Vivre la vie d'un Senior

mercredi 29 août 2018

Intervenir dans les conflits de nos enfants adultes?

Article de Jacqueline Simoneau, Bel Âge, août 2018


Freres-Soeurs-dispute


Lorsque survient un conflit entre vos enfants adultes ou avec leur tendre moitié, vous avez tendance à intervenir? Ce n'est pas vraiment une bonne idée! Voici pourquoi.

Quand Andréanne et Frédéric se trouvent dans la même pièce, l’atmosphère se charge d’électricité. Les détails les plus anodins deviennent pour le frère et la soeur prétextes à des disputes interminables, parfois même explosives. «Depuis un conflit mettant en scène l’éducation de leurs enfants respectifs, ils n’arrivent pas à faire la paix, raconte Micheline, la mère des protagonistes. Aucun ne veut admettre ses torts ni faire de compromis.» Julien et Isabelle, eux, sont en couple. Mais depuis quelques mois, leur relation bat de l’aile. Les altercations se produisent de plus en plus souvent. Même que certains jours, les répliques sont particulièrement cinglantes, au grand dam des parents de Julien qui aiment bien leur fils, mais aussi Isabelle. De telles scènes vous sont familières?

Lorsque les disputes impliquent nos enfants, cela nous touche profondément. Normal. Aucun parent ne veut que ses chéris vivent des difficultés ou des conflits, même si cela fait partie de la vie. Mais à moins que la situation ne dégénère en violence, mieux vaut ne pas s’immiscer dans leur vie privée, ni tenter de trouver un coupable. La seule chose que l’on réussirait à déclencher, c’est une escalade des tensions.

 «S’il y a une chose qu’il faut éviter dans la vie, c’est bien d’être pris dans un triangle, soutient la psychologue Brigitte Hénault. Par conséquent, si on n’est pas directement impliqué dans le conflit, on ne doit pas intervenir. Cela ne nous appartient pas. Les enfants doivent donc résoudre leurs conflits eux-mêmes.»

Mais rien ne nous empêche d’être à l’écoute et d’offrir notre soutien à celui qui le demande. «On l’écoute, bien sûr, mais sans porter de jugement sur l’un ou l’autre des individus impliqués, recommande Brigitte Hénault. On évite aussi de lui dire ce qu’il doit faire ou ne pas faire. D’autant plus que si nos suggestions ne fonctionnent pas, cela risque de se retourner contre nous. En revanche, on peut lui proposer des pistes de réflexion, comme “As-tu essayé telle chose?” ou “As-tu pensé à lui dire telle chose?”. Cela va l’outiller pour entreprendre sa réflexion.»

La psychologue Josée Jacques abonde dans le même sens. «C’est aux protagonistes de trouver une façon de résoudre leur différend, assure-t-elle. Les parents ne doivent surtout pas tenter de régler les problèmes à la place de leurs enfants. C’est comme s’ils leur disaient qu’ils ne sont pas capables de faire les choses sans eux. Donc, on ne va pas au-devant de leurs souhaits. On attend qu’ils nous demandent conseil pour intervenir. Certains le feront, d’autres pas. Il faut accepter qu’il en soit ainsi. S’ils le font, on peut cependant leur faire part – en utilisant le “je” – de ce que l’on vit et ressent de les voir en conflit, mais sans culpabiliser ni s’étendre longuement sur le sujet.»

Là où ça se gâte souvent, c’est lorsqu’un enfant se confie avec l’espoir que les parents prennent position dans le conflit... en sa faveur, évidemment. «On risque alors de nourrir la rivalité et d’envenimer la situation en créant un autre conflit, explique Brigitte Hénault. Puis on se trouve carrément piégé. On prend pour lequel? Automatiquement, on vient de se mettre une des personnes à dos. Comme parent, on doit être suffisamment solide pour refuser de prendre parti, même s’il s’agit d’un conflit entre son enfant et sa conjointe et que, tout naturellement, on penche pour son rejeton. En refusant d’afficher une position, on lance le message qu’on a confiance en eux et qu’on les sait capables de régler cette querelle entre eux. Une fois adultes, les enfants doivent assumer leurs choix, leurs batailles et leurs décisions.»

Cela dit, certains parents préfèrent fermer les yeux sur les conflits de leurs enfants en faisant comme s’ils n’existaient pas. Ils refusent même d’en entendre parler. «L’évitement n’est pas une bonne idée, assure Josée Jacques. Même à l’âge adulte, l’enfant qui réclame une écoute de ses parents dans une période conflictuelle de sa vie ressentirait alors un sentiment de rejet ou d’abandon de la part de personnes qui sont significatives pour lui. Il vivrait donc un double problème.» Bref, l’évitement n’est jamais approprié. Même si on ne fait qu’écouter et reconnaître que notre enfant vit actuellement des moments difficiles, cela lui sera bénéfique. Et ainsi, on maintient le lien. C’est ce qui compte.

RD

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