Chaque nouvelle unité regroupera 12 résidents partageant les mêmes caractéristiques et intérêts.
Des chambres individuelles
plus grandes, avec une salle de bain privée et une douche adaptée; des
espaces communs où l'on « combat l'ennui »; un espace dédié aux proches
aidants, qui pourront dormir sur place... Les futures maisons des aînés
du gouvernement Legault ont de quoi faire rêver.
La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a présenté mardi matin les détails d'
un grand projet de transformation des services en matière d'hébergement et de soins de longue durée
. Elle a du même coup annoncé que les premiers projets de construction des maisons des aînés seront autorisés d'ici mai 2020.
La Société québécoise des infrastructures, qui agit à
titre de gestionnaire de projet dans ce dossier, a lancé l'été dernier
trois appels d'offres totalisant un milliard de dollars pour la création
d'
environ
30 maisons des aînés et pavillons alternatifs
.
Ces établissements devraient accueillir 2600 personnes d'ici 2022 – un objectif que s'est fixé la CAQ lors de la campagne électorale de 2018, et que la ministre a répété mardi.
Ces 2600 nouvelles places – dont 500 seront gérées par des établissements privés conventionnés –
seront réparties entre deux sortes de clientèles habituellement
confiées aux centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).
Les maisons des aînés accueilleront
des aînés en perte d'autonomie modérée qui seront accompagnés jusqu'à la perte d'autonomie majeure
, selon le communiqué de l'annonce, tandis que les maisons alternatives
permettront d'accueillir une clientèle de moins de 65 ans aux besoins spécifiques.
Les deux types de bâtiments – qui seront tous climatisés, a promis la ministre – seront divisés en
unités de vie
regroupant 12 résidents susceptibles de partager des caractéristiques et des intérêts similaires
.Ce seront de vrais milieux de vie, plutôt que des milieux d'hospitalisation
, a promis la ministre Blais.Concrètement,
ça veut dire qu'on ne verra plus un poste d'infirmier au bout d'un long
corridor avec du matériel médical, a-t-elle illustré. Quand les
résidents vont sortir de leur chambre, ils ne sortiront plus dans un
corridor aux allures d'hôpital; ils vont sortir dans des espaces
apaisants, conviviaux, à l'image d'une véritable maison.
Des CHSLD rénovés ou reconstruits
Les
CHSLD ne disparaîtront pas pour autant, du moins à moyen terme. Aussi,
Québec entend transformer plus de 2500 places existantes afin d'offrir
des services d'aussi bonne qualité que ceux qui seront offerts dans les
maisons des aînés.
Ainsi, de nombreux CHSLD feront l’objet de rénovation,
alors que d’autres seront reconstruits, a souligné la ministre, sans
toutefois fixer de calendrier spécifique. Les établissements
les plus vétustes et les plus désuets
, de même que les régions où les besoins sont les plus criants, seront priorisés, a-t-elle assuré.
Mme Blais a précisé que 25 CHSLD devront être
reconstruits, parfois sur d'autres terrains qui ont déjà été identifiés.
Ceux-ci seront tous achetés d'ici le printemps prochain, a-t-elle
indiqué.
Interrogée par La Presse canadienne, la ministre n'a
toutefois pas pu dire où seront relogés les aînés qui devront quitter
leur chambre pendant les rénovations qui seront entreprises dans les
autres CHSLD, alors que le système est déjà saturé.
Le réseau des CHSLD compte actuellement près de
40 000 résidents, a estimé Mme Blais, qui dit avoir visité pas moins de
84 établissements du genre depuis son arrivée en poste, l'an dernier.
Une facture de 2,6 milliards
Le
coût total de ce chantier – qui inclut la construction de maisons des
aînés et de maisons alternatives, de même que la rénovation et la
reconstruction de CHSLD – est évalué à 2,6 milliards de dollars.
L'objectif sera le même dans les deux cas
, assure la ministre Blais : offrir une meilleure qualité de vie aux personnes qui résident dans ces établissements
.C'est
la raison pour laquelle on annonce un vaste chantier qui va toucher à
la fois les CHSLD qui sont désuets, qu'on va rénover, et en même temps
les maisons des aînés
, a-t-elle expliqué mardi, ajoutant qu'elle voulait éviter de créer deux classes
d'usagers.« On veut que dans les deux endroits, il y ait les mêmes soins, les mêmes services, la même qualité. »
La ministre avance aussi que ces investissements
permettront aux établissements de recruter plus facilement des employés
dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre.
Je
prends le pari que si on offre aux résidents des établissements qui
sont accueillants, qui sont bienveillants, on va aussi attirer du
personnel pour y travailler
, a-t-elle déclaré.
Par ailleurs, un flou demeure en ce qui a trait au nombre de maisons des aînés qui pourront entrer en
fonction d'ici 2022.
Le printemps dernier, la ministre Blais avait d'abord
estimé que seules 500 de ces 2600 places promises pourraient être
occupées d'ici la fin du mandat de la CAQ. Elle s'était ravisée deux
semaines plus tard, en promettant que les 2600 places seront
effectivement « construites » d'ici 2022.
Cette précision n'a pas été réitérée mardi, mais les
appels d'offres lancés cet été spécifiaient que les bâtiments devraient
être mis en service au plus tard en septembre 2022.
Dans tous les cas, il faudrait bien plus que 2600 nouvelles places pour courir l'ensemble des besoins. Une enquête de Radio-Canada
révélait en juin dernier que 3000 personnes étaient en attente d'une
place en CHSLD, une hausse de 10 % depuis l’arrivée au pouvoir de la
CAQ.
Ce chiffre serait maintenant de 3154, a reconnu la ministre Blais mardi.
Ce qu'elles en pensent...
Mme Blais s'attaque à la conversion, pas juste des espaces, mais la conversion des cultures, des mentalités.
–Judith Gagnon, présidente de l'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQRD);C'est ramener les soins à une dimension humaine et personnalisée.
– Nicole Bolduc-Dubois, présidente de la Conférence des Tables régionales de concertation des aînés du Québec (CTRCAQ);
Ça
se rapproche nettement des milieux de vie en termes de proximité, en
termes de nombre de résidents aussi, et l'abolition des longs couloirs
institutionnels... On souhaite que ce soit plus chaleureux, en fait,
– Patricia M. Gagné, du Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU);Le
fait qu'on propose des unités de vie de douze personnes, des espaces
qui ressemblent à des vrais milieux de vie, pour des personnes qui sont
atteintes d'alzheimer, où elles sont facilement déstabilisées, c'est
très réconfortant.
– Sylvie Grenier, directrice générale de la Fédération québécoise des sociétés alzheimer;[Il
s'agit d'un] virage avec une vision résolument novatrice et moderne qui
rejoint parfaitement la philosophie des établissements privés
conventionnés.
– Annick Lavoie, directrice générale de l'Association des établissements privés conventionnés (AEPC);Il
manque 32 000 préposés aux bénéficiaires au Québec, alors est-ce qu'il y
en aura pour ces maisons des aînés, alors qu'on n'a même pas réglé le
problème actuel de pénurie?
– Monique Pauzé, députée libérale
de Fabre et porte-parole de l'opposition officielle pour les Aînés et
les Proches aidant à l'Assemblée nationale;Avec
la rareté de la main-d'œuvre dans plusieurs corps professionnels, avec
des établissements qui n'appliquent pas les politiques, la COPHAN se
permet le doute, non sur la pureté de l'intention, juste sur son
réalisme.
– Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN).
RD