartenait. On ne peut pas s’occuper simplement de l’aspect physique, il faut également travailler sur ses souffrances. »
Massothérapie, acupuncture, orthothérapie, techniques complémentaires, Renée Pelletier a essayé plusieurs approches. Elle ne regrette pas ce cheminement et convient qu’il s’avère utile pour certains. Elle soutient néanmoins qu’il est primordial de chercher d’abord au fond de soi… « Les gens veulent des solutions toutes faites, mais il n’y a pas de recette magique pour guérir. La guérison, ce n’est pas du magasinage, ni du copier-coller !, résume-t-elle. Parce qu’ils nous aiment et parce qu’ils ont peur pour nous, famille et amis nous conseillent de faire telle chose, d’essayer ceci, de manger cela. On aurait beau avoir les plus belles techniques, il faut trouver ce dont on a vraiment besoin, ce qui nous fait réellement du bien. »
Habituée de se confier à son journal depuis l’âge de 17 ans, Renée Pelletier s’est, pour sa part, tournée instinctivement vers l’écriture. « Avec ce mur qui venait de me tomber sur la tête, l’écriture est devenue une présence, une amie. Ça m’a aidée à extérioriser ma souffrance, à dire les choses avec les vrais mots. Dans mon journal, j’ai pleuré, j’ai sacré, j’ai crié, mais c’est aussi là que j’ai puisé mes plus beaux moments d’espoir… »
Elle a d’abord écrit pour elle seule, puis elle a décidé de publier ses réflexions afin de démystifier la maladie et de partager son espoir de guérison. Sous sa plume, quatre ouvrages sont parus jusqu’à maintenant : Avant de tourner la page, Cœur sur papier, Tomber en vie et Clins d’œil sur la vie, tous publiés aux éditions Médiaspaul.
Au-delà de l’écriture, Renée a aussi puisé espoir dans la photographie, la nature, la musique, la spiritualité, les groupes d’entraide, le soutien des siens… « Notre source de guérison peut être dans les choses les plus simples… », soutient-elle. Le cas échéant, quelle sera la vôtre!
RD
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