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vendredi 5 mai 2017

Personnes toxiques: comment s’en libérer

Article de Linda Priestley, Bel Âge, 18 avril 2017


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Fait étonnant révélé par notre grande enquête-anniversaire Bel Âge: un des plus gros regrets à vie serait de ne pas avoir réussi à éloigner de nous ceux qui nuisent à notre bien-être. Heureusement, les solutions abondent pour arriver à dire adieu aux personnes toxiques, une fois pour toutes!

Un conjoint manipulateur qui nous fait nous sentir minuscule, un ami narcissique qui ne nous veut pas du bien, un proche parent frustré par notre réussite amoureuse ou professionnelle? La première chose est de dépister les faux amis. Mais comment distinguer les véritables poisons des autres? «Parfois, c’est juste l’association de deux personnes qui fait que l’une est toxique pour l’autre, explique Julie Arcoulin, spécialiste en développement personnel et relationnel. Si elles partagent, par exemple, les mêmes problèmes non résolus, elles peuvent soit s’éviter, soit tenter d’évoluer ensemble. Mais d’une manière ou d’une autre, ni l’une ni l’autre n’est toxique à la base.» 

Toutefois, certains signes ne trompent pas. Parmi ceux à surveiller chez un individu potentiellement venimeux:

1. Il ne s’excuse jamais.

De toute manière, c’est toujours la faute à quelqu’un d’autre.
Il a réponse à tout, sait tout et fait zéro introspection. «Dans une thérapie de couple, il dira au psychiatre: "C’est ma femme qui est folle", explique le Dr Gérard Ouimet, professeur en psychologie à l’Université de Montréal. D’où la difficulté à échanger.» Si on l’entend souvent demander: «Veux-tu que je te dise c’est quoi, ton problème?» ça augure mal.

2. Avec lui, c’est à prendre ou à laisser.

Il est d’une très grande rigidité et fait fi des compromis. Il envoie souvent en plein visage l’ultimatum: «Prenez-moi comme je suis!» 

3. Il exagère.

«Il peut s’agir d’un dépendant affectif, par exemple, qui nous appelle dix fois dans la matinée pour nous dire qu’il nous aime, ou d'un narcissique qui se vante d’avoir organisé une conférence du tonnerre à laquelle, pourtant, n’ont assisté que trois personnes», rapporte le Dr Ouimet.

4. Il excelle dans la manipulation.

Son mode d’opération habituel est de faire exécuter ses quatre volontés par tous les moyens possibles. Il a aussi le don d’influencer les autres et de les faire douter d’eux-mêmes.

5. Il est notre juge le plus impitoyable.

Il passe son temps à nous rabaisser et à nous critiquer sévèrement.

6. Il fait la sourde oreille.

Dans une discussion envenimée, il ignore nos arguments et fait preuve de mauvaise foi. On se sent obligé de se défendre constamment. 

7. Il est hyper négatif.

Toujours en mode problème plutôt que solution: à son avis, aucune issue n’est possible, mieux vaut alors se lamenter.

8. Il ne s’intéresse pas à nous.

On ne le verra jamais nous encourager ni nous soutenir d’aucune façon. Égocentrique, il ne supporte pas l'idée que certains événements de notre vie puissent détourner l’attention de lui.

9. Il divise pour mieux régner.

Semeur de zizanie, il aime le conflit parce que cela lui donne l’impression de contrôler les gens. Habile à tirer les confidences, il s’en sert ensuite pour monter les uns contre les autres.

Opération libération

On hésite? On se demande si on doit être plus tolérant et donner une chance à l’autre? Pour trancher, un travail d’introspection s’impose… «Mais à un moment donné, il vaut mieux cesser de se torturer en se demandant si le problème vient de nous, conseille Julie Arcoulin. On aurait davantage intérêt à trouver la juste mesure entre remise en question et autoprotection.» N’ayons pas peur de nous fier à notre instinct, nous encourage la spécialiste: «On n’a qu’à constater comment on se sent en présence de cette personne, et après son départ.» Si on a chaque fois le moral dans les talons et qu’on se sent diminué, c’est signe qu’il est temps d’évaluer notre relation avec elle.

