Définition du cocooning
On a nommé cocooning l'attitude consistant à se trouver si bien chez soi qu'on n'est guère poussé à en sortir excepté pour les nécessités vitales. L'idée est assez proche de ce que l'on nomme en français plus classique un comportement casanier (de casa, maison).
En ce début de XXIe siècle, on voit se généraliser l’usage des appareils électroniques (visioconférence, Internet, appareils multimédia divers). On dit que les objets informatiques d'aujourd'hui se simplifient pour développer le cocooning : téléphone-agenda, home cinéma, DVD, TV et ordinateur hi-fi, etc.
Parallèlement, les coûts du carburant, la crainte d'attentats et les difficultés financières commencent à diminuer l'enthousiasme d'une partie de la population pour les voyages, et favorisent l’émergence d’une certaine tendance au cocooning.
Tendance et positionnements[1]
Au mode « cocooning » viennent se greffer d’autres tendances et positionnements qui changeront la face de bien des sociétés occidentales :
- Une valorisation universelle et agressive en Occident des comportements et valeurs jeunes : dynamisme, audace, nouveauté permanente, force physique, apparence, « fun factor ». Une situation en contradiction avec le poids démographique et économique croissant des seniors.
- Les seniors « Forever Young » seront parmi les plus fervents adopteurs de codes jeunes. L’évolution démographique et la remise en cause de concepts (« nouvelle économie », primauté des nouvelles technologies…) favoriseront le développement d’un contre-trend puissant réintégrant davantage de valeurs seniors (sagesse, art et culture, réflexion) combiné à la poursuite du trend « jeune » dans les aspects apparence physique et refus du vieillissement.
- La bonne santé physique, la volonté de rester actif et l’expérience peuvent permettre d’envisager le développement d’un marché du travail significatif pour les retraités.
- La communication, notamment publicitaire valorisera de plus en plus le modèle retraité aisé et en forme « Forever Young »
- La convergence des centres d’intérêts (loisirs, sport, travail…) et les modes de consommation vont dépendre davantage des appartenances socio-culturelles que des groupes d’âge.
Il y aura un développement probable en Europe d’un modèle type « Sun City » de ségrégation volontaire des seniors et regroupement d’habitat dans des zones spécifiques. C’est un mouvement déjà ébauché dans le cadre des migrations de vacances mais qui pourrait devenir plus profond sous l’influence de motivations puissantes : héliotropisme, partage des mêmes rythmes de vie, aisance financière, volonté de rester très actif et de recréer des réseaux d’amitié parfois négligés pendant la période professionnelle, recherche de sécurité…
Une vision sociale du cocooning
Dans un document relativement court intitulé « Cocooning », l’auteure Perla Serfaty-Garzon décrit le phénomène du cocooning[2] et ses principales caractéristiques sociologiques.
« Le cocooning est une recherche de confort et de sécurité chez soi qui traduit le besoin de se protéger contre les réalités, perçues comme dures et imprévisibles, du monde extérieur.
La notion de nidification, qui évoque l’art et le besoin de se bâtir un nid, et, par extension, une maison douillette et sûre, n’est pas entièrement réductible au concept de cocooning, en ce sens qu’elle ne fait pas référence à la nécessité de se défendre activement contre un monde social agressif et violent.
Le retrait dans un sanctuaire privé comme réponse à un monde social menaçant
Ce néologisme est forgé au début des années 80 aux États-Unis pour résumer une analyse intuitive de l’évolution des modes de vie et de consommation sur la base d’observations telles que la croissance de l’intérêt populaire pour l’art de vivre et l’aménagement du chez-soi et celle des industries de la rénovation et du bricolage. Sa force d’évocation de l’aspiration à un retrait au coeur d’un sanctuaire privé est immédiatement popularisée par les médias, avec d’autant plus de succès que cette notion transmet bien l’intensité moderne du sentiment du droit de chacun à une intimité inviolable qui doit être bâtie en réponse à un monde social tumultueux et menaçant.
Si l’adéquation de cette dernière image à la réalité sociale peut être sérieusement mise à l’épreuve, il n’en reste pas moins que la popularité de la notion de cocooning traduit plusieurs choses à la fois : la place du chez-soi dans l’affirmation du droit à l’intimité personnelle et familiale, une sensibilité et une demande accrues en matière de confort physique qui sont, au moins partiellement, issues de l’enrichissement général des sociétés occidentales, et, sans doute, un abaissement toujours plus perceptible du seuil de tolérance de ces mêmes sociétés à l’égard des phénomènes sociaux qui évoquent, de près ou de loin, les heurts de la vie sociale.
La notion de cocooning a rapidement trouvé sa place dans les dictionnaires français parce qu’elle met l’accent sur la recherche du bien-être dans son expression individuelle, sur la conscience et l’acceptation de manières idiosyncrasiques d’être, et sur la maison comme territoire privilégié de cette recherche et de cette expression.
La notion plus récente de « bunkering », issue du même contexte américain et des observations sur les tendances en matière de développement résidentiel, traduit le durcissement de l’intention qui sous-tend le cocooning. Elle se définit précisément comme « le cocooning blindé » et s’appuie sur une vision a priori défensive de la vie sociale : la société est violente, la famille est en situation de danger physique et moral et doit être mise à l’abri dans un environnement social dit « homogène », des précautions doivent être prises d’emblée contre cette violence. C’est pourquoi des quartiers neufs sont bâtis dans les limites d’une enceinte et sont gardés comme des forteresses, le marché de la sécurité privée est en pleine expansion, les maisons s’équipent en systèmes de sécurité toujours plus performants, en appareils high tech de divertissement à la maison et s’adaptent au télétravail.
Une vision limitée du chez-soi et de l’hospitalité
Le choix d’un terme militaire et l’assimilation de la maison à un abri de guerre une fois la popularisation du concept de cocooning achevée, révèle les dérives d’une analyse rapide et simpliste des phénomènes sociaux. Le terme cocooning vient des milieux du marketing. Forgé pour vendre les capacités marchandes et celles à « prévoir les tendances sociales » de spécialistes du marketing auprès de grandes compagnies productrices de biens de consommation, il saisit certes avec justesse un versant de l’intimité, celui de la tentation du repli domestique. Il a aussi pour vertu de rappeler que l’idéal du chez-soi entretient des liens intimes avec les comportements de consommation et d’acquisition de marchandises. Mais il ne peut acquérir sa pleine pertinence qu’en construisant une vision simpliste et manichéenne du monde social, une vision violente de la rue, et une vision défensive de la vie collective.
Là se trouvent ses limites : le cocooning est certes, jusqu’à un certain point, pratiqué par tous. Pour le reste, il faut rappeler, d’une part, que les interactions sociales dans les rues des villes contemporaines ne sont pas marquées, dans la grande majorité des cas, par la grande violence qui fut celle des époques pré-modernes, et, d’autre part, que la maison ne peut être pleinement habitée qu’en tant qu’elle est aussi espace de sociabilité et qu’elle exprime le sens de l’hospitalité. »
LE FEELING « COCOONING »
Voici les impressions de Louise Aubé, psychologue, Québec, Canada, qui a écrit le texte suivant[3] décrivant une belle journée de cocooning qu’elle vit chez elle.
« Quelle belle journée que celle d’une tempête de neige ! Pour réfléchir sur « le bien-être chez soi », plus communément appelé « coconnage » ou « cocooning »… En lisant comment l’Office québécois de la langue française définit cette réalité, soit un « comportement psychosocial qui se caractérise par une tendance au repli dans le cocon protecteur du domicile que l'on tente de rendre le plus douillet possible », remonte en moi le souvenir d’un vieux film que j’avais écouté il y a longtemps et qui s’intitulait « The Cocoon », dans lequel des êtres habitaient confortablement des grosses bulles dans lesquelles ils allaient se régénérer…Qu’est-ce que cela peut-il impliquer pour soi ? En fait, tout ce qui nous permet de se déposer, de se ressourcer, de trouver un bien-être dans la simplicité de notre foyer, de notre demeure, en percevant les charmes et attraits que peut nous offrir l’abandon confortable dans ces petits détails qui transforment un lieu simple en un havre de paix et de douceur… plein de légèreté.On peut penser à de la musique « cool » qui nous enveloppe, une ambiance crée avec, par exemple, chandelle et encens, un bain de bulles, un bon bouquin, ou même la revue Enfin ! S’entourer de coussins, de ronrons de minous auprès de nous, ou de notre gros pitou, d’une bonne odeur de soupe aux légumes maison ou de sauce à spaguetti qui mijote pendant que l’on réfléchit à notre vie, ou qu’on bricole, que l’on dessine, que l’on pratique son instrument de musique préféré en prenant tout son temps, que l’on écrit un petit mot à un copain ou une copine de longue date, ou même simplement que l’on chantonne un air qui nous passe par la tête et le cœur ! Se blottir dans des vêtements qui sont pour nous comme une seconde peau, nos préférés, ceux dans lesquels on contacte une partie de soi calme qui émerge…S’allonger à côté d’un feu de foyer qui crépite dans le vieux poêle à bois et s’y faire son petit nid comme un oiseau couvant ses œufs… en sirotant un bon verre de vin ou un bon chocolat chaud, tiens. Peut-être même se faire jouer dans les cheveux, tout en regardant des photos inspirantes… ça peut aussi être de jouer avec nos enfants ou petits enfants ! Au fond, tout ce qui permet de se faire du bien et de prendre soin de soi, chez soi, en harmonie. C’est oser tous ces petits plaisirs simultanés, et, surtout, les apprécier. C’est-à-dire y participer en pleine conscience, en habitant pleinement ce moment présent, « ici et maintenant », comme diraient les psychologues…Avec l’hiver qui tire à sa fin et le printemps qui nous ouvre bientôt ses portes, que grand bien nous en fasse ! Profiter de cet intérieur bienfaisant avant d’aller bientôt explorer les environs printaniers qui nous donneront le goût et l’élan d’aller dehors ! »
Le cocooning et le choix de son animal de compagnie
Un senior cocooning
Vous êtes plutôt sédentaire et avez envie d'un compagnon très présent.
-> Vous êtes prêt à lui consacrer beaucoup de temps. Alors c'est un chien qu'il vous faut, à condition que vous soyez en mesure de le promener régulièrement, à moins que vous n'ayez un jardin.
-> Si vous ne désirez pas les contraintes de la promenade quotidienne, prenez un chat, très affectueux. Si vous optez pour un Siamois ou un Persan, il faudra vous occuper de leur pelage quotidiennement.
Un senior indépendant
Vous êtes plutôt sédentaire mais vous voulez pouvoir partir quand vous le souhaitez pour quelques jours.
Votre compagnon sera une présence, un complice mais il ne devra pas être trop envahissant et ni représenter trop de contraintes. Dans ce cas, c'est un chat qu'il vous faut.
Un senior "âgé"
Si votre mobilité est réduite, votre santé fragile, il vous sera probablement difficile de sortir un chien trois ou quatre fois par jour. Il vaut alors mieux s'orienter vers un chat.
En guise de conclusion
Dans tout ça, il faut rechercher ce que peut nous apporter de bien le « cocooning » : l’idée de confort, de bien-être chez soi, de douceur de vivre et tout le tra-la-la. Il semble aussi qu’il faut balancer nos comportements sociaux pour ne pas s’isoler inutilement.
D’une certaine manière, il est absolument nécessaire de maintenir, de façon continue, des contacts sociaux étroits avec des amis ou des gens de sa famille. Par ailleurs, le bien-être retiré d’avoir un milieu de vie conforme à ses désirs, avec tout le confort matériel sont des facteurs clés pour assurer une longévité prolongée. En tout cas, le style de vie que le cocooning apporte nous assure d'un minimum de stress et nous donne le sentiment de s’appartenir.
J'ai aié cet article.
RépondreSupprimerJ'ai ouvert une maison d'hôtes à Avignon : "Cocooning" et reçoit dans cet esprit.
Au plair de vous y rencontrer.
Aimé... et non aié, pardon!
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