Vivre la vie d'un Senior

dimanche 30 juillet 2017

Des exemples de centenaires québécoises


Article de Jacques Laplante, Journal de Montréal, 30 juillet 2017


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Nombre de centenaire au fil du temps

  • 2011 : 1194
  • 2012 : 1209
  • 2013 : 1387
  • 2014 : 1525
  • 2015 : 1623
  • 2016 : 1800 (90 % de ces centenaires sont des femmes)
En 2061, on estime qu’il y aura près de 34 000 centenaires au Québec.

Source : Institut de la statistique du Québec

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DES EXEMPLES QUI ONT DÉPASSÉ LES 100 ANS

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Irène Richard, 106 ans

La vie d’Irène Richard, 106 ans, se résume en deux mots : travail acharné.

Née à Saint-Claude, dans les Cantons-de-l’Est, elle a commencé très jeune à travailler à la ferme familiale, principalement à faire les foins (« des veilloches » pour employer ses termes) et à traire les vaches, jobs qu’elle détestait.

« Je n’aurais jamais marié un cultivateur, » affirme-t-elle.

En 1930, à l’âge de 19 ans, elle quitte Saint-Claude pour travailler dans une fabrique de chaussures à Richmond. L’horaire y était fastidieux, soit du lundi au samedi de 7 h à 18 h. « En plus de ça, on travaillait le premier mois sans paie, se souvient-elle. Si on faisait l’affaire, on nous gardait et c’est là seulement qu’ils commençaient à nous payer 3,50 $ par semaine. »

C’était bien peu pour la soixantaine d’heures qu’elle travaillait, surtout qu’elle devait remettre la moitié de son salaire à une tante qui l’hébergeait. Pour arrondir ses fins de mois, elle faisait donc de la couture après ses heures de travail.

Indépendante

Mariée en 1936 et ayant déménagé à Montréal, elle continuera quand même de travailler comme couturière, même après la naissance de ses deux fils. « Ça aurait été bien trop plate », affirme la centenaire qui assurait ainsi son indépendance.

« Quand on voulait quelque chose, on l’achetait, comme notre premier téléphone sitôt la guerre terminée, parce qu’on n’avait pas le droit durant la guerre . Ou notre premier frigidaire, un Roy pour remplacer la glacière, et ma première télévision au début des années 50 », dit-elle.

Toujours active aujourd’hui, celle qui a célébré ses 106 ans en décembre adore s’installer à la machine à coudre pour modifier ou ajuster des vêtements.

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Géraldine Crevier, 100 ans

Lorsqu’on lui pose la question, Géraldine Crevier, 100 ans, répond qu’il n’y a pas de secret à sa longévité, surtout qu’elle a fumé jusqu’à l’âge de 50 ans. Curieuse de nature, ce n’est peut-être pas sa soif d’apprendre qui la garde en vie, mais c’est certainement ce qui rend ses vieux jours aussi intéressants.

L’expression « avoir tout vu » n’aura jamais de sens pour Géraldine Crevier qui, à 100 ans passés, a toujours le désir d’apprendre. Soif qu’elle apaise dans les livres, avec la télé, mais surtout sur internet.

« Quand j’entends parler de quelque chose que je ne connais pas, ou que je connais peu, je me réfugie dans mon appartement et je fais des recherches sur mon ordinateur. J’aime ça apprendre. J’aime ça savoir de quoi on me parle », dit Mme Crevier qui aura 101 ans en août. Aussi loin qu’elle se souvienne, cette volonté de nourrir son intellect a toujours été présente.

Née en 1916 à Cacouna, petit village près de Rivière-du-Loup où ses parents louaient une maison pour l’été, Géraldine Crevier a grandi à Outremont. De 8 à 20 ans, elle a suivi des leçons de piano.

Avec son père, elle allait souvent à l’opéra et au musée.

Autonome

En 1943, elle a épousé un lieutenant de l’armée canadienne avec qui elle a eu trois enfants. Il est malheureusement décédé 20 ans plus tard.

Pour subvenir aux besoins de la famille, Mme Crevier a travaillé à l’Université de Montréal, où elle a occupé un poste de secrétaire de direction jusqu’à ses 69 ans.

Elle a continué à jouer du piano jusqu’à ses 90 ans. « Mais c’est devenu physiquement trop difficile. Le dos et les mains me faisaient souffrir », confie-t-elle.

Outre le temps qu’elle passe sur son ordinateur à échanger avec ses enfants et petits-enfants, elle aime bien lire sur sa liseuse électronique.

Elle fait des exercices tous les matins, notamment du yoga.

Jusqu’à il y a quelques mois, Mme Crevier vivait seule en appartement.
« Je faisais mes repas, mes courses, des sorties­­­­, mais une pneumonie m’a affaiblie et avec ma vue qui baisse, j’ai décidé d’aller en résidence, » explique celle qui réside maintenant à l’Auberge Outremont à Montréal.

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 Winnifred Rees, 100 ans


« Mon secret, c’est la prière et la Bible. Je crois au pouvoir de Dieu », affirme Winnifred Rees, qui aura bientôt 101 ans.

« Quand ça va mal, je lui dis : oh, Lord, aidez-moi, et ça fonctionne. Il m’aide tellement que je suis capable de prendre ma douche sans l’aide de personne », dit-elle.

Pour Mme Rees, qui habite au Manoir d’Aylmer, cette faveur tient presque du miracle, compte tenu de la fracture au dos qu’elle a subie lors d’une chute, il y a plus d’un an.

L’intervention divine, selon elle, a fait en sorte que les choses sont graduellement revenues à la normale, et elle a repris ses activités, notamment le tricot et la lecture.

Winnifred Rees a grandi à Blackville, au Nouveau-Brunswick, sur la ferme de son grand-père paternel. Ce dont elle se souvient surtout, de sa jeunesse, c’est du krach boursier de 1929, survenu alors qu’elle avait 13 ans.

La Grande dépression

« Avec la terre, nous avions l’essentiel : des légumes qu’on entreposait dans le caveau au bord d’une montagne ainsi que des vaches, des chevaux et un mouton », dit-elle, mentionnant que c’est ce qui leur a permis de survivre.

« Vraiment, c’était difficile pour tout le monde durant la Grande dépression, pire encore pour ceux qui n’avaient pas d’animaux. Eux l’ont eu pas mal plus difficile », évoque-t-elle. Son père devait néanmoins combiner trois emplois pour faire vivre la famille : fermier, ébéniste et bûcheron.

Les années ont passé, mais la situation ne s’est guère améliorée dans ce coin reculé du Nouveau-Brunswick. C’est ainsi qu’elle a quitté son village natal pour Montréal, où une tante lui avait déniché un emploi, à l’hôpital Douglas. Ses principales tâches étaient de laver les planchers et de remonter les horloges.

En 1939, elle s’est mariée à William Stanley Rees, un Britannique diplômé en génie mécanique. Ils ont eu quatre garçons. M. Rees est décédé en 1986.

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Joacquina Lalande, 106 ans

Du haut de ses 106 ans, Joacquina Lalande ne s’en laisse pas imposer. Fille unique d’une famille de sept enfants, elle a toujours été une fonceuse qui n’avait pas peur du travail acharné.

C’est d’ailleurs, selon elle, le secret de sa longévité. « Le travail, monsieur ! » s’exclame-t-elle lorsqu’on lui pose la question. Moi, j’ai travaillé toute ma vie et c’est ça qui m’a gardée en santé, dit-elle. Pas d’alcool, pas de tabac, pas de viande rouge depuis 40 ans, et le travail, ça ne ment pas. »

Femme d’action douée pour les affaires, elle a ouvert une épicerie en annexe de sa maison, à Saint-Jérôme, lorsque son mari est tombé gravement malade en 1945. Elle devait subvenir aux besoins de ses quatre enfants Charles-Aimé­­­, Gilles, Jocelyne et Marc-André.

8 h à 23 h

« Ma mère a travaillé fort », raconte son fils, Charles-Aimé Lalande, aujourd’hui âgé de 79 ans. Maman travaillait au commerce chaque jour, de 8 h à 23 h, tout en s’occupant des enfants et de papa, jusqu’à ce qu’il décède en 1959. »

En plus de l’épicerie, Mme Lalande a ouvert un resto équipé d’un juke-box et d’une machine à boules qu’affectionnaient beaucoup les jeunes du coin. Son commerce était également réputé pour son téléviseur, l’un des premiers du village. Le voisinage s’y rendait pour voir

La famille Plouffe, Le Survenant ou la lutte. Ils étaient tellement nombreux qu’elle les assoyait sur des caisses de Coke. La commerçante demandait 10 cents à l’entrée, mais faisait tirer toute la cagnotte après la séance.

