Titre de l'ouvrage : « Vivre cent ans »
Auteure : Marie-Noëlle Blais, photographies de Justine Latour,
Éditions : Marchand de feuilles, 336 pages
La libraire et chroniqueuse Marie-Noëlle Blais et la photographe Justine Latour ont recueilli les propos et conseils de 12 centenaires québécois – dont Aldéric Parent, le grand-père du chanteur Kevin Parent – pour un ouvrage passionnant, drôle et inspirant, Vivre cent ans.
Douze personnes admirables, sympathiques et généreuses ont ouvert leur porte à Marie-Noëlle et Justine, acceptant de raconter leurs souvenirs et beaucoup d’anecdotes, livrant leurs secrets sur le bonheur, l’amour, l’activité physique, la vie.
Claire Sigouin, 102 ans, conduit sa Honda Civic et joue à la pétanque. Aldéric Parent chante dans sa maison gaspésienne et croit encore et toujours à la bonté des hommes. Gertrude Roy, née en 1917, rappelle qu’il faut bien se nourrir, surtout quand on est jeune.
Rencontres inspirantes
Marie-Noëlle Blais a trouvé l’expérience extrêmement enrichissante. « J’ai passé une année et demie incroyable, hyper galvanisante. Ces centenaires m’ont fait rajeunir – ils sont tellement inspirants ! Que de belles découvertes ! » partage-t-elle en entrevue.
« À chaque fois qu’on sortait de chez ces gens, on était toujours bouche bée parce que chacun avait sorti une phrase-choc, une maxime de vie. Ça me hantait pendant des jours... je repensais et je réfléchissais au sens de ces phrases et je me demandais comment ça pouvait éclairer nos jeunes vies, à nous. J’ai 36 ans et je me disais que j’avais de la chance de bénéficier de la sagesse de gens qui ont traversé un siècle. »
Rage de vivre
Elle a noté qu’aucun centenaire ne ruminait ou ne semblait aigri par le passage des années. « À 102 ans, ne pas ruminer alors que tu as perdu des enfants, tes frères, tes sœurs, c’est quelque chose... Ils ne ruminent pas les mauvais souvenirs et ne pensent pas aux moments tristes. »
Aldéric Parent lui a dit qu’il avait moins peur de la mort, maintenant que c’est imminent, que lorsqu’il était plus jeune. « Je trouve ça complètement fou... moi qui ai peur de mourir ! »
Ils ont tous une rage de vivre, continuent d’être actifs, se débrouillent pour la plupart dans leur cuisine. « Ce sont des vaillants ! Léo Asselin, le cuisinier de Saint-Tite, est tombé et s’est blessé à 99 ans. On aurait pu se dire qu’il allait arrêter... mais non : il s’est entêté pour faire de la rééducation et se remettre debout. Il tond sa pelouse, s’occupe de son jardin, fait son pain. Ces gens ont du panache. Ça donne l’impression qu’ils sont éternels... c’est vraiment bluffant. »
Ces belles personnes ont accueilli Marie-Noëlle et Justine. « Ils nous accueillaient dans leur vie, me livraient leurs souvenirs. Ils ouvraient leurs boîtes de photos. C’est là que tu vois qu’ils ont beaucoup de choses à dire et sont contents de les dire. Il faut juste tendre un peu l’oreille parce qu’ils sont tellement heureux de transmettre, de laisser quelque chose derrière eux. Ces gens nous donnent une autre image de la vieillesse. »
Continuer pour transmettre
René Bureau, le paléontologue, est décédé en septembre dernier. « Je l’avais vu trois semaines avant son décès et c’était quasiment celui qui était le plus déterminé à continuer à vivre. Il me disait : “tant que je vais pouvoir transmettre, j’ai envie de continuer.” Il était animé d’une passion incroyable pour le savoir et pour l’enseignement. »
Marie-Noëlle est restée en contact avec Claire Sigouin, une femme forte, indépendante et coquette de Bois-des-Filion. « Sérieusement, c’est une femme que tu veux avoir dans ta vie : c’est mon amie Facebook, on se parle au téléphone depuis un an et demi. Elle est incroyable. Elle est comme sans âge ! Elle a 102 ans, mais elle a une dégaine d’adolescente. C’est une insoumise. »
Extrait
« On se demande comment elle fait, pour être si élégante et garder une forme de sexagénaire alors même qu’elle n’a aucune prescription pharmaceutique dans son dossier médical. Claire ouvre grand les yeux, amusée, comme une gamine qui se ferait surprendre la main dans la jarre à biscuits et qui est prête à défier les conséquences de toute l’insouciance du monde : “Tous les matins, après le petit-déjeuner, dans un petit verre, je prends juste une petite larme de brandy. Juste quelques gouttes. Je n’ai plus l’énergie d’une personne de 20 ans, alors je prends un peu de brandy, ça réchauffe l’estomac, ça aide à digérer, pis en même temps ça brûle les microbes”. » — Marie-Noëlle Blais, Vivre cent ans, Éditions Marchand de feuillesRD
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