Vivre la vie d'un Senior

mardi 25 janvier 2011

Le phénomène du vieillissement : un processus naturel incontournable

Nous sommes tous très conscients, nous les humains, que notre vie passe par toutes sortes d'étapes, soit : la conception, la naissance, l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte et la vieillesse.

C'est la même chose pour toutes les espèces vivantes sur terre. On pourrait dire alors que le vieillissement est quelque chose qui est programmée dans nos gènes et qu'il doit arriver un jour ou l'autre.

Le vieillissement biologique, que l'on appelle aussi la sénescence, fait partie du cycle de la vie. Je retiens à cet effet une définition d'un spécialiste qui parle par elle-même : « la détérioration progressive de la quasi-totalité des fonctions de l'organisme au cours du temps. »

Quand on est jeune, on a tout le temps devant nous. Quand on dépasse la soixantaine, là, les jours nous semblent comptés. Les jours passent trop vite. C'est la sensation que l'on a. On se lève le matin et tout d'un coup, le temps a passé en toutes sortes d'activités et c'est le soir. Une nouvelle nuit de sommeil nous attend. Et, rien n'arrête la chaîne infernale des jours, des mois et des années de s'écouler.

CE QUE LE VIEILLISSEMENT ALTÈRE

Sentir le poids des années

À l'occasion de l'Université de printemps de la Fing qui s'est tenue à Aix-en-Provence du 5 au 6 juin 2008 sur le thème du vieillissement et des nouvelles technologies, des spécialistes ont fait le point sur des questions jugées essentielles concernant le vieillissement.

Sophie Schmitt, directrice associée du cabinet Sociosphère, regarde les usages des plus âgés pour mieux comprendre leurs besoins. "Même si on est en bonne santé, le vieillissement a des effets sur chacun", rappelle-t-elle. "On peut en contourner les difficultés, les nier parfois, mais force est de les constater ! Le vieillissement est inéluctable. Irréversible. Ce n'est pas une maladie, mais un phénomène multidimensionnel qui touche toutes les fonctions du corps. Sans compter qu'il a une dimension cumulative : les problèmes physiques ont des effets sur le cognitif ou le psychique."

"On ressent les effets du vieillissement autour de la cinquantaine, avec des signaux souvent faibles, souvent hétérogènes, mais qui s'installent progressivement. D'une petite douleur au genou, on va évoluer vers des difficultés à se déplacer, à faire de la course d'abord, puis à 70 ans à ne plus pouvoir faire ses courses."

On distingue 3 dimensions au vieillissement, précise Sophie Schmitt : le physique, le psychologique et le cognitif. Physiquement, vieillir, c'est un processus global d'altération des capacités qui touche la vue ou l'ouïe (et donc la relation avec les autres), la musculation et l'articulation (et donc l'autonomie), le toucher, le goût et l'odorat (et donc, qui altère le plaisir). En s'accentuant, ces altérations modifient la perception du quotidien.

Pour s'en tenir au vieillissement physique

À 50 ans, la moitié de la population souffre de presbytie : on voit moins bien de près. Dans la salle de bain, on ne porte pas toujours ses lunettes, mais on a du mal à se raser, à se maquiller, on voit moins bien les prix des produits dans les magasins… L'angle de vue se rétrécit. 50 % des accidents des personnes de plus de 70 ans ont lieu à des carrefours. On a besoin de plus de contraste lumineux pour voir ! On voit les couleurs différemment quand on vieillit : les couleurs jaunisses, sont moins intenses, le bleu devient terne, et avec la cataracte on perd de la netteté. Dans un supermarché, on a du mal à voir la signalisation notamment la signalisation en hauteur, celle dont les couleurs ne sont pas adaptées…

Au niveau de l'ouïe, on entend moins bien. On distingue moins les aigus, on perd l'audition et on entend des bruits de fond. On entend plus le glouglou de l'eau qui coule de la même manière. On n'entend plus le clic d'un crayon qu'on ferme.

Au niveau musculaire, on ressent une diminution de la force maximale et de l'endurance. Une diminution qui frappe plus les membres inférieurs que le reste de la force musculaire d'ailleurs. On observe alors comment les personnes âgées réorientent leurs façons de faire leurs courses : on s'y rend plus souvent, on essaye d'aller moins loin. Enfin, on constate souvent un vieillissement au niveau des articulations : l'arthrite et l'arthrose (inflammation douloureuse et raidissement articulaire).

Le vieillissement physique montre qu'on a des besoins fonctionnels grandissants. Il faudrait également prendre en compte les altérations psychiques et cognitives qui s'ajoutent aux altérations physiques. On comprend, à ces exemples, que l'environnement est alors perçu tout à fait différemment. Les consommatrices par exemple ne perçoivent plus le parfum d'un produit de la même manière, en avançant en âge, alors que sa composition n'a pas changé. La difficulté, on le comprend, va être de répondre à la grande diversité des situations.

Devrait-on se révolter de cet état de fait? Pouvons-nous y faire quelque chose? Sûrement que oui! D'après moi, deux niveaux sont à considérer : le niveau sociétal et le niveau individuel.

Deux grands critères sont à prendre en considération : le critère de la longévité ou de l'espérance de vie, c'est-à-dire la durée de vie moyenne d'un individu. On peut aussi regarder l'évolution du taux de mortalité, que l'on peut identifier à la probabilité de mourir dans l'année qui vient, à un âge donné.

Si l'on habite une région où ces deux critères jouent en notre faveur, déjà c'est un premier pas dans la bonne direction. Ici, au Canada, l'espérance de vie est très élevée. La société canadienne jouit d'un niveau de vie qui met à notre portée plusieurs facteurs favorables à l'allongement de la vie : une bonne alimentation, un bon système de santé, peu de troubles sociaux, un climat sain, des régimes de retraite adéquats, etc. Il y a toujours lieu de penser que l'on pourrait encore améliorer notre niveau de vie. Mais, globalement, pour l'instant, nous nous situons au même niveau que la plupart des autres pays industrialisés.

Maintenant, l'autre volet, celui de l'allongement de la vie sur le plan individuel. Là, il y a des points à marquer. L'hérédité est sans doute le premier facteur à considérer. En effet, le bagage héréditaire qui nous est transmis agit comme une barrière biologique. Malgré tout, il y a des personnes qui parviennent à un grand âge, avec toutes sortes d'handicaps corporels, même si leur qualité de vie est alors très hypothéquée. Est-ce juste ou injuste que certains jouissent d'une parfaite santé toute leur vie et d'autres se voient victimes de toutes sortes de plaies et maux qui briment leur quotidien? C'est une grande question que l'on doit se poser, mais la réponse n'est pas à notre portée pour l'instant. Les manipulations génétiques n'en sont qu'à leur début et il y a loin de la coupe aux lèvres, à ce chapitre.

Le pourquoi du vieillissement

C'est ce qui nous amène à nous interroger sur le pourquoi du vieillissement. Certains théoriciens ont fait valoir que le vieillissement de l'individu est essentiel pour le bien de l'espèce. Ainsi, l'évolution d'une espèce, via la sélection naturelle, ne peut survivre que s'il y a un renouvellement des générations.

La reproduction naturelle assure l'apparition de nouveaux individus qui sont le fruit d'une recombinaison des gènes de leurs parents. En renouvelant l'étincelle de vie en chacun de nous, ces rejetons sont alors en mesure d'assurer la relève et de poursuivre le schéma de l'évolution en s'adaptant à notre environnement en perpétuel changement. La théorie du bien de l'espèce consiste à dire que le vieillissement permet justement ce renouvellement des générations, les individus les plus âgés mourant pour laisser place aux plus jeunes. C'est donc pour le bien de l'espèce, et non pour le sien propre, qu'un individu vieillit.

Est-ce partiellement ou totalement vrai? Toutes les espèces vivantes sur cette terre doivent se reproduire pour assurer leur survie, chacun dans son contexte et/ou environnement particulier. La durée de vie de chaque espèce est très variable aussi. Alors que la souris vit à peine quelques années, l'homme, l'éléphant et les singes dépassent facilement le demi-siècle. La tortue peut même atteindre les 200 ans. En revanche, pour certains insectes comme le papillon, par exemple, la vie ne dure que le temps d'une saison. Le vieillissement n'est donc alors qu'une étape naturelle de la vie, comme la naissance ou la reproduction, cette étape permettant la mort de l'individu et donc de faciliter le renouvellement des générations.

La théorie évolutionniste du vieillissement joue sur des paramètres similaires : le mécanisme de la sélection naturelle fait en sorte que les animaux qui survivent, sont les plus forts et les mieux adaptés à leur environnement et sont alors les plus « qualifiés » pour passer leurs gènes d'une génération à l'autre. Dans le monde sans pitié de la jungle, il n'y a pas de place pour les animaux faibles, plus âgés ou malades, victimes de blessures ou d'handicaps. Du côté des prédateurs, le mauvais chasseur ne pourra s'assurer les proies nécessaires à son alimentation et ne pourra se reproduire non plus, incapable qu'il est d'assurer les besoins vitaux de sa progéniture. C'est ainsi que la Nature fait en sorte que toute l'énergie est dépensée pour assurer la survie de l'espèce et les mécanismes de la sénescence ont peu d'importance en tant que telle dans un pareil contexte de risques.

La théorie évolutionniste du vieillissement semble donc expliquer pourquoi la Nature n'a pas mis plus de défenses contre les mécanismes de la sénescence.

Le vieillissement biologique

Ce que l'homme a découvert en s'étudiant et en vivant de plus en plus vieux, c'est que le vieillissement est fortement lié au fonctionnement du métabolisme de son corps. L'un des principaux mécanismes connus du vieillissement résulte de la formation, au cours du métabolisme, d'oxydants, dont les radicaux libres. Ces derniers sont des atomes ou molécules qui ont un électron non apparié sur leur couche externe et qui réagissent donc très fortement avec d'autres molécules, pour se stabiliser et former de nouveaux radicaux libres. Ce processus d'oxydation peut endommager n'importe quelle partie de la cellule du corps humain, comme les mitochondries, granules qui agissent comme des moteurs à combustion dans la cellule ou l'ADN, siège de l'information génétique et faisant partie du noyau de la cellule.

Un autre processus mis en jeu par le vieillissement est la réaction de glycosylation découverte par le chimiste français Louis Maillard : les molécules de glucose présentes dans l'organisme peuvent se combiner à différentes protéines, modifiant ainsi leur structure.

RD

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