Mme Lalande a célébré ses 106 ans en juin. Outre une faiblesse aux jambes, une ouïe et une vision défaillantes, elle est en pleine forme. Encore plus étonnant : elle ne prend aucun médicament. « Sauf, et très occasionnellement, un Tylenol », précise le fils cadet, Marc-André Lalande, âgé de 73 ans. Ma mère est vraiment en forme. Elle s’est même fait un chum. Un p’tit jeune de 95 ans ! » lance-t-il.

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 Sarah Patenaude, 110 ans


Selon Sarah Patenaude, pour bien vivre, il faut travailler, mais ne pas ambitionner. Il faut prendre des vacances, manger des fruits et de la viande et bien pratiquer sa religion, quelle qu’elle soit. « De toute façon, il y a du bon dans toutes les religions », dit-elle.

« Et prendre un p’tit coup, c’est agréable, mais des fois ! » ajoute-t-elle en riant.

Mais le sourire s’efface rapidement de ses lèvres. Vivre vieux ne veut pas dire vivre heureux. « Cent dix ans, c’est long, vous savez, laisse-t-elle tomber. Cent ans seraient bien assez. Le Bon Dieu m’a peut-être oubliée... »

Depuis une dizaine d’années, Mme Patenaude a des ennuis de santé. Elle a dû être réanimée à la suite d’un arrêt cardiaque à 99 ans. Deux ans plus tard, elle s’est brisé une hanche et depuis ses 109 ans, à son grand désarroi, elle ne peut plus prendre de bain seule.

Elle vit maintenant dans l’angoisse de mourir dans la souffrance.

Enseignante durant 47 ans

Comme bien des femmes de sa génération, Mme Patenaude a travaillé fort toute sa vie. Dans sa jeunesse, jusqu’à ses 18 ans, elle a travaillé sur la terre familiale où elle est née, à Embrun, en Ontario. Puis elle est devenue enseignante à l’âge de 18 ans dans une école de rang.

« Fallait être sévère, dit-elle. Enseigner à 48 élèves dans une même classe quand tu as 18 ans, c’est difficile, surtout qu’ils étaient d’âges différents... »

L’hiver, elle se rendait à l’école en raquettes. « Je suivais la trace des chevaux », se souvient celle qui, en plus d’enseigner, devait voir à l’entretien de l’école et du poêle à bois.

Mme Patenaude a enseigné jusqu’à l’âge de 65 ans.

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Gisèle Brillant, 101 ans

 Si plusieurs centenaires attribuent leur longévité à un truc ou un secret quelconque, comme une vie saine, loin du tabac et de l’alcool, ce n’est pas le cas de Gisèle Brillant, qui célébrait ses 101 ans en mai.

« Non, monsieur, j’ai fumé jusqu’à 70 ans et aujourd’hui encore, je prends mon verre de rouge chaque jour. Il n’y a pas de secret. C’est comme ça, voilà tout ! »

Mme Brillant est née en 1916 à Rimouski. Elle était la troisième d’une famille de huit enfants, cinq filles et trois garçons, dont le père était chef de gare.

Elle s’est mariée à 21 ans avec un fonctionnaire municipal de Montréal rencontré alors qu’il était en vacances à Rimouski. À son arrivée dans la grande ville, elle se souvient d’avoir été impressionnée par la quantité de magasins et par les tramways.

« Tout allait tellement vite à Montréal. Il n’y avait rien de ça à Rimouski », dit-elle.

Mme Brillant a eu sept enfants et n’a jamais travaillé, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. À 19 ans, elle avait demandé du travail à un oncle qui détenait plusieurs compagnies.

« Malheureusement, ça n’a pas marché. Il m’avait répondu que c’était inutile puisque je me marierais avant longtemps. C’était comme ça à l’époque », souligne-t-elle.

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RD

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