Vivre la vie d'un Senior

jeudi 19 mai 2011

La vue : le lien avec la vie


Les immenses progrès réalisés dans les traitements des maladies oculaires liées à l’âge constituent une véritable révolution ! Le vieillissement de l’œil commence très tôt : à 10 ans, cette grosse loupe qu’est le cristallin a déjà perdu un peu de sa capacité d’accommodation... Vers 45 ans, la presbytie contraint d’éloigner les objets pour mieux les voir... Après 65 ans, il est conseillé de se soumettre à un examen afin de pouvoir déceler une opacification du cristallin formant une cataracte.


Cataracte : des interventions de haute technologie et une récupération rapide

« Dans ce domaine, précise le Pr Christophe Baudouin, des progrès considérables ont été réalisés. Aujourd’hui, la cataracte est traitée au moyen de pulvérisations délivrées par ultrasons sous simple anesthésie locale. Le praticien introduit un implant très souple (en dérivé acrylique) qui va remplacer le cristallin opacifié. L’intervention est totalement indolore. Une autre grande avancée est la réduction considérable de la taille des incisions, à peine 2 millimètres ! La récupération visuelle est rapide, le taux de satisfaction s’élève à plus de 95 %. Il faut cependant rappeler qu’il s’agit d’une chirurgie de très haute technicité, qui ne peut être banalisée. La sécurité liée à cette spécialité permet désormais de corriger plusieurs anomalies avec un même implant conçu pour plusieurs corrections. Monofocal, torique ou multifocal, ils concernent l’hypermétropie, la myopie, l’astigmatie et la presbytie, qui peuvent désormais être compensées avec une grande précision. »

Glaucome : efficacité de nouvelles techniques au laser

Il atteint 1,2 million de Français. Le glaucome est porteur d’angoisse parce qu’il est associé à la cécité. Il y en a deux formes (à « angle ouvert », 80 % des glaucomes, et à « angle fermé ») qui, sans traitement, aboutissent à la destruction du nerf optique sous l’effet d’un excès de pression à l’intérieur de l’œil. Aujourd’hui, grâce à une technique d’imagerie par balayage laser, on mesure précisément le retentissement de la pression oculaire sur le nerf optique, et on peut bien évaluer la gravité du glaucome. « Cette pathologie, insiste le Pr Baudouin, doit être prise en charge au plus tôt car les lésions du nerf optique sont irréversibles » Pour le glaucome à angle fermé, la grande avancée a été la mise au point du laser Yag qui a permis d’éviter de nombreuses opérations. Lorsqu’un patient arrive en crise, on lui injecte, par voie intraveineuse, un produit qui abaisse la tension de l’œil. La plupart du temps, c’est efficace. Pour éviter la survenue d’une autre crise, on effectue au laser un petit trou microscopique dans l’iris, ce qui empêche l’angle de se fermer (une intervention pratiquement toujours suffisante). Quant au glaucome à angle ouvert, il se traite avec un collyre administré quotidiennement. Ces dernières années, trois nouvelles familles de collyre efficaces sont venues compléter les traitements du glaucome (dont les prostaglandines, actuellement les produits les plus utilisés). On est maintenant arrivé à stabiliser le glaucome à angle ouvert dans 80 % des cas. Pour les 20 % restants, une récente technique au laser, la trabéculoplastie sélective, parvient à stabiliser 10 % des patients. En cas d’échec, on aura recours à une nouvelle technique opératoire qui nettoie le canal d’évacuation par voie externe (efficace dans 80 % des cas).

Dégénérescence maculaire : révolution des anti-VEGF et espoir des prothèses de rétine

En France, 1,5 million de personnes sont atteintes d’une forme débutante de DMLA, correspondant à un vieillissement pathologique du centre de la rétine (la macula), et 100 000 sont profondément handicapées. Il en existe une forme humide (pouvant survenir brutalement), où la constitution de néo-vaisseaux entraîne une accumulation de liquide provoquant un soulèvement de la macula, et une forme sèche, où l’acuité visuelle se détériore plus progressivement. Mais la vision périphérique est conservée dans la majorité des cas. « Avant l’arrivée récente des anti-VEGF, explique le Pr José-Alain Sahel, annoncer à un patient qu’il était atteint d’une DMLA, signifiait, en raison de son caractère irréversible, que l’impact sur sa qualité de vie serait majeur. Heureusement, depuis on assiste – pour les formes humides – à une amélioration spectaculaire ! Deux nouveaux médicaments sont apparus qui limitent la formation de nouveaux vaisseaux et celle de l’œdème. L’un permet de ralentir significativement la baisse de vision et l’autre de ­l’arrêter. Pour ce dernier produit, on peut même ­parler de révolution. » Pour les formes sèches, la ­principale avancée concerne les stades précoces : des équipes de chercheurs ont découvert qu’on pouvait utiliser les vitamines C et E, des molécules qui renforcent la pigmentation de la rétine. « Des études, précise le Pr Sahel, ont démontré des bénéfices certains pouvant aller ralentir l’évolution de la maladie par la prise d’un cocktail antioxydant de zinc, de jusqu’à un ralentissement de 20 % de la dégénérescence lors d’un traitement à un stade précoce. On attend pour 2009-2011 l’arrivée de nouveaux médicaments actuellement en essais cliniques pour les formes sèches. » Pour les dégénérescences à un stade très sévère et pour les non-voyants, la pose d’une prothèse de rétine constitue un grand espoir. Cette implantation – une avancée géante – a été réalisée cette année pour la première fois dans plusieurs pays. En France, c’est l’équipe du Pr Sahel qui, à l’hôpital des Quinze-Vingts, a opéré au printemps dernier un aveugle atteint d’une rétinopathie pigmentaire. Aujourd’hui, le patient parvient chez lui, à localiser les portes et les fenêtres. D’autres interventions sont programmées.

RD

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