Vivre la vie d'un Senior

lundi 16 juillet 2012

Statuts et rôles à la vieillesse

 (Résumé tiré du volume de Jean-Luc Hétu, intitulé « Psychologie du vieillissement », chap. 5.)

Comme on a pu le constater précédemment, les rôles exercent un impact déterminant dans l'épanouissement des gens, d'abord en leur conférant un sentiment d'identité, et ensuite en leur permettant d'être socialement reconnus au moyen de leurs interactions avec leurs proches.

Statut et rôle

Le concept de statut équivaut en pratique à celui de pouvoir. Une personne a un statut élevé quand elle a beaucoup de pouvoir, c'est-à-dire quand elle peut exercer un impact significatif sur autrui. Prenons comme exemples, le cas du président d'une compagnie versus le statut d'un commis de bureau.

On retrouve ainsi de multiples statuts dans une même organisation sociale : les travailleurs et les chômeurs, les célibataires et les gens mariés, les parents et les enfants, les femmes au foyer et les femmes qui travaillent à l'extérieur, etc.

Les personnes âgées ont aussi besoin et droit à un statut social. Nous verrons plus loin comment on y arrive à leur définir un statut et un ou plusieurs rôles dans la société.

 Le concept de rôle

Le statut est en quelque sorte l'identité que la société assigne à ses membres, en fonction de leur place dans le système social. Or, chaque statut est normalement porteur d'un certain nombre d'obligations, qui correspondent à différents rôles. On pourrait se demander ici quels seraient les rôles de la personne qui détient le statut de grand-parent?

Conséquences pratiques pour les personnes âgées

La distinction entre comportement spontané et comportement découlant d'un rôle revêt une importance capitale pour les personnes âgées. La vieillesse s'accompagne en effet de différentes « sorties de rôle », ce qui a pour effet d'augmenter d'autant la possibilité d'activités spontanées ou expressives chez la personnes âgée. Celle-ci sera alors à même de remplacer avantageusement les activités « obligées » par des activités libres, en fonction de ses intérêts, notamment au niveau des loisirs et de différents apprentissages.

Un exemple type de changement de rôles : un changement intérieur au rôle lui-même, en fonction du vieillissement du sujet : Par exemple, le rôle de fille à mère n'est pas le même selon qu'on a 10 ans et que sa mère en a 35, selon qu'on a 25 ans et que sa mère en a 50, et selon qu'on a 50 ans et que sa mère en a 75 ans. Ou encore un changement de rôle consécutif à un changement de statut : par exemple, le sujet qui passe du statut de célibataire à celui de personne mariée, ou du statut de conjoint sans enfant à celui de père de famille, ou de statut de travailleur à celui de retraité.

Le cas le plus courant chez les personnes âgées de changement de rôle provoqué par un changement extérieur au sujet concerne sans doute la perte d'autonomie du conjoint. Une des exigences les plus claires dans le rôle de conjoint est de porter assistance à son conjoint,...

La perte d'autonomie plus ou moins prononcée d'un conjoint vient mobiliser désormais une grande portion de l'énergie et des préoccupations du sujet. Celui-ci pourra avoir besoin d'être aidé à évaluer périodiquement les divers coûts que cette situation nouvelle représente pour lui.

« Personne âgée » : un statut vide

Le statut de retraité ou celui de veuf ou de veuve, mais plus fondamentalement encore celui de personne âgée en général, apparaît comme un statut vide, dans la mesure où il renvoie à aucun rôle précis, à aucune attente de la part des autres acteurs sociaux.

Vu sous cet angle, le statut de la personne âgée peut devenir aussi difficile à vivre que celui du chômeur. C'est ainsi que le chômeur et la personne âgée risquent touts deux d'éprouver un sentiment d'aliénation dans leur vie quotidienne, dans la mesure où ce qu'ils font ou ne font pas ne change rien pour personne, dans la mesure où personne n'attend rien d'eux.

Dans la pratique courante, les personne âgée sont peu portées à se référer à leur statut et à leurs rôles pour se décrire. Ainsi, les personnes âgées confirment bien ce qui suit : le sentiment d'avoir perdu leur identité sociale.

Les rôles informels

Il existe des rôles dits « formels », c'est-à-dire attribués ou reconnus officiellement par le système social à l'intérieur d'un statut bien défini : le rôle de mère de famille, le rôle de préposé à l'entretien,etc.

Mais, il existe aussi des rôles qu'on pourrait appeler informels, et qui se constituent plus ou moins spontanément et indépendamment de la structure sociale. Ces rôles dans lesquels le sujet se retrouve ne sont pas liés à son statut, mais aux relations informelles qui existent entre lui et les autres acteurs sociaux. Pensons ici, aux réseaux familiaux, aux réseaux d'amis, aux gens du voisinage, aux liens informels qui se développent entre les membres d'une même association...

Ces rôles informels se développement à la suite du comportement spontané du sujet, lequel comportement est perçu comme utile ou agréable par les proches.

Le concept de rôle informel peut s'avérer très important en gérontologie, car à la différence des rôles formels, les rôles informels ne tendent pas à décliner avec l'âge. Ainsi, en misant sur le concept de rôles informels, on pourra améliorer la qualité de vie de plusieurs personnes âgées, en les aidant à constituer de nouveaux réseaux ou tout simplement à vitaliser les réseaux déjà existants.

Dans ces réseaux, les personnes âgées pourraient soit retrouver des rôles familiers, soit faire l'apprentissage de nouveaux rôles, en tenant compte à la fois de leurs ressources personnelles et des besoins et des attentes des proches.  Ces questions seront reprises et approfondies ultérieurement.

RD

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