Vivre la vie d'un Senior

jeudi 27 septembre 2012

Les dangers pour le retraité de l’an 2000



Avec l’accroissement de la longévité, le jeune retraité de l’an 2000, âgé entre 60 et 65 ans, est loin d’en avoir fini avec l’existence, selon Mme Maryse Kolinsky. 

Il est au contraire en pleine possession de ses moyens et rêve à une troisième vie. Sauf que les statistiques à ce sujet sont parlantes : après seulement deux années de ces grandes vacances forcées, bon nombre de retraités réalisent la vacuité de leur quotidien.  Les loisirs lassent et ont un coût, le bénévolat demande énergie, patience, désir de communication ; quant au recyclage intellectuel, il n’est prisé que du plus petit nombre. Le temps que l’on croyait celui de la liberté devient celui de l’ennui et, bientôt, de la maladie.

« Après enquêtes, l’anthropologie médicale démontre que les individus à qui on ne permet plus de jouer un rôle dans la vie économique, politique et sociale de leur groupe, de leur communauté, de leur pays, écrit Jean-Paul Vidal, anthropologue médical québécois, sont des gens qui physiquement dépérissent rapidement. »

L’idée est révolutionnaire, réaliste, mais bien sûr pas vraiment d’actualité. Pourtant, démographes, gériatres et gérontologues ne cessent de le répéter : les quinquagénaires, et sexagénaires du troisième millénaire n’ont rien de commun avec ceux de l’après-Seconde Guerre mondiale. Nous ne pouvons plus faire entrer ces nouveaux jeunes vieux dans une sorte d’apartheid générationnel. Les temps sont révolus où il y avait un âge pour être actif puis inactif. Désormais, les spécialistes sont unanimes : définir l’âge de la cessation du travail n’a plus de sens. Il n’y a plus lieu de mettre un terme à une vie professionnelle dans laquelle ils se sont épanouis. Certains même en meurent.

Si l’on prend le cas des artisans en tout genre, les écrivains, les artistes, qui n’ont pas le choix, parce que pas ou si peu d’allocations de retraite? La plupart continuent à travailler. Ils prouvent que le talent n’a pas d’âge et qu’un projet de vie est tout aussi nécessaire à 65 ans qu’à 30 ans.

En fait, il faudrait donc moins de rigidité dans l’application de la cessation du travail. À chacun de décider selon ses possibilités, ses objectifs, ses désirs, afin que la vie ne soit plus partagée entre le temps du travail, et celui d’une liberté chèrement acquise. Il faut en finir avec ce découpage absurde de la vie : le travail opposé aux loisirs et à la liberté. L’existence toute entière doit être source d’intégration sociale et d’épanouissement personnel.

Les initiatives gouvernementales tendent à mettre en place des mesures visant à garder les retraités sur le marché du travail. C’est une façon de contrer le manque inévitable de main-d’œuvre dans des coins comme le Québec, l’Allemagne et bien d’autres pays. Mais, les thèmes du vieillissement et de la nouvelle population des gens âgés demeurent encore des secteurs réfractaires au changement. Ainsi, peu de temps d’antenne sont consacrés à l’évocation des problèmes  liés à la sénescence, ni même d’ailleurs à la prévention, au-bien vieillir, à la longévité.

Quand une émission traite du sujet, elle le caricature et il n’en ressort que des platitudes ou, plus grave, des informations négatives. Images difficiles à supporter qui montrent des vieillardes atteintes de pathologies lourdes attendant, le regard vide, dans des salles communes de maisons de retraite; consultations de prévention du vieillissement auxquelles on donne des allures de dopages; enquêtes dans les filières de produits interdits ; interviews tronquées de spécialistes que l’on fait passer pour des apprentis sorciers et des marchands de jeunesse. Une suite de reportages, d’enquêtes, de flashes, qui contribuent à accroître ce sentiment de peur devant la vieillesse et son terme, la mort.

Quels téléspectateurs représentent la plus fort d’audience? Les plus âgés. Hélas, pour eux, car nous le savons bien, la télévision est le moins coûteux, mais le plus nocif des tranquillisants.
Quant aux magazines, et notamment les magazines féminins, ils suivent trop souvent l’exemple de la télévision et proscrivent tout ce qui concerne les plus de 50 ans.

Il serait temps que l’on voit la personne qui prend de l’âge comme un être qui a résisté au temps, comme une preuve de solidité et d’authenticité. Et que désormais, l’« ancien » est le contraire du « vieux », puisque ce dernier est associé à la fragilité, à la précarité et au périssable.

En Afrique, en Asie, les personnes âgées, que l’on nomme les « anciens » n’ont rien perdu de leur savoir parce qu’elles n’ont pas perdu de leur pouvoir. Respectées et honorées, elles continuent à jouer un rôle dans la représentation collective. Elles participent, partagent, transmettent et existent. Pour elles, jusqu’à la fin, la vie a un sens. Alors, en chemin, elles ne perdent rien, ni leur mémoire, ni leur santé.
La transmission des savoirs et des techniques est facilitée par ce mode de vie où, contrairement à la société occidentale, le vieillissement est nié et mal intégré.

Enfin, la société occidentale continue de perpétuer une conception utilitariste des âges qui est dépassée. Le droit d’exister ne doit pas se mesurer à l’aune de l’utilité. …. Dans la vie, il y a autre chose que la productivité.
RD

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