Vivre la vie d'un Senior

dimanche 21 mai 2017

Il meurt dans les bras de son premier amour

Article de Valérie Bidégaré, Journal de Québec, 21 mai 2017


Un couple d’octogénaires a vécu un vrai conte de fées.

Un octogénaire est décédé, il y a deux semaines, dans les bras de son amour d’enfance, qu’il a épousé lors d’une cérémonie digne «des plus beaux contes de fées», il y a tout juste trois ans.

 LE MARIAGE DU COUPLE D'OCTOGÉNAIRES


L’église Notre-Dame-de-la-Garde a été le théâtre d’une cérémonie digne «des plus beaux contes de fées», hier, alors qu’un couple d’octogénaires s’étant perdu de vue pendant plus de soixante-dix ans a uni sa destinée.

L’émotion était palpable à l’intérieur du lieu de culte où Julie-Rachel Bordeleau, 84 ans, et Edwin Arsenault, 85 ans, se sont dit «oui» devant famille et amis, ravivant ainsi un amour de jeunesse. Il y a 70 ans, les tourtereaux, alors âgés de 14 et de 15 ans, se sont fréquentés pendant 5 mois.

«On a ensuite fait notre vie chacun de notre bord. J’étais trop jeune à l’époque pour sortir avec un seul homme. Nous nous sommes mariés chacun de notre côté et fondé nos familles. Puis, nos conjoints sont décédés. Edwin est veuf depuis 12 mois. Il m’a contacté récemment», a relaté Mme Bordeleau.

Coup de foudre

M. Arsenault a téléphoné à son ancienne conquête dans l’espoir de la rencontrer à nouveau. «C’est arrivé drôlement. Au téléphone, je me suis demandé si elle était malade. Je savais qu’elle était belle, elle a toujours été une belle femme et je me demandais si c’était encore le cas. Ça l’était», s’est-il remémoré.

Ainsi, ils conviennent de se rencontrer le lendemain. La chimie est au rendez-vous, puis ils se voient encore et encore jusqu’à ce que la «foudre frappe» lors d’une sortie au casino.

«C’est à ce moment que l’amour a commencé. Il a pris ma main et m’a donné un baiser sur la joue. On a continué de se revoir et on a emménagé ensemble dimanche dernier. La flamme est bien prise et il en est heureux, il ne finit plus de me le dire», a confié la dame.

Si le mariage a rapidement figuré dans les plans du couple, les fiançailles, elles, ne l’étaient pas.

«Notre amour de jeunesse est revenu et nous avions peur de nous quitter davantage. On ne voulait pas ça (…). Ma fille a décidé de tout organiser. Elle disait qu’il fallait faire ça dans les règles de l’art. Elle a réuni la famille au Château Bonne-Entente. On s’est laissé faire comme des enfants», a précisé Mme Bordeleau.

Préparatifs

Au lendemain des fiançailles, le futur marié s’est procuré une bague afin de l’offrir à sa dulcinée. «Edwin m’a vraiment surprise lors des fiançailles parce qu’il m’a officiellement demandé la main de ma mère. Ce n’était pas prévu. C’était très émouvant», a avoué Line Pelletier, la fille de Julie-Rachel.
Quelques semaines à peine après s’être retrouvés, les amoureux ont dû planifier leur mariage. «Une chance, on a pu choisir la date, mais ma fille a choisi la robe après un essayage, le photographe, l’endroit, etc.»

«On a suggéré des options. Pour le gâteau, par exemple, nous sommes allés choisir les couleurs et goûter les saveurs durant un après-midi. C’était une cérémonie pour eux. On a respecté ce qu’ils voulaient et pris en compte leurs désirs. Mon frère a aussi joué du violon, c’était magnifique. Je pense qu’on peut dire mission accomplie», s’est réjouie Mme Pelletier au sortir de la cérémonie, hier, visiblement émotive.

Les nouveaux mariés et leurs convives ont pris la direction de l’hôtel Bonne Entente pour la réception et passer la nuit. «Le voyage de noces, ça ira au printemps quand j’irai mieux. Mais on va au moins dormir là. Elle m’a donné la permission de dormir dans le même lit qu’elle», a mentionné M. Arsenault en souriant.

Ce qu’en pensent les familles

«Tu es tellement belle, ma chérie» – Edwin Arsenault, le marié.

«Je suis comblée. Je me sens émotionnée. C’est un beau mariage que je n’oublierai jamais» – Julie-Rachel Bordeleau, la mariée.

«Je suis très émue. Ils sont beaux.La mariée a l’air d’une belle poupée. C’est beaucoup d’émotions pour eux et pour nous qui sommes émus de les voir si heureux» – la nièce du marié.

 «C’était vraiment touchant. C’est spécial. Il n’y a pasd’âge pour être en amour» – Mme Arsenault, la sœur du marié.

«C’est pratiquement un conte de fées que de reprendre une fréquentation d’autrefois de sorte à ce que vous vous unissez dans les liens du mariage» – le célébrant.

LE DÉCÈS SOUDAIN D'EDWIN

«C’était un homme bon, généreux, affectueux. Une très bonne personne qui allait à la pêche avec ses fils deux fois par année. Il aimait taquiner, il était ricaneur, vif d’esprit et allumé», laisse difficilement tomber la veuve d’Edwin Arsenault, Julie-Rachel Bordeleau.

Il y a deux semaines, l’amour de sa vie l’a quittée «subitement» alors qu’il s’est éteint «dans ses bras».

Un dernier déjeuner

«Il est décédé en début d’avant-midi. Ils avaient eu notamment le temps de déjeuner ensemble. C’est ce qui fait qu’elle est encore plus en état de choc, ça s’est fait tellement rapidement», confie la fille de Mme Bordeleau, Lyne Pelletier, alors que la famille croit qu’un malaise cardiaque a pu emporter l’homme âgé de 87 ans.

«Il est mort la veille de son 88e anniversaire. [...] L’adaptation va être quelque chose, ils s’apportaient beaucoup l’un et l’autre. Ils étaient toujours ensemble. Ça a été très intense.»

« Le rêve est possible »

Le couple d’octogénaires avait uni sa destinée, le 31 août 2014, à l’église Notre-Dame-de-la-Garde, après s’être perdu de vue pendant plus de soixante-dix ans.

Le Journal avait d’ailleurs assisté à cette cérémonie, qualifiée par plusieurs de «digne des plus beaux contes de fées». Il faut dire que M. Arsenault avait retrouvé la trace de son ancienne flamme avant de la contacter. Le couple s’était rencontré à quelques reprises avant que la «foudre frappe», lors d’une sortie au casino.

«C’est un bel exemple d’espoir et que le rêve est possible. Un bel exemple que l’amour n’a pas d’âge. Ils ont inspiré plusieurs couples», s’émerveille Mme Pelletier.

«S’il n’a pas dit 10 000 fois à ma mère “je t’aime” depuis, il ne l’a pas dit une fois. Il lui disait constamment “je t’aime” et “je te trouve belle”. Ce sont des retrouvailles très inspirantes.”

Les époux avaient emménagé à la résidence du Haut Saint-Laurent, à Saint-Augustin-de-Desmaures, peu de temps après leur mariage avant d’effectuer un pèlerinage, l’an dernier, en guise de voyage de noces.

♦ Les funérailles de M. Arsenault ont été célébrées, samedi, à la même église où le couple avait uni sa destinée, en 2014. De plus, le mariage et les funérailles ont été présidés par le même prêtre.

 RD

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