
Nos partenaires se suivent et se ressemblent? Voici
comment nous libérer de ces patterns amoureux s’ils ne nous rendent pas
heureux.
Quand
on se donne la peine d’examiner les liens amoureux qu’on a tissés au
fil des ans, on constate parfois que nos partenaires sont calqué(e)s sur
un modèle identique et qu’on reproduit le même type de relation de
l’un(e) à l’autre. Or, ces histoires d’amour ne correspondent peut-être
pas à nos envies profondes, et peuvent même s’avérer toxiques. «Pendant
des années, j’étais invariablement attiré par des femmes qui vivaient
dans une grande détresse psychologique, financière ou autre, raconte
Stéphane, 56 ans. Je devenais chaque fois le valeureux chevalier se
portant à la rescousse de sa belle, en essayant de l’aider à traverser
une période difficile ou de la tirer d’un mauvais pas. Mais au bout du
compte, notre relation finissait par échouer.»
Pas la faute à Cupidon
Pourquoi
sommes-nous portés à répéter les mêmes erreurs? Selon Bénédicte Ann,
coach de l’amour et auteure de plusieurs livres sur le sujet, c’est
parce que nous cherchons à guérir des blessures ou régler des problèmes
non résolus du passé: «On a tendance à choisir des partenaires qui nous
font vivre, à travers leurs comportements, les mêmes ressentis que dans
l’enfance, comme la frustration, l’impuissance devant un parent trop
envahissant, l’impression de ne pas avoir sa place ou de ne pas être à
la hauteur.»
Petit, on fait tout pour être aimé des personnes
responsables de notre survie, c’est-à-dire nos parents, mais aussi de
celles avec lesquelles on a entretenu de solides liens relationnels ou
émotifs, comme une grand-mère ou un frère aîné, observe Marie-Josée
Dubé, sexologue et psychothérapeute. «C’est donc normal qu’elles soient
en général à l’origine de nos patterns.» Par exemple, si notre mère
n’endurait pas nos élans de colère, on s’efforcera, de manière
inconsciente, de dissimuler ou de nier le côté ombrageux de notre
personnalité.
Par
la suite, on essaiera de créer une relation amoureuse avec un
partenaire qui nous permettra d’exprimer notre véritable nature. Mais si
on n’y parvient pas, on répétera inlassablement le même scénario. «Pour
aider à comprendre, imaginons qu’on soit acteur au théâtre et qu’on
rate toujours la même scène, poursuit Marie-Josée Dubé. La vie nous la
fera jouer et rejouer jusqu’à ce qu’on parvienne à réciter le texte,
pour qu’enfin le rideau puisse tomber et qu’on passe à l’acte suivant.»
Le nœud de l’affaire
Si
on veut laisser tomber les relations déjà-vu, on doit d’abord admettre
qu’on a participé à leur configuration. Après tout, «cela se joue à
deux», rappelle Bénédicte Ann. Quand on semble attiré par le même type
de partenaire, avec une caractéristique qui nous séduit d’abord, mais
nous met les nerfs en pelote par la suite, on a intérêt à ajuster nos
lunettes roses et à comprendre nos besoins réels. «Si, par exemple, on a
été privé d’affection durant notre enfance, une partie de nous
recherchera ou boycottera ce sentiment», explique Marie-Josée Dubé.
Autrement
dit, on reprochera à l’autre sa froideur ou, au contraire, on lui en
voudra d’être aux petits oignons avec nous. «On le blâmera, sans
parvenir à reconnaître ce besoin qui sommeille en nous», poursuit la
sexologue. Sans compter que notre partenaire peut aussi avoir ses
propres bibittes, ce qui fait qu’on réactive ensemble, encore et encore,
les mêmes blessures. Et qu’on reste pris dans un nœud.
Guérir pour le mieux
Si
la relation est capable d’éveiller d’anciennes blessures, elle peut
néanmoins contribuer à les panser. «C’est ce qui se produit dans le cas
des transferts positifs entre partenaires, quand l’un vient apaiser et
prendre soin de la blessure de l’autre par sa réponse, plutôt que de la
réactiver», décrit Marie-Josée Dubé. Mais que faire si les protagonistes
n’ont pas conscience de ce qui se trame et se retrouvent dans le ring?
Comme dans le cas de Stéphane, que le désir d’impressionner son père
infidèle poussait à essayer de jouer le bon gars auprès de ses blondes.
«Comme si je devais leur prouver que j’étais tout le contraire de mon
père. Mes copines, quant à elles, ayant presque toutes connu une enfance
sous le signe de l’abus ou de l’agressivité, en venaient à me reprocher
mon côté trop gentil. Je leur en voulais à mon tour de ne pas
comprendre mes intentions. Ça ne finissait plus!»
L’observation
de son couple et des discussions franches deviennent primordiales si on
veut aller au fond des choses. On peut aussi chercher du soutien
extérieur, par le biais de livres traitant du sujet, d’ateliers ou de
thérapies. L’important en tout temps est de faire équipe, assure la
psychothérapeute. «L’objectif est de ne plus fonctionner en mode
protection, mais plutôt de s’ouvrir à l’autre, afin d’arriver à
conscientiser cette danse et se sortir du modèle. Ainsi, en thérapie de
couple, j’encourage chacun des partenaires à explorer et à prendre
conscience des blessures que les agissements et les propos de l’autre
viennent raviver.»
En
reconnaissant les manques ou les peines que l’on porte en soi, on
devient plus apte à communiquer nos besoins et attentes à l’autre,
ajoute-t-elle, permettant ainsi à celui-ci de devenir un acteur de
changement positif: «En constatant les efforts de l’autre, on se sent
reçu. On comprend que notre partenaire ne nous aime pas moins, mais veut
plutôt, au contraire, contribuer à notre mieux-être. On parvient ainsi à
dépasser nos blessures et, ensemble, à évoluer vers une complicité et
une connexion plus grandes.»
Se quitter pour avancer
Si
une relation peut guérir nos blessures et favoriser notre
épanouissement, il arrive également qu’on soit obligé de déclarer
forfait. «Tout dépend de la manière dont on essaie de réparer la
relation, confirme Marie-Josée Dubé. Si les partenaires ne sont pas
réceptifs, qu’ils grattent les bobos de l’autre sans qu’on parvienne à
trouver un terrain d’entente, ou si l’un des deux n’arrive pas à faire
respecter ses besoins, la rupture pourrait alors s’avérer nécessaire. Et
même, dans certains cas, servir à nous faire avancer.»
La
psychothérapeute ajoute toutefois qu’avant de lancer la serviette, il
faut s’interroger: «Ai-je exprimé mes besoins avec clarté? Exploré
toutes les avenues de guérison possibles? Travaillé suffisamment sur
moi, sur notre relation? Cherché à comprendre l’autre? Trouvé de l’aide
extérieure ou des renseignements à ce sujet?» Si on répond par
l’affirmative à toutes ces questions et que, malgré nos efforts, rien
n’aboutit, alors oui, mieux vaut tirer sa révérence. «On le fait pour
respecter nos besoins et pour nous permettre de grandir.»
Fil conducteur
Si
on est célibataire, même en se sachant attiré par un type de
partenaire, on risque de répéter des erreurs semblables d’une relation à
l’autre. Pour empêcher que cela ne se produise, mieux vaut se fier à
notre sens de l’observation plutôt qu’à notre cœur. Surtout lors de la
période lune de miel, où tout est beau et merveilleux, met en garde
Marie-Josée Dubé: «Au moment où une situation donnée vient éveiller une
blessure enfouie, la partie émotive du cerveau entre en jeu, et non
celle qui raisonne.»
D’où l’importance d’accorder une attention
particulière aux réactions et aux émotions qu’elle suscite. Ces
symptômes nous font dire: «Oh! Oh! Là, il se passe en moi quelque chose
de connu.» Il s’agit ensuite d’utiliser ces symptômes pour mieux définir
nos souffrances et trouver des façons de les apaiser. Comme Stéphane
l’a fait: «J’ai fini par comprendre que mon besoin d’épater à la fois
mon père et mes copines occupait toute la place. J’ai alors pu me
concentrer sur mes besoins réels, et j’ai trouvé une personne avec qui
je peux enfin m’épanouir pleinement.»
En
nommant avec franchise ce qu’on vit, on parvient à laisser tomber nos
comportements habituels, conclut la psychothérapeute. «Ainsi, au lieu de
prendre la fuite, de s’emmurer dans le silence ou d’accuser l’autre,
par exemple, on adopte des façons d’agir qui répondent à nos besoins
profonds.»
Ce qui nous permet de détricoter enfin le modèle pour réussir
à jouir d’une relation amoureuse enrichissante... et tricotée serré.
Pour plus d’infos: Centre multiprofessionnel montérégien à sexologuerivesud.com, ou les livres Le prochain, c’est le bon! et C’est décidé, j’arrête d’être célib!, de Bénédicte Ann (Albin Michel).
À retenir
On
vient de faire une rencontre? Ces quatre réflexes proposés par
Bénédicte Ann devraient nous permettre d’éviter les pannes de mémoire et
les scénarios amoureux qui se répètent:
1
On se souvient que la décision de s’engager dans une relation nous
revient: on est responsable de notre casting amoureux (ce n’est pas la
faute de l’autre si…).
2 On demeure
attentif aux éléments — toujours les mêmes! – qui finissent par nous
tomber sur les nerfs. Il faut se l’avouer quand une de ses attitudes ne
correspond pas à nos valeurs, comme la façon désagréable dont il
s’adresse à ses enfants ou sa manie de trop faire la fête.
3 L’autre est avare comme notre père l’était ou fait preuve d’égocentrisme comme notre mère? Prudence…
4 On n’oublie surtout pas de faire respecter nos besoins.
RD
RD
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