Article d'Yvon Dallaire, psychologue, Journal de Québec, 6 mai 2012
Nous aspirons tous à une retraite bien méritée pour enfin profiter du temps qu’il nous reste afin de réaliser des projets sans cesse remis à plus tard. Du fait de la forte augmentation de l'espérance de vie et d’une mise à la retraite plus tôt, celle-ci dure et durera de plus en plus longtemps.
(Il faut que les deux partenaires partagent la même conception de la retraite.)
Que faire ?
Que faire de tout ce temps retrouvé ? Jouer au golf et/ou s’occuper de son jardin – activités agréables au début – peuvent à la longue devenir ennuyantes. D’où la nécessité d’entreprendre des activités nouvelles et enrichissantes et de préparer la retraite longtemps à l'avance.
Pour survivre à cette transition, il faut de plus que les deux partenaires partagent la même conception de la retraite et le goût de réaliser des projets en commun. Si l’un veut jouer au golf tous les jours et l’autre passer ses journées à la maison, le couple risque d’éclater.
Plus les partenaires auront associé leur identité à leur profession, et plus ils auront limité leur réseau amical à leurs collègues de travail, plus la mise à la retraite risque d’être vécue de façon traumatisante. Cette mise à la retraite sera aussi vécue péniblement si l’un des partenaires avait fait du foyer conjugal « son » territoire, depuis toujours ou depuis sa mise à la retraite, alors que l’autre conjoint continuait de travailler.
Moment critique
La mise à la retraite constitue un réel moment critique dans l’évolution d’un couple. Un décalage se construit parfois entre le partenaire actif professionnellement et celui qui est à la retraite. Le retraité développe un style de vie, un réseau d’amis, des activités qu’il devra remettre en question lorsque son partenaire prendra sa retraite. Les deux doivent s’y préparer, sinon gare à la crise.
La mise à la retraite, l’un après l’autre ou en même temps, oblige les membres du couple à se redéfinir tant sur le plan des espaces communs que des activités extérieures. Les deux partenaires se retrouvent face à face. Le paradoxe de la passion refait souvent surface : l’affirmation de son autonomie et de son indépendance dans des activités extérieures au couple, seul, et le désir d’être ensemble dans des activités sociales, culturelles ou autres.
Pour souligner leur mise à la retraite, des couples heureux ont emménagé dans une résidence plus petite ou ont fait un voyage de quelques mois, une espèce de second voyage de noces. Cela dans le but de couper avec leur statut antérieur de professionnels et de parents et trouver un nouvel espace mieux adapté à leurs nouveaux besoins individuels et conjugaux.
Soyez toujours gentils avec vos enfants, car ce sont eux qui choisiront votre maison de retraite.
TROIS RÉACTIONS FACE À LA RETRAITE
1. Le repli sur soi. Cette réaction est caractéristique des couples malheureux, mais résignés. Ces couples, pour la plupart co-dépendants, se retrouvent devant un vide conjugal et leur nombreux conflits accumulés. Ces retraités perdent leur dynamisme, minimisent leurs activités sociales et s'accrochent à des activités routinières, mais non épanouissantes (télévision, ménage,...). Très souvent, les femmes dépriment et les hommes meurent précocement.
2. Le désespoir. Les désespérés refusent de vieillir et courent à la recherche de la fontaine de Jouvence : ils vont de salons d'esthétique aux discothèques en passant par la clinique du chirurgien. Ils cherchent à compenser les frustrations accumulées en surconsommant avec une volonté frénétique de profiter au maximum du temps qui reste. Enfin libres se disent-ils, inconscients de la prison dans laquelle ils sombrent.
3. L'ouverture. Les couples heureux s'ouvrent généralement sur le monde. Ils s'investissent bénévolement dans des causes qui les ont toujours intéressés et assument leur nouveau rôle d'aînés. Ils sont la preuve qu'on peut vieillir et continuer d'être heureux.
RD
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