Si on se fie aux victimes qui ont partagé leur histoire sur notre site lebelage.ca, couper les ponts est salutaire pour le bien-être, ne pas le faire nuisant à notre épanouissement. Baisse d’estime de soi et d’assurance, augmentation de notre méfiance vis-à-vis des autres et difficulté à créer des liens avec eux… les blessures peuvent être multiples et longues à guérir. Ce genre de relation mine parfois aussi la constitution physique, les contacts répétés avec la personne toxique pouvant en effet contribuer à causer de la fatigue, un burn-out ou divers troubles de santé. 

D’où l’importance de se libérer de son emprise! Après tout, rien ne nous oblige à demeurer auprès d’elle, qu’il s’agisse d’un membre de notre famille, d’un ami, d’un collègue ou de notre conjoint. «Si on se sent diminué ou lésé en sa présence, et que ce n’est pas seulement parce que cela nous renvoie à un problème que nous n’avons pas réglé, mais bien parce que cette personne est toxique à la base, il n’y a pas 36 000 solutions: il faut diminuer les contacts avec elle, voire les rompre carrément», affirme Julie Arcoulin.

On préfère essayer quand même de modifier la personne dans le but de soulager les tensions qu’elle provoque en nous? «Il faudrait se demander d’abord si celle-ci manifeste une volonté de changer et si elle accepte de se remettre en question, recommande Mme Arcoulin. Si ce n’est pas le cas, on l’entendra répéter des phrases du genre: "Ces choses-là ne sont pas pour moi." Rien ne sert alors d’insister.» Les personnes toxiques ne sont généralement pas douées pour l’exploration de soi, ni pour reconnaître leurs torts. Mieux vaut donc ne pas trop compter sur cet ami critiqueux et arrogant pour changer. «C’est à nous d’établir un plan de match et de créer une distance entre cette personne et nous», recommande le Dr Gérard Ouimet. 

Comment dire adieu

Nous voilà décidé à mettre une croix sur l’individu nuisible, mais on ne sait pas trop de quelle façon le lui annoncer? «Dans le cas d’une relation dysfonctionnelle, on peut dire gentiment et calmement à l’autre que ce n’est pas possible, que quelque chose nous empêche d’être ensemble en ce moment, mais qui sait, on se retrouvera peut-être un jour», dit Julie Arcoulin. 

En présence d’une personne toxique, toutefois, mieux vaut se montrer sans pitié, poursuit la spécialiste. «Surtout ne pas se justifier ni argumenter. Comme l’autre peut tenter de nous raisonner, de nous manipuler ou de nous inciter à nous défendre, l’idéal est de faire ça le plus court et le plus net possible. On lui dit fermement que c’est terminé, que nous quittons la relation.» Point final. 

Bien entendu, couper ainsi les ponts peut faire naître en nous des sentiments de culpabilité, d’embarras, des remords… Sans compter qu’on risque gros s’il s’agit d’un patron alors qu’on est à quelques années de la retraite ou d’un ami de très longue date! Mais peu importe la situation, lorsqu’elle devient insupportable, c’est notre droit le plus strict de ne pas l’accepter. «Rien ne nous oblige à continuer de nous buter contre les mêmes toxicités, affirme Julie Arcoulin. Notre devoir, pour l’humanité, c’est de nous protéger.»

Et comme l’a si bien écrit une lectrice sur notre site Internet: «C’est le plus beau cadeau qu’on peut se faire dans la vie!» 

Pour plus d’info, on peut lire « Je pense trop: comment canaliser ce mental envahissant », de Christel Petitcollin (Guy Trédaniel Éditeur), et Comment gérer les personnalités difficiles, de François Lelord et Christophe André (Éditions Odile Jacob). Ou aller sur le site La clé est en vous: juliearcoulin.com.

Pour se protéger d’un individu toxique

• On affiche de l’indifférence quand il réclame de l’attention.
• On fait la sourde oreille à ses ragots et, surtout, on ne lui confie aucun secret. 
• On tient tête à ses efforts d’intimidation. 
• On ignore ses insultes.
• On se tient loin des petits drames qu’il met en scène.
• On évite de jouer avec lui si c’est un as de la manipulation.
• On laisse tout fieffé menteur se mêler dans ses bobards.
• Et enfin, l’arme ultime: on passe davantage de temps avec des gens loyaux et dignes de notre confiance.

 RD

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