Article d'Yvon Dallaire, psychologue, intitulé « Le livre de la vie », Journal de Québec, 5 mai 2013
Chaque humain qui naît reçoit un livre de la vie contenant autant de pages blanches que de jours que vivra cette personne. Les premiers chapitres de ce livre n'ont évidemment pas été écrits par l'enfant, mais plutôt par ses parents et son entourage. Cela s'appelle l'Éducation.
Une fois que cet enfant devenu adulte s'est éloigné de ses parents, il a souvent pris la plume des mains de ses parents pour continuer à remplir son livre de la vie selon le style littéraire parental. Cela peut le rendre heureux ou malheureux dépendant de la qualité de l'éducation. Mais pour être véritablement heureux, l'adulte doit trouver son propre style littéraire.
Pour ce faire, certaines approches thérapeutiques fouillent les pages déjà écrites pour essayer de comprendre pourquoi cet adulte agit ainsi. Mais comme il est impossible d'effacer les pages déjà écrites, cette fouille risque de s'éterniser.
L'analyse du passé peut permettre de comprendre le style littéraire parental, mais risque d'entretenir ce style ou de stimuler un style réactif plutôt que proactif.
Peu importe le contenu des chapitres déjà écrits, il faut se rappeler que toutes les pages du livre de la vie qui restent à écrire sont encore toutes blanches. On peut donc en tout temps et immédiatement, en changer le style. On peut troquer la plume parentale pour une plume personnalisée.
CINQ REGRETS
Cette réflexion sur le livre de la vie m'est venue en lisant le compte rendu du livre de Bronnie Ware « Inspiration and Chaï (inspirationandchai.com). Cette infirmière en soins palliatifs a colligé le cinq plus grands regrets de nombreuses personnes en fin de vie.
Le plus important de ces regrets : ne pas avoir eu le courage de vivre en fonction de leurs attentes personnelles plutôt que selon les attentes des autres. Beaucoup de mourants réalisent qu'ils n'ont pas réalisé leurs rêves, qu'ils ont écrit livre de la vie selon les autres.
Le deuxième regret est d'avoir tant travaillé et d'avoir ainsi passé à côté de leur vie de famille, de ne pas avoir vu leurs enfants grandir, de ne pas avoir été assez présent à leur partenaire. Ce regret est surtout exprimé par les hommes. Or, le premier critère du bonheur authentique réside dans la chaleur des relations intimes (partenaire, parents, enfants).
Un troisième regret tourne autour de l'expression des sentiments. Ceux et celles qui n'ont pas eu le courage d'exprimer leurs vrais sentiments l'ont fait de peur d'être rejetés. Ils ont ainsi accumulé amertume et ressentiment envers les autres. « Cessez d'être gentils, soyez vrai ! », dit Thomas d'Asembourg. Moi, je vous dis : « Soyez de vrais gentils ! » puisque l'expression de la gratitude constitue un autre facteur important du bonheur.
De ne pas être resté en contact avec de vieux amis ou de ne pas leur avoir accordé tout le temps qu'ils auraient pu constituent un quatrième regret important. Il est nécessaire d'assurer son confort physique mais au seuil de la mort, l'argent et les biens matériels n'ont plus vraiment d'importance à côté de la présence des gens que l'on a et qui nous ont aimés.
Le dernier regret exprimé en fin de vie par les gens qui n'ont pas écrit leur livre de la vie selon leur style personnel est de ne pas avoir choisi d'être plus heureux. La peur du changement et le besoins de sécurité font en sorte que l'on reste coincé dans des routines insatisfaisantes. On peut pourtant choisir d'être heureux, mais pour cela, il faut sortir des sentiers battue. Il faut oser.
Le couple est un endroit idéal pour s'entrainer à ne pas avoir de regrets.
RD
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