Vivre la vie d'un Senior

lundi 31 janvier 2011

Le concept global du vieillissement : le déséquilibre entre dégradation et réparation


 Le concept global du vieillissement : le déséquilibre entre dégradation et réparation

Selon l’Institut européen du vieillissement, « Le système le plus en faveur actuellement fait intervenir comme élément central du processus de sénescence, l’équilibre entre les phénomènes de dégradation et de réparation de l’organisme.

Dans ce système, le vieillissement serait le résultat d’une lutte permanente mais à l’issue toujours fatale, entre l'efficacité des systèmes de maintenance et de réparation de l’organisme et l'intensité de certains processus qui tendent à l’altérer et à le dégrader. L'équilibre des forces en présence est influencé de façon variable par des facteurs énergétiques, génétiques et environnementaux propres à chaque individu.

Deux agresseurs au moins participent de façon majeure au processus de destruction de l'organisme : ce sont les formes activées de l’oxygène ou radicaux libres et certains sucres que l’on trouve abondamment dans l’organisme, tels que le glucose. »

Informations scientifiques et médicales concernant la lutte contre la sénescence

Les schémas mis de l’avant concernant les mécanismes biologiques impliqués par la sénescence ne correspondent vraisemblablement que de très loin à la réalité. Néanmoins, il est important de comprendre que la sénescence est au départ une altération moléculaire. Les lésions moléculaires sont responsables du dysfonctionnement et du vieillissement cellulaire. Le vieillissement cellulaire induit tour à tour le vieillissement organique, le vieillissement systémique et enfin celui de l’organisme.

Le ralentissement du processus du vieillissement

C’est au niveau du ralentissement du processus du vieillissement que les résultats les plus probants peuvent être attendus pour notre génération. Apprécier le degré de vieillissement physiologique, identifier les facteurs de risques individuels et de prévenir ainsi la survenue ultérieure d'affections dégénératives invalidantes. Au terme de cette évaluation, des programmes anti-sénescence peuvent être proposés dans différents domaines (nutrition, rééquilibrage hormonal, traitements antioxydants, médecine mitochondriale, traitements antiglycosylants…).

En un peu moins d'un siècle, notre espérance de vie a presque doublé. Nous sommes et nous serons de plus en plus nombreux à atteindre un âge avancé. Il est impératif que ces années de vie supplémentaires soient des années de vie active, en pleine santé et en complète possession de nos capacités physiques et intellectuelles. S'ils ont permis d'accroître considérablement la longévité, les moyens de santé conventionnels sont maintenant incapables de garantir une plus longue espérance de vie sans invalidité. Ralentir le processus du vieillissement apparaît dès lors comme l'unique moyen de retarder l'apparition des altérations physiologiques liées à l'âge.

Dans les années à venir, l’amélioration de notre compréhension des mécanismes fondamentaux de la sénescence va certainement conduire à l’élaboration et au développement de nouvelles stratégies anti-sénescence de plus en plus efficaces. Ces thérapies contribueront à faire progresser notre espérance de vie en santé. Notre longévité maximale sera toujours soumise, quant à elle, à un déterminisme génétique vraisemblablement qui, pour l’instant, ne peut être contré ou influencé.

Conclusion et perspectives

L'étude du vieillissement est encore un domaine scientifique jeune et prometteur. Si un grand nombre d'hypothèses ont été émises, on manque d'une théorie causale claire. Quant à d'éventuelles applications médicales dans le ralentissement du vieillissement, nous n'en sommes pas encore là. Les produits miracles qui promettent des effets spectaculaires dans cette direction ont autant de validité scientifique que la fontaine de jouvence. Cependant, tous les espoirs sont permis dans ce secteur en pleine ébullition. Que ce soit souhaitable éthiquement ou non, l'homme de 150 ans n'est certes pas pour demain, mais peut-être pour après-demain...

RD

mardi 25 janvier 2011

Le phénomène du vieillissement : un processus naturel incontournable

Nous sommes tous très conscients, nous les humains, que notre vie passe par toutes sortes d'étapes, soit : la conception, la naissance, l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte et la vieillesse.

C'est la même chose pour toutes les espèces vivantes sur terre. On pourrait dire alors que le vieillissement est quelque chose qui est programmée dans nos gènes et qu'il doit arriver un jour ou l'autre.

Le vieillissement biologique, que l'on appelle aussi la sénescence, fait partie du cycle de la vie. Je retiens à cet effet une définition d'un spécialiste qui parle par elle-même : « la détérioration progressive de la quasi-totalité des fonctions de l'organisme au cours du temps. »

Quand on est jeune, on a tout le temps devant nous. Quand on dépasse la soixantaine, là, les jours nous semblent comptés. Les jours passent trop vite. C'est la sensation que l'on a. On se lève le matin et tout d'un coup, le temps a passé en toutes sortes d'activités et c'est le soir. Une nouvelle nuit de sommeil nous attend. Et, rien n'arrête la chaîne infernale des jours, des mois et des années de s'écouler.

CE QUE LE VIEILLISSEMENT ALTÈRE

Sentir le poids des années

À l'occasion de l'Université de printemps de la Fing qui s'est tenue à Aix-en-Provence du 5 au 6 juin 2008 sur le thème du vieillissement et des nouvelles technologies, des spécialistes ont fait le point sur des questions jugées essentielles concernant le vieillissement.

Sophie Schmitt, directrice associée du cabinet Sociosphère, regarde les usages des plus âgés pour mieux comprendre leurs besoins. "Même si on est en bonne santé, le vieillissement a des effets sur chacun", rappelle-t-elle. "On peut en contourner les difficultés, les nier parfois, mais force est de les constater ! Le vieillissement est inéluctable. Irréversible. Ce n'est pas une maladie, mais un phénomène multidimensionnel qui touche toutes les fonctions du corps. Sans compter qu'il a une dimension cumulative : les problèmes physiques ont des effets sur le cognitif ou le psychique."

"On ressent les effets du vieillissement autour de la cinquantaine, avec des signaux souvent faibles, souvent hétérogènes, mais qui s'installent progressivement. D'une petite douleur au genou, on va évoluer vers des difficultés à se déplacer, à faire de la course d'abord, puis à 70 ans à ne plus pouvoir faire ses courses."

On distingue 3 dimensions au vieillissement, précise Sophie Schmitt : le physique, le psychologique et le cognitif. Physiquement, vieillir, c'est un processus global d'altération des capacités qui touche la vue ou l'ouïe (et donc la relation avec les autres), la musculation et l'articulation (et donc l'autonomie), le toucher, le goût et l'odorat (et donc, qui altère le plaisir). En s'accentuant, ces altérations modifient la perception du quotidien.

Pour s'en tenir au vieillissement physique

À 50 ans, la moitié de la population souffre de presbytie : on voit moins bien de près. Dans la salle de bain, on ne porte pas toujours ses lunettes, mais on a du mal à se raser, à se maquiller, on voit moins bien les prix des produits dans les magasins… L'angle de vue se rétrécit. 50 % des accidents des personnes de plus de 70 ans ont lieu à des carrefours. On a besoin de plus de contraste lumineux pour voir ! On voit les couleurs différemment quand on vieillit : les couleurs jaunisses, sont moins intenses, le bleu devient terne, et avec la cataracte on perd de la netteté. Dans un supermarché, on a du mal à voir la signalisation notamment la signalisation en hauteur, celle dont les couleurs ne sont pas adaptées…

Au niveau de l'ouïe, on entend moins bien. On distingue moins les aigus, on perd l'audition et on entend des bruits de fond. On entend plus le glouglou de l'eau qui coule de la même manière. On n'entend plus le clic d'un crayon qu'on ferme.

Au niveau musculaire, on ressent une diminution de la force maximale et de l'endurance. Une diminution qui frappe plus les membres inférieurs que le reste de la force musculaire d'ailleurs. On observe alors comment les personnes âgées réorientent leurs façons de faire leurs courses : on s'y rend plus souvent, on essaye d'aller moins loin. Enfin, on constate souvent un vieillissement au niveau des articulations : l'arthrite et l'arthrose (inflammation douloureuse et raidissement articulaire).

Le vieillissement physique montre qu'on a des besoins fonctionnels grandissants. Il faudrait également prendre en compte les altérations psychiques et cognitives qui s'ajoutent aux altérations physiques. On comprend, à ces exemples, que l'environnement est alors perçu tout à fait différemment. Les consommatrices par exemple ne perçoivent plus le parfum d'un produit de la même manière, en avançant en âge, alors que sa composition n'a pas changé. La difficulté, on le comprend, va être de répondre à la grande diversité des situations.

Devrait-on se révolter de cet état de fait? Pouvons-nous y faire quelque chose? Sûrement que oui! D'après moi, deux niveaux sont à considérer : le niveau sociétal et le niveau individuel.

Deux grands critères sont à prendre en considération : le critère de la longévité ou de l'espérance de vie, c'est-à-dire la durée de vie moyenne d'un individu. On peut aussi regarder l'évolution du taux de mortalité, que l'on peut identifier à la probabilité de mourir dans l'année qui vient, à un âge donné.

Si l'on habite une région où ces deux critères jouent en notre faveur, déjà c'est un premier pas dans la bonne direction. Ici, au Canada, l'espérance de vie est très élevée. La société canadienne jouit d'un niveau de vie qui met à notre portée plusieurs facteurs favorables à l'allongement de la vie : une bonne alimentation, un bon système de santé, peu de troubles sociaux, un climat sain, des régimes de retraite adéquats, etc. Il y a toujours lieu de penser que l'on pourrait encore améliorer notre niveau de vie. Mais, globalement, pour l'instant, nous nous situons au même niveau que la plupart des autres pays industrialisés.

Maintenant, l'autre volet, celui de l'allongement de la vie sur le plan individuel. Là, il y a des points à marquer. L'hérédité est sans doute le premier facteur à considérer. En effet, le bagage héréditaire qui nous est transmis agit comme une barrière biologique. Malgré tout, il y a des personnes qui parviennent à un grand âge, avec toutes sortes d'handicaps corporels, même si leur qualité de vie est alors très hypothéquée. Est-ce juste ou injuste que certains jouissent d'une parfaite santé toute leur vie et d'autres se voient victimes de toutes sortes de plaies et maux qui briment leur quotidien? C'est une grande question que l'on doit se poser, mais la réponse n'est pas à notre portée pour l'instant. Les manipulations génétiques n'en sont qu'à leur début et il y a loin de la coupe aux lèvres, à ce chapitre.

Le pourquoi du vieillissement

C'est ce qui nous amène à nous interroger sur le pourquoi du vieillissement. Certains théoriciens ont fait valoir que le vieillissement de l'individu est essentiel pour le bien de l'espèce. Ainsi, l'évolution d'une espèce, via la sélection naturelle, ne peut survivre que s'il y a un renouvellement des générations.

La reproduction naturelle assure l'apparition de nouveaux individus qui sont le fruit d'une recombinaison des gènes de leurs parents. En renouvelant l'étincelle de vie en chacun de nous, ces rejetons sont alors en mesure d'assurer la relève et de poursuivre le schéma de l'évolution en s'adaptant à notre environnement en perpétuel changement. La théorie du bien de l'espèce consiste à dire que le vieillissement permet justement ce renouvellement des générations, les individus les plus âgés mourant pour laisser place aux plus jeunes. C'est donc pour le bien de l'espèce, et non pour le sien propre, qu'un individu vieillit.

Est-ce partiellement ou totalement vrai? Toutes les espèces vivantes sur cette terre doivent se reproduire pour assurer leur survie, chacun dans son contexte et/ou environnement particulier. La durée de vie de chaque espèce est très variable aussi. Alors que la souris vit à peine quelques années, l'homme, l'éléphant et les singes dépassent facilement le demi-siècle. La tortue peut même atteindre les 200 ans. En revanche, pour certains insectes comme le papillon, par exemple, la vie ne dure que le temps d'une saison. Le vieillissement n'est donc alors qu'une étape naturelle de la vie, comme la naissance ou la reproduction, cette étape permettant la mort de l'individu et donc de faciliter le renouvellement des générations.

La théorie évolutionniste du vieillissement joue sur des paramètres similaires : le mécanisme de la sélection naturelle fait en sorte que les animaux qui survivent, sont les plus forts et les mieux adaptés à leur environnement et sont alors les plus « qualifiés » pour passer leurs gènes d'une génération à l'autre. Dans le monde sans pitié de la jungle, il n'y a pas de place pour les animaux faibles, plus âgés ou malades, victimes de blessures ou d'handicaps. Du côté des prédateurs, le mauvais chasseur ne pourra s'assurer les proies nécessaires à son alimentation et ne pourra se reproduire non plus, incapable qu'il est d'assurer les besoins vitaux de sa progéniture. C'est ainsi que la Nature fait en sorte que toute l'énergie est dépensée pour assurer la survie de l'espèce et les mécanismes de la sénescence ont peu d'importance en tant que telle dans un pareil contexte de risques.

La théorie évolutionniste du vieillissement semble donc expliquer pourquoi la Nature n'a pas mis plus de défenses contre les mécanismes de la sénescence.

Le vieillissement biologique

Ce que l'homme a découvert en s'étudiant et en vivant de plus en plus vieux, c'est que le vieillissement est fortement lié au fonctionnement du métabolisme de son corps. L'un des principaux mécanismes connus du vieillissement résulte de la formation, au cours du métabolisme, d'oxydants, dont les radicaux libres. Ces derniers sont des atomes ou molécules qui ont un électron non apparié sur leur couche externe et qui réagissent donc très fortement avec d'autres molécules, pour se stabiliser et former de nouveaux radicaux libres. Ce processus d'oxydation peut endommager n'importe quelle partie de la cellule du corps humain, comme les mitochondries, granules qui agissent comme des moteurs à combustion dans la cellule ou l'ADN, siège de l'information génétique et faisant partie du noyau de la cellule.

Un autre processus mis en jeu par le vieillissement est la réaction de glycosylation découverte par le chimiste français Louis Maillard : les molécules de glucose présentes dans l'organisme peuvent se combiner à différentes protéines, modifiant ainsi leur structure.

RD

Le boom des super centenaires : le cas de la France


Un nouveau phénomène qui nous laisse pantois : celui d'un « boom des super centenaires », croyez-le ou non.

La conclusion en est que « l'apparition de personnes vivant au-delà de 107 ans montre que, dans un environnement protégé, on peut survivre longtemps et repousser les limites de la durée de vie. »

LA FRANCE comptait 200 centenaires en 1950. Aujourd'hui, ils sont plus de 20 000. Cette évolution spectaculaire en entraîne une autre, passée inaperçue : l'apparition de super centenaires de plus en plus nombreux. En un siècle, la plupart des adultes ont gagné vingt ans de vie supplémentaire en France. Les femmes meurent en moyenne à 90 ans maintenant, tandis que les plus âgées s'éteignent vers 112 ans (Jeanne Calment, morte à 122 ans en 1997, restant la grande exception française). La France compte ainsi une douzaine de personnes de plus de 110 ans.

« La durée de vie ne cesse de s'allonger et l'on se demande aujourd'hui s'il existe une limite », explique Jean-Marie Robine, directeur de recherche à l'Inserm. Il est l'un des rares spécialistes mondiaux des plus de 107 ans, ceux qu'on appelle les « super centenaires ».

La constitution d'une base internationale a ouvert depuis peu de nouvelles hypothèses. Jusqu'à récemment, les scientifiques pensaient la vie limitée génétiquement, comme si chaque individu disposait d'une horloge interne qui marquait le terme de sa vie. Désormais, les chercheurs montrent que la survie dépend certes de facteurs génétiques, mais aussi largement de l'environnement. « À partir d'un certain âge, si l'on met les personnes âgées à l'abri des stress en tout genre, elles peuvent vivre très longtemps », assure le démographe.

De 7 ans, l'âge où il est le plus robuste, jusqu'à 95 ans, l'être humain vieillit : « Il perd des capacités à faire face aux difficultés de la vie. » La mortalité augmente régulièrement durant cette période. « Mais contrairement à ce que nous pensions, à partir d'un certain âge, le taux de mortalité atteint un plafond. Entre 95 et 107 ans, le taux de mortalité augmente plus lentement, puis il se stabilise à un niveau constant ».

30 % des centenaires sont sains d'esprit

À 107 ans, comme si on ne pouvait plus vieillir sur un plan physiologique, le niveau de mortalité devient constant. Protégées des éléments agressifs, froid, chaleur, microbes... certaines personnes peuvent vivre encore plusieurs années. D'autant que beaucoup vivent recluses dans des maisons de retraite ou à domicile, donc peu exposées.

Ces environnements « sans risque » devraient se généraliser. Les constructeurs, notamment japonais, travaillent sur des maisons pilotes, dont la peinture est anti-poussière, les vitres régulent l'éclairage et la température, les tissus anti-bactéries, tandis que des télécommandes et robots résolvent la vie quotidienne sans effort... À l'avenir, ces logements contribueront à la prolongation de la vie de ceux qui pourront se les offrir. À l'inverse, si on plongeait des personnes de plus 95 ans dans les conditions de vie d'antan, elles mourraient très rapidement, comme l'a montré l'épisode de la canicule.

Si les seniors peuvent vivre désormais beaucoup plus longtemps, ce n'est pas toujours en bonne santé. Certes, près de 30 % des centenaires ne sont pas victimes de démence et certaines sont encore en bonne santé. Beaucoup sont cependant très amoindris. Mais leur entourage cherche toujours à les maintenir en vie. Chaque jour, assure Jean-Marie Robine, plus de super centenaires vont ainsi survivre, presque « sous cloche ».

N'est-ce pas une perspective réjouissante de savoir que dans 20 ans ou plus, si l'environnement est propice et les soins diligents, nous pourrions vivre beaucoup plus longtemps que maintenant et ce, pour un nombre de plus en plus grand de personnes âgées. Comme on dit souvent, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.

L'ère des supercentenaires

Jeanne Calment (1875-1997) a vécu sans aide jusqu'à l'âge de 110 ans. « J'aime bien apprendre, je suis curieuse de la vie, ...et je ne crois qu'en ce qui existe », disait-elle, parait-il, à la veille de son dernier anniversaire.

Vivre jusqu'à 100 ans devient chaque jour un peu plus banal. Il y a maintenant, dans les pays industrialisés, un centenaire de 10 000 habitants, soit une cinquantaine dans la région de Québec, au point où une fille sur deux nées en 2007 peut espérer devenir centenaire.

La moitié des filles nées en 2007 auront le potentiel de devenir centenaires et verront tout le XXIe siècle se dérouler sous leurs yeux. L'allongement prévu de la vie humaine fera des milliers de centenaires, en autant que la tendance observée actuellement se maintiennent, prédisent des statistiques colligées par le Conseil des aînés. Déjà, les nonagénaires et les centenaires forment les groupes en plus forte croissance dans la population.

Au point où les centenaires ne sont plus une rareté et qu'un nouveau terme a été adopté pour ceux, assez nombreux, qui atteignent les 110 ans : on les appelle les « supercentenaires ».

Cette longévité accrue se manifeste même si aucun chercheur dans le monde n'a encore trouvé la fontaine de Jouvence. Ce n'est pas faute de chercher. De nombreuses équipes scientifiques en Europe et en Amérique scrutent le patrimoine génétique des familles de centenaires, celles où plusieurs frères et sœurs défient le temps avec le même succès.

C'est non seulement le corps mais parfois aussi le cerveau de certains centenaires qui vieillit au ralenti, a observé le Dr Thomas Perls, chercheur principal d'une étude longitudinale sur les centenaires lancée par l'Université Harvard. Cette équipe est à l'origine de la statistique d'un centenaire par 10 000 habitants dans les pays industrialisés, après la recension de 46 centenaires dans la grande agglomération de Boston, au milieu des années 1900.

L'injection de gènes de longévité est donc une des avenues qui, à long terme, pourraient créer des hommes et des femmes capables de vivre bien au-delà de 100 ans, à défaut de devenir immortels.

D'autres chercheurs poursuivent dans le sens d'études entreprises, dans les années 1930 qui avaient révélé que la restriction caloriques augmente sensiblement la vie de certains espères animales élevées en laboratoire, dont les vers, les rats et les singes. Soumis à une diète alimentaire sévère, équivalent à 30 % de moins que la quantité normale de calories, ces animaux vivent plus longtemps que leurs pairs. Le transfert de ces connaissances vers les humains ne semble pas cependant être possible.

