Vivre la vie d'un Senior

lundi 3 février 2020

Le bonheur n'est pas un long fleuve tranquille...

Article du Dre Christine Grou, Journal de Québec, 5 janvier 2020

Résultat de recherche d'images pour "dre christine grou" 
Dre Christine Grou, psychologue et
présidente de l'Ordre des psychologues du Québec

Difficile de donner une définition simple du bonheur, et sur laquelle tout le monde s’entend. Règle générale, le bonheur évoque un état positif, une quiétude, un sentiment durable de bien-être. Et d’où vient le bonheur ? Ses sources sont diverses, mais elles toutes sont associées à la qualité de vie. 

Éprouver un bonheur perpétuel, voilà le rêve de beaucoup de gens et un souhait répandu en cette nouvelle année, mais un rêve impossible à atteindre... et c’est tant mieux !

Qui pourrait traverser son existence le cœur léger, du matin au soir ? Un tel état ne serait ni souhaitable ni réaliste. Par contre, ce qui nous caractérise, c’est une vie avec ses hauts, ses bas, et les capacités d’y faire face. Ces moments sont précieux, car ils constituent un baromètre intérieur, nous obligeant à nous questionner soit sur une réflexion à faire, soit sur ce que l’on devrait changer dans notre vie. Car le bonheur est directement lié à la manière dont on réagit aux événements qui transforment notre vie.

Le bonheur, mode d’emploi 

Plusieurs ingrédients sont nécessaires à l’atteinte du bonheur. Il faut d’abord définir nos attentes et nous assurer qu’elles sont réalistes : face à soi-même, à ce que l’on désire, et aussi à ce que l’on possède. Nos aspirations sont-elles en phase avec la réalité ? Ne pas les atteindre signifie peut-être qu’elles sont inaccessibles et qu’il faut les modifier pour éviter les frustrations et l’insatisfaction perpétuelle.

S’il existe une entrave majeure au bonheur, c’est ce jeu, cruel, des comparaisons. Vous trouvez que le gazon est plus vert dans le jardin de votre voisin ? Le soi-disant bonheur des autres peut nous faire souffrir, croyant qu’ils enfilent les réussites, comme celle de leur couple, de leurs enfants, de leur maison, etc. Si vous pouviez voir de plus près, vous seriez peut-être surpris à quel point il peut s’agir d’une question de perception. Plutôt que de nourrir les comparaisons, il vaut mieux chercher à définir ses propres objectifs. Car ne pas en avoir risque de nous rendre malheureux. L’éternel besoin de satisfaire les autres et de répondre à trop d’attentes ainsi que le fait d’estimer ce qu’on est uniquement à la lumière du regard des autres est aussi un élément qui peut nous éloigner du bonheur.

Un autre ingrédient est le fait d’aimer et d’être aimé. Être en lien étroit avec des proches, des intimes : le fait d’avoir des relations satisfaisantes et enrichissantes est sans conteste un gage de bonheur. Les personnes qui cultivent ces relations sont généralement plus heureuses que celles qui sont complètement solitaires.

Le dernier ingrédient demeure notre capacité d’adaptation. En ayant une perception plus juste et réaliste de nous-mêmes ainsi que de nos capacités, il devient plus facile de définir ce qu’est pour nous une vie réussie et d’y accéder. Cela nous évite de ruminer le passé (« Si je n’avais pas arrêté ce projet... », « Si je ne m’étais pas séparé... »). L’enfilade des « si » est souvent contre-productive. Mieux vaut réfléchir au passé pour ne pas reproduire nos erreurs, plutôt que pour ruminer nos regrets.

En somme, les gens heureux sont à la recherche de solutions, sont capables de tourner la page lorsque nécessaire, savent prendre des décisions sur la base de leurs propres besoins et de leurs propres désirs. Ils démontrent ainsi une grande flexibilité, un refus de vivre dans le passé, de ressasser les regrets, une confiance évidente en leurs ressources personnelles, et s’entourent de gens qu’ils aiment pour partager ce bonheur. Cette manière d’aborder le bonheur nous permet aussi de comprendre certaines attitudes en apparence étonnantes. Comment se fait-il que des gens qui n’ont presque rien rayonnent de joie, tandis que d’autres semblent avoir tout pour être heureux, et demeurent pourtant d’éternels insatisfaits ?

Chose certaine, ce n’est pas dans l’agitation que l’on trouve le bonheur, comparable à un papillon. Pourchassez-le et vous ne l’attraperez jamais. Assoyez-vous, attendez calmement, et il se ­posera peut-être tout doucement sur votre épaule. 

RD

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire