Vivre la vie d'un Senior

mardi 1 mars 2011

Sujet tabou : la sexualité chez les Seniors


 Les jeunes grands-parents ont une vie intime


Depuis l’arrivée sur le marché, il y a plus de dix ans, des médicaments contre l’insuffisance érectile, la société a bien évolué vis-à-vis de la sexualité des seniors. Elle ne la considère plus comme sale, ou même honteuse, et en parle plus librement. Quant aux clichés tels que « les personnes âgées n’ont pas de désir, elles ne sont pas attirantes », ils ne sont plus de mise. Oui, les jeunes grands-parents ont une vie intime et oui, ils en profitent. Une enquête sur les comportements sexuels en France, effectuée en 2006, le confirme : 86 % des hommes et 64 % des femmes de 50 à 69 ans ont eu au moins un rapport sexuel au cours du dernier mois. Mieux : respectivement 23 et 11 % en ont eu au moins dix !


Oui! Les seniors continuent d'avoir une vie sexuelle

Encore une fois les stéréotypes sur les seniors et les relations sexuelles sont bousculés par cette nouvelle grande étude. Oui, les plus de 60 ans, les plus de 70 ans et même leurs aînés continuent à faire l’amour. Et c’est tant mieux. Peut-être le font-ils moins régulièrement, moins ardemment, peut-être différemment, mais dans tous les cas un tabou doit être levé : les « vieux » s’aiment, se séduisent et « s’envoient en l’air ».

Ainsi, selon ce sondage réalisé auprès de 3.005 seniors américains âgés de 57 à 85 ans, les trois-quarts (73%) des 57/64 ans ont eu au moins une relation sexuelle dans l'année qui a précédé l'enquête. Chez les 65/74 ans, ce chiffre baisse à 53%, mais entre 75 et 85 ans, plus d’un quart de ces sondés font encore l’amour. En revanche, chez les femmes, les proportions sont plus faibles dans la mesure où il leur est plus difficile de trouver un partenaire, soulignent les scientifiques.

« La sexualité chez les personnes âgées reste un sujet largement tabou » confirme le Dr Stacy Lindau, professeur de gynécologie et spécialiste de médecine gériatrique à l’Université de Chicago (Illinois). « Certains pensent encore que les aînés ne devraient plus faire l’amour (…) ». Et pourtant, ajoute le Dr Lindau, « chez les individus âgés de 57 à 85 ans ayant encore des relations sexuelles, la fréquence de leurs rapports n’est pas fondamentalement différente de celle des jeunes ». De plus, confirme cette étude, la plupart des sondés estiment que la sexualité est importante dans leur vie. .../...

Les scientifiques soulignent également que si l’activité sexuelle décline tout de même avec l’âge, un nombre considérable d’hommes et de femmes continuent à se masturber : près de 50% des hommes et un quart des femmes. Et ce, même au-delà de 70 ou 80 ans. « Ceci suggère que même chez les aînés, il existe encore une pulsion ou un besoin de satisfaction sexuelle » souligne le Dr Lindau. Et de préciser que « plus que l’âge, c’est la santé qui est le facteur le plus important dans de nombreux aspects de la sexualité ».

Toutefois, tout n’est pas rose non plus. Ainsi, la moitié des personnes de plus de 57 ans souffre d’au moins un trouble de la sexualité. Chez les hommes, la dysfonction érectile arrive en premier (37%). Chez les femmes, 43% déclarent une baisse de la libido, 39% souffrent de sécheresse vaginale et un tiers connaît des difficultés à atteindre l’orgasme. Pourtant, seuls 38% des femmes et 22% des hommes ont déjà abordé le thème de la sexualité avec leur médecin depuis l'âge de 50 ans.

Toujours selon cette étude, on apprend qu’aux États-Unis, les hommes dépensent plus d’un milliard de dollars par an pour se procurer des médicaments contre les troubles de l’érection.

Enfin, cette enquête souligne que de plus en plus de seniors sont infectés par le virus du sida. Les relations sexuelles, plus importantes de nos jours parmi les aînés, augmentent les risques de nouvelles contaminations. D’ailleurs, environ 15% des nouveaux cas de sida sont diagnostiqués chez des personnes âgées de plus de 50 ans. 

La sexualité chez les aîné(e)s 

La problématique sur le sujet était jusqu’à maintenant centrée sur la sexualité et les sentiments des personnes âgées vivant en institution. Avec l’arrivée des papy-boomers, la donne change du tout au tout : c’est la génération des baby-boomers qui va repenser les mœurs ou les façons de faire et il est à peu près certain qu’ils ne s’arrêteront pas en chemin. Dans un monde de libre-penseur, ils vont vouloir vivre selon leurs propres valeurs comme ils l’ont toujours fait.

