Article de Radio-Canada.ca, 18 juin 2021
Freiner le rythme du vieillissement est impossible en raison de « contraintes biologiques », confirme une étude menée par des chercheurs de 14 pays.
Dans leurs travaux, ces scientifiques ont voulu vérifier l'hypothèse du taux de vieillissement invariable
, selon laquelle une espèce a un taux de vieillissement relativement fixe à partir de l'âge adulte.
Le chercheur José Manuel Aburto de l’Université d'Oxford et ses collègues ont analysé des statistiques liées aux naissances et aux décès selon l'âge chez les humains et les primates non humains couvrant plusieurs siècles et continents.
Nos
résultats soutiennent la théorie selon laquelle [...] davantage de
personnes vivent beaucoup plus longtemps en raison d'une réduction de la
mortalité à des âges plus jeunes
et non parce que la mort est retardée, note José Manuel Aburto dans un communiqué publié par l’université britannique.
Nous
avons constaté que ce schéma général de mortalité était le même dans
tous les cas. Cela laisse à penser que ce sont des facteurs biologiques,
et non environnementaux, qui contrôlent en définitive la longévité
, poursuit-il.
Selon le scientifique, les statistiques confirment que les
individus vivent plus longtemps à mesure que la santé et les conditions
de vie s'améliorent, ce qui entraîne une augmentation de la longévité
de toute une population. Néanmoins, une forte augmentation des taux de
mortalité, au fur et à mesure que l'on avance dans la vieillesse, est
clairement visible dans toutes les espèces
.
Un débat à la vie dure
Le débat sur la durée de la vie humaine divise la communauté scientifique depuis des décennies. Certains chercheurs affirment que la durée de la vie humaine est sans limites, tandis que d'autres disent le contraire.
Mais
il manquait une recherche comparant la durée de vie de plusieurs
populations animales à celle de l'humain, afin de déterminer les
facteurs de mortalité. Notre étude comble cette lacune. Cette collection
de données extraordinairement diversifiée nous a permis de comparer les
différences de mortalité au sein d'une même espèce et entre les espèces
, estime le chercheur.
Les travaux
Dans cette étude, les chercheurs ont analysé les informations provenant de 30 espèces de primates, 17 à l'état sauvage et 13 dans des zoos, dont des gorilles, des babouins et des chimpanzés. Les registres des naissances et des décès de neuf populations humaines différentes, vivant en Europe du XVIIe au XXe siècle, dans les Caraïbes et en Ukraine, ainsi que de deux groupes de chasseurs-cueilleurs entre 1900 et 2000, ont également été analysés.
Toutes ces données ont révélé le même schéma général de mortalité : il existe un risque élevé de décès dans la petite enfance, qui diminue rapidement jusqu’à l'adolescence et reste faible jusqu'au début de l'âge adulte. Il augmente ensuite continuellement avec l'âge.
Nos
résultats confirment que, dans les populations historiques, l'espérance
de vie était faible, car beaucoup de gens mouraient jeunes. Mais au fur
et à mesure des améliorations médicales, sociales et environnementales,
l'espérance de vie a augmenté. Aujourd'hui, de plus en plus de
personnes vivent beaucoup plus longtemps. Cependant, la trajectoire vers
la mort à un âge avancé n'a pas changé. Cette étude montre que, sur le
plan de l'évolution, la biologie l'emporte sur tout et que, jusqu'à
présent, les progrès de la médecine n'ont pas été en mesure de vaincre
ces contraintes biologiques
, explique José Manuel Aburto.
Les chercheurs espèrent que leur étude, dont les résultats sont publiés dans la revue Nature Communications (Nouvelle fenêtre) (en anglais), permettra de mieux comprendre l'écologie et l'évolution d'un large éventail d'espèces animales dans le monde, ainsi que leur conservation.
RD
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