Vivre la vie d'un Senior

jeudi 19 janvier 2012

La mort dans la nature


Auteur : Claude Villeneuve, biologiste

« Dans cette conférence, je vous proposerai quelques éléments de réflexions sur la nature de la mort et la mort dans la nature.

Quand j'aborde cette question, la même boutade me revient toujours à l'esprit: l'éternité, ça doit être long, surtout vers la fin! Notre perception du temps est en effet proportionnelle à la durée de notre vie. Si nous étions éternels, nous pourrions en effet, en nous moquant du temps, regretter qu'il soit long, surtout vers la fin, mais dans l'état actuel de notre finitude, plus notre échéance approche, plus le temps nous semble court.

Dire, en se moquant du temps, que l'éternité doit être longue, c'est à bien y penser, une façon de dire qu'aucun vivant n'est immortel, si parfaite que soit l'organisation de ses éléments constitutifs. Certains auteurs vous diront que les bactéries, par exemple, dont la reproduction est asexuée, sont des êtres immortels ou que les cellules cancéreuses en culture continuent de se reproduire indéfiniment. C'est là une vue de l'esprit. La vie certes est apparue sur terre il y plus de 3 milliards d'années, du moins d'après nos modèles actuels; c'est beaucoup, mais au regard de l'éternité c'est peu. Et de toute façon, cette vie finira un jour. La durée de telle espèce est longue, celle de telle autre courte. Il n'en est pas moins vrai que les espèces ont une durée finie, comme les individus.

100 naissances se terminent par 100 décès

On a beaucoup accru l'espérance de vie chez les humains depuis le siècle dernier, mais il demeure toujours que 100 naissances se terminent par 100 décès. On peut poser cette question: la vie ne serait-elle qu'une maladie mortelle transmise sexuellement?

La vie peut se définir comme un ensemble de processus bio-énergétiques qui sont sous la responsabilité du génome. L'arrêt des réactions biochimiques, qui font partie des choses que contrôle le génome, constitue ce qu'on peut appeler la mort. Il y a décès au moment où le matériel génétique n'est plus responsable de l'évolution de la cellule.

Il faut cependant ajouter un petit bémol à cette observation. Vous connaissez peut-être l'expérience qui a été faite il y a environ six ans, à partir d'une peau d'un proche parent du zèbre, le couagga, une espèce sud-africaine disparue depuis plus de 100 ans. On a repris un morceau de viande séchée sur une peau de cet animal et on a pu isoler des cellules contenant du matériel génétique, reprendre ce matériel, le cloner et le réintroduire à l'intérieur de bactéries. Ces bactéries ont exprimé un ou deux gènes qui étaient présents à l'intérieur des cellules qui n'avaient pas été complètement détruites ou autolysées parce qu'elles avaient séché. Cela nous amène à penser que le matériel génétique pourrait effectivement transcender la mort de l'individu.

La chose se produit en fait régulièrement. Lorsque la nature a inventé la reproduction sexuée, elle a inventé la mort, puisque la reproduction sexuée représente une nouvelle combinaison génétique pour l'espèce. Les caractéristiques de la vie sont celles que l'on connaît: adaptabilité, mutabilité, métabolisme, capacité de reproduction, irritabilité. La mort représente l'arrêt des fonctions caractéristiques du vivant. L'individu, dans un monde physique où les lois de la thermodynamique mènent vers une entropie maximale, a effectivement pendant un court laps de temps où il est sous la maîtrise du génome, la possibilité de créer de l'organisation. Cela va complètement à l'encontre des lois physiques. La vie est un défi à l'entropie. Et quand la vie se termine, on revient à la normale: les molécules qui ont été assemblées sous les directives du génome vont tout simplement se décomposer en molécules plus simples, lesquelles vont resservir à l'intérieur de grands cycles qui permettent en fait à la vie d'exister sur terre. Autrement dit, la mort est une étape absolument nécessaire pour la biosphère. Et absolument nécessaire aussi pour l'espèce, en particulier dans le cas des espèces à reproduction sexuée.

Le gène égoïste

La reproduction sexuée implique nécessairement le remplacement des générations. Nos descendants ne sont pas notre reproduction. Les seuls individus qui se reproduisent sont ceux qui, par division asexuée, vont tout simplement doubler leur patrimoine génétique et former deux individus indépendants. Les individus à reproduction sexuée sont placés devant le dilemme suivant: 2n + 2n = 2n. Quandun vivant est diploïde, il faut que son bagage héréditaire se divise et se recombine avec le bagage héréditaire d'un autre représentant de l'espèce, pour créer une nouvelle combinaison qui va avoir la chance d'être confrontée avec la sélection naturelle. Dans toutes ces espèces, il faut donc que les générations se remplacent.

Ces faits ont amené les socio-biologistes à formuler diverses hypothèses intéressantes. Dans « The Selfish Gene », Richard Dawkins soutient que l'individu n'est au fond qu'un véhicule pour les gènes. Toute sa vie est orientée sur la reproduction, et la reproduction est le passage d'une série de gènes d'une génération à une autre, au plus grand nombre de copies possibles. Le gène serait en quelque sorte le bâton dans une course à relais: on le transporte et on le transmet à un autre coureur. Les socio-biologistes sont même allés jusqu'à soutenir que les gènes nous dirigent tellement que même nos comportements altruistes, ou en apparence altruistes, seraient en réalité des comportements destinés à assurer que les gènes qui nous appartiennent, qui sont semblables aux nôtres, soient plus nombreux dans la génération suivante.

L'individu serait donc sacrifié à sa descendance. Comment ne pas être tenté de le croire quand on essaie d'expliquer le comportement maternel ou certains comportements sociaux chez les animaux? Tout est mis au service de la reproduction, de la production d'une nouvelle génération. Et comme je le disais plus tôt, ce n'est pas une re-production. Pour l'espèce, c'est une reproduction, pour l'individu, c'est tout simplement un passage de gènes.

La reproduction sexuée et la polyploïdie constituent une méthode de conservation à l'intérieur du processus évolutif. Elles nous permettent de conserver le plus possible une capacité d'adaptation. Dans un milieu changeant, où les conditions écologiques varient beaucoup, il y a des avantages à avoir des générations rapides et à avoir un grand nombre de combinaisons possibles dont quelques-unes vont pouvoir survivre. La durée de vie de toutes les espèces est déterminée. Il y a une longévité potentielle et une longévité moyenne. Selon que le maximum de mortalité se produit chez les jeunes ou qu'elle se produit chez les plus âgés, on a trois possibilités.

Possibilité I 

On peut voir que dans l'espèce humaine, représentant une espèce de grande longévité avec une forte mortalité infantile, est passée progressivement à un autre stade. C'est une des transformations que nous pouvons observer dans le système de la santé car notre société, qui perdait auparavant beaucoup d'enfants et beaucoup de gens avant l'âge de 20 ans, est aujourd'hui en mesure d'aller au bout de sa longévité potentielle. Il en résulte des problèmes bien connus.

On note aussi que la longévité est étroitement reliée à la reproduction. Une courbe montre pour la même espèce de lézard, la relation entre la longévité et la prolificité:

Possibilité II 

Plus les lézards vont avoir de petits, plus ils vont être susceptibles de mourir dans l'année. On connaît également des espèces où la reproduction représente carrément la fin de l'existence. Les saumons de l'Ouest (oncorhynchus) meurent après la reproduction. Essentiellement, tout leur cycle vital s'accomplit à l'intérieur d'une seule reproduction. Les graminées ont souvent des cycles reproductifs comme celui-là. La plante dure une saison, produit des graines et meurt. Ce sont des graines qui reprennent la saison suivante. Cette relation entre la longévité et la survie moyenne est variable selon les espèces. Ce phénomène est très intéressant, il est un moyen de s'adapter aux variations de l'environnement.

Les environnements très variables vont généralement sélectionner des espèces qui ont une stratégie "R". La stratégie "R" est une stratégie dans laquelle il y a une grande rapidité de maturité, une vie adulte très brève, une fécondité très élevée. On la retrouve par exemple chez les espèces typiques de l'Arctique ou encore chez des espèces comme les pucerons. Un puceron peut engendrer plusieurs générations dans un été et il a une reproduction à la fois sexuée et asexuée. Quand un individu a trouvé la bonne plante et le bon moyen, il peut se reproduire de façon tout à fait extravagante. La mortalité est naturellement très élevée et la durée de vie n'est pas très longue. Par contre, dans les environnements qui sont stables, c'est-à-dire dans des écosystèmes qui ont évolué sur une longue période, ce sont des espèces de type "K" qui vont être sélectionnées, c'est-à-dire des espèces qui ont une maturité tardive, une fécondité faible et une très longue durée de vie.

Possibilité III 

Selon la variabilité dans le milieu, on va choisir l'une ou l'autre des stratégies, compte tenu du potentiel génétique et du potentiel reproductif des individus.

On voit par exemple que les insecticides vendus dans le monde ont progressé à une certaine vitesse qui est à peu près celle à laquelle les insectes résistants aux insecticides ont progressé! En empoisonnant le milieu (sic), on opère une variation très rapide de l'environnement. Les espèces qui ont une stratégie "R" vont être favorisées parce qu'elles vont pouvoir recoloniser très rapidement. Et comme les générations sont très rapprochées, les changements sélectifs peuvent avoir une influence très importante dans la population. Ils peuvent permettre à un gène de se répandre très rapidement dans une population; ces reproductions en série sont tout à fait capables d'assurer cet aspect.

Le vieillissement, un luxe

On ne peut parler de la mort sans parler du processus qui mène à la mort, le vieillissement. Le vieillissement est quelque chose que l'on voit très peu dans la nature. Vous remarquerez que toutes les populations d'animaux que vous voyez sont généralement jeunes et en santé. Dans la nature, le vieillissement est quelque chose qui n'a pas vraiment le temps de se produire. À mesure qu'un organisme commence à perdre de sa capacité d'adaptation, à mesure que ses organes et ses systèmes d'intégration deviennent moins fonctionnels, il est la proie des prédateurs. La nature est donc constamment nettoyée.

Quand on écoute des émissions comme celles du commandant Cousteau ou de la Mutuelle d'Omaha qui nous montrent de belles bêtes en pleine nature, on a toujours l'impression que la nature est bien faite, qu'elle est parfaite, qu'il doit y avoir un créateur derrière tant de perfection. Mais en réalité, c'est que tous ceux qui avaient des petits défauts ont été éliminés. Ils ne sont pas là pour témoigner de la variabilité génétique.

Le vieillissement peut être observé dans une espèce comme la nôtre parce que nous sommes protégés contre les prédateurs, et chez les espèces domestiques que nous protégeons contre les prédateurs. Il en résulte une série de dégénérescences qui sont très bien connues et avec lesquelles nous devons vivre.

Comme la longévité est une donnée génétiquement programmée, on peut théoriquement mourir en santé; mais quand on est devenu trop vieux, même si on est en santé, les systèmes ne sont plus capables de s'auto-soutenir. On sait par exemple que les cellules ont une limite de reproduction. On sait qu'il y a des cellules qui ne se remplacent pas comme les neurones par exemple, et d'autres qui se remplacent tranquillement comme les hépatocites. Mais plus le temps passe, moins notre capacité de régénération et de réparation est disponible. Et puis à la fin, c'est le système immunitaire qui commence à se détériorer. Commence alors un processus où notre organisme va être envahi par d'autres organismes. Notre génome perd alors le contrôle de nos molécules.

J'évoque à peine quelques caractéristiques du vieillissement. Certaines cellules ont un nombre de divisions définies. Certaines cessent de se diviser dès la naissance, comme les neurones, d'autres accumulent des problèmes avec le temps. Chaque fois qu'on est soumis à des radiations, à des stress de l'environnement, chaque fois qu'on boit du café, qu'on absorbe de l'alcool, des petites mutations, de petites morts cellulaires se produisent en nous. Il arrive aussi que des cellules fassent des erreurs de programmation, généralement dans les mécanismes de réparation de l'ADN. L'ADN a des mécanismes pour se recopier et éliminer les erreurs. Ces mécanismes sont toutefois sous contrôle génétique eux aussi. Le jour où il y a des problèmes dans les gènes qui codent les mécanismes pour surveiller les erreurs, on commence à laisser passer des erreurs. D'une erreur à l'autre, on a des cellules qui décident de faire à leur tête. C'est ce qui se produit dans le cas du cancer.

Finalement, le vieillissement se traduit par l'usure des organes et la diminution de la masse musculaire. Même si Ben Johnson avait continué à prendre des "stéroïdes anabolisants" pendant toute sa vie, sa masse musculaire aurait fini par diminuer. Le vieillissement entraîne aussi une sclérose de l'appareil circulatoire, une diminution de l'efficacité du rein, une perte de sensibilité des récepteurs sensoriels et finalement la détérioration du système immunitaire. Naturellement, à partir du moment où le système immunitaire se détériore, vous êtes envahis par les prédateurs microscopiques.

Leur mort est ma vie

En fait, la vie est fondée sur une série quasi-illimitée d'assassinats inter-spécifiques. C'est une façon de dire les choses. On peut aussi dire que les petits sont mangés par les moyens qui sont mangés par les gros. Dans les écosystèmes, les réseaux alimentaires se complètent grâce aux perpétuels échanges de molécules à valeur énergétique et structurale entre les divers niveaux trophiques. Tout ceci pour dire finalement que c'est en désorganisant le voisin qu'on finit par s'organiser soi-même.

Cela nous amène à voir que les proies et les prédateurs sont inter-adaptés. À la limite, on est amené à dire qu'il est nécessaire pour la santé des proies qu'il y ait des prédateurs. Et effectivement, dans les écosystèmes, on se rend compte que les fluctuations des variations des populations de proies sont très étroitement suivies par des fluctuations des variations des populations de prédateurs. Et un prédateur dépend d'autant plus d'une proie qu'il ne consomme que cette proie. Considérez par exemple les variations des cycles du lièvre et du lynx, un thème classique en écologie. Il y a des montées de lièvres extraordinaires suivies par des montées de lynx, suivies par des descentes de lièvres, suivies par des descentes de lynx, parce que 70% de l'alimentation du lynx est composée de lièvres. Une espèce comme la nôtre est très opportuniste. Nous avons des proies très variées et nous faisons en sorte qu'aucun autre prédateur ne vienne chasser sur nos terres.

Ce qui n'empêche pas qu'il y ait des famines de temps à autre. Au fur et mesure que nous avons évolué, nous avons toutefois échappé aux fluctuations de la nourriture fournie par la nature en transformant nos écosystèmes pour qu'ils produisent les proies dont nous avons besoin.

Il y a une autre raison pour laquelle la mort est absolument importante et nécessaire. Il n'y a de réorganisation possible que s'il y a désorganisation. Les molécules circulent dans des grands cycles bio-géo-chimiques. Prenons l'exemple du cycle du carbone. Dans un écosystème, l'énergie est fournie par le soleil. Les plantes qui possèdent un génome approprié ont une molécule appelée la chlorophylle qui leur permet de transformer l'énergie lumineuse du soleil en énergie chimique, qui est ensuite stockée sous la forme de polymères construits à partir du carbone tiré du CO2 présent dans l'atmosphère. Cette énergie est rendue disponible pour tous les autres organismes à partir de ce mécanisme qui est génétiquement contrôlé. Il faut donc qu'à un moment ou l'autre du cycle, nous mangions un être vivant pour être capable de dégrader les molécules de carbone qui composent les polymères de carbone; de les dégrader par la digestion pour en retirer l'énergie qui nous permettra de former d'autres combinaisons correspondant à notre génome. Nous nous organisons à partir de tous les autres êtres vivants qui s'étaient organisés avant nous.

C'est un aspect fondamental. Pour qu'un cycle puisse être fonctionnel, il faut que les plantes puissent retrouver les éléments simples qui sont nécessaires pour composer les éléments complexes qui vont nous servir de nourriture. Pour cela, il faut qu'il y ait minéralisation. Et la minéralisation se fait par la décomposition. En fait, si on veut résumer cette situation, tant qu'il y a de la nourriture dans la nature, il se trouve quelqu'un qui a intérêt à l'absorber. Au fur et à mesure que telle molécule va se dégrader, il y aura passage à des formes de vie de plus en plus simples, jusqu'à ce qu'on en arrive aux éléments minéraux qui eux vont être réabsorbés par les plantes. La décomposition, qui assure le recyclage, est donc une chose très importante. Nous sommes tous formés de molécules qui ont un jour été décomposées et sont passées par un tube digestif...

Lorsqu'un individu cesse d'être sous la dépendance de son génome, les choses se passent selon un scénario connu. Il y a d'abord la catalyse des cellules par les enzymes cellulaires. Ensuite, les détritivores s'emparent des cadavres, puis vient le moment de la putréfaction par les bactéries et les champignons.

Ma mort est leur vie

La décomposition chez un métazoaire comme l'homme se traduit d'abord par un arrêt de la circulation. L'arrêt de la circulation provoque un manque d'oxygène au niveau des cellules. Les cellules passent immédiatement en mode anaérobie. Ce phénomène produit de l'acide lactique occasionnant un raidissement musculaire, le fameux rigor mortis. Ensuite, quand elles n'ont plus de carburant cellulaire pour fonctionner en anaérobie, survient l'autolyse des cellules. On observe aussi une dégradation bactérielle à partir du contenu intestinal. Le système immunitaire n'est plus là pour empêcher les bactéries, les acariens qui vivent sur notre peau de traverser les membranes, de passer à l'intérieur. Le cadavre est alors colonisé par des insectes, des acariens, différents détritivores qui vont très rapidement opérer la lyse des membranes cellulaires.

Le cadavre, s'il est à l'abri, naturellement, va se dessécher. L'eau constituante va s'échapper avec les molécules hydrosolubles. Il va y avoir une dégradation complète. Les protéines vont se transformer en acides aminés liquides ou gazeux, en ammoniac, et en nitrates. Les nitrates et l'ammoniac vont être récupérés dans le sol soit par les plantes dans le cas des nitrates, où encore dans le cas de l'ammoniac par les bactéries dénitrifiantes ou les bactéries nitrifiantes qui vont les transformer en NO3 ou les retransformer en azote atmosphérique. Les graisses vont être saponifiées avec les réactions ammoniacales. À ce moment-là, elles deviennent hydrosolubles. Elles vont aussi passer dans le sol et être dégradées par d'autres organismes. Les glucides vont former des alcools, des cétones, des acides organiques et toutes sortes de belles molécules volatiles qui, avec l'ammoniac, nous donnent des odeurs putrides! Ces produits sont ensuite entraînés dans le sol avec l'eau constituante du corps et lavés par l'eau de pluie ou encore émis dans l'atmosphère sous forme gazeuse. Ils sont finalement transformés et récupérés pour recommencer les différents cycles. Et si les précipitations sont le moindrement acides, les os vont se décalcifier et le calcium va revenir dans le cycle du calcium.

À l'intérieur de la biosphère, il y a un lien entre toutes les morts et toutes les vies. Cela nous oblige à réfléchir sur la place et le rôle de l'humanité dans cette biosphère. En augmentant à la fois l'espérance de vie des enfants et le nombre de naissances par femmes, on a accéléré de façon très importante la croissance de la population humaine. Vous connaissez le diagramme classique qu'on trouve dans tous les bons ouvrages sur la démographie; on y trouve la courbe d'explosion démographique qui se produit à l'heure actuelle. Cette courbe indique qu'au cours des dernières décennies, il y a eu accélération de la croissance du nombre de téléspectateurs qui désirent devenir des riches et célèbres! Cette croissance a un impact important sur la biosphère. Au rythme de 170 nouveaux individus à la minute, on atteint vite une limite quelconque.

Cela m'amène à parler de ce qui, du point de vue biologique pur, constitue la vraie mort. La mort de l'individu est simplement, dans l'évolution de l'espèce, un processus tout à fait normal. La vraie mort est la disparition des espèces. Lorsque l'ensemble d'un groupe génétique s'éteint, une richesse considérable est perdue. On parle à l'heure actuelle de la vitesse d'extinction des espèces. Tant qu'il reste quelques individus d'une espèce, on peut récupérer une partie du génome qui est original et qui traduit finalement l'histoire de l'adaptation de l'espèce à un environnement particulier. Lorsqu'une espèce disparaît, on perd complètement cette richesse. Cette perte est grave car nous sommes maintenant en mesure d'extraire du génome des autres espèces des molécules qui peuvent nous être utiles pour améliorer notre qualité de vie.

Considérons la vitesse à laquelle le taux annuel d'extinction des espèces s'est accru depuis 300 ans. Au rythme naturel, il y a disparition d'une espèce tous les 21 mois. Au cours du dernier million d'années, 900,000 espèces environ sont disparues. Au rythme actuel, il semble que plus 1000 espèces disparaissent chaque année, trois espèces par jour. Compte tenu de la destruction des forêts tropicales à l'heure actuelle, on estime que la vitesse de disparition des espèces sera de l'ordre de 15,000 espèces par année en l'an 2010. L'échelle est logarithmique. Si on considère la courbe d'apparition des espèces par rapport à la courbe de disparition, pour une ordonnée d'apparition des espèces de 10 cm, on aurait une abscisse de disparition des espèces de 100 kilomètres.

Depuis son apparition, l'Homme a modifié les conditions nécessaires au maintien de la vie sur terre. Il a provoqué la disparition de plusieurs espèces en les surexploitant ou en modifiant leur habitat, à tel point qu'elles ne pouvaient survivre. Actuellement, les modifications de la biosphère attribuables à la civilisation industrielle nous entraînent vers une remise en question de notre développement. À l'image d'un organisme qui termine sa croissance tout en continuant son développement ou d'une population qui se stabilise dans son environnement, nous devons saisir les signaux que nous donnent les espèces qui disparaissent pour nous adapter aux limites de la capacité de charge de la planète. Ces espèces sont comme le canari qu'on plaçait dans les mines de charbon pour prévenir les coups de grisou. Leur disparition préfigurait la nôtre.

La mort de chaque espèce est inéluctable, mais il vaudra toujours mieux parler de la mort dans la Nature que de la mort de la Nature.

RD

La mort dans la culture


Auteur : Jacques Dufresne

philosophe, chroniqueur à la Presse et au Devoir, conférencier et auteur de nombreuses publications. Il est aussi le fondateur ou le président (éditeur) de l'Encyclopédie de L'Agora. 

(Découvrir l'Agora à l'adresse suivante : http://agora.qc.ca/)





"Ils ont fondu dans une absence épaisse,
L'argile rouge a bu la blanche espèce,
Le don de vivre a passé dans les fleurs!
Où sont des morts les phrases familières,
L'art personnel, les âmes singulières?"

Paul Valéry, Le Cimetière marin

L'adorable histoire de Platon sur le chant du cygne, dont l'équivalent existe dans d'autres cultures, nous autorise à penser que l'homme traditionnel possédait une espèce d'instinct d'immortalité. C'est sans doute parce qu'elle correspondait à cet instinct que la doctrine chrétienne de l'immortalité de l'âme a pu prendre racine aussi rapidement et aussi solidement dans les populations européennes.

La combinaison d'un tel instinct et d'une telle croyance aide à comprendre pourquoi on mourait si facilement autrefois. Voici un récit illustrant ce que fut la mort des chrétiens pendant plus d'un millénaire. "Quand Lancelot, blessé, égaré, s'aperçoit, dans la forêt déserte", qu'il a "perdu jusqu'au pouvoir de son corps", il sait qu'il va mourir. Alors, que fait-il? Des gestes qui lui sont dictés par les anciennes coutumes, des gestes rituels qu'il faut faire quand on va mourir. Il ôte ses armes, se couche sagement sur le sol: il devrait être au lit ("gisant au lit malade", répéteront pendant plusieurs siècles les testaments). Il étend ses bras en croix - cela n'est pas habituel. Mais voici l'usage: "il est étendu de telle sorte que sa tête soit tournée vers l'Orient, vers Jérusalem" (Philippe Ariès, Essais sur l'histoire de la mort en Occident du Moyen Âge à nos jours, Paris, Seuil, 1975, p. 20).

De la mort apprivoisée à la mort interdite

Phillipe Ariès, l'historien français à qui nous devons l'une des analyses les plus significatives de l'évolution des attitudes de l'homme occidental devant la mort, utilise l'adjectif "apprivoisée" pour caractériser une mort à la fois pressentie et consentie comme celle de Sir Lancelot.

Il montre ensuite comment, au cours des quelques siècles qui constituent la modernité, on est passé de la mort apprivoisée à la mort interdite. Auparavant, l'homme tombait de l'arbre de la vie comme la pomme tombe du pommier: comme un fruit qui est mûr. Cet acte a perdu progressivement son caractère naturel. La mort a commencé à arracher des cris de révolte; elle a été perçue comme une chose inopportune, puis comme une injustice ou comme une absurdité, voire comme un anachronisme: on aura bientôt le pénible sentiment de connaître la mort juste avant que la médecine ne triomphe enfin de cette fatalité. D'où l'intérêt que la congélation du cadavre suscitera au XXe siècle. Dans une étape antérieure du processus de dissociation d'avec la mort, on s'était contenté de transférer les restes du sous-sol et du voisinage immédiat de l'église vers un cimetière situé à l'extérieur de la ville ou du village.

Au même moment, la sexualité quittait la place qu'elle occupait tout naturellement au centre de la vie quotidienne pour devenir, en marge de cette dernière, une chose qui de plus en plus tirerait son attrait de son caractère exotique. Ariès n'hésite pas à associer le changement des attitudes devant la mort au changement des attitudes devant la sexualité. "Comme l'acte sexuel, la mort est désormais de plus en plus considérée comme une transgression qui arrache l'homme à sa vie quotidienne, à sa société raisonnable, à son travail monotone, pour le soumettre à un paroxysme et le jeter alors dans un monde irrationnel, violent et cruel. Comme l'acte sexuel chez le marquis de Sade, la mort est une rupture. Or, notons-le bien, cette idée de rupture est tout à fait nouvelle. Nous avons voulu au contraire insister sur la familiarité avec la mort et avec les morts. Cette familiarité n'avait pas été affectée, même chez les riches et les puissants, par la montée de la conscience individuelle depuis le XIIe siècle. La mort était devenue un événement de plus de conséquence; il convenait d'y penser plus particulièrement. Mais elle n'était encore ni effrayante, ni obsédante. Elle restait familière, apprivoisée. Désormais, elle est une rupture." (Philippe Ariès, op. cit p. 47.)

La mort démocratique

Pour bien comprendre le changement des attitudes devant la mort dans les temps modernes, il faut aussi tenir compte de l'avènement de la démocratie et plus généralement de l'avènement de la notion de contrat-convention en lieu et place du pacte avec Dieu et avec la nature qui avait été auparavant le fondement des institutions politiques. On voudra un jour maîtriser sa mort comme aura maîtrisé son destin politique.

On identifie généralement la démocratie aux trois grands mots de la révolution française: liberté, égalité, fraternité. Il y a un quatrième mot, plus important que les trois autres, bien qu'on le tienne caché, le mot sécurité.

Les gouvernements modernes se sont proposés avant tout d'apporter la sécurité aux hommes. À l'état de nature, nous dit Thomas Hobbes, l'un des fondateurs de la philosophie politique moderne, l'homme est un pervers égoïste et agressif; il ne peut trouver le bonheur et la sécurité, les seuls biens qui lui importent (puisque l'immortalité de l'âme est une illusion) qu'en renonçant à son pouvoir au profit d'un État qui lui apportera sa protection en retour.

Peu à peu, s'accréditera l'idée que ce qui rend l'être humain agressif et asocial ce sont les sentiments et les valeurs qui se rattachent à la haute idée qu'il a de lui-même: ambition, honneur, besoin de reconnaissance, orgueil. La première mission de l'État sera d'empêcher ces sentiments de se développer, le but ultime étant la sécurité, condition du bonheur.

Nous savons tous l'importance de la sécurité dans les sociétés modernes avancées. On en vient parfois à se demander si, à défaut de pouvoir trouver la sécurité en Dieu, les hommes n'ont pas fait de la sécurité une divinité. Or la mort, même pour les croyants, à l'exception de quelques saints, c'est l'insécurité absolue. Faut-il s'étonner qu'en attendant de pouvoir la vaincre on veuille la nier?

Au moment où s'opérait cette modernisation axée sur la sécurité, la montée de l'égalité dans les sociétés faisait progressivement disparaître la race des maîtres. Au sens que Hegel et Nietzsche donnent à ce terme, le maître est essentiellement celui qui méprise la mort, qui place l'honneur et la dignité au-dessus de sa propre vie. L'esclave par opposition est celui qui tient plus à sa vie qu'à sa dignité.

Il en a été ainsi dans l'histoire. À l'origine, dans l'antiquité, l'esclave c'est le soldat d'une armée vaincue. S'il attache moins d'importance à sa vie qu'à sa dignité et à sa liberté, il peut toujours s'enlever la vie. Beaucoup l'ont fait, parmiles Romains en particulier. Chez les stoïciens, ce suicide par dignité est devenu une règle de vie, si l'on peut dire. Sénèque, par exemple, n'a pas hésité à s'ouvrir les veines plutôt que de s'exposer à la justice de Néron.

Pendant des siècles, l'élite européenne a été formée au contact d'auteurs comme Plutarque, qui dans Les Vies en parallèles (biographies des hommes illustres de l'Antiquité) se propose d'édifier le lecteur en lui montrant des exemples d'une vertu consistant pour l'essentiel à préférer la dignité à la vie.

Ces modèles ont progressivement disparu de l'avant-scène au cours des deux derniers siècles, c'est-à-dire d'une part au moment où s'achevait la métamorphose des attitudes devant la mort et d'autre part au moment où l'homme démocratique faisait de la sécurité sa première valeur.

Contemporaine de ces processus, la science aura contribué à l'éloignement de la mort en l'objectivant. Pour Sir Lancelot, la mort est un mystère dans lequel on se laisse glisser. Dans un hôpital moderne, elle est un cas que l'on soumet à la discussion avec les collègues; dans le laboratoire voisin, elle est un problème qu'on analyse.
La mort, problème ou mystère?

La mort était un mystère. Elle est désormais un problème. N'est-ce pas la façon la plus simple et la plus juste de rendre compte de la mort actuelle, dans les hôpitaux en particulier? À la lumière de l'interprétation qu'en donne Gabriel Marcel, cette distinction entre le mystère et le problème nous indique même les gestes à poser et à ne pas poser pour que se crée le climat qui permet de respecter les voeux les plus secrets du mourant. Il est des questions dont les réponses se trouvent dans un climat et non dans des distinctions qui satisfont la raison et le droit. Les questions ultimes entourant la mort sont de celles-là.

"Le problème, écrit Gabriel Marcel, est quelque chose qu'on rencontre, qui barre la route. Il est tout entier devant moi. Au contraire, le mystère est quelque chose où je me trouve engagé". Le problème est du côté de l'avoir, du vérifiable, le mystère est du côté de l'être, de l'invérifiable. Comment éviter la transformation du mystère en problème? Comment éviter, par exemple, le passage, qui semble fatal, du mystère de l'amour aux problèmes sexuels?

On peut participer au mystère de l'éveil de l'intelligence d'un enfant. Ce mystère devient un problème dès lors qu'un test révèle, ou plutôt étale le fait que le quotient de l'enfant est au-dessous de la moyenne... ou trop au-dessus.

Le problème est étalé à la portée de tous les regards, même les moins respectueux. Le propre du mystère est qu'il est voilé et que j'en fais partie.

On aura compris le lien entre le problème et la science. Partout où passe la science, s'accroît le risque qu'un mystère soit réduit à l'état de problème.

La mort est devenue un problème. Et là se trouve précisément le problème. La question éthique fondamentale, dans le débat qui nous intéresse, ce n'est pas celle de l'euthanasie, c'est celle de la dégradation du mystère de la mort en problème.

Tant qu'on reste dans la sphère du mystère, même un geste qui, vu de l'extérieur, apparaîtrait comme de l'euthanasie active, peut être justifié. On peut sentir alors qu'un être a accompli son destin et avoir la certitude qu'on ne le privera de rien en prenant le risque de hâter sa fin pour soulager davantage sa souffrance. L'essentiel en effet n'est pas la durée en tant que succession de minutes, c'est la durée en tant que lieu d'un accomplissement.

Mais quand on descend au niveau du problème, on peut penser que le mal est fait quoiqu'il advienne ensuite. Le grand malade alors n'est plus qu'un cas, qu'une chose. Il se sent exclu du festin de la vie, il se voit comme un fardeau pour son entourage. Son désir le plus profond est d'échapper à cette condition. S'il dit qu'il veut vivre c'est parce qu'il espère encore être enchanté, illuminé par la présence irradiante et compatissante de la vie à ses côtés. On le trompera si l'on se contente de reporter l'échéance par des prouesses techniques. S'il dit qu'il veut mourir, on le trompera encore si on interprète sa demande littéralement et si on se contente d'y répondre par une aide technique au suicide.

Il faut évidemment faire les lois en partant de l'hypothèse que la mort est plus fréquemment vécue comme problème que comme mystère. C'est pourquoi il ne serait pas sage de légaliser l'euthanasie active. Le flou juridique actuel est un moindre mal dans ce contexte. Il éloigne l'illusion qu'il existe une solution technique impeccable, que la solution se trouve dans une mort juridiquement correcte. Parce que le flou entretient l'incertitude chez les proches et les soignants, il les rapproche du malade qui vit l'incertitude suprême. Il favorise ainsi le retour à l'humanité, au mystère, dans une situation trop objectivée.

Si le climat de mystère est respecté ou recréé, il y a toutes les chances que la volonté authentique du malade soit respectée, car c'est justement ce climat, et lui seul, qui permet à la dite volonté de se manifester dans toute sa vérité. L'essentiel, c'est la compassion qui est alors possible. Il faut tout mettre en oeuvre pour en favoriser l'éclosion. En d'autres termes, le but ultime doit toujours être de ramener la situation de l'état de problème à l'état de mystère.

Pourquoi faudrait-il que toutes les situations soient nettes alors que la contradiction est la caractéristique fondamentale de la condition humaine?

RD

jeudi 5 janvier 2012

DIEU, une énigme dans la vie de l’homme


La position de l’homme

-  L'homme possède de grands atouts comme l’aptitude à apprendre et à se dépasser, à cumuler les expériences et les expertises.

-   D’où vient le besoin de DIEU? Il origine carrément de la conscience des hommes qui sont en proie à une angoisse existentielle fortement liée au phénomène de la MORT individuelle.

La vie après la mort

-        Si un DIEU proche des humains n’existe pas, y-a-t-il quelque chose après la mort? Le plus vraisemblable, c’est que nous allons vers un sommeil éternel, bercé par l’absence de sensations, une forme de repos sans fin, auréolé par nos descendants immédiats qui gardent le souvenir de notre existence passée.

-       En somme, les lendemains de la vie terrestre seraient pour l'homme une désintégration corporelle et une renaissance spirituelle au sein de l'univers en tant que matière et énergie.

La mort de la conscience

-       L’espèce humaine évolue à travers les générations d’hommes qui se succèdent.

-  On serait tenté de croire fermement que la conscience est un produit de l’évolution puisque tous les mammifères ont des sens et une forme de conscience.

-    La mort de l’ego humain ou de la conscience fait partie du cycle de l’évolution des formes de vie. DIEU ne serait qu’une forme de causalité pour l’homme conscient de la brièveté de son existence et de son espoir de survie. Il s’agirait alors véritablement d’un repos éternel ou d’un retour à l’origine du commencement de la vie.

L’existence de DIEU et l’homme

-    L’existence de DIEU n’est pas liée à celle de l’homme. Dans l’hypothèse qu’il existe, il était présent bien avant que l’homme ne devienne l’homo sapiens sapiens. Et une fois que l’espèce humaine sera éteinte, il sera encore et toujours le maître de l’univers.

 Qui est DIEU réellement ?

     L’homme, à travers les temps, lui a prêté toutes sortes de représentations.

    L’origine du concept « DIEU » est liée à l’homme et à sa perception de la divinité. Mais, on pourrait penser que DIEU est un existant et que l’on ne connaît pas vraiment qui il est vraiment. Doit-on en rester là?

Les perceptions de l’homme

  Intuitivement, l’homme pense qu’il y a un être supérieur qui a créé le monde qu’il habite. Il a découvert qu’il y a des lois à caractère universel qui gouvernent ce monde, une logique organisationnelle avec une causalité, du simple vers le plus complexe.

  Lui-même se découvre comme faisant partie de cet univers. Les atomes qui le composent remontent au début du monde, soit lors du fameux Bing Bang.

La valeur des réponses religieuses

  La première grande interrogation, si DIEU existe, est la suivante: dans quelle mesure les croyances religieuses nous rapprochent-elles du VRAI DIEU, celui que l’on veut connaître de façon objective?

    L’homme se sent limité par sa nature, i.e. par le degré d’évolution atteint, sa durée de vie, son niveau de conscience, ses sens, son intelligence, etc.

  • Depuis toujours, il est à la recherche d’un semblable et d’un plus grand que lui.
  • Si les croyances religieuses sont très près de ce qu’est réellement DIEU, alors l’homme a la bonne réponse à ses angoisses existentielle.
  • Si l’écart entre les croyances religieuses et la VRAIE nature de DIEU est très grand, alors l’homme doit rechercher la VÉRITÉ par tous les moyens à sa disposition.
  • Dans le cas où il n’y aurait aucun lien à faire avec DIEU tel que perçu par l’homme et le VRAI DIEU, qu’il s’agit de tout autre chose que l’homme s’imagine, le champ de la connaissance est ouvert à toutes les spéculations.

Les manifestions de DIEU

Les principales manifestations de DIEU sont :

        La vie et ses mystères;
        L’existence d’un univers incroyablement grand et complexe;
    Les lois qui gouvernent la matière et/ou l’énergie, à l’échelle microscopique ou macroscopique;
        Le phénomène de la conscience chez les vivants;
        Le sentiment d’une présence inconnue dans la conscience des hommes.

Le sentiment humain de la présence de Dieu

    Le fait que tous les peuples, même ceux qui ont évolués totalement isolés des autres, aient une religion, semble être l'argument le plus fort en faveur de l'existence de Dieu, qui se serait révélé à chaque peuple et qui l'aurait interprété chacun à sa manière.

      À moins que ce soit le signe que la religiosité est une phase du développement du cerveau humain qui devient assez intelligent pour réaliser qu'il va mourir, mais qui ne peut pas l'assumer, alors il se fabrique un protecteur garant de la vie éternelle.

   Le fait que, plus la religion est en perte de vitesse, plus les superstitions et les croyances en n'importe quoi se développent, incite à pencher pour la seconde solution.

La survie de l’espèce humaine est une clé faisant partie de l’énigme de DIEU

  En fait, la vie éternelle existe à travers notre descendance qui est le prolongement de notre vie dans le futur. Un homme n'est jamais vraiment mort tant que quelqu'un sait qu'il a existé.

L'humanité ne peut pas continuer à s'accrocher éternellement au leurre de la religion, sous peine de sombrer dans la névrose collective. Il faudra bien un jour regarder la réalité en face et l'assumer. À moins de découvrir la VRAIE religion!

     Mais si la situation actuelle est bien une étape dans le développement du cerveau, c'est une étape en attendant quoi ?

     Peut-être en attendant la sagesse ... »

Que penser de la mort de l’humain?

   L'homme traditionnel possédait une espèce d'instinct d'immortalité. C'est sans doute parce qu'elle correspondait à cet instinct que la doctrine chrétienne de l'immortalité de l'âme a pu prendre racine aussi rapidement et aussi solidement dans les populations européennes.

      Au cours des quelques siècles que constitue la modernité, on est passé de la mort apprivoisée à la mort interdite. Auparavant, l'homme tombait de l'arbre de la vie comme la pomme tombe du pommier: comme un fruit qui est mûr. Cet acte a perdu progressivement son caractère naturel. La mort a commencé à arracher des cris de révolte; elle a été perçue comme une chose inopportune, puis comme une injustice ou comme une absurdité, voire comme un anachronisme.

Évolution de la perception de la mort chez l’humain

    Comme l'acte sexuel, la mort est désormais de plus en plus considérée comme une transgression qui arrache l'homme à sa vie quotidienne, à sa société raisonnable, à son travail monotone, pour le soumettre à un paroxysme et le jeter alors dans un monde irrationnel, violent et cruel.

    Pour bien comprendre le changement des attitudes devant la mort dans les temps modernes, il faut aussi tenir compte de l'avènement de la démocratie et plus généralement de l'avènement de la notion de contrat-convention en lieu et place du pacte avec Dieu et avec la nature qui avait été auparavant le fondement des institutions politiques.

    On identifie généralement la démocratie aux trois grands mots de la révolution française: liberté, égalité, fraternité. Il y a un quatrième mot, plus important que les trois autres, bien qu'on le tienne caché, le mot sécurité.

    Nous savons tous l'importance de la sécurité dans les sociétés modernes avancées. On en vient parfois à se demander si, à défaut de pouvoir trouver la sécurité en Dieu, les hommes n'ont pas fait de la sécurité une divinité. Or la mort, même pour les croyants, à l'exception de quelques saints, c'est l'insécurité absolue. Faut-il s'étonner qu'en attendant de pouvoir la vaincre on veuille la nier?

RD

Qui suis-je, moi, dans l’univers?


Les humains ont quelque chose de particulier; ils appartiennent tous à la même espèce, mais chacun a le sentiment d’être différent. Ce sentiment est particulièrement développé en Occident où l’on cultive le culte de l’individualité et de la réussite personnelle.

Plus l’on progresse en âge, plus le poids de cette identité s’affirme et pèse sur notre destin. Nous nous sentons différent des autres et nous voulons que cette vie humaine ne prenne jamais fin.

Hélas, le temps s’écoule. Chaque jour qui se lève est un gong qui nous rappelle que notre finitude est toujours là et que l’horloge de notre vie prend de l’âge.

L’âge de l’innocence que l’on vit surtout durant l’enfance est fait de sensations primaires, de développement rapide physique et mental, d’apprentissage de toutes sortes. Le jeu est omniprésent et l’insouciance face aux dangers de la vie nous protège presque totalement.

Généralement, nous vivons alors dans un monde protégé par des parents qui appréhendent nos besoins et s’occupent de pourvoir tous les soins requis.

L’adolescence est un âge plus perturbé et turbulent où l’on découvre notre identité propre et la sexualité. Notre horizon spatial s’élargit et la perception de la réalité augmente. Le monde des idées et des idéaux devient perceptible.

Le jeune adulte que l'on devient est fait de toutes sortes de cheminements dont une partie nous est redevable. Mais, il arrive que notre destin soit scellé par toutes sorte d'imprévus qui bousculent la vision que l'on avait de notre avenir professionnel, familial ou personnel, Finalement, il se produit un enchaînement avec le marché du travail et les impératifs de notre propre famille. Tous les efforts vont à s'assurer une place dans la société et à faire vivre les siens. Les années s'accumulent et le poids des ans commencent à se faire sentir. Si l'on a bien travaillé, les lendemains sont perçus comme positifs. En revanche, on ne peut arrêter les aléas de la vie au plan de la santé et de l'épuisement graduel de ses ressources personnelles.

Le milieu de la vie est une période de consolidation de nos actifs sur tous les plans. Sinon, c'est le rajustement qui s'imposera que l'on le veuille ou non. On n'arrive pas à tout contrôler ou à tout garder les choses en place. Les gens autour de nous évoluent et prennent leur envol, tout comme nous, ils vont recommencer à leur manière le renouvellement de la vie.

Finalement arrive le temps de la retraite. L'horizon devient moins lointain et les gestes sont vécus de plus en plus au quotidien, avec de nouveaux défis définis par les défaillances de la machine humaine. Le temps de la sagesse s'installe ou bien le regard devient plus ou moins fixe, avec une réflexion tournée vers le passé, le temps où nous avions en main le plein contrôle de notre destin. C'est un temps où l'on doit prendre du recul face à soi et occulter le passé et tous les souvenirs négatifs pour atteindre le sentiment d'avoir atteint ses objectifs dans la vie.

À la fin de la vie, c'est le retour aux sources. Partie intégrée de l'univers, notre combinaison de gènes se désagrège au profit de la génération suivante qui vivra à nouveau dans une conscience nouvelle et une entité physique qui s'est renouvelée. Ainsi, le veut la continuité de la vie de l'espèce humaine.

RD

La vie et la mort selon la pensée chinoise

Ci-contre, livre de référence comme « Introduction à la pensée chinoise »

Longtemps coupé des influences orientales, l’Occident découvre qu’il a beaucoup à apprendre de la Sagesse des autres civilisations qui ne sont pas judéo-chrétiennes. Alors que les religions révélées par les Livres (Bible, Évangile, Coran) sont remises en question sur de nombreux plans, d’autres croyances, elles aussi millénaires, viennent s’interposer et nous apporter un enrichissement pour nous aider à comprendre le sens de la vie et de la mort.

Le texte de Wang Keping résume la pensée chinoise sur la vie et la mort et rejoint les philosophes occidentaux non théistes qui avancent ce qui suit : il n’y a rien après la mort, seul le présent est éternel. Alors, il faut profiter de chaque moment de son existence pour vivre le plus heureux et le plus longtemps possible.[1]

TEXTE DE WANG KEPING[2]

Faut-il craindre la mort? Comment vivre sa vie au mieux? Voilà deux questions essentielles sur lesquelles se sont penchés les philosophes chinois. Leurs conclusions donnent lieu à la réflexion…

« Être, ou ne pas être, voilà la question… » pour Hamlet et la majorité des gens qui, règle générale, tiennent à la vie et craignent la mort. Dans beaucoup de cultures, aborder le sujet de la mort reste un sujet tabou dans les conversations de tous les jours. Mais ce n'est pas le cas pour les Chinois. Pour eux, la vie et la mort est un sujet de conversation courant. L'approche pragmatique des Chinois est illustrée dans les dictons : La vie humaine n'est rien d’autre qu’une étape au cours de laquelle le soleil et la lune fonctionnent comme deux projecteurs ; Nous vivons nos vies de la même manière que l’herbe traverse les saisons du printemps à l'automne; Rien ne distingue le vieux et le jeune dans sa route vers la tombe; On n’a pas à se réjouir de la vie, comme on n’a pas à se sentir contrarié par la mort.

Ces adages illustrent la croyance voulant que l'homme naisse pour mourir et que la vie soit simplement un voyage du sein au tombeau, un processus naturel régi par une loi objective. Et de cette dernière, personne ne peut faire fi ou s’échapper. Quels que soient les efforts que quelqu’un puisse déployer, chacun meurt à un moment donné. Rien d’autre ne peut être fait : il faut suivre le processus naturel de la naissance à la mort. L'herbe pousse au printemps comme la prime jeunesse et se flétrit à l’automne comme le début du vieil âge.

Tout cela peut sembler sinistrement réaliste, voire pessimiste, mais c’est néanmoins une attitude admise et largement partagée par les Chinois. La conscience de la nature inéluctable de la mort leur permet d’y faire face avec philosophie. Voir la vie humaine comme une facette de la nature et le cycle de vie de l'herbe comme reflétant le leur est en réalité une attitude optimiste, car celle-ci dissipe la crainte de la mort elle-même.

Les origines de cette attitude

Cette philosophie naturaliste sur la vie et la mort s’enracine dans le taoïsme. Son fondateur Lao Zi (Lao-tseu) perçoit la vie et la mort comme un phénomène naturel, la vie ne devant pas être surévaluée, et la mort, redoutée. Il dit, d’une façon ne laissant prise à aucun doute :

L'homme arrive vivant dans le monde et mort dans la terre.

Trois sur dix vivront longtemps.

Trois sur dix vivront peu.

Et trois sur dix essaieront de vivre longtemps, mais mourront prématurément.

Et pour quelle raison?

Parce qu’ils vont trop chercher à préserver la vie.

Seuls ceux qui dévaluent leur vie sont plus sages

Que ceux qui la surévaluent.

J'ai entendu dire que ceux qui sont bons à préserver la vie

… sont hors de portée de la mort.

Voilà le concept taoïste central de la réalité de la vie et de la mort dans lequel on critique les riches matérialistes de perdre leur temps à « préserver excessivement la vie », ce qui se termine habituellement dans la frustration et la déception. Observateur et critique, Lao Zi n’a pas pu faire grand-chose d’autre que de respecter son tao de sobriété et de simplicité et de conseiller aux autres de préserver la vie en ayant une vie d’une durée normale, libre des soucis et des inquiétudes, et de ce fait, allant au-delà de « la portée de la mort ». La sage observation L'homme arrive vivant dans le monde et mort dans la terre mène à la conclusion que les gens devraient vivre leur vie naturellement afin de l'apprécier pleinement. Ils ne devraient ni être intimidés par la crainte de la mort, alors qu’elle est inévitable, quoiqu’il arrive, ni surévaluer la vie, puisque d’essayer de la conserver est futile.

Zhuang Zi (Chuang-tzu), successeur reconnu de Lao Zi, a continué à ressasser les concepts sur l'essence de l'existence humaine. Il a conclu que tous les êtres vivants sont issus du qi –l'énergie vitale ou la source de l'être. La vie humaine est créée d'un faisceau de qi et prend fin quand ce faisceau se disperse. Zhuang Zi est allé aussi loin que de déclarer que la vie n’est qu’une tumeur que la mort extirpe, considérant la vie comme un processus incluant devenir, peiner, souffrir, se retirer et passer à la tombe qui est le lieu du repos final.

Comment interpréter ces conclusions?

Cette attitude peut être interprétée comme négative, sous le prétexte qu’elle encouragerait la passivité sans espoir par rapport à la perspective et au caractère inévitable de la mort, en considérant la vie comme quelque chose avec laquelle on doit se tirer d’affaire grâce à une connaissance réconfortante, tel que le décrit le proverbe chinois suivant : La misère que quelqu'un endure durant la vie n'est pas pire ou plus grande que la mort de son cœur. Attendre que l'épée de Damoclès de la mort s’abatte et en faire un objectif signifie qu’être ou ne pas être n'est alors plus une question, puisque vivre la vie de cette manière est en soi une sorte de mort.

Cependant, d'un autre point de vue, l'attitude taoïste envers la mort peut engendrer une attitude positive face à la vie. L’acceptation du caractère inéluctable de la mort donne une signification et un but au passage naturel de la naissance à la mort, ce qui motive une personne à profiter au maximum de la vie et à accorder une grande valeur à chaque minute. Savoir que le temps s'envole et ne peut jamais être rattrapé crée un sens de mission et d'engagement social. Le redoublement des efforts et du travail acharné qui résulte de ce savoir, afin de vivre pleinement sa vie, enrichit la perception de la portée historique de l’existence dans la société. Transcender les limitations mortelles qui surgissent de la mystique de la mort rend possible la gestion des épreuves, des difficultés, de la misère et des souffrances. Et en retour, cela crée une façon de penser particulière, encore plus évidente chez les martyrs révolutionnaires et religieux qui consacrent volontairement leurs heures à une cause noble et se sacrifient pour leurs idéaux. Dans le confucianisme, il y a également le caractère idéalisé junzi (homme supérieur). On s’attend que cet homme se consacre sans compter dans l'intérêt de la conservation et de l’avancement de l’humanité. Un tel esprit de dévouement ne peut provenir que d'une conception positive de la mort.

Bref, selon la croyance taoïste, la véritable liberté spirituelle consiste à comprendre la nature de la mort et à pouvoir vivre sans la craindre, selon le tao de l'être, plutôt que d'être tyrannisé par le spectre de la mort. Cette attitude encourage au contraire les gens à être les maîtres de leur propre destin, ce qui leur permet d’améliorer leur qualité de vie et de réaliser la liberté spirituelle. En conclusion, pour la réflexion personnelle, voici un autre passage de Lao Zi :

Quand des lettrés de niveau supérieur entendent parler du tao,

Ils le pratiquent avec diligence.

Quand des lettrés de niveau moyen entendent parler du tao, ils le croient à moitié.

Quand des lettrés de niveau inférieur entendent parler du tao,

ils en rient de bon coeur.

S'ils n’en riaient pas, ce ne serait pas le tao.
RD

[2] Wang Keping est directeur adjoint de l'Institut pour les études transculturelles sous l'Université des études internationales de Beijing.

dimanche 1 janvier 2012

Le passage à l'an 2012

Toute la planète fête le Nouvel An, 2012 parce que, maintenant, nous avons développé une culture mondiale et surtout, une conscience globale.

Si nous n'arrivons pas encore à nous faire une idée sur ce que chacun ressent, dans les diverses régions du monde, c'est parce que ce phénomène est nouveau. Il date des nouveaux moyens de communication, dont fait partie Internet.

Cette prise de conscience est très récente et n'est pas bien développée partout. Pour y parvenir, il faut avoir atteint un certain niveau de vie, appartenir à une société moderne et organisée, disposer d'une population cultivée,.. . Or, combien de nos semblables en sont encore au Moyen-âge, sans espoir de manger à leur faim ou de participer à la grande aventure de la Connaissance et du Savoir.

Il faut penser à toute cette jeunesse mondiale répartie par pays et nations, qui possède un potentiel énorme et qui pourrait contribuer à l'avancement de l'humanité. Et, qui sont condamnés à une existence faite de misère et de désorganisation sociale. Faut-il blâmer les traditions séculaires ou les religions, le climat ou la pauvreté des lieux habités?  Probablement que la réponse à cette question est faite d'un melting pot de tout cela, à des degrés divers, selon l'endroit concerné.

Être humaniste mondialiste, c'est une notion nouvelle qui transcende les frontières nationales et qui va se répandre avec le temps. C'est inévitable! Tous les humains, qu'ils soient blancs, noirs, jaunes ou cuivrés de peau, recèlent le même potentiel de développement. Seulement, les contraintes existentielles sont énormes et les droits à la liberté et à la disposition de soi-même ne sont pas les mêmes d'un pays à l'autre, d'une région à l'autre, d'une bourgade à l'autre. Il faudra faire sauter des verrous et il y a un prix à payer pour toute révolution qui change le caractère et la destinée d'un peuple.

Le XXIe siècle nous réservera peut-être des surprises parce que nous sommes tellement nombreux maintenant et répartis sur toute la terre, que nous devrons nous entendre et partager les ressources limitées de cette planète Terre. Sinon, c'est la catastrophe. L'humanité a débuté par une petite tribu africaine qui a survécu à un environnement hostile, avec peu de moyens. Aujourd'hui, c'est la multitude des hommes qui nous préoccupent et leurs impacts sur l'environnement. Nous avons gagné notre pari quant à la survie sur les autres espèces, mais nous sommes toujours prisonniers de notre bulle terrestre.

En somme, il y a matière à réflexion en ce nouvel an qui débute et tous les hommes et toutes les femmes sont concernés. L'humanité s'est donnée une conscience mondiale et rien ne semble arrêter le progrès et surtout, l'accès au progrès.

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