Vivre la vie d'un Senior

mercredi 26 octobre 2022

Article de Josée Legault, Journal de Québec, 26 octobre 2022

Accusée d'« incompétence » dans le dossier du CHSLD Herron, Marguerite Blais  se défend | Le Devoir

Qu’adviendra-t-il de l’héritage politique de Marguerite Blais ? La question en surprendra certains. La réalité est cependant que l’ancienne ministre des Aînés et des Proches aidants a laissé derrière elle un héritage législatif considérable.

La question se pose d’autant plus qu’elle touche des millions de Québécois vulnérables qui ont été outrageusement délaissés par les gouvernements précédents.

Le premier pilier est la Loi reconnaissant et soutenant les aidants naturels, majoritairement des femmes, suivi d’un plan d’action gouvernemental quinquennal.

Le deuxième est la Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les personnes aînées et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité, de déficience intellectuelle et/ou physique.

Cette loi est vitale car dans un réseau de santé désordonné et déshumanisé, la maltraitance est devenue un fléau. Un mal caché sous l’épais tapis d’une immense bureaucratie déconnectée du « terrain » et des salariés souvent condamnés à l’omerta.

C’est pourquoi de nombreux « usagers » vulnérables, leurs familles et les organismes qui les défendent, sont rongés par l’angoisse depuis l’annonce du départ de Mme Blais.

Qui prendrait le relais ? Qui verrait à l’application et à l’opérationnalisation de son héritage législatif ? Selon une enquête de Devoir menée par la journaliste Stéphanie Vallet, jusqu’ici, la réponse n’est pas très rassurante.

Personne

« Adoptée en 2017, écrit-elle, la Loi pour lutter contre la maltraitance des enfants […] a été renforcée en avril dernier par l’ajout d’infractions criminelles passibles d’amendes pouvant atteindre 250 000 $. Plus de six mois plus tard, sur le terrain, qu’il s’agisse des familles, des policiers ou des commissaires aux plaintes, personne ne semble savoir précisément quelle voie emprunter pour que ces infractions soient sanctionnées. « Les infractions pénales, précise-t-elle, prévoient des amendes à l’égard de l’auteur d’un acte d’abus, mais aussi de toute personne qui manque à son obligation de le signaler, mais aucune directive n’a été donnée depuis par le ministère de la Santé et des Services sociaux. (MSSS) sur leur demande ».

Renée Binette, dont la mère a subi des abus physiques et organisationnels en CHSLD, résume bien : « Nous avons une loi contre les abus, mais personne pour l’appliquer ! »

Abandonné

Alors qu’allons-nous vraiment faire de l’héritage politique de Marguerite Blais, y compris pour les soignants?

Pour succéder à Mme Blais, le premier ministre François Legault a nommé Sonia Bélanger, ancienne directrice générale du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

Mme Bélanger est présentée comme une gestionnaire de talent. Cependant, sur le terrain, sous sa direction au CIUSSS, certains des « usagers » les plus vulnérables se sont souvent sentis délaissés. Avant et pendant la pandémie.

Beaucoup ont connu et connaissent encore des pannes ou un manque criant de services. Réclamations sans suite. Fermetures arbitraires de dossiers.

Dans plusieurs ressources d’hébergement pour adultes ayant une déficience intellectuelle, selon une autre enquête de la Devoir pour ce CIUSSS et d’autres, il y a aussi un manque flagrant de services de qualité et les cas de maltraitance qui en découlent.

L’inquiétude persiste donc. Cela dit, pour tout nouveau ministre, la chance revient bien sûr au coureur. Il n’en reste pas moins que l’héritage de Marguerite Blais mérite un suivi concret et administré avec humanisme.

Pour des millions de Québécois vulnérables, la patience a fait son temps.

RD

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire