Fait étonnant révélé par notre grande
enquête-anniversaire Bel Âge: un des plus gros regrets à vie serait de
ne pas avoir réussi à éloigner de nous ceux qui nuisent à notre
bien-être. Heureusement, les solutions abondent pour arriver à dire
adieu aux personnes toxiques, une fois pour toutes!
Un
conjoint manipulateur qui nous fait nous sentir minuscule, un ami
narcissique qui ne nous veut pas du bien, un proche parent frustré par
notre réussite amoureuse ou professionnelle? La première chose est de
dépister les faux amis. Mais comment distinguer les véritables poisons
des autres? «Parfois, c’est juste l’association de deux personnes qui
fait que l’une est toxique pour l’autre, explique Julie Arcoulin,
spécialiste en développement personnel et relationnel. Si elles
partagent, par exemple, les mêmes problèmes non résolus, elles peuvent
soit s’éviter, soit tenter d’évoluer ensemble. Mais d’une manière ou
d’une autre, ni l’une ni l’autre n’est toxique à la base.»
Toutefois,
certains signes ne trompent pas. Parmi ceux à surveiller chez un
individu potentiellement venimeux:
1. Il ne s’excuse jamais.
De toute manière, c’est toujours la faute à quelqu’un d’autre.
Il
a réponse à tout, sait tout et fait zéro introspection. «Dans une
thérapie de couple, il dira au psychiatre: "C’est ma femme qui est
folle", explique le Dr Gérard Ouimet, professeur en psychologie à
l’Université de Montréal. D’où la difficulté à échanger.» Si on l’entend
souvent demander: «Veux-tu que je te dise c’est quoi, ton problème?» ça
augure mal.
2. Avec lui, c’est à prendre ou à laisser.
Il
est d’une très grande rigidité et fait fi des compromis. Il envoie
souvent en plein visage l’ultimatum: «Prenez-moi comme je suis!»
3. Il exagère.
«Il
peut s’agir d’un dépendant affectif, par exemple, qui nous appelle dix
fois dans la matinée pour nous dire qu’il nous aime, ou d'un narcissique
qui se vante d’avoir organisé une conférence du tonnerre à laquelle,
pourtant, n’ont assisté que trois personnes», rapporte le Dr Ouimet.
4. Il excelle dans la manipulation.
Son
mode d’opération habituel est de faire exécuter ses quatre volontés par
tous les moyens possibles. Il a aussi le don d’influencer les autres et
de les faire douter d’eux-mêmes.
5. Il est notre juge le plus impitoyable.
Il passe son temps à nous rabaisser et à nous critiquer sévèrement.
6. Il fait la sourde oreille.
Dans
une discussion envenimée, il ignore nos arguments et fait preuve de
mauvaise foi. On se sent obligé de se défendre constamment.
7. Il est hyper négatif.
Toujours en mode problème plutôt que solution: à son avis, aucune issue n’est possible, mieux vaut alors se lamenter.
8. Il ne s’intéresse pas à nous.
On
ne le verra jamais nous encourager ni nous soutenir d’aucune façon.
Égocentrique, il ne supporte pas l'idée que certains événements de notre
vie puissent détourner l’attention de lui.
9. Il divise pour mieux régner.
Semeur
de zizanie, il aime le conflit parce que cela lui donne l’impression de
contrôler les gens. Habile à tirer les confidences, il s’en sert
ensuite pour monter les uns contre les autres.
Opération libération
On
hésite? On se demande si on doit être plus tolérant et donner une
chance à l’autre? Pour trancher, un travail d’introspection s’impose…
«Mais à un moment donné, il vaut mieux cesser de se torturer en se
demandant si le problème vient de nous, conseille Julie Arcoulin. On
aurait davantage intérêt à trouver la juste mesure entre remise en
question et autoprotection.» N’ayons pas peur de nous fier à notre
instinct, nous encourage la spécialiste: «On n’a qu’à constater comment
on se sent en présence de cette personne, et après son départ.» Si on a
chaque fois le moral dans les talons et qu’on se sent diminué, c’est
signe qu’il est temps d’évaluer notre relation avec elle.
Si
on se fie aux victimes qui ont partagé leur histoire sur notre site
lebelage.ca, couper les ponts est salutaire pour le bien-être, ne pas le
faire nuisant à notre épanouissement. Baisse d’estime de soi et
d’assurance, augmentation de notre méfiance vis-à-vis des autres et
difficulté à créer des liens avec eux… les blessures peuvent être
multiples et longues à guérir. Ce genre de relation mine parfois aussi
la constitution physique, les contacts répétés avec la personne toxique
pouvant en effet contribuer à causer de la fatigue, un burn-out ou
divers troubles de santé.
D’où l’importance de se libérer de son
emprise! Après tout, rien ne nous oblige à demeurer auprès d’elle, qu’il
s’agisse d’un membre de notre famille, d’un ami, d’un collègue ou de
notre conjoint. «Si on se sent diminué ou lésé en sa présence, et que ce
n’est pas seulement parce que cela nous renvoie à un problème que nous
n’avons pas réglé, mais bien parce que cette personne est toxique à la
base, il n’y a pas 36 000 solutions: il faut diminuer les contacts avec
elle, voire les rompre carrément», affirme Julie Arcoulin.
On
préfère essayer quand même de modifier la personne dans le but de
soulager les tensions qu’elle provoque en nous? «Il faudrait se demander
d’abord si celle-ci manifeste une volonté de changer et si elle accepte
de se remettre en question, recommande Mme Arcoulin. Si ce n’est pas le
cas, on l’entendra répéter des phrases du genre: "Ces choses-là ne sont
pas pour moi." Rien ne sert alors d’insister.» Les personnes toxiques
ne sont généralement pas douées pour l’exploration de soi, ni pour
reconnaître leurs torts. Mieux vaut donc ne pas trop compter sur cet ami
critiqueux et arrogant pour changer. «C’est à nous d’établir un plan de
match et de créer une distance entre cette personne et nous»,
recommande le Dr Gérard Ouimet.
Comment dire adieu
Nous
voilà décidé à mettre une croix sur l’individu nuisible, mais on ne
sait pas trop de quelle façon le lui annoncer? «Dans le cas d’une
relation dysfonctionnelle, on peut dire gentiment et calmement à l’autre
que ce n’est pas possible, que quelque chose nous empêche d’être
ensemble en ce moment, mais qui sait, on se retrouvera peut-être un
jour», dit Julie Arcoulin.
En présence d’une personne toxique,
toutefois, mieux vaut se montrer sans pitié, poursuit la spécialiste.
«Surtout ne pas se justifier ni argumenter. Comme l’autre peut tenter de
nous raisonner, de nous manipuler ou de nous inciter à nous défendre,
l’idéal est de faire ça le plus court et le plus net possible. On lui
dit fermement que c’est terminé, que nous quittons la relation.» Point
final.
Bien entendu, couper ainsi les ponts peut faire
naître en nous des sentiments de culpabilité, d’embarras, des remords…
Sans compter qu’on risque gros s’il s’agit d’un patron alors qu’on est à
quelques années de la retraite ou d’un ami de très longue date! Mais
peu importe la situation, lorsqu’elle devient insupportable, c’est notre
droit le plus strict de ne pas l’accepter. «Rien ne nous oblige à
continuer de nous buter contre les mêmes toxicités, affirme Julie
Arcoulin. Notre devoir, pour l’humanité, c’est de nous protéger.»
Et comme l’a si bien écrit une lectrice sur notre site Internet: «C’est le plus beau cadeau qu’on peut se faire dans la vie!»
Pour
plus d’info, on peut lire « Je pense trop: comment canaliser ce mental
envahissant », de Christel Petitcollin (Guy Trédaniel Éditeur), et Comment
gérer les personnalités difficiles, de François Lelord et Christophe
André (Éditions Odile Jacob). Ou aller sur le site La clé est en vous:
juliearcoulin.com.
Pour se protéger d’un individu toxique
• On affiche de l’indifférence quand il réclame de l’attention.
• On fait la sourde oreille à ses ragots et, surtout, on ne lui confie aucun secret.
• On tient tête à ses efforts d’intimidation.
• On ignore ses insultes.
• On se tient loin des petits drames qu’il met en scène.
• On évite de jouer avec lui si c’est un as de la manipulation.
• On laisse tout fieffé menteur se mêler dans ses bobards.
• Et enfin, l’arme ultime: on passe davantage de temps avec des gens loyaux et dignes de notre confiance.
RD
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