Article de Marie-France Bornais, Journal de Québec, 6 mars 2021
«Vieillir avec panache»: la sexologue Jocelyne Robert veut en finir avec les clichés
Jocelyne Robert lance un véritable cri du cœur dans cet ouvrage écrit pendant la pandémie de COVID-19, qui lui trottait dans la tête depuis longtemps. Elle ne mâche pas ses mots, et s’indigne de la façon dont les aînés sont perçus par la société, exposés à la ségrégation et mal considérés.
Dans son livre, divisé en deux grandes parties, la spécialiste parle de la COVID-19, de l’alphabet générationnel (les baby-boomers, la génération X, etc.), de l’âgisme et des enjeux de la vieillesse, mais elle parle aussi d’action, de joie, de la peur, de la sexualité.
« C’est vraiment la pandémie qui m’a donné le coup de pied au derrière pour écrire ce livre, parce que je l’avais en tête. J’en ai vu tellement, des situations d’âgisme ! Dans les dix dernières années, j’ai été beaucoup avec les personnes âgées. Voir ce qui se passait dans les CHSLD, ça m’a tellement indignée que je me suis dit : bon, c’est le temps. Je vais l’écrire, ce livre. »
« Mon but, c’est d’amener des prises de conscience sur le regard qu’on porte sur les vieilles personnes, nous, la société, et le regard qu’elles portent sur elles-mêmes. »
« Le monde est tellement axé sur la jeunesse que c’est comme si, à partir du moment où tu n’es plus ce stéréotype, qui est considéré comme la valeur fondamentale dans la société, tu ne vaux plus grand-chose. Je me dis que si je peux contribuer à changer ça et amener les gens de 65-70 ans à révolutionner l’affaire un peu, je vais être bien contente. »
Les peurs
Est-ce une question de peur de vieillir, de dégoût de la vieillesse, de mise à l’écart ? « Il y a plusieurs éléments, mais en gros, la vieillesse, ça fait peur. On a peur de la mort, qui nous insécurise. La mort est une inconnue. »
« Après 50 ans, on considère la personne comme étant de l’autre côté de la pente – sur la pente descendante. La vieillesse, c’est un miroir : ça nous montre vers où on s’en va. On s’en va vers quelque chose de différent. On a peur d’être vieux, d’être moins beaux, de ne plus avoir de valeur... »
La valeur des gens
Son livre parle beaucoup des baby-boomers et des silencieux, mais il s’adresse aussi aux gens de 40 et 50 ans. « Si on veut changer quelque chose, il faut y aller tous ensemble. Il faut que ces gens pensent à ce qui s’en vient : ont-ils envie d’être parqués, d’être considérés comme une espèce de masse homogène ? On dit “les vieux”, comme s’ils étaient tous pareils. Mais chaque vieux, chaque vieille est différent des autres. »
La valeur d’une personne ne se perd pas, souligne-t-elle, même si une femme ou un homme prend de l’âge, se fragilise. « La pimpante sexy sexagénaire n’est pas comme le nonagénaire. Mais ce n’est pas juste une question d’âge : c’est beaucoup entre les deux oreilles, et comment on se perçoit. »
Dans la deuxième partie du livre, elle a voulu montrer que ce n’est pas parce qu’une personne vieillit que la joie disparaît, par exemple. « La joie est de plus en plus possible, en vieillissant, comme si on avait une disposition pour elle. Peut-être parce qu’on a plus de temps, qu’on n’avait pas le temps avant. »
- Jocelyne Robert est sexologue, auteure et communicatrice.
- Elle a publié une quinzaine d’ouvrages à succès : essais, romans et livres pour jeunes, traduits en 20 langues.
- Elle a rencontré des milliers d’adultes au cours des conférences présentées ces dernières années.
- Son travail d’éducation et de vulgarisation a été récompensé à plusieurs reprises.
- Son site web : jocelynerobert.com.
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