À quoi sert cependant de vivre plus vieux si l'esprit n'est plus là? À 100 ans, près de 70 % des gens souffrent d'une forme quelconque de démence. À 90 ans et plus, la proportion est de 50 %. Mais, là aussi, la science a fait des progrès récemment. Le hasard a permis de constater, lors d'une expérimentation médicale faite à Toronto, qu'un appareil de stimulation électrique implanté dans le cerveau pouvait ranimer des souvenirs enfouis depuis longtemps. L'essai visait à aider un obèse à freiner ses pulsions vers la nourriture. Zéro succès de ce côté mais une mine d'or en perspective pour le traitement précoce de l'Alzheimer.

Le démographe Jacques Légaré, de l'Université de Montréal, ne partage pas l'enthousiasme de ces chercheurs. Même s'il y aura toujours des cas de longévité exceptionnelle, la majorité des gens vivront plutôt jusqu'à environ 85 ans. Il adhère aux positions des scientifiques qui estiment que « l'ingénierie du corps humain, notre structure matérielle, nos os, nos vaisseaux, nos tissus sont faits pour durer environ 85 ans ». On peut allonger les années de vie, comme on fait avec une voiture, en remplaçant les parties usées, dit-il. « La médecine brime alors la nature, elle la contrôle pour aller au-delà du fonctionnement normal. » La médecine sert aussi à réparer les nombreuses erreurs de la nature qui font, par exemple, que des enfants ont le cancer, convient-il aussi.

En bref, des centenaires en santé, cela existe bel et bien. Environ 20 % des personnes de plus de 100 ans ont encore toute leur tête et une bonne proportion conservent une capacité de fonctionnement autonome : une sur six habite même encore toute seule. Ils vivent en excellente santé presque jusqu'à la fin de leur vie, échappant pendant des décennies aux ennuis liés au vieillissement. Sur 100 centenaires, 85 sont des femmes et 15, des hommes. Ces quelques hommes sont globalement en meilleure santé que les femmes du même âge. Étant donné les risques accrus de mortalité masculine tout au long de leur existence, ces centenaires de sexe masculin sont des gens dans une forme nettement supérieure à la moyenne.

Sources :

  1. Article de Cécilia Gabizon publié dans le Figaro.fr le 25 août 2006, intitulé « Boom des super centenaires ».
  2. Article de Marie Caouette, Le Soleil, 15 mars 2008.

RD

Des centenaires par millions en 2050

EXPLOSION DES PLUS DE 65 ANS

Par ailleurs, le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans dans le monde devrait plus que doubler d'ici à 2040, passant de 506 millions en 2008 à 1,3 milliard de personnes.

Dans les 10 prochaines années, et pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, « les personnes âgées de 65 ans et plus seront plus nombreuses que les enfants de moins de 5 ans », prévoit l'étude du bureau américain du recensement (Census Bureau). Fait marquant : le vieillissement sans précédent de la population mondiale.

D'ici à 2040, la population âgée de plus de 65 ans devrait augmenter de 160 % et celle de plus de 80 ans de plus de 233 %. Les plus de 65 ans représenteront alors 14 % de la population mondiale.

Ce bouleversement est la conséquence logique d'une baisse générale du taux de fécondité conjuguée à des progrès dans le domaine de la santé, notent les chercheurs. À cela, s'ajoute le fait que la génération du Baby-boom, issue des années d'après-guerre, est désormais sexagénaire.

Si les pays développés, l'Europe et les États-Unis notamment, font déjà face au vieillissement brutal de leur population, la tendance s'étend désormais aux pays en développement, Amérique latine et Asie en tête.

Avec plus de 106 millions d'aînés recensés en 2008, la Chine compte le plus grand nombre de personnes âgées. Mais proportionnellement à sa population, c'est le Japon qui se distingue avec la population la plus âgée du monde, 22 % de Japonais ayant plus de 65 ans.

À l'échelle des continents, l'Europe reste la région la plus vieille du monde, l'Afrique sub-saharienne étant la plus jeune, souligne le Census Bureau.

L'importance du troisième âge n'est plus à sous-estimer. C'est une nouvelle classe sociale à part entière, de par le nombre d'humains qui s'y engouffrent allégrement et dont l'ampleur se conjugue maintenant à l'échelle de la planète.

« Une société pour tous les âges »: c'est le mot d'ordre de l'Année internationale des personnes âgées.

« En le lançant le 1er janvier 1999, l'Assemblée générale de l'ONU voulait attirer l'attention sur l'ampleur de la « révolution de la longévité » et sur l'immensité de ses enjeux. Le « papi boom » - en fait, surtout le « mamie boom » puisque les femmes vivent en moyenne nettement plus longtemps que les hommes - est devenu un phénomène quasi universel. Dans le monde, le nombre absolu de personnes âgées de 65 ans et plus aura été multiplié par quatre environ entre 1955 et 2025, et leur proportion par rapport à la population totale va doubler (5,3% en 1965, 10 % en 2025).

Dans les pays développés, où les anciens représenteront un habitant sur cinq en 2025, les politiques traditionnelles du troisième âge s'essoufflent : l'avancée de l'âge de la retraite et les systèmes publics de financement des pensions — deux grandes conquêtes sociales — sont largement remis en cause. Le problème est plus aigu encore dans les pays en développement, là où trois quarts des personnes âgées vivront dans 25 ans. L'État défaille, les solidarités familiales se délitent, l'entraide privée reste marginale. Pourtant, aucun mouvement ne s'y dessine pour désamorcer cette bombe démographique.

Le risque majeur est que s'érige une sorte d'apartheid entre les personnes âgées et les actifs pour lesquels elles deviendraient en outre un fardeau économique. Mais le troisième âge ne pourra être confiné dans un assistanat inévitablement précaire. Il doit pouvoir être à même de donner de sa disponibilité, de son expérience, de tous ses talents et sentiments en contrepartie de la solidarité qu'il est en droit de mériter. C'est grâce à cette réciprocité que les sociétés pourront garder ou retrouver leur unité malgré leur vieillissement général. »

Nouveau club des centenaires

On se bouscule aussi au club des centenaires. Autrefois quasi inexistante, cette frange de la population mondiale devrait compter près de six millions d'individu d'ici 2050, repoussant ainsi l'âge médian autour de 50 ans dans de nombreux pays développés et bousculant les notions traditionnelles de vieillisse et d'« âge moyen ».

Le nombre de centenaires a déjà explosé, passant de quelques milliers en 1950 à plus de 340 000 aujourd'hui, et c'est aux États-Unis et au Japon que leur proportion est la plus élevée, selon les derniers chiffres du Bureau américain de recensement et un rapport récent publié par l'institut national américain sur le vieillissement (NIA).

Leurs effectifs devraient croître une vingtaine de fois plus vite que la population totale d'ici 2050, faisant des centenaires la catégorie d'âge à la croissance la plus rapide. Un boom que les démographes attribuent à des décennies de progrès médicaux et à de meilleurs régimes alimentaires.

C'est le Japon qui en comptera le plus en 2050 : 627 000, soit près de 1 % de sa population, selon les estimations. L'Italie, la Grèce, Monaco et Singapour en auront également un nombre conséquent, notamment parmi les femmes.

Aux États-Unis, les centenaires devraient passer de 75 000 aujourd'hui à plus de 600 000 au milieu du siècle. Ce seront essentiellement des personnes de la génération du baby-boom.

Selon d'autres estimations du Bureau du recensement : l'âge médian passera au Japon de 37 ans en 1990 à 55 ans en 2050 en raison de faibles taux de natalité. Son augmentation devrait rester en revanche contenue aux États-Unis, en ne progressant que de 33 à 39 ans dans la même période grâce à de forts taux d'immigration. Dans le monde, l'âge médian passera dans le même temps de 24 à 37 ans.

Enfin, aux États-Unis, l'augmentation des taux d'obésité chez les personnes sédentaires et qui ont une mauvaise alimentation pourrait avoir un effet sur l'espérance de vie, préviennent les experts.

Voir « Troisième âge: la nouvelle vague » (dossier du Courrier de l'Unesco, janvier 1999).

Source : Le Soleil, samedi 22 août 2009.

RD