Vivre la vie d'un Senior

samedi 10 septembre 2016

Les pour et les contre de la solitude

Article de Danielle Choquette, Journal de Montréal, 9 septembre 2016

Afficher l'image d'origine

Les bienfaits de la solitude sont nombreux: elle stimule la créativité, permet de réfléchir par soi-même, repose, donne l’occasion de trouver des solutions aux problèmes de la vie. Mais trop de solitude peut se transformer en isolement. La solitude serait donc une médaille à deux côtés: l’un souffrant et l’autre bienfaisant. Essayons de démêler un peu tout ça.

1. De courts moments quand la vie est pleine.

Un moment­­ de solitude qu’on souhaite est reposant. On va (enfin) à son propre rythme, on se sent ­libre. On se détend sans se ­demander si quelqu’un voudrait une chose ou pas. Quand on a de jeunes enfants, un conjoint, des amis, on est rarement en solo et on manque parfois de ces moments de solitude qui procurent un ­espace de liberté, un temps de ressourcement­­. Il faut se contenter de courts instants, ce qui est difficile pour les personnes au tempérament solitaire. Il s’agit de les ­repérer et d’en profiter: même un embouteillage peut faire l’affaire. Faire les courses aussi.

2. Être seul, mais aimé.

Quand on est certain d’être aimé, les moments de solitude font du bien. Il n’est pas nécessaire­­ d’être aimé de tout le monde: vivre auprès de quelques personnes qu’on aime et qui nous aiment est tout à fait suffisant.

3. Stimuler la créativité.

Les artistes et les inventeurs profitent de la solitude. C’est dans ces moments qu’ils trouvent leurs idées, leurs expériences à tenter. En fait, il doit être assez difficile d’être créateur sans solitude – Dieu est sûrement très seul. Selon les recherches du ­psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, les adolescents qui ne ­supportent pas les moments ­passés seuls développent moins leur sens créatif.

4. Les communications ­perpétuelles.

Avec les ­nouvelles technologies qui encouragent et même obligent au lien perpétuel, on peut parfois souffrir d’un surplus de contacts. On est privé de tranquillité, de ­repos, de temps de réflexion. Il ne s’agit pas de tout noircir, c’est quand même bien de pouvoir ­communiquer facilement, mais éteindre une fois de temps en temps peut être salutaire.

5. Voyager seul.

Prenons l’exemple du voyage: voyager en solo a bonne presse par les temps qui courent. Voyager avec quelqu’un ou en groupe est agréable, en partie parce qu’on partage les découvertes et qu’on s’épaule à l’étranger. Il existe tout de même des agréments à voyager seul: on rencontre des gens avec qui on n’aurait pas parlé autrement; on relève un défi: « j’y suis arrivé » ; on vit une rencontre ­inévitable avec soi-même, ce qui est formateur et utile dans la vie.

6. Certains souffrent d’ennui­­.

Une amie enseignante était partie seule au soleil pour une semaine. Adorant lire, elle se disait qu’elle allait enfin­­ profiter de cette liberté, elle qui avait toujours été occupée par les autres. Mais la réalité l’a rattrapée­­: elle s’est beaucoup ennuyée­­.

7. Notre histoire nous fait craindre la solitude.

Les êtres humains que nous sommes auraient naturellement peur de la solitude. Nos ancêtres étaient condamnés à mourir quand ils étaient éloignés de leur tribu. On continuerait de percevoir la solitude comme dangereuse. Dans le cadre d’une recherche, on a demandé à des hommes et à des femmes de passer de 6 à 15 minutes, seuls, dans une pièce, sans aucune stimulation sauf la ­possibilité de se donner de ­petites décharges électriques: 67 % des hommes et 25 % des femmes l’ont fait. Nous fuyons l’inaction.

8. Isolement ou solitude.

Quand on se dit qu’on souffre­­ de solitude, en réalité­­ on souffre d’isolement. On se sent privé de contacts essentiels et ­chaleureux. Le problème existe pour beaucoup de monde. En 40 ans, rapporte l’écrivaine Jessica­­ Olsen, dans un article paru sur Slate, le sentiment d’isolement chez les adultes aurait doublé, passant de 20 % à 40 %. Chez les gens âgés, le problème est encore plus évident.

9. La saucisse Hygrade.

Le hic est que plus on se sent isolé, plus on a tendance à s’isoler. On ferait ce qu’on appelle de l’« évitement social ». Dans une période de trop grande solitude, on aurait tendance à croire qu’il existe une raison pour laquelle on est séparé de la tribu, qu’après tout on n’est peut-être pas une bonne personne! C’est faux, mais ce n’est pas évident à réaliser. C’est un travail de longue haleine sur soi et sur ses habitudes de vie à entreprendre, car il s’agit de s’approcher des autres et de créer de nouveaux liens. Nous sommes un peu tous à certains moments de notre vie des lonesome cowboys, tout comme Lucky Luke, mais nous sommes aussi des êtres sociaux et aimants.

RD

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire