La lumière bleue des écrans trouble nos nuits en éliminant l’hormone du sommeil
(Article de Isabelle Maher, Journal de Montréal, 20 février 2016)
La lumière bleue des DEL est partout: tablettes,
ordinateurs, téléviseurs, téléphones intelligents et, de plus en plus,
l’éclairage. Jamais, depuis l’invention de l’ampoule électrique il y a
136 ans, l’humain n’a été exposé à une telle intensité lumineuse.
Bienvenue dans le côté sombre du progrès.
De longues heures d’étude sur l’ordinateur en soirée, quelques visites sur Facebook avant de dormir et un lampadaire dans la rue qui éclaire directement la fenêtre de sa chambre à coucher: il n’en fallait pas plus pour détériorer le sommeil de Maude Sévigny.
«Je m’endormais difficilement, j’étais plus stressée, moins reposée et plus vulnérable à l’anxiété», explique l’étudiante de 25 ans qui a dû quitter son appartement et changer ses habitudes de sommeil.
«Depuis que j’ai cessé les écrans une heure avant de dormir, je vois une différence», dit-elle.
Avec l’explosion des progrès technologiques, c’est notre hygiène
de sommeil qui est à revoir complètement, affirme Marc Hébert,
professeur au département d’ophtalmologie de l’Université Laval.
«La lumière bleue fait fuir l’hormone du sommeil. Elle dit au cerveau: “Réveille-toi, c’est le matin!” Le jour c’est bien, on est stimulé, mais le soir, c’est moins bon. Résultat: on ne dort plus, ou moins bien. Ça va affecter les générations à venir», explique l’expert en chronobiologie, la science qui étudie l’impact de la lumière sur l’horloge biologique.
Des enfants trop stimulés
M. Hébert croit que l’éclairage domestique aux diodes électroluminescentes (DEL) est à éviter en soirée.
«Un ami à moi a une enfant de 3 ans qui n’arrivait pas à s’endormir le soir. En visitant sa maison, j’ai constaté que sa fille était exposée à de la lumière beaucoup trop intense. En modifiant le type d’éclairage, il a réglé le problème», raconte-t-il.
Infirmière à la clinique du sommeil de l’Hôpital Rivière-des-Prairies, Évelyne Martello traite ces jeunes surstimulés par la technologie.
«Il y a un réel problème avec tous ces appareils dans leur chambre. Les enfants qui dorment mal peuvent devenir anxieux, les taux d’absentéisme augmentent à l’école et leur performance cognitive en est affectée», observe-t-elle.
Mieux rêver
«Notre système ne se repose plus. Je le vois chez mes étudiants. Le soir, ils n’arrivent plus à s’endormir. Je leur dis: “Ferme ton ordi et va te coucher!”» relate Johanne Roby, professeure au département de chimie du Cégep de Sherbrooke.
La surexposition à la lumière nocturne inquiète aussi Lucie Martineau. Ergothérapeute depuis près de 30 ans, elle évalue à 90 % la proportion de ses patients souffrant actuellement de pollution lumineuse.
«Le sommeil, c’est la première chose que je regarde. Mes patients
ne font pas le lien entre leur état de santé et les écrans,
observe-t-elle. J’en avais une qui dormait avec un cellulaire sous
l’oreiller. Une autre qui, depuis qu’elle a cessé les écrans le soir,
s’est remise à rêver!»
L’an dernier seulement, les Canadiens ont dépensé quelque 27 M$ pour se procurer des comprimés de mélatonine au rayon des produits naturels.
Faire un lien entre la popularité de la mélatonine et les troubles du sommeil liés à la pollution lumineuse serait toutefois prématuré.
Avec Précaution
Selon les experts, la mélatonine en vente libre doit être prise avec précaution.
«Elle peut être utile aux travailleurs de nuit, aux personnes âgées, aux gens qui ont des décalages horaires et aux adolescents, dit-il. Mais elle ne convient pas à tous.»
Sans connaître la même progression spectaculaire, la consommation de somnifères est également en hausse au Québec, avec près de 7,5 millions de prescriptions en 2014.
Une hormone populaire
Valeurs des ventes de mélatonine au Canada:
Toujours plus de somnifères
Nombre de prescriptions pour des somnifères au Québec:
Les ventes de mélatonine explosent
Les ventes de comprimés de mélatonine, la précieuse hormone du
sommeil, ont plus que doublé ces quatre dernières années au pays.
L’an dernier seulement, les Canadiens ont dépensé quelque 27 M$ pour se procurer des comprimés de mélatonine au rayon des produits naturels.
Faire un lien entre la popularité de la mélatonine et les troubles du sommeil liés à la pollution lumineuse serait toutefois prématuré.
Avec Précaution
Selon les experts, la mélatonine en vente libre doit être prise avec précaution.
«Les effets de la mélatonine en comprimés sont modestes; elle
n’agit pas comme un somnifère», explique Charles Morin, directeur du
Centre d’étude des troubles du sommeil de l'Institut universitaire en
santé mentale de Québec.
«Elle peut être utile aux travailleurs de nuit, aux personnes âgées, aux gens qui ont des décalages horaires et aux adolescents, dit-il. Mais elle ne convient pas à tous.»
Sans connaître la même progression spectaculaire, la consommation de somnifères est également en hausse au Québec, avec près de 7,5 millions de prescriptions en 2014.
Une hormone populaire
Valeurs des ventes de mélatonine au Canada:
- 2011 : 12 M$
- 2015 : 27 M$
Hausse de 125%
Toujours plus de somnifères
Nombre de prescriptions pour des somnifères au Québec:
- 2010 : 7 055 386
- 2014 : 7 475 825
Hausse de 5,9%
source: Nielsen et RAMQ
RD
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