Une première question qui vient à l’esprit : qu’est-ce qui change avec l’âge? Certains diront beaucoup de choses, d’autres diront que c’est une simple continuité de la vie. En tout cas, dans les sociétés occidentales où la sexualité a toujours fait l’objet de restrictions et d’interdits, tout semble se compliquer dès que l’on devient soi-disant vieux.

La sexualité en institution

En France, l’association Parlons’ans organisait le 22 octobre 2007 un colloque sur la sexualité et les sentiments des personnes âgées en institution. Une journée sur un sujet qui reste tabou : « au-delà du plaisir, le désir ».

Lors de ce colloque, le Pr. Jean Maisondieu, psychiatre, Médecin chef de l’hôpital de Poissy a présenté le problème de la façon suivante : « Le désir à l’épreuve de la vieillesse » et « La vieillesse à l’épreuve du désir ».

La première notion concerne les « seniors », cette période de la vie qu’il appelle "l’adolescence de la vieillesse" où il faut prouver que l’on est toujours jeune. Les seniors savent que l’on est dans une société où l’on fait les yeux doux à la jeunesse, que l’âge est une infirmité. La sexualité est dans la représentation collective supposée être une activité de jeunes. Il est toutefois reconnu, des enquêtes le confirment : une activité sexuelle reste possible au-delà de 70 ans, même si les difficultés sont plus courantes et si la fréquence diminue. Ceci, d'autant qu’atteignent cet âge les acteurs des années 70, ceux qui ont conquis, puis vécu une sexualité épanouie, libérée de la génitalité.

Jean Maisondieu cite à ce sujet les propos de Simone de Beauvoir : « s'interroger sur la sexualité des vieillards, c'est se demander ce que devient le rapport de l'homme à lui-même, à autrui, au monde quand a disparu dans l'organisation sexuelle le primat de la génitalité. »

« On ne peut, indique Geneviève Laroque, séparer sexualité et intimité. Mais qu'en est-il lorsqu'on ne peut disposer de la clé de sa chambre ? » Lorsque l'on vit en établissement « est-on encore autorisé à manifester des préférences, à exprimer son désir ou est-on obligé d'avoir une vie plate, aimable, courtoise, insipide, inodore, incolore et insonore ? »

Cette génération a retrouvé la notion de plaisir. Toutefois, poursuit Jean Maisondieu, « En retrouvant cette notion, on n'a pas prévu qu'il n'y avait pas que le plaisir mais aussi la question du désir ». … ce dernier affirme que notre culture voit mal l'importance de la place de la demande d'amour.

Pour Jean Maisondieu, les personnes âgées, ne se sentant plus objet de désir vont là où il y avait attrait. Cette réflexion n'interroge-t-elle pas, face à certains comportements des malades d'Alzheimer ?

En institution, lieu de vie, de soin et de mort, la question de l'intimité se pose. On est au carrefour d'une ambiguïté où l'on se doit de préserver l'intimité tout en devant l'enfreindre en permanence.

Prise en compte de l'intimité et de la pudeur de l'autre en établissement

Qu'est-ce que renvoie à la personne le fait qu'il ne dispose que d'un petit lit ? Lorsque l'on entre dans une chambre en même temps que l'on frappe ?

Pour le Pr. Gérard Ribes du laboratoire de psychologie de la santé et du développement à l'université Lyon, sexologue, la personne âgée en institution devient un individu public exposé aux yeux des soignants, de sa famille, de ses enfants. La sexualité se heurte à plusieurs facteurs : la présence d’un partenaire disponible, le manque d’intimité, la dysfonction érectile chez l’homme, la dyspareunie chez la femme, à des problèmes de santé physiques et/ou psychiques, l'effet iatrogène des médicaments, l'altération de l’image corporelle et à l'activité sexuelle antérieure.

Les établissements doivent se doter d'une stratégie pour répondre à la question de l'intimité et notamment encourager : les opportunités où les résidents peuvent se rencontrer et passer du temps ensemble ; les alternatives à l’expression de la sexualité comme les baisers et se serrer dans les bras, encourager aussi les résidents à cultiver les amitiés et les relations. Des salons de coiffure doivent être à disposition : « on fait d'abord l'amour avec l'image de soi ».

Il convient de répondre aux inquiétudes concernant la sexualité des résidents et de favoriser l’accès à des informations concernant la sexualité et le conseil aux résidents intéressés et enfin d'éduquer les familles sur les demandes sexuelles des personnes âgées et les encourager aux caresses, à les tenir dans leurs bras et les embrasser lors des visites.


Source : http://maison-retraite.over-blog.com/article-sujet-tabou-la-sexualite-des-seniors-37719209.html

RD

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