Le suicide assisté n’est toutefois pas une option envisageable pour tout le monde. Pour les gens qui s’y opposent, le respect de la vie doit primer sur le droit de choisir sa mort. À leurs yeux, la protection de la vie est une valeur fondamentale de notre société. La société ne peut pas survivre si cette valeur n’est pas protégée.
D’autres jettent un regard plus religieux ou spirituel sur la question. Pour eux, c’est le caractère sacré de la vie qui est en cause : « […] la vie n’est pas une chose dont on décide, […] c’est un cadeau et […] nous n’avons pas plus le droit de l’enlever que nous avions le droit de la demander. »
Il serait dangereux, selon eux, d’accepter la suppression de la vie. Ils craignent qu’en ouvrant la porte au suicide assisté, on s’engage sur une « pente glissante ». Après le suicide assisté, pourquoi, en effet, ne pas autoriser l’euthanasie ? Avec, ou même sans l’accord du malade ? Quel serait alors le sort réservé aux personnes les plus faibles de notre société ? Est-ce qu’on ne risque pas d’ouvrir la voie aux gens qui veulent se débarrasser d’un proche devenu « encombrant » ?
Pire encore, dans une société où les ressources en santé manquent déjà, est-ce qu’on ne risque pas d’en arriver, un jour, à vouloir sacrifier les vieux ou les mourants ? Il ne faut pas oublier que la population vieillit. L’État devra bientôt payer des coûts en soins de santé de plus en plus élevés… Le suicide assisté, comme l’euthanasie, seront-ils un jour perçus comme un moyen d’économiser sur les frais de santé ?
C’est ce que laissent entendre ses opposants : « […] je peux dire à ceux qui revendiquent si éloquemment ces droits que, sur le terrain, les premiers à mourir seraient les faibles et les non-instruits, les personnes sans défense, et non pas ceux et celles à la volonté farouche […] En effet, ce serait les personnes ordinaires dont la poursuite de l’existence est mal acceptée par les parents ou par un système de soins de santé incompréhensif et peu compatissant. » D’autres s’interrogent sur le sens à donner à l’agonie. Doit-on, à tout prix, éviter la souffrance associée aux derniers moments de la vie ? Ces moments ne sont-ils pas précieux, pour la personne qui se meurt ? Pour résoudre ses conflits ou se rapprocher de sa famille ? Quelles valeurs, finalement, souhaitons-nous mettre de l’avant, comme société ? Certains prédisent que : « Dans un monde qui ne cherche pas à donner un sens positif à la vieillesse et à la souffrance, il deviendra « normal » de demander d’en finir et « anormal » de vouloir vivre, malgré les pressions subtiles du milieu. Il faudra alors justifier sa propre survie. »
Plusieurs, enfin, se posent des questions sur les vrais motifs qui poussent une personne à demander la mort. Selon l’un des témoins entendus par le Sénat canadien : « J’ai déjà vu [des] patients atteints du sida qui avaient été totalement abandonnés par leurs parents, par leurs frères et soeurs, et par leur conjoint. Complètement isolés, et privés de toute source de vie et d’affection, la mort leur semblait être la seule forme de libération possible. Dans de telles situations, des pressions subtiles peuvent amener le patient à demander une mort immédiate, rapide et sans douleur, alors que ce qu’il souhaiterait en fait serait de l’amour, de l’affection et du soutien. »
Par ailleurs, d’autres ajoutent l’argument que la peur de manquer d’argent si la maladie dure trop longtemps et de devenir un fardeau pour sa famille influence aussi le désir d’une personne d’avoir recours au suicide assisté : « Il peut arriver que des personnes prennent des décisions qui ne sont pas au mieux de leurs intérêts, avec l’intention plutôt de protéger leur famille des pressions émotives et financières qui peuvent s’ensuivre. » Finalement, un grand nombre d’opposants suggèrent d’améliorer d’abord la qualité de nos soins aux mourants et aux mourantes, avant même de penser au suicide assisté….
RD
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