- Une explosion démographique de seniors;
- Une recherche de leur qualité de vie au quotidien;
- Les retraites : les seniors vont s'assumer;
- Les lieux de vie : le domicile sera privilégié;
- L'aide apportée aux seniors : autonomes mais entourés.
Être vieux dans nos sociétés modernes, c'est encore être trop souvent isolé, oublié ou considéré comme un malade. Mais, ceci devrait changer avec l'arrivée massive des baby-boomers à la retraite à partir de 2010 – 2013, qui constituent l'avant-garde d'une population de plus en plus nombreuse, porteuse de nouveaux modes de vie.
Actifs, Fragiles ou Dépendants, quels sont exactement leurs besoins et leurs attentes ? C'est à cette question que l'Observatoire Sodexho de la Qualité de Vie au Quotidien a tenté de répondre par son étude couvrant 11 pays majeurs.
La qualité de vie des seniors, que sera-t-elle demain ?
Tout d'abord, force est de constater que dans l'ensemble des pays étudiés, la qualité de vie objective des seniors s'est très largement améliorée durant ces 30 dernières années. Par exemple, le pouvoir d'achat de tous s'est élevé, des politiques de logement ambitieuses ont été engagées, tandis que l'accès aux soins s'est amélioré.
De plus, les liens familiaux ont été préservés, tandis que les moyens de transport personnels se sont développés. Par contre, les attentes des seniors ont été, durant la même période, moins bien prises en compte : le « jeunisme » a triomphé et focalisé l'activité marchande.
En effet, les demandes des seniors ne sont pas, à ce jour, véritablement explorées et reconnues. Elles ne donnent donc matière à réponses, via des produits et des services, que de façon très parcellaire.
4 désirs fondamentaux et 4 modes de vie bien différents
Si les Actifs sont à l'âge de la plénitude, les Fragiles ont besoin de protection et les Dépendants d'attentions particulières, les besoins et attentes de tous, en termes de qualité de vie au quotidien, s'organisent autour de quatre grands registres fondamentaux :
- le désir d'Autonomie
- le désir de Prise en charge
- le désir de Normalité
- le désir de Spécificité
1 - Le désir d'Autonomie, c'est l'indépendance, notamment vis-à-vis des enfants, la possibilité de continuer à vivre dans son logement et de se déplacer facilement. Mais c'est aussi la faculté de décider librement de sa façon de vivre et pouvoir choisir parmi de multiples produits et services. Pour autant, cette autonomie ne doit signifier ni solitude ni ennui. La prise en compte de ce désir passe, par exemple, par la simplification des produits pour les rendre plus accessibles au seniors. C'est le désir d'Autonomie qui explique le succès des automobiles à boîte de vitesses automatique ou encore la demande de crédits après 65 ans.
2 - Le désir de Prise en charge, c'est l'adaptabilité du logement à des capacités physiques et sensorielles amoindries. Ce peut être aussi la nécessité d'un suivi médical et social, la mise en oeuvre de dispositifs d'urgence ou la protection contre les agressions. Mais cette prise en charge ne doit être ni excessive ou infantilisante, ni humiliante. Par exemple, pour répondre au désir de Prise en charge, les ascenseurs sont systématiquement installés dans les immeubles ; la livraison à domicile et le marché des prothèses auditives se développent rapidement.
3 - Le désir de Normalité, c'est une vie parmi ses proches et de nombreux contacts, notamment avec les plus jeunes. C'est aussi le fait de participer à une vie publique et associative. C'est enfin la certitude rassurante d'être toujours séduisant(e) et digne d'affection et d'amour. Le désir de Normalité se traduit, notamment, par le développement des marchés du voyage et de l'automobile haut de gamme, ainsi que par l'utilisation des produits cosmétiques "anti-âge".
4 - Le désir de Spécificité, c'est la reconnaissance d'un statut particulier et donc le respect de l'expérience et du savoir. C'est aussi, pour le senior, le droit à des attentions, à des règles particulières, et le fait d'être bien représenté dans la société. Et ceci, sans ostracisme, ni rejet, ni mépris. Le désir de Spécificité se manifeste par l'appartenance à une association de « seniors », par le développement d'activités intergénérationnelles de type éducatif avec les enfants ou encore le choix de Tour Operators spécialisés dans les voyages pour Seniors.
Ces désirs fondamentaux peuvent être contradictoires ou complémentaires. Ils se combinent chez chacune et chacun en de subtils équilibres, chaque senior établissant sa propre hiérarchie entre ses désirs de Prise en charge, de Normalité, d'Autonomie et de spécificité.
Chacun des seniors des 11 pays étudiés se place, ainsi, de fait, dans l'un des 4 modes de vie suivants :
- l'Assistance
- l'Intégration
- la Valorisation
- la Protection
Le mode de vie d'un senior n'est pas définitif, il évolue dans le temps avec l'avancée en âge. Toutefois, les progrès de la médecine permettent et permettront à un nombre croissant de seniors de conserver leur autonomie physique de plus en plus longtemps et donc, de prétendre à vivre comme le reste de la population.
Retraites : les seniors s'assument
Au niveau économique, une baisse du niveau de vie des seniors est prévue d'ici à 2025. Elle devrait toutefois être relative et ce, pour deux raisons :
La première, est la décision prise, dans la plupart des pays étudiés, de reculer l'âge de départ à la retraite, car il devient, politiquement et financièrement, de plus en plus difficile de faire supporter aux actifs le nombre toujours plus élevé d'inactifs. Ainsi, on peut penser qu'une cessation d'activité de plus en plus tardive compensera, dans une certaine mesure, la diminution du montant moyen des allocations retraite.
La deuxième raison est l'arrivée des pensions de retraite propres aux femmes. En effet, l'émergence des couples bi-pensionnés implique des revenus par foyer plus élevés qu'auparavant.
Cette diminution attendue du niveau de revenus des seniors sera très inégalement répartie en termes géographiques : baisse de 10 % aux États-Unis, et plus du double en Allemagne, en Belgique et en France.
Par contre, le Brésil et le Royaume-Uni se distingueront par une allocation retraite moyenne qui devrait augmenter
Lieux de vie : le domicile privilégié
L'autonomie des seniors, qui continueront à vivre de plus en plus longtemps à leur domicile, va donc se renforcer. Si le net recul de l'hébergement chez les enfants (- 41 % d'ici à 2025) s'explique par leur éloignement, des conditions de travail contraignantes et le coût des loyers ou des crédits, le conjoint et la sphère familiale n'en restent pas moins, aujourd'hui, les intervenants majeurs (73 % de l'aide apportée) quand un soutien se révèle nécessaire.
En termes de lieux de vie, les populations de seniors des 11 pays étudiés présentent une remarquable homogénéité : ils vivent, aujourd'hui, presque tous chez eux ou dans leur famille.
Et cette prééminence du domicile comme premier lieu de vie des seniors ne devrait pas changer dans l'avenir.
Par contre, l'hébergement dans la famille se réduira de façon considérable au profit du maintien à domicile et d'un doublement de l'accueil des seniors en résidences avec services.
Toutefois, l'étude détaillée de leur habitat montre des tendances nationales qui reflètent elles-mêmes des particularismes sociaux (culte de la famille dans les pays de culture latine), géographiques (éparpillement et grandes distances pour les États-Unis et le Canada) ou climatiques (Suède).
Ils sont aussi suivis par les amis et le voisinage (12 %) et, dans une moindre mesure, par les services publics (6 %) et privés (5 %).
Ce qui signifie que, si l'univers des seniors repose essentiellement sur l'autonomie, la solidarité n'en est pas absente, loin de là. Mais cette solidarité prend des formes très différentes selon les pays.
Le senior brésilien peut compter sur ses enfants, tout comme l'espagnol, car il existe au Brésil et en Espagne une culture familiale intergénérationnelle forte.
À l'inverse, les seniors canadiens, belges ou suédois comptent davantage sur les aides publiques ou privées, voire sur les organismes bénévoles qui compensent une relative désaffection des enfants.
Autre constatation : le poids du conjoint dans les cultures allemande et anglo-saxonne est important, alors qu'il l'est moins ailleurs. Ainsi peut-on ébaucher, pays par pays, des scénarios de réponse à la question que tout senior se pose tôt ou tard : qui va m'aider ?
Demain, aider et servir les seniors
Les seniors de l'an 2000 feront plus librement le choix de leur habitat, de leurs activités et de leurs fréquentations. Et surtout, ils auront les moyens matériels et intellectuels de les imposer.
Ils seront ainsi des interlocuteurs responsables et exigeants : les offres d'aide et de services qui leur seront proposées devront être élaborées spécifiquement pour eux et avec leur plein accord.
Les seniors attendent qu'on leur propose demain des lieux de vie qui soient aussi des lieux de soins et non l'inverse. Ceci implique l'émergence d'une offre hôtelière plutôt qu'hospitalière à destination des Fragiles et surtout des Dépendants. Et celle-ci doit intégrer la mise en place d'une palette de services personne.
Toutefois, la proximité et la "taille humaine" des structures s'avéreront essentielles. Demain, par exemple, au sein des villes, des "pools" de services communs pourront être mis en place. Ils permettront aux seniors habitant à proximité de se retrouver.
Or, puisque les seniors resteront chez eux de plus en plus longtemps, les services à domicile sont promis à une expansion importante. Mais ils ne pourront se développer réellement que s'ils sont, avant tout, un moyen de simplifier le quotidien et non une réaction « technique » à une obligation d'ordre médical. L'offre proposée devra faciliter l'intégration souhaitée par les seniors.
Dans ce cadre, l'existence d'un personnel nombreux, doté de réelles qualités relationnelles et formé à l'écoute spécifique des seniors, deviendra essentielle pour répondre aux besoins croissants d'intégration sociale des seniors.
Demain, plus encore qu'aujourd'hui, le soutien moral et les services aux seniors nécessiteront de véritables compétences professionnelles. Car les accueillants et les aidants vont se raréfier : l'augmentation du nombre des femmes qui travaillent, ainsi que la dispersion et la mobilité géographique des familles impliquent que ceux qui ne peuvent plus bouger aient de plus en plus recours à des structures professionnalisées.
Il y a donc là, un enjeu essentiel : compléter les services aux aidants, en créant, par exemple, des centres de jour, de véritables « crèches seniors » afin d'alléger le travail des familles. Mais cette nouvelle offre, tout comme l'ensemble des produits et services proposés aux seniors et à leurs aidants, devra se présenter comme une offre de services "pour tous" afin de s'adapter à la formidable banalisation des modes de vie de cette population.
Ne l'oublions pas, les seniors seront demain au centre de nos sociétés. En cela, le "Power Age" qui s'annonce est une révolution pour le présent et un défi pour l'avenir.
RD
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