Vivre la vie d'un Senior

dimanche 15 mai 2022

Milieux de vie plus humains: bravo Mme la ministre

 Article de Josée Legault, Journal de Montréal, 5 mai 2022

CHSLD: la ministre Marguerite Blais témoignera devant la coroner

L’héritage politique de Marguerite Blais s’annonce majeur et unique. Lorsqu’elle aura terminé son mandat, elle pourra partir la tête bien haute.

Au Québec, on s’est beaucoup occupé du «mourir dans la dignité». Avec raison, bien sûr. À l’opposé, assurer le «vivre dans la dignité» aux plus vulnérables d’entre nous est un échec pitoyable. Autant social que politique.

L’hécatombe de la 1re vague dans les CHSLD nous l’a jeté en plein visage. Ces «milieux de vie» étaient en fait négligés depuis des décennies. Idem, soit dit en passant, pour l’hébergement et les services pour personnes handicapées intellectuelles de tous âges.

D’où l’importance de l’annonce par Marguerite Blais d’un Plan d’action ambitieux sur l’hébergement de longue durée pour toutes ces personnes. Étoffé et minutieux, son plan profitera de 2,9 milliards de dollars sur 5 ans.

La vision de la ministre des Aînés et des Proches aidants est claire: humaniser et équiper beaucoup mieux ces milieux de vie qui, de plus en plus, deviennent aussi des milieux de soins.

L’objectif de Mme Blais est d’inverser la logique tordue du système actuel de services sociaux. Au lieu d’obliger les résidents à s’adapter aux besoins des ressources où elles vivent, la ministre entend donc faire le contraire. Enfin.

Parce que ces besoins ne s’arrêtent pas à choisir son heure du lever, son déjeuner, ses soins d’hygiène ou sa déco, son plan va nettement plus loin. Il prévoit des activités physiques. Une meilleure alimentation. Des sorties.

D’engager enfin les proches aidants comme de vrais partenaires dans le cheminement des résidents. Des mécanismes de reddition de comptes. Etc.

 Bref, d’y mettre de la vie, du cœur... et de la surveillance.

Même pas une simple marche dehors...

Parmi les CHSLD et les ressources intermédiaires ou de type familial (RI-RTF) où vivent des milliers d’aînés et d’adultes handicapés intellectuels, on trouve certes des ressources de qualité. Le problème est qu’il y en a aussi de mauvaises. Plein de familles le savent. D’où ce plan.

On trouve des milieux de vie qui, de fait, sont des parkings. Avec peu ou pas d’activités physiques et de stimulation cognitive. Peu ou pas de sorties. La télé comme substitut à temps plein.

Même prendre régulièrement une marche à l’extérieur, à pied ou en chaise roulante, est souvent refusé. Le tout débouchant sur des résidents en bien moins bonne santé, physique, cognitive et émotive.

Vous voudriez vivre comme ça? C’est pourtant la réalité de plusieurs personnes en hébergement. Malgré même la présence soutenue de la famille.

Un riche héritage politique

Donc, bravo à Marguerite Blais pour sa détermination à vouloir humaniser ces milieux de vie et de soins. Bravo aussi pour la première loi québécoise sur les proches aidants qu’elle a fait adopter et le premier plan crédible contre la maltraitance des personnes vulnérables.

Tous reposent sur un changement profond de culture sociale et politique. En cela, l’héritage de Marguerite Blais s’annonce majeur. Quoi que certains en disent, lorsqu’elle aura terminé son mandat, elle pourra partir la tête haute.

Et c’est bien là le plus inquiétant: la suite. Qui, après elle, verra à concrétiser son legs sur le terrain? Qui François Legault choisira-t-il après l’élection pour lui succéder dans ce poste névralgique?

Il serait sage de choisir une personne passionnée comme elle pour les personnes vulnérables – ce «peuple invisible», pour reprendre son expression fort juste.

Une personne qui, comme elle, possède un large bagage de connaissances sur le sujet. Une personne qui, comme elle et Christian Dubé, ne sera pas issue non plus du sérail médical.

Car pour réformer un système englué depuis longtemps dans ses propres dysfonctionnements, mieux vaut ne pas en avoir fait partie soi-même.

RD

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