Vivre la vie d'un Senior

jeudi 29 avril 2021

Soins de longue durée : « Pour des milieux de vie, mais aussi de soins »

 Article de Ariane Lacoursière, La Presse, 15 avril 2021

Soins de longue durée | Pour des milieux de vie, mais aussi de soins | La  Presse

La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a présenté jeudi matin (15 avril) la nouvelle « Politique d’hébergement et de soins et services de longue durée » pour le Québec.

Les CHSLD et autres établissements de soins de longue durée du Québec ne seront plus seulement des « milieux de vie », mais également des « milieux de soins ». Où les médecins seront invités à être plus nombreux à y travailler. Où les personnes hébergées pourront « faire des choix » et voir leur dignité préservée.

La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a présenté jeudi matin la nouvelle « Politique d’hébergement et de soins et services de longue durée » pour le Québec.

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 POUR OBTENIR COPIE DE LA POLITIQUE :

https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2020/20-814-01W.pdf

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« Les milieux d’hébergement doivent devenir des milieux dont nous serons fiers collectivement », dit Mme Blais.

Dans les mois précédant la pandémie, Mme Blais avait visité 103 CHSLD à travers la province. Et un constat lui avait sauté aux yeux : plus de 80 % des gens qui y vivent présentent des troubles neurocognitifs. Mme Blais a réalisé que même si le réseau favorisait depuis des années l’approche « milieu de vie », les CHSLD devaient aussi être des « milieux de soins ».

Avec sa politique intitulée « Des milieux de vie qui nous ressemblent », Mme Blais vient « réconcilier ces deux concepts », selon Philippe Voyer, expert en soins infirmiers gériatriques et directeur du programme de baccalauréat en sciences infirmières à l’Université Laval. Pour M. Voyer, la politique marque un « tournant » qui donnera une « orientation claire » pour changer les milieux d’hébergement de longue durée au Québec.

De plus petits milieux

La politique s’adressera aux CHSLD, mais aussi aux ressources intermédiaires, aux ressources familiales ou à tout milieu accueillant des aînés. Mme Blais assure que le maintien à domicile « reste l’option à privilégier le plus longtemps possible ». Mais pour les personnes ne pouvant plus demeurer à la maison, des milieux d’hébergement qui respecte leurs besoins doivent être implantés.

La politique vise à respecter le pouvoir d’autodétermination des personnes hébergées. À éviter les transferts multiples. « On veut créer de plus petits milieux », ajoute Mme Blais. Celle-ci mentionne que du travail sera aussi fait pour valoriser le travail des professionnels dans les milieux d’hébergement pour aînés.

Mme Blais affirme que la politique ne sera « pas que des vœux pieux ». Elle mentionne que la politique sera suivie « d’un plan d’action concret ». Mais elle dit que déjà, des changements sont en branle. Un gestionnaire par CHSLD a été embauché. Les CHSLD privés sont convertis en CHSLD privés conventionnés. Sous peu, 10 millions seront investis afin d’embaucher des chargés de projet dans chaque CISSS et CIUSSS qui veilleront à l’application de la politique d’hébergement. « Ça va changer la dynamique », dit-elle.

Usager au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, Robert Tremblay est satisfait de la politique présentée par Mme Blais, à laquelle il a participé. « Je me suis senti utile », dit-il.

 RD

dimanche 25 avril 2021

Enfin du respect pour les proches aidants

 Article de Josée Legault, Journal de Québec, 23 avril 2021

Enfin du respect pour les proches aidants | JDM

Marguerite Blais ne s’en est jamais cachée. La principale raison de son retour en politique était le dossier trop longtemps négligé des proches aidants. Lorsqu’en 2018, François Legault a voulu recruter l’ex-ministre libérale, cette condition, pour elle, était non négociable. 

Résultat : une fois élue, à son titre de ministre des Aînés, s’est ajoutée la responsabilité des Proches aidants – une première au Québec. Elle a tenu parole. L’automne dernier, elle faisait adopter la première loi-cadre pour les personnes proches aidantes. 

Hier, elle l’a fait suivre de la première politique nationale du même nom. Dans six mois, la boucle sera bouclée avec un nouveau Plan d’action gouvernemental. Ce sont toutes là des « premières » majeures. 

Au Québec, les proches aidants comptent pour 1,6 million de personnes. Ajoutez les êtres chers dont ils prennent soin avec amour, on parle de 3 millions de Québécois. C’est beaucoup de monde. 

Sans eux, le système s’écroulerait

Disons-le, sans le travail acharné, mais non rémunéré des aidants – majoritairement des femmes –, notre système de santé et de services sociaux, déjà dysfonctionnel, s’écroulerait carrément. 

Ignoré néanmoins par les gouvernements précédents, l’épuisement physique, émotif et financier les grugeait déjà bien avant la pandémie. Pour plusieurs, elle les aura précipités dans un isolement d’autant plus grand. 

Moi-même aidante de ma sœur handicapée intellectuelle, j’en sais quelque chose. Rien ne va plus. D’où l’importance, pour l’avenir, de cette nouvelle politique nationale. 

Elle reconnaîtra chaque aidant, de TOUS les âges, « comme une personne à part entière qui doit être traitée avec dignité et sollicitude ». Après toutes ces années d’invisibilité cruelle, ce n’est pas anodin. 

Si les ressources humaines et financières suivent – toujours le « si » déterminant –, cela obligerait le réseau de santé et services sociaux à soutenir l’aidant, au même titre que l’« aidé », par un « plan d’accompagnement ». Ce qui voudrait dire exister. Enfin. 

Imaginons ça. La santé mentale, physique et financière de la personne aidante serait aussi prise en compte. Si cela se concrétise un jour – l’autre gros « si » –, pour notre bureaucratie déshumanisante, ce serait une véritable révolution culturelle. 

Bouger enfin

Le manque criant de soins et de soutien à domicile devra donc être corrigé. Pour ce faire, il faudra aussi s’assurer que les fonds publics allant à la nouvelle politique ne seront pas happés par les méga-CIUSSS pour d’autres choses, dont les hôpitaux, mais qu’ils se rendront vraiment sur le « terrain ». 

Déterminée, la ministre Blais jure qu’elle veillera au grain. Ceux qui la connaissent de près la savent capable de convaincre son premier ministre et ses collègues de bouger quand il le faut. 

Pour les proches aidants, elle y travaille depuis plus de deux ans. Elle a multiplié les consultations avec de nombreux spécialistes et organismes. Elle-même proche aidante de son mari décédé depuis, elle a écouté une multitude de récits déchirants venus d’aidants au bout du rouleau depuis un bail.  

Transparence totale : ayant participé à un de ses forums de consultation comme aidante, j’en ai été témoin. On n’y comptait plus les prises de parole aussi libres que poignantes. 

La politique, on le sait, sert parfois des intérêts purement privés. Mais il arrive aussi qu’elle serve le bien commun. Pour les proches aidants, Marguerite Blais, les yeux tournés vers les prochaines générations, le fait avec passion.

RD

Sondage Léger: les personnes plus âgées sont plus heureuses

 Article de Élisa Cloutier, journal de Québec, 25 avril 2021

Sondage Léger: les personnes plus âgées sont plus heureuses | JDQ

Avec l’âge vient la sagesse, mais vient aussi le bonheur, selon ce que révèle le sondage sur l’indice de bonheur Léger.

• À lire aussi: Sondage Léger: les villes du Québec où il fait bon vivre

Plus on vieillit, plus on est heureux, affirme Pierre Côté, fondateur de l’indice de bonheur.

En effet, l’indice de bonheur chez les Québécois âgés de 55 ans et plus se situe à 73,2 cette année. 

« L’âge d’or, c’est l’âge du bonheur [...] Ils [les plus âgés] ont souvent une sécurité financière acquise, n’ont plus la pression d’élever les enfants, ils peuvent se payer du bon temps et voyager, se permettre plus de folies », explique M. Côté.    

Voyages et sorties

Une description qui résonne fort chez Lucie Dulac et Raymond Lafontaine, âgés respectivement de 63 et 67 ans, pour qui la retraite est synonyme de voyages, de loisirs et de sorties entre amis – lorsque les mesures sanitaires le permettront de nouveau.

Même si la pandémie a ralenti leur rythme d’activités, le couple dit s’être bien « adapté ». Il n’en demeure pas moins que la « vraie vie » leur manque, surtout leurs sorties au restaurant.

« Si ça peut repartir, ça va être plaisant. Mais les journées passent pas mal vite, on ne voit pas le temps passer », affirme M. Lafontaine.

« On profite de la vie »

Le couple de Beauport, retraité depuis quelques années et grands-parents trois fois, mord à pleines dents dans la vie et s’estime plus heureux que jamais. 

« C’est comme une deuxième vie. On se permet des choses qu’on n’aurait pas pu faire avant, comme des voyages », affirme M. Lafontaine, ancien imprimeur de métier.

Au cours des dernières années, les sexagénaires ont notamment visité Paris, Las Vegas, l’Italie, le Portugal et la Côte d’Azur. 

Au cours des prochaines années, ils souhaitent découvrir l’Espagne et la Grèce, entre autres.

« Rendus à notre âge, il y a moins de soucis financiers, les enfants sont partis, c’est sûr que ça donne un petit élan et ça nous donne du temps pour nous. On pense à nous ! » lance pour sa part Mme Dulac en riant. 

« On profite de la vie, parce qu’on ne sait jamais si on sera là demain », poursuit-elle.

Entre les cours de Zumba de Mme Dulac et les cours de guitare de M. Lafontaine, il y a les longues marches, les heures de lecture et les repas au restaurant entre amis. 

« On ne s’ennuie pas ! » affirme Mme Dulac, qui a travaillé dans le domaine des assurances jusqu’en 2015. 

« Je ne revivrais pas le stress du travail. Quand j’ai pris ma retraite, je ne l’ai jamais regretté une seconde », affirme-t-elle. 

« Notre indice de bonheur, je dirais qu’il est pas mal élevé. Là, je dirais que nous sommes à 95 % et si la vie nous donne encore la santé, je pense bien qu’on va monter à 110 % après la pandémie ! » lance-t-elle, en ricanant. 

Les jeunes en détresse  

Au fil des ans, l’indice de bonheur a considérablement chuté chez les jeunes, particulièrement chez les 18 à 24 ans, qui ont perdu 16,8 points de bonheur en 13 ans. 

Pourtant, en 2008, cette génération était la plus heureuse, avec un indice de 79,9. « C’est énorme », se désole Pierre Côté, fondateur de l’indice de bonheur. 

Lors de la dernière année, la pandémie a assurément eu un effet collatéral sur le bonheur des jeunes, estime-t-il. 

En général, le niveau de bonheur des Québécois diminue chaque année, mais la baisse généralisée a été particulièrement prononcée cette année, en raison de la crise sanitaire. 

PLUS LES GENS SONT ÂGÉS, PLUS ILS SONT HEUREUX

Groupe d'âge 2008 2014 2021 Différence
18-24 ans 79,9 73,2 63,1 -16,8
25-34 ans 77,7 76,9 67,9 -9,8
35-44 ans 78,9 75,6 67,8 -11,1
45-54 ans 76,7 75,7 69,6 -7,1
55 et + 79,8 77,9 73,2 -6,6
Total 78,9 75,9 69,7 -9,2

RD


jeudi 22 avril 2021

Politique de la proche aidance : Québec veut mieux soutenir.

Article de Caroline Plante, La Presse Canadienne, 22 avril 2021 

Politique de la proche aidance | Québec veut mieux soutenir | La Presse

(Québec) La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a présenté jeudi une première politique nationale visant à mieux soutenir les personnes proches aidantes. 

 Cette politique, sorte de boussole qui guidera le gouvernement, sera accompagnée d’un plan d’action à l’automne, a précisé la ministre, qui affirme réaliser le « rêve de (sa) deuxième vie politique ».

Ancienne ministre libérale, Mme Blais a remercié le premier ministre caquiste François Legault de lui avoir permis d’accomplir sa mission.

Ayant été elle-même proche aidante auprès de son mari, elle a témoigné en conférence de presse s’être sentie stressée. Souvent, a-t-elle dit, les personnes proches aidantes décèdent avant la personne aidée.

Un quart des Québécois sont des proches aidants. Or, plusieurs ne se sont jamais identifiés comme tels.

Ils soutiennent un aîné, une personne avec une déficience intellectuelle ou physique, une personne en situation de dépendance ou d’itinérance, ayant une maladie grave ou chronique, ou en fin de vie.

Les personnes proches aidantes ne se reconnaissent pas toujours. Elles disent : " Moi, je suis la mère, le père, la conjointe ". […] Je m’excuse, vous êtes aussi des personnes proches aidantes.

Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés et des Proches aidants

La politique présentée jeudi vise à faire reconnaître l’apport de tous ces proches aidants à la société québécoise et à mieux les soutenir au quotidien.

Elle a pour objectif de mieux répondre aux besoins diversifiés de ces personnes, et ce, sans égard à l’âge ou à la nature de l’incapacité des personnes qu’elles soutiennent.

Elle répond également à la nécessité que le soutien offert s’inscrive dans une approche globale considérant tous les aspects de leur vie.

Concrètement, cela pourrait se traduire par du répit. Chaque personne proche aidante doit être traitée avec dignité et sollicitude, dans un souci de bientraitance, souligne-t-on.

Une trentaine de coordonnateurs en proche aidance seront embauchés « sous peu » et un observatoire de la proche aidance verra également le jour, a indiqué la ministre Blais.

« Ce dont ces personnes ont besoin, c’est d’une véritable allocation généreuse », a réagi la porte-parole de Québec solidaire (QS) en matière de proche aidance, Catherine Dorion.

Les personnes proches aidantes offrent des services qui coûteraient 4 à 10 milliards à l’État québécois. Il est temps de délier les cordons de la bourse.

« Les personnes proches aidantes offrent des services qui coûteraient 4 à 10 milliards à l’État québécois. Il est temps de délier les cordons de la bourse. », selon la députée de Québec solidaire Catherine Dorion

Le Conseil du statut de la femme, ainsi que les membres des Premières Nations et Inuits ont été consultés, entre autres, dans l’élaboration de la politique.

Lors d’un forum sur la proche aidance tenu en décembre 2018, la professeure Sophie Éthier, de l’Université Laval, avait soutenu que près de 60 % des proches aidants étaient des femmes.

Celles-ci s’occupent généralement des tâches essentielles, comme prodiguer des soins d’hygiène. Mme Éthier avait affirmé que la majorité des proches aidants perdent en moyenne 16 000 $ par année. 

RD

mercredi 21 avril 2021

Combat contre la covid : 4 raisons de rester optimistes

 Article de Richard Béliveau, docteur en biochimie, Journal de Québec, 19 avril 2021

Chronique de Richard Béliveau | Le Journal de Québec

Après une année complète de pandémie, il était pratiquement inévitable que notre moral s’effrite graduellement et qu’une sorte de morosité finisse par s’installer dans la population.

Il faut dire que, ces derniers temps, écouter les bulletins de nouvelles peut effectivement déprimer les plus optimistes. Que ce soit la troisième vague d’infections et la hausse des hospitalisations qui lui est associée ou encore l’émergence de nouveaux variants, on pourrait croire que nous n’avons fait aucun progrès depuis un an dans notre combat contre le virus et que la vie ne retrouvera jamais un semblant de normalité.

Ces mauvaises nouvelles occultent pourtant une réalité beaucoup plus positive. La science est en guerre contre ce nouveau virus et les progrès réalisés sont remarquables. Au moins quatre grands facteurs devraient nous permettre de demeurer optimistes quant à nos chances de vaincre cette pandémie dans un proche avenir : 

1. Nous pouvons compter sur des vaccins exceptionnels.  

Ce sont les vaccins actuellement disponibles qui représentent le principal argument nous permettant d’envisager avec optimisme un dénouement prochain de la crise actuelle. Ils ont été produits en un temps incroyablement court. Ces vaccins ne sont pas seulement bons, ils sont en fait parmi les plus efficaces à avoir été produits dans l’histoire de la science. Les études démontrent que la protection qu’ils offrent est très forte et durable (beaucoup plus forte que celle normalement observée en réponse à une infection par les coronavirus) et qu’ils éliminent presque complètement le risque de développer des formes sévères et de décéder de la COVID-19. Les données récentes indiquent aussi que les personnes vaccinées sont moins susceptibles de propager une infection à coronavirus, ce qui signifie qu’en plus de protéger contre le virus, les vaccins bloquent sa transmission interindividuelle et ont donc le potentiel de mettre un terme à la pandémie. Enfin, mentionnons que ces vaccins sont très sécuritaires, même dans le cas de ceux produits par AstraZeneca et Johnson & Johnson : l’incidence d’effets secondaires thrombotiques est excessivement faible, de l’ordre de 1/100 000. Par comparaison, le risque de thrombose veineuse après un voyage en avion de plus de 4 heures est d’environ 1 sur 7000...  

2. La campagne de vaccination est un grand succès.  

Avec 1 personne sur 4 d’immunisée, le Québec se classe au 6e rang mondial, devançant l’ensemble des pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Sud. À ce rythme, on prévoit immuniser l’ensemble des adultes d’ici la fin juin et l’on peut d’ores et déjà prévoir une réduction substantielle des cas de COVID-19 diagnostiqués ainsi que des hospitalisations au cours des prochains mois. Car il ne faut pas oublier que la hausse des infections qu’on observe actuellement chez les adultes plus jeunes est essentiellement due au fait que cette population n’est pas encore vaccinée, et non pas au fait que cette population est plus vulnérable au virus, comme on l’entend malheureusement souvent. Il suffit de regarder la situation en Israël, leader mondial de la vaccination, où 85 % de la population de 16 ans et plus a déjà été immunisée, pour réaliser à quel point la vaccination de masse permet de réduire considérablement l’incidence de la COVID-19 : depuis le pic de COVID-19 enregistré à la mi-janvier, soit il y a seulement 3 mois, les cas de la maladie ont diminué de 98 %, les hospitalisations aux soins intensifs ont chuté de 93 % et les décès sont en baisse de 87 %.  

Un phénomène similaire est observé au Québec pour les personnes âgées, qui ont été immunisées de façon prioritaire en raison de leur vulnérabilité au virus. Par exemple, à pareille date l’an dernier, on comptait une centaine de décès par jour, la majorité (80 %) touchant les résidents des CHSLD. Un an plus tard, le bilan des décès est dix fois moins lourd et une infime minorité d’entre eux touchent ces résidents. La morosité actuelle ne doit donc pas nous faire perdre de vue les progrès remarquables réalisés au cours de la dernière année.  

 3. Les vaccins sont efficaces contre les variants. 

 Une autre raison d’être optimiste est l’efficacité des vaccins contre les variants du coronavirus actuellement en circulation. On s’inquiète beaucoup de certains variants (le sud-africain en particulier) qui présentent une résistance accrue à la neutralisation par le système immunitaire, mais nos vaccins sont tellement efficaces que cette légère diminution de la réponse immunitaire n’a pas d’impact mesurable sur la protection qu’ils offrent. La protéine ciblée par ces vaccins (la protéine S des spicules de la couche externe) est vraiment indispensable à l’infectiosité du virus, ce qui explique que toute réponse immunitaire dirigée contre cette région, même imparfaite, permet de diminuer son entrée dans les cellules.  

Les pessimistes diront que ce n’est qu’une question de temps avant que le virus ne parvienne à trouver les mutations lui permettant d’échapper complètement au système immunitaire et de résister aux vaccins actuels. Rien n’est impossible, et il faut demeurer vigilant face à l’apparition de nouveaux variants, mais cette vision apocalyptique demeure improbable : l’évolution d’un virus est un phénomène totalement aléatoire et un mutant qui échappe complètement à l’immunité n’apparaît pas par miracle. D’ailleurs, la plupart des vaccins que nous avons conçus au fil des années contre une panoplie de virus sont encore actifs plusieurs années plus tard, malgré les mutations que les virus subissent inévitablement (une rare exception étant le virus de l’influenza). Jusqu’à preuve du contraire, le scénario qui reste le plus plausible est que l’immunisation d’une grande partie de la population au cours des prochains mois permettra de contenir suffisamment le virus et d’éviter qu’il ne parvienne à générer des variants plus résistants. Mais même si ces variants faisaient leur apparition, ici ou ailleurs, il faut se souvenir qu’avec les vaccins ARN, nous avons la possibilité scientifique de reformuler très rapidement, en quelques semaines, les vaccins actuels pour qu’ils s’adaptent à ces nouvelles formes du virus.   

4. On connaît beaucoup mieux les mécanismes biochimiques d’attaque du virus sur le corps.  

Inconnu il y a un an à peine, on sait maintenant que le coronavirus est un virus respiratoire très particulier, qui déclenche une forte réaction inflammatoire et des désordres de la coagulation (formation de caillots) capables de causer des dégâts considérables non seulement aux poumons, mais aussi à plusieurs autres organes vitaux (cœur, rein, cerveau). On peut donc réduire substantiellement les dommages causés par l’infection en traitant spécifiquement ces désordres, même sans médicaments spécifiques contre le virus. C’est pour cette raison que des médicaments anti-inflammatoires très communs, comme les corticostéroïdes ou encore les anticoagulants, se sont avérés parmi les plus efficaces pour réduire la mortalité chez les patients atteints de formes sévères de COVID-19. La disponibilité d’anticorps monoclonaux qui neutralisent avec une très grande affinité le virus représente une autre avenue thérapeutique prometteuse qui a fait ses preuves d’efficacité. 

Le cerveau humain est programmé pour s’inquiéter, car la conscience des dangers qui nous entourent favorise la survie, tandis que l’insouciance peut causer la mort. Face à un avenir incertain comme c’est le cas actuellement, nous avons donc une tendance naturelle à broyer du noir et à imaginer des scénarios apocalyptiques. Cela peut devenir très démoralisant et paralysant. Certains, étonnamment, semblent se plaire à véhiculer ces futurs cauchemardesques.

Il faut pourtant être conscient que nous sommes en train de gagner cette guerre au coronavirus. Au début de la pandémie l’an dernier, nous n’avions absolument rien pour contrer le virus et l’on espérait l’arrivée d’un vaccin dans un futur incertain. Un an plus tard, nous avons déjà en notre possession quatre vaccins ultraperformants qui ont déjà permis de sauver un grand nombre de vies et plus d’une centaine d’autres en essais cliniques.  

Ce n’est donc pas le temps d’abandonner notre discipline collective, dont nous pouvons être très fiers, surtout après tous les sacrifices que nous avons faits au cours de la dernière année. Au cours des prochains mois, la majorité des Québécois seront vaccinés et, avec le retour du beau temps, nous passerons beaucoup plus de temps à l’extérieur, ce qui diminue substantiellement (95 %) les risques de transmission du virus. 

Il reste à étendre la vaccination à l’ensemble du globe, incluant les pays moins riches, pour réduire l’apparition de nouveaux variants, mais nous sommes manifestement sur la bonne voie. Nous avons les meilleurs cerveaux de la planète qui y consacrent leur talent et toutes les armes de la science moderne pour vaincre ce virus dans un proche avenir.

RD

vendredi 9 avril 2021

Les p'tits vieux... c'est les autres ! À quel âge est-on vieux ?

 Article de Jacques Lanctôt, Journal de Montréal, 10 avril 2021

LIVRE À LIRE ABSOLUMENT.....

Les p’tits vieux… c’est les autres !
À quel âge est-on vieux ?

Diane Baignée
Éditions Michel Lafon

Les p'tits vieux c'est les autres - Michel Lafon

Pourtant, tout le monde rêve d’atteindre l’âge de la retraite en santé, sans trop de perte d’autonomie. « Bien vieillir », en somme, sans être un fardeau pour personne. Vieillir, oui, mais sans que ça paraisse trop. Même si notre corps se transforme et se chiffonne. Aimer encore et être aimé, loin de la solitude, des pertes et des douleurs de toutes sortes.

L’auteure, Diane Baignée, qui est travailleuse sociale et spécialisée en gérontologie, entend démontrer dans cet ouvrage et grâce à sa pratique qu’il est possible d’arriver à cet idéal, mais qu’il faudra d’abord vaincre notre pire ennemi : nous-mêmes et certains préjugés profondément ancrés en nous.

Il faut tout d’abord accepter de vieillir, dit-elle. Pour mettre fin aux frustrations de toutes sortes. Oui, nous sommes moins agiles qu’avant. Oui, chaque jour, de nouvelles douleurs peuvent apparaître. Mais cela se soigne car la science a fait des progrès remarqués dans ce domaine, alors que les mentalités, bien souvent, n’ont pas évolué au même rythme. Une fois cela admis, nous aurons franchi un grand pas.

Pour la gérontologue, il y a une différence entre vieillissement et vieillesse. Le premier est lié à un phénomène physiologique : vieillissement des tissus, des organes, des fonctions vitales, etc., tandis que le second serait davantage un concept, une construction sociale, une interprétation humaine. « C’est autour de ce concept que se cultive la discrimination liée à l’âge, que l’on appelle l’âgisme. » Et de citer quelques exemples de ces préjugés : « On les croit en l’occurrence fragiles, à risque d’accident, en mauvaise santé, grincheuses, impotentes, vulnérables, malades, asexuées ou trop portées sur la chose, hostiles face à la technologie, lentes, radoteuses, inefficaces, bref, on considère qu’elles coûtent cher à la société et qu’elles sont des nuisances... » La pandémie et le confinement ont d’ailleurs accentué ces manifestations d’âgisme. Dans le même ordre d’idées, l’auteure a dressé une liste assez exhaustive d’une vingtaine de mots et d’expressions qu’on utilise pour qualifier les personnes âgées, de « vieux schnocks » à « vieille chaussette », en passant par « croulant », « âge d’or » et « vieille chipie ».

Dévalorisés 

On apprend que cette dépréciation des personnes du troisième âge est beaucoup plus fréquente en Occident, « l’endroit au monde où les aînés sont le moins valorisés », tandis que « le Japon, l’Inde et la Chine sont les pays où les personnes âgées sont les plus honorées et respectées ». 

L’auteure rappelle que les personnes âgées en bonne santé ont coutume de dire qu’elles ne « ressentent » pas leur âge. Cela est très stimulant, constate-t-elle. « Au bout du compte, nous devenons conscients des effets du vieillissement quand les activités de notre vie quotidienne sont perturbées », précise-t-elle. L’âge chronologique compte, certes, mais il ne correspond pas nécessairement à notre « âge réel » ou « âge subjectif », celui que l’on ressent dans notre cœur et notre tête. Et de rappeler que les standards de beauté changent, selon les époques. « L’idéal serait de vivre en beauté au-delà des stéréotypes culturels et des influences sociales... Mais c’est bien difficile », conclut-elle. Car vieillir implique immanquablement des faux plis, des maladies plus ou moins graves. Et surtout la perte de la jeunesse, quoi qu’en disent les vendeurs de crème et autres recettes miracles. 

RD