Article de Jean-Pierre Després, Journal de Québec, 26 janvier 2020
En raison de la nature de mes activités de chercheur
universitaire, ma vie professionnelle, bien que passionnante, est un peu
folle. Comme tous ceux qui font de la recherche, je dois beaucoup
travailler et voyager afin de représenter (cela dit, avec fierté) mon
université et ma ville. Ainsi, mon agenda est très chargé.
Un des aspects intéressants de la recherche est la possibilité, au
fil des ans et des congrès nationaux et internationaux, de tisser des
liens d’amitié avec des collègues chercheurs de partout dans le monde.
Lors de ces rencontres, la première question à poser est
naturellement : « Comment ça va ? » Je dois vous avouer que, souvent, je
n’ai même pas besoin de poser la question, car nombre de ces collègues
sont manifestement plongés dans leur travail et s’oublient.
En conséquence, il est évident que leur corps ne suit plus et,
qu’avec les années, le vieillissement s’installe à un rythme accéléré.
La musculature perd de la vigueur et la petite bedaine s’installe.
Par contre, d’autres semblent immunisés contre le passage du temps et
demeurent droits comme des chênes et, à 60-65 ans, ont le physique de
personnes de 45-50 ans.
Des solutions à explorer
Compte tenu de mes champs d’intérêt et de mes activités
universitaires, vous vous doutez bien que les questions de conciliation
entre la vie familiale, l’horaire professionnel et les habitudes de vie
font souvent l’objet de discussion.
La plupart du temps, les mêmes réponses reviennent : « J’ai accepté
trop de responsabilités et je n’ai plus le temps de bouger et de faire
de l’exercice » et « Je sais, je devrais m’y remettre ».
Dans ces moments, l’heure n’est pas propice aux leçons de morale, mais plutôt à l’exploration de solutions.
C’est alors que nous discutons de stratégies pour remettre de
l’activité physique dans leur quotidien.
Quel est le moment de la
journée où tu souhaiterais bouger en tenant compte de ton horaire ?
Quels types d’activités te plaisent ?
À titre d’exemple, un vélo stationnaire en face du téléviseur, ce
qui permet d’écouter un match du Canadien (pour ma part, je préférerais
un match des Nordiques, mais bon !), constitue une option facile pour
combiner divertissement et entraînement.
Quel avantage y a-t-il à regarder vos événements sportifs favoris
ou vos émissions préférées en position assise quand c’est le seul moment
disponible pour bouger ?
En passant, voilà le véritable travail du kinésiologue. Ce
spécialiste de l’activité physique doit faire bien plus que de vous
prescrire un programme d’entraînement pour vous mettre ou vous garder en
forme.
Celui-ci doit surtout s’assurer de vous sortir de la sédentarité et
de développer avec vous des stratégies personnalisées (en fonction de
vos caractéristiques physiques, de votre personnalité et de vos
préférences) pour que vous soyez actif ou active toute votre vie.
Pour la vie
Vous remettre en forme pour quelques mois seulement ne donne pas
grand-chose. Ainsi, je déclare souvent aux gens sédentaires qui
souhaitent se mettre en forme qu’ils sont mes projets de vie.
Par ailleurs, lorsqu’on me pose des questions sur l’entraînement
par intervalles à haute intensité (une grande mode en ce moment) par
rapport à l’exercice en endurance à plus faible intensité, mais de plus
longue durée, je réponds toujours que ce n’est pas la question
importante.
Si vous aimez l’entraînement par intervalles et que cela est une
modalité d’exercice qui vous convient, eh bien, choisissez ça.
L’important, c’est de faire de l’activité physique toute votre vie.
En terminant, revenons à ces personnes d’un certain âge qui ont
l’air jeunes. Que font-elles donc ? Oui, certaines d’entre elles ont une
bonne génétique, mais sans trop de surprise, la majorité ne fume pas,
fait attention à son sommeil, mange raisonnablement bien, consomme de
l’alcool de façon modérée et, surtout, fait de l’activité physique une
priorité. Veuillez noter qu’on ne parle pas nécessairement ici de
sportifs.
Un collègue de plus de 80 ans mondialement connu et très sollicité
marche une bonne heure tous les jours et il priorise son rendez-vous
avec l’activité physique, qui est toujours inscrit dans son agenda.
Il n’a pas une vie de moine, même s’il travaille beaucoup. Il aime aussi faire la fête avec ses amis et sa famille.
Pour ma part, je me suis lancé un défi. J’aime beaucoup écrire sur
la prévention et la santé et j’aimerais bien fêter mes 100 ans, non
seulement avec ma famille et mes amis, mais aussi en rédigeant un autre
article scientifique ou une chronique dans ce journal.
Pour ce faire, je devrai investir, comme vous, dans mon REER santé.
* Jean-Pierre Després est professeur au Département de kinésiologie
de la Faculté de médecine de l’Université Laval. Il est également
directeur scientifique du Centre de recherche sur les soins et les
services de première ligne de l’Université Laval,
CIUSSS-Capitale-Nationale, et directeur de la science et de l’innovation
de l’Alliance santé Québec.
RD
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