Vivre la vie d'un Senior

jeudi 27 septembre 2012

Les dangers pour le retraité de l’an 2000



Avec l’accroissement de la longévité, le jeune retraité de l’an 2000, âgé entre 60 et 65 ans, est loin d’en avoir fini avec l’existence, selon Mme Maryse Kolinsky. 

Il est au contraire en pleine possession de ses moyens et rêve à une troisième vie. Sauf que les statistiques à ce sujet sont parlantes : après seulement deux années de ces grandes vacances forcées, bon nombre de retraités réalisent la vacuité de leur quotidien.  Les loisirs lassent et ont un coût, le bénévolat demande énergie, patience, désir de communication ; quant au recyclage intellectuel, il n’est prisé que du plus petit nombre. Le temps que l’on croyait celui de la liberté devient celui de l’ennui et, bientôt, de la maladie.

« Après enquêtes, l’anthropologie médicale démontre que les individus à qui on ne permet plus de jouer un rôle dans la vie économique, politique et sociale de leur groupe, de leur communauté, de leur pays, écrit Jean-Paul Vidal, anthropologue médical québécois, sont des gens qui physiquement dépérissent rapidement. »

L’idée est révolutionnaire, réaliste, mais bien sûr pas vraiment d’actualité. Pourtant, démographes, gériatres et gérontologues ne cessent de le répéter : les quinquagénaires, et sexagénaires du troisième millénaire n’ont rien de commun avec ceux de l’après-Seconde Guerre mondiale. Nous ne pouvons plus faire entrer ces nouveaux jeunes vieux dans une sorte d’apartheid générationnel. Les temps sont révolus où il y avait un âge pour être actif puis inactif. Désormais, les spécialistes sont unanimes : définir l’âge de la cessation du travail n’a plus de sens. Il n’y a plus lieu de mettre un terme à une vie professionnelle dans laquelle ils se sont épanouis. Certains même en meurent.

Si l’on prend le cas des artisans en tout genre, les écrivains, les artistes, qui n’ont pas le choix, parce que pas ou si peu d’allocations de retraite? La plupart continuent à travailler. Ils prouvent que le talent n’a pas d’âge et qu’un projet de vie est tout aussi nécessaire à 65 ans qu’à 30 ans.

En fait, il faudrait donc moins de rigidité dans l’application de la cessation du travail. À chacun de décider selon ses possibilités, ses objectifs, ses désirs, afin que la vie ne soit plus partagée entre le temps du travail, et celui d’une liberté chèrement acquise. Il faut en finir avec ce découpage absurde de la vie : le travail opposé aux loisirs et à la liberté. L’existence toute entière doit être source d’intégration sociale et d’épanouissement personnel.

Les initiatives gouvernementales tendent à mettre en place des mesures visant à garder les retraités sur le marché du travail. C’est une façon de contrer le manque inévitable de main-d’œuvre dans des coins comme le Québec, l’Allemagne et bien d’autres pays. Mais, les thèmes du vieillissement et de la nouvelle population des gens âgés demeurent encore des secteurs réfractaires au changement. Ainsi, peu de temps d’antenne sont consacrés à l’évocation des problèmes  liés à la sénescence, ni même d’ailleurs à la prévention, au-bien vieillir, à la longévité.

Quand une émission traite du sujet, elle le caricature et il n’en ressort que des platitudes ou, plus grave, des informations négatives. Images difficiles à supporter qui montrent des vieillardes atteintes de pathologies lourdes attendant, le regard vide, dans des salles communes de maisons de retraite; consultations de prévention du vieillissement auxquelles on donne des allures de dopages; enquêtes dans les filières de produits interdits ; interviews tronquées de spécialistes que l’on fait passer pour des apprentis sorciers et des marchands de jeunesse. Une suite de reportages, d’enquêtes, de flashes, qui contribuent à accroître ce sentiment de peur devant la vieillesse et son terme, la mort.

Quels téléspectateurs représentent la plus fort d’audience? Les plus âgés. Hélas, pour eux, car nous le savons bien, la télévision est le moins coûteux, mais le plus nocif des tranquillisants.
Quant aux magazines, et notamment les magazines féminins, ils suivent trop souvent l’exemple de la télévision et proscrivent tout ce qui concerne les plus de 50 ans.

Il serait temps que l’on voit la personne qui prend de l’âge comme un être qui a résisté au temps, comme une preuve de solidité et d’authenticité. Et que désormais, l’« ancien » est le contraire du « vieux », puisque ce dernier est associé à la fragilité, à la précarité et au périssable.

En Afrique, en Asie, les personnes âgées, que l’on nomme les « anciens » n’ont rien perdu de leur savoir parce qu’elles n’ont pas perdu de leur pouvoir. Respectées et honorées, elles continuent à jouer un rôle dans la représentation collective. Elles participent, partagent, transmettent et existent. Pour elles, jusqu’à la fin, la vie a un sens. Alors, en chemin, elles ne perdent rien, ni leur mémoire, ni leur santé.
La transmission des savoirs et des techniques est facilitée par ce mode de vie où, contrairement à la société occidentale, le vieillissement est nié et mal intégré.

Enfin, la société occidentale continue de perpétuer une conception utilitariste des âges qui est dépassée. Le droit d’exister ne doit pas se mesurer à l’aune de l’utilité. …. Dans la vie, il y a autre chose que la productivité.
RD

lundi 24 septembre 2012

Une formule gagnante pour intégrer socialement nos « vieux »




Silence les vieux!

Y-a-t-il une place spécifique pour les plus anciens d’entre nous ? Devons-nous les condamner au désoeuvrement et à la solitude, alors que l’on exalte les vertus de la longévité ? Que voilà un troublant paradoxe, selon Maryse Wolinski !

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L’isolement et l’inaction, que vivent encore un grand nombre de nos aïeuls, conduisent à l’angoisse.
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La maison de retraite, certes, c’est mieux que l’hospice d’hier, ce n’est peut-être pas non plus la meilleure des décisions. Parce que l’on y est isolé des autres générations et que l’on n’est pas assez actif. Pourquoi ne pas imaginer d’intégrer les plus âgés d’entre nous au cœur de la société et non de les mettre à l’écart? C’est une question fondamentale à se poser. C’est ce qu’a tenté de faire avec succès le maire d’une petite commune de Lot.

La solution mise de l’avant par le maire de Mauroux en 2003

Depuis longtemps, Guy Delbès, maire de Mauroux, s’insurgeait devant les conditions de vie de ses concitoyens âgés. Dans le village, 23 % de la population avait plus de 70 ans en 2003. Ils sont le plus souvent seuls, pauvres et plus ou moins handicapés. Une idée germe au conseil municipal : des familles accueillent bien des enfants, pourquoi pas des vieux. Le maire étudie le problème et finit par concevoir une organisation qui, avec le temps, va s’avérer idéale. Il crée Le Jardin des aînés, un ensemble constitué de groupes de deux maisons mitoyennes afin que les familles s’entrouvent et se suppléent si besoin est.  Une idée enthousiasmante, solidaire et qui génère des emplois.

De toutes petites communes choisissent de privilégier l’accueil familial pour leurs ressortissants très âgés[1]

(Source : Article de Dorothée MOISAN (AFP))

Trop petites pour pouvoir prétendre à une maison de retraite, certaines communes rurales organisent elles-mêmes l’accueil familial des personnes âgées, formule intermédiaire entre l’aide à domicile et les établissements spécialisés. Guy Delbès, le maire de Mauroux, petit village lotois de 420 habitants, a été le plus fervent promoteur des "Jardins des Aînés", un hébergement de proximité, ouvert le 1er novembre 2003, où deux familles d’accueil accueillent chacune, dans deux maisons mitoyennes, jusqu’à trois personnes âgées.

La famille loue le 1er étage tandis que les personnes âgées disposent chacune d’une chambre avec sanitaires au rez-de-chaussée, ainsi que d’une salle commune. Ce sont elles qui rémunèrent l’hôtesse, à hauteur d’environ 750 euros par mois et par pensionnaire, soit beaucoup moins que dans une maison de retraite.

S’inspirant d’expériences similaires, la mairie a décidé en 1999, avec le concours d’une société HLM et du conseil général, d’acquérir un terrain et de faire construire une résidence qu’elle gèrerait elle-même.

Tous originaires du coin, Raymond, Martou, Marie et Yolande en sont les premiers locataires. "Je suis venu ici parce que je suis tout seul. En plus, j’avais des escaliers chez moi et je n’y vois pas clair", explique Raymond, 88 ans. De l’autre côté de la table, Léa, 6 ans, feuillette "Le Livre de la Jungle", tandis que sa sœur Emma, 3 ans, gesticule bruyamment. "Elles viennent nous distraire", s’amuse Martou. "Ça apporte autant aux enfants qu’à eux", assure Véronique Alberto, la mère des deux fillettes, recrutée par la mairie pour assister les pensionnaires, assurer leurs repas, ainsi que l’entretien du linge et du logement.

"Ils vont chercher les enfants à l’école, les gosses leur disent papy : ils n’en ont jamais tant vu !", s’amuse Guy Delbès. Outre le mélange des générations, les "Jardins des Aînés" présentent l’atout d’associer deux familles d’accueil, leur permettant de se relayer quand l’une d’elles part en congé et d’alléger ainsi leur tâche. Garante du projet

Pour Étienne Frommelt, président de l’association Famidac, il est "souhaitable que les mairies favorisent l’accueil familial". Lorsqu’on place en maison de retraite une personne encore relativement "valide et éveillée", on voit son état décliner dans les 15 jours, alors que plongée dans le bain familial, elle est stimulée et sa santé maintenue, estime-t-il.

"Dans un département âgé comme le Lot, les structures existantes ne suffisent pas à répondre à la demande et une telle solution nous soulage", renchérit le directeur de la maison de retraite de Puy-L’Evêque, à une dizaine de kilomètres de Mauroux. Pour Joël Palma, "cette formule s’adresse à des personnes qui ne sont pas trop dépendantes, mais elle permet de maintenir la personne âgée dans son cadre de vie habituel tout en lui offrant le confort social et sanitaire".

Pour le conseil général, il s’agit d’"encadrer" l’accueil familial, parfois terni par des histoires de maltraitance. Selon le secrétariat d’État aux personnes âgées, qui "aimerait voir se développer l’accueil familial", quelque 9.000 familles accueillent aujourd’hui 12.000 personnes âgées ou handicapées.

La différence, dit-on au conseil général, c’est qu’ici "la mairie est garante du projet" : c’est elle qui gère le dispositif et recrute les familles, s’assurant de l’expérience gérontologique et des qualités humaines de l’hôtesse. C’est aussi elle qui prend le risque d’être poursuivie en cas de difficultés entre l’accueillant et l’accueilli, fait toutefois remarquer M. Frommelt.

Le logement des personnes âgées en France : un vrai problème

La population des 85 ans et plus pose de gros problèmes d’accueil : de 200.000 personnes en 1950, elles étaient 1.250.000 en 2000 et dépasseront les 2 millions en 2020 !
"On reçoit parfois des personnes âgées dont l’état de santé ne justifie pas un séjour prolongé, mais dont les familles ne veulent plus s’occuper après : j’ai vu des familles s’éclipser à la sortie d’un parent !" dit le Dr Michel Cavey (...).

Aujourd’hui, plus de dix mille établissements publics et privés accueillent 650.000 personnes âgées. Le prix moyen est de 1.200 euros/mois (de 800 à 4.000 euros/mois). Le reste de la population âgée vit seul ou en famille.

Ici, c’est un lieu de rires, d’échanges et d’amour

(Auteur : Katja Hunsinger, MAXI n° 940 (du 1er au 7 Novembre 2004) – extraits)

Au jardin des aînés, personne n’est en reste : tout le monde s’occupe en participant à cette vie de famille pas comme les autres.

"Regarde !" Claire, 12 ans, montre fièrement le scoubidou aux fils en plastique rose et rouge qu’elle vient de tresser à Yolande, sa "copine". "C’est beau... Tu travailles drôlement bien, dis donc !" admire sa complice, sagement assise sur la terrasse ombragée. D’autres enfants chahutent non loin de là, et Yolande les regarde en souriant : peut-être a-t-elle envie de les rejoindre ? Après tout, ce n’est pas parce qu’on a 76 ans que l’on doit rester sage comme une image !

À côté, à la grande table ronde, les "garçons" tapent le carton. David, Raymond et Marc totalisent à eux trois ... 258 ans ! Henriette, une autre pensionnaire, les interrompt pour leur demander s’ils n’ont pas vu le journal, "son" Sud-ouest... "Eh, vous savez bien que nous, c’est plutôt la Dépêche du midi", dit Raymond avec son accent chantant... "Ah, vous alors !" rigole gentiment Henriette qui, du haut de ses 89 ans, repart à la chasse au journal.

Au Jardin des aînés, on peut dire que l’ambiance est... bon enfant !

Comment ça fonctionne ?
On est loin, en effet, du quotidien d’une maison de retraite... Sans doute parce qu’ici ce sont trois générations qui cohabitent sous le même toit. Le petit bourg de Mauroux, dans le Lot-et-Garonne, est d’ailleurs devenu avec ce projet pilote un modèle pour toute la France !

L’idée originale : deux familles d’accueil vivant au premier étage de deux maisons adjacentes. Au rez-de-chaussée de chacune : trois chambres confortables, destinées à des personnes âgées, les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. Logées à l’étage, les maîtresses de maison s’occupent des repas (vin de table obligatoire : on n’est pas très loin de Cahors !), du linge, veillent aux médicaments à prendre et distribuent des petites tâches à exécuter...

Ainsi, dans la "maison des garçons", Véronique a chargé David, un ancien maçon venu d’Italie après la guerre, 89 ans, et Marc (que tout le monde appelle Martou), 80 ans, d’aller chercher le pain tous les matins... "Ils participent également au jardinage, ajoute cette mère de famille de 37 ans. Le week-end, il leur arrive aussi de bricoler avec mon mari et Raymond, ancien agriculteur, fait de la vannerie : il a fabriqué des corbeilles pour tout le monde !"

En cas de problème, Véronique a une sonnerie à côté de son lit : "S’il arrive quelque chose, je n’ai que l’escalier à descendre, je suis à leur chevet en trente secondes !" dit-elle, très mère poule... Mais le plus touchant, c’est sans doute comment ses filles, Emma et Léa, 5 et 7 ans, ont su conquérir ces trois "vieux messieurs" ! "Ce matin, raconte Raymond, c’est Léa qui a ouvert mes volets : quel plaisir de voir sa petite frimousse me dire bonjour ! Et puis, quand elle est partie en vacances avec sa famille, elle m’a donné quinze petits cailloux : "C’est le nombre de jours qu’on sera pas là", qu’elle m’a dit !

(...) "Moi, j’aime bien jouer au Scrabble avec eux, raconte la petite Claire. Ils m’apprennent plein de mots inconnus, ce que ça veut dire et comment ça s’écrit !" De leur côté, les seniors sont ravis que cette petite jeunesse emplisse leurs journées de questions, de rires, de jeux... et même de bêtises !

"Vous savez, dit David avec simplicité, quand on est vieux, les journées sont parfois longues. On pense au passé et, il faut bien le dire aussi à la mort... Mais ici, moi je pense à la vie !"

D’autre part, le séjour au Jardin des aînés coûte moitié moins qu’une maison de retraite classique ! "En tout, ça [leur] revient à 700 euros mensuels par personne, précise Véronique. Et même si pour me faire enrager ils m’appellent parfois "patronne", c’est moi qui suis à leur service ! Eux n’ont qu’à se laisser cajoler, et je le fais de tout mon cœur..."

Mais bien sûr, pour ça, il faut que les pensionnaires aiment les enfants ! "Une fois. raconte Sylviane, nous avons accueilli une dame qui les détestait : elle les chassait avec sa canne ! C’est simple, on l’appelait Tatie Danielle’’... Inutile de dire qu’elle n’a pas fait long feu chez nous !"

C’est "mamie" Henriette qui l’a remplacée et, avec elle, le sourire est revenu... Sa fille, Anne-Marie, qui passe lui faire un coucou tous les deux jours, explique : "Maman est tombée il y a un an. Elle ne pouvait plus vivre seule... Ici, Sylviane s’occupe bien d’eux. On peut passer quand on veut, et comme on n’habite pas très loin, le dimanche, on l’emmène déjeuner chez nous... Des maisons de retraite, j’en ai vues : les pensionnaires n’ont plus l’impression d’être des vraies personnes, on les traite comme des enfants !"

Et d’ajouter, avec un regard plein de tendresse pour sa mère : "Je suis rassurée de la savoir ici.. ." On ne pourrait trouver meilleur certificat pour le Jardin des aînés !

Un modèle qui fera école

À Mauroux, village de 430 habitants niché dans les vignes au-dessus du Lot, le conseil municipal s’est attaqué au problème des maisons de retraite trop pleines, en créant des logements spécialisés ou deux familles d’accueil hébergeaient de trois à six seniors. Un projet soutenu par les HLM locaux, l’État, le Conseil général et la Mutualité sociale agricole du Lot.

Les familles d’accueil, recrutées sur appel d’offre, sont logées (en location) au-dessus des pensionnaires dans un F4. Ça marche si bien, constate Monsieur le maire, que nous projetons de construire cinq autres maisons d’accueil." (...)

Pourquoi garder « l’ivresse de vivre » en vieillissant ?




Pourquoi « l’ivresse de vivre » ? Parce que c’est le beau risque du défi de la longévité qui nous l’offre sur un plateau, selon  Maryse Wolinski.

Une longévité jamais vue

En France, les chiffres sont là pour le confirmer : un Français sur trois a plus de 50 ans. Les courbes démographiques enregistrent une croissance ininterrompue de l’espérance de vie : elle a augmenté de 35 ans au cours du XXe siècle. Chaque année, nous gagnons trois mois.  Nous sommes et nous serons de plus en plus nombreux à atteindre un âge avancé. 12,5 millions de Français sont âgés de plus de 60 ans. En 2050, les statistiques démographiques prévoient  30.5 millions de plus de 50 ans. C’est une nouvelle classe de citoyens qui est née, le Pouvoir Gris.

Au siècle dernier, on croyait que la durée moyenne de l’existence ne pourrait pas excéder 85 ans et que 100 ans constituait la limite de la longévité. La croissance exponentielle du nombre de nonagénaires, de centenaires et même de supercentenaires remet en question une telle affirmation. Sauf accident de parcours, en majorité des Français meurent après 80 ans, voire 100 ans et des poussières. C’est un phénomène que l’on observe dans les principaux pays en Europe, aux USA et au Canada, pour ne citer que ceux-là.

La plupart des pays occidentaux sont dépassés par le phénomène de la longévité. Ils n’ont pas de politique bien établi visant la prévention contre le vieillissement. En France, le ministère de la santé, la politique de prévention concerne les pathologies lourdes, cancer, infarctus, Alzheimer. Du vieillissement donc, il n’en est pas question. La vieillesse demeure encore synonyme de mort.

Désormais, les progrès de la recherche scientifique ont permis d’avancer dans la connaissance du processus de dégradation que l’on apprend à ralentir, comme on commence à savoir intervenir sur ses effets, limiter les handicaps et les faire reculer dans le temps.

Si un grand nombre d’entre nous allons atteindre un âge très avancé, pour certains, jusqu’à cent ans, l’auteure nous dit : « donnons-nous les moyens de réaliser ce projet excitant. »

En finir avec les idées reçues

Arrive un accident de santé grave. Le premier constat du médecin et de son entourage est le suivant : c’est normal à son âge. Dans le cas de la mère de Mme Kolinski, à 87 ans, elle était autonome. Elle vivait entourée d’amis et de lectures, de projets et d’espoirs. Il aura suffi d’une chute provoquée par un organisme ralenti par l’âge et entretenu dans son assoupissement jugé inéluctable par la médecine traditionnelle.

La sortie de cette enfer se fit grâce à une rééducation « sauvage » comme lire, écrire, se repérer dans le temps, partager les joies et les peines, ne pas être coupée de l’histoire, la petite, celle de la famille, et la grande, avec la lecture des journaux, observer à travers la fenêtre que, dans le ciel, il se passe des choses : nuages, brume, pluies violentes, rayons de soleil. La maladie était réversible, même à 87 ans. En y mettant du sien, l’inéluctable est devenu quelque chose qui appartenait au passé.

En fait, nous sommes aux portes de quelque chose d’exceptionnel qui risque de transformer la société en améliorant la qualité de vie des personnes les plus âgées. Dans quinze ans, dans 20 ans, sans doute, parviendrons-nous à débusquer le processus du vieillissement et les maladies qu’il génère.
Pour cela, il faut réformer notre manière de penser et remettre en question les idées reçues véhiculées tout autour de nous. Il faut cesser d’affirmer que « prendre de l’âge, c’est abominable, parce que la vie s’en va ». En effet, faire reculer la vieillesse est un challenge de chaque jour. Encore faut-il avoir la foi.

Sénescence et sénilité, même combat. Faux encore : la sénescence est le mécanisme physiologique et psychologique de l’âge sur lequel, désormais, nous pouvons intervenir. Quant à la sénilité, elle définit certains aspects pathologiques. Rien à voir!

Cessons de brouiller les cartes ; 80 % des octogénaires sont valides et autonomes, rappelons-le. On cite bien plus souvent les 20 % restants, qui sont dépendants, pour une seule raison : la dépendance est un commerce fructueux. En effet, avec la poussée démographique des plus âgés d’entre nous, voilà un secteur qui a de l’avenir. Désormais, cette économie-là n’a aucun intérêt à ce que les vieux se portent bien. Et à ce que l’on développer des mesures de prévision.

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En revanche, (selon moi), on pourrait penser au contraire que le Pouvoir Gris va détenir une capacité de consommation qui fera croître l’économie de multiples façons.
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Après 60 ans, les douleurs, les pertes de mémoire et autres manifestations handicapantes sont des phénomènes absolument normaux. FAUX : CE N’EST PAS LA VIEILLESSE QUI REND VIEUX, MAIS LA MALADIE. Et quand on atteint un âge certain, les maladies sont nombreuses et variées. Aujourd’hui, il a été démontré qu’avec la prévention, nous pouvions en prévenir de nombreuses et les faire reculer dans le temps.

C’est le mot « vieillir » qui continue d’avoir une connotation négative qui persiste dans les esprits et dont les médias sont en partie responsables. Ainsi, 65 ans demeure l’âge officiel d’entrée  dans la vieillesse, alors qu’il ne correspond plus à une réalité physiologique. D’autre part, dans les études réalisées sur cette classe d’âge, les vieux sont réunis dans une homogénéité qui n’existe plus sont définis par leurs manques, leur dépendance et leurs besoins.

Désormais, avec la longévité, nous sommes confrontés à des réalités contrastées. Entre 60 et 70 ans, en forme, ces jeunes vieux qui n’ont pas l’intention de décrocher, les 70 – 80 ans qui ont appris à ne pas ralentir, et les nonagénaires, voire centenaires, génération qui n’a pas connu la prévention et s’achemine vers la fin du voyage, les différences sont notoires. Il est donc urgent urgent de remettre en question nos comportements archaïques face à l’âge.

RD

mardi 11 septembre 2012

Le goût de la vie


Permettez-moi de vous présenter des extraits du volume de Mme Maryse Wolinski qui développe une vision optimiste du défi de la longévité.

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Auteure : Maryse Wolinski, journaliste française, née en 1946, à Alger.
Titre : « L’ivresse de vivre : le défi de la longévité »
Albin Michel, 2004, 173 p.
Site de l’auteure : http://www.marysewolinski.com/
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Chaque année, nous gagnons trois mois d’espérance de vie : devenir centenaire n’est plus un rêve, mais presque une réalité. La société est-elle prête à vivre ce grand bouleversement?

« Oui » répond Maryse Wolinski. Mais encore faut-il combler le fossé entre les énormes avancées de la recherche médicale et une mentalité obsolète en matière de vieillissement. Car, pour vivre le fameux projet qui s’offre à nous, il est nécessaire de changer nos comportements et de privilégier une nouvelle médecine, celle de la prévention et du dépistage qui est, d’évidence, la médecine de demain.

Le goût de la vie


Philosophes, scientifiques, chercheurs, tous l’affirment : avec le développement des biotechnologies, qui donnent accès aux origines de la vie et nous rendent capables d’intervenir sur le processus d’évolution des espèces, nous possédons désormais des pouvoirs que jusqu’alors nous laissions aux mains des dieux et des écrivains de science-fiction.

Nous sommes devenus maîtres de la vie et de la mort. Vivre au-delà de 100 ans n’est plus un rêve présomptueux, ni une hypothèse d’école. Jusqu’où iront-nous dans cette voie?

La réponse est entre les mains des chercheurs dont le travail consiste à détecter les nombreux paramètres du processus du vieillissement et à mettre à jour ce qui permettra de contrer ou du moins repousser dans le temps leurs effets délétères.

Le goût de la vie, la vie, la vraie, la pleine, celle qui donne des ailes, m’a empoignée quand j’ai entrepris des études de journalisme. Ma mère appartient aussi, au parti de la vie et c’est elle sans doute qui m’a transmis ce goût immodéré de l’existence qu’elle cultive avec passion, surtout depuis qu’elle s’est relevée à 87 ans d’une insuffisance cardiaque et d’un accident vasculaire cérébral.

On imagine alors ce que la longévité va permettre de réaliser sur le plan du savoir, de la passion, de l’amour, de la famille, de l’activité professionnelle. L’idée que plusieurs vies se rassemblent dans un même parcours génère, me semble-t-il, un élan irrésistible vers l’avenir, une véritable ivresse de vivre.

Née au temps du baby-boom, je regarde pointer la soixantaine et les années qui vont suivre au cours de laquelle je deviendrai une « âgée », selon le terme utilisé par Boris Cyrulnik, dans Les nourritures affectives… Ma génération dont je suis fière, a secoué la société, bouleversé les mœurs, transformé les idées et les valeurs, permis l’émergence de l’humour, ouvert la voie vers une vie meilleure, plus libre, aux femmes d’abord, avec la libéralisation de la contraception et de l’avortement, arrachée après de nombreux combats et ensuite aux autres «minorités », comme les homosexuels et les immigrés. Elle a aussi changé les rapports dans la famille en y créant le dialogue et en cherchant à développer une nouvelle façon de vivre la paternité. Beaucoup d’acquis.

Alors, cessons de tirer sur les quinquas! Ils seront les artisans de la révolution de la longévité qui se prépare.

Après avoir, dans leur jeunesse, contesté les lois de la société, les voilà aujourd’hui en rébellion contre celles de la nature. Une nature qui évolue avec le progrès. Leur lutte contre le vieillissement n’est ni d’avant-garde ni d’arrière-garde. Elle est logique, raisonnable, à l’écoute de la recherche scientifique, et face à un phénomène démographique jamais vu dans l’histoire de l’humanité, à une pyramide des âges qui n’en a plus la forme et où quatre, voire cinq générations peuvent se croiser. Elle a des chances d’être gagnante.

… Nous sommes engagés dans un nouveau combat, celui de l’âge. Attention, l’objectif n’est pas de courir après l’immortalité… Non, la finalité est ailleurs.

C’est pouvoir vivre au mieux de sa forme physique et mentale, dans les meilleures conditions possibles, les années gagnées sur les générations précédentes. Ce sera la dernière pierre, et non la moindre, que les baby-boomers apporterons à la société.

Dans son livre, Mme Wolinski souhaite communiquer l’espoir que porte la médecine de l’avenir, fondée sur la prévention. « Donner un coup de jeune à la vieillesse, c’est, pour moi, bouleverser les rapports entre les générations, changer le regard, revisiter notre approche de la mort. Une vraie révolution, une rupture avec tout ce que nous avons vécu jusqu’ici. »

Ce livre, selon elle, est un cri d’alarme pour tordre le cou aux idées reçues, aux pratiques devenues archaïques, aux éternels tabous, contraindre citoyens et politiques à ouvrir les yeux sur un gigantesque problème de société.

Vieillir, ça n’arrive pas qu’aux autres et ça commence à vingt ans, l’âge des premiers déclins. Nous sommes tous concernés